Après quelques jours de réflexion, je décidais de commencer mon reportage par une visite à Paris. Parlant assez bien le français et y étant venu plusieurs fois en vacances, je pensais que ce serait une bonne idée.
J’aurais mieux fait d’écouter un concert de mandragores…
Dans la nuit du 2 au 3 mars, je m’affublais de vêtements moldus : blues jean et pull over (j’avais vu ça dans un de leurs magazines de mode) et de chez moi, je transplanais sous la Tour Eiffel, pensant n’y trouver personne à cette heure tardive de la nuit.
Aussi n’aurez-vous aucun mal à imaginer ma surprise quand je me retrouvais nez-à-nez avec trois moldus portant ce qui semblait être des uniformes vert kaki et qui, les yeux ronds et la bouche grande ouverte, s’avançaient vers moi, un espèce de long tuyau noir métallique dans les mains.
Refusant de céder dès le début à une panique qui, j’en étais sûr, se serait avérée injustifiée, et le temps d’attraper ma baguette magique pour lancer à leur encontre un sortilège d’amnésie, je crus préférable de les saluer cordialement, d’autant plus que mon accent anglais ne pouvait que les attendrir.
— Mes salutations respectueuses, messieurs, dis-je en cherchant ma baguette que j’avais bien dû ranger quelque part . Belle soirée, ne trouvez-vous pas ? Mais est-ce bien le moment idéal pour arroser, d’autant plus que je ne vois pas d’herbe autour de nous.
— Toi le rosbif, cria l’un d’eux en pointant vers moi ce que j’avais pris pour un tuyau d’arrosage, d’abord tu lèves les mains en l’air, ensuite tu fermes ta gueule et enfin tu t’éloignes de cette valise.
— Pardon…répondis-je, choqué par tant d’agressivité. Les mains en l’air ? Mais enfin messieurs, pourquoi faire ? Et quel intérêt ?
— L’intérêt, c’est que tu vas te manier le cul et faire ce qu’on te dit !!! hurla à son tour une femme que j’avais prise pour un homme au premier abord.
Je m’apprêtais à m’en excuser, quand quelque chose me heurta violemment l’arrière du crâne. Et je perdis connaissance.
Je ne retrouvais mes esprits qu’un long moment plus tard, inconfortablement assis sur une banquette, dans ce qui semblait être une petite geôle, et entouré de deux individus. L’un d’eux ronflait à même le sol en dégageant ce que je pris pour des vapeurs d’alcool, l’autre me regardait en se tenant debout à l’autre bout de la pièce.
— Bonjour, lui dis-je en me massant la nuque atrocement douloureuse. Où sommes-nous ?
L’homme se mit alors à hurler (apparemment une manie bien française, car je n’avais encore entendu personne parler normalement):
— Hé les mecs, il se réveille !
Je devinais qu’il parlait de moi à quelqu’un que je ne voyais pas, car des bruits de pas précipités se firent entendre de l’autre côté d’une porte en fer que je n’avais pas encore remarquée. Lorsque celle-ci s’ouvrit (violemment, je tiens à le préciser) apparut un nouvel homme en uniforme, bleu cette fois, qui me lança, toujours en criant (mais j’étais sûr que j’allais m’y habituer):
— Vous, levez-vous et suivez-moi !
Ce que je fis, l’heure n’étant pas vraiment à la courtoisie ni même aux négociations.
Je suivais donc le bonhomme en bleu et me retrouvais devant un bureau où était assis un homme brun entre deux âges scrutant devant lui ce que je pris d’abord pour un tableau magique avec, comme dans notre monde, les personnages animés et doués de parole. Mais le regardant en même temps enfoncer ses doigts sur des petits carrés gravés de signes alphanumériques, je compris qu’il devait s’agir d’un Haurdinatheur (comme ils disent, mais je ne suis pas sûr de l’orthographe).
