Le mois de Sombreciel était déjà bien avancé lorsque la compagnie reçut enfin l'ordre de bouger vers le sud, qui leur était arrivé avec la nouvelle de la chute de Leyawiin et du siège de Bravil.
La neige, que rien ne pouvait stopper, tomba dru tout au long de leur première semaine de marche. Autant profiter du froid, avant de faire l’expérience du désert Alik'r.
Quand ils ne se frayaient pas un chemin à travers la neige, la petite elfe restait prostrée et grelottante auprès des maigres feux abrités par des congères que les Lynx parvenaient à allumer, emmitouflée dans des couvertures. Quand a Ioreck, supportait bien le froid avec son amas d'épaisses fourrures . Mieux que cela, il était à l'aise. Pendant leurs pauses, il passait son temps torse nu dans la neige à manier son épée, le visage rougit par le vent.
« Ce n'est qu'une petite bise. » disait-il. « Ça ne vaut pas le bon vieux blizzard de Skyrim. » Il se paya même le luxe avec d'autre Nordiques, de se baigner dans un lac après en avoir brisé la glace qui le recouvrait, sous les yeux médusés des autres mercenaires. Un bain tout les six mois, et il faut qu'il fasse son malin quand il le prend.
La tempête cessa dans les jours qui suivirent, et bien qu'il continua à faire toujours très froid aux yeux de Shaiélaè, la couche de neige fondit petit à petit au fil du voyage, rendant la marche de plus en plus aisée à mesure qu'ils approchaient de Refuge, le point de rendez-vous pour toutes les légions affectées à Martelfell.
Les Lynx-Noirs finirent par joindre l'une d'entre elle rencontrée en chemin. Eux aussi avaient étaient retardés par le blizzard, et les officiers encourageaient vivement les soldats à accélérer l'allure. Shaiélaè observa avec fascination cette vision du monde dans la Légion, qu'elle était destinée à adopter.
Il s'agissait de la XVème légion, de Glenumbrie. A part les officiers et une poignée de vétérans, la plupart des légionnaires qui la constituaient étaient des volontaires levés à la hâte qui n'avaient pour seul uniforme qu'un tabard rouge orné se l'emblème imérial. Les somptueuses armures des officiers avaient l'air inadaptées au milieu de ces légionnaires de fortune. Celle de leur commandant, le Légat Decianus laissa Shaiélaè ébahie par tant de splendeur, qui faisait passer les tenues des capitaines des Lynx-Noirs pour de vulgaires saltimbanques. Il a fière allure.
Elle fit part de son admiration pour le Légat à Ioreck, mais le Nordique grogna avec mépris, le taxant de vulgaire parvenu. Il est jaloux, parce qu'il n'a pas une once de la classe qu'a Decianus.
« Il est affecté à une région prospère et tranquille. Tout ce qu'il a à faire, c'est de présider des banquets et de chasser le loup-garou dans les landes. La VIème, elle, est peut-être moins reluisante mais elle sait se battre. Tout les hommes qui la compose sont des vétérans des combats contre les Crevassais. Pas comme ses bleus de la XVème. »
Shaiélaè ne démordit pas de son opinion, et continua à jeter des coups d’œil fascinés sur le Légat jusqu'à ce qu'ils atteigne Refuge.
On les dirigea vers des plages autour de la ville, où s'étendaient les camps de toutes les légions de Hauteroche et de Skyrim attendant le passage vers Martelfell. Le champs de tentes était immense, bien plus que l'imagination de la petite elfe ne pouvait le concevoir. Partout résonnait le bruit de métal s'entrechoquant, de hennissement de chevaux, de voix entonnant des chants martial, baigné par l'odeur de la mer, des forges et du pain frais cuisiné par l 'intendance.
La XVème légion et son illustre Légat se fondit dans la masse grouillante de ce labyrinthe. Des questeurs donnaient des instructions aux Lynx pour leur faire rejoindre leur nouvelle légion, mais l'attention de Shaiélaè était bien trop attirée par les distractions ambiantes pour suivre ce qu'ils disaient. Le contact lourd de la patte de