Au bout de quelques instants, l’homme brun cessa de caresser les petits carrés et dénia enfin tourner son regard dans ma direction. Ho miracle : il ne cria pas !
— Asseyez-vous, ordonna-t-il. Nom ? Prénom ? Âge ? Adresse ? Profession ? Et tout le bordel.
Si je comprenais bien les premières questions, malgré la vitesse à laquelle elles m’étaient posées, ce qui allait donc m’obliger à réfléchir, et malgré la simplicité des réponses, la fin de sa phrase me fit douter de mes capacités auditives.
— Pardon, dis-je. Je me ferais une joie de vous fournir toutes les informations demandées, mais je n’ai pas bien saisi la dernière question. Vous demandiez, je crois : Et tout le bord d’elle ? Qui désignez-vous par elle ?
L’expression que prit son visage me rappela celle du professeur Rogue, en cours de potions, lorsqu’un jour je renversais au milieu du cours le contenu de mon chaudron sur ses chaussures : surprise et incrédulité.
Mais contrairement à Rogue, le flic moldu extériorisa sa colère en imitant nos beuglantes. Se levant, il pointa son doigt vers moi et hurla :
— Ne te fous pas de ma gueule, Du kon (je ne suis pas sûr de l’orthographe). Tu réponds et vite !
— Bien, dis-je. Alors mon nom est X. Je suis…heu… journaliste…32 ans…
— Journaliste ? Quel journal ?
— La Gazette… Heu… Je suis polyvalent. J’écris des articles pour plusieurs journaux.
— OK, fit-il en se laissant tomber sur sa chaise. Comment expliquez-vous que les trois militaires en mission vigipirate vous aient vu apparaître soudainement sous la Tour Eiffel. Comment êtes-vous arrivé là ?
Je pris l’air le plus étonné que je pus et je répondis :
— Ils n’ont pas dû faire attention. Ils ne m’ont pas vu arriver. J’ai marché longtemps, vous savez. Mais le stress de leur mission a du faire qu’ils n’ont pas regardé au bon endroit. Comment leur en vouloir. Sans doute ont-ils besoin de repos.
— Ils sont pourtant catégoriques tous les trois. Vous êtes apparu comme si vous vous étiez…comment dire…matérialisé.
— Allons, allons, commissaire.
— Non, je suis inspecteur.
— Bien, inspecteur. Comment voulez-vous que je me matérialise ? On n’est pas dans Harry Potter, quand même ?
— Non. Même si j’ai lu tous les livres de J. K. Rowling, ajouta-t-il avec un semblant de nostalgie. J.K.Rowling…une belle femme…
Pauvre moldu , si tu savais…
— Eh bien, voyez-vous, inspecteur, repris-je, si je ne m’étais pas rendu à pied sous la Tour Eiffel, il faudrait que les trois militaires m’expliquent comment j’aurais pu m’y prendre autrement.
— Bon, ça suffit. Prenez votre valise et partez.
Je me levais et me dirigeais vers ma valise, déposée derrière le bureau de l’inspecteur.
— Non attendez, cria-t-il. Comment se fait-il que votre valise est vide ?
— Vous l’avez ouverte ? m’exclamais-je. - Oui, question de sécurité.
— En fait, je venais de l’acheter. Mon vieux sac de voyage était trop abîmé. Et il était trop petit pour y mettre tous les souvenirs de Paris que je veux ramener à Londres.
— OK. Partez. Mais une dernière question…Où logez-vous ?
Je dus réfléchir à toute vitesse.
— Dans un hôtel à côté. Je ne sais plus le nom mais je sais comment y aller.
Inutile de vous dire que je ne lui laissais pas le temps de cogiter. Je pris ma valise et me dirigeais vers la sortie, heureux d’avoir pensé, avant de quitter l’Angleterre, à soumettre ma valise au sortilège du vide apparent, que même Harry Potter, alias J.K.Rowling, ne semble pas connaître.
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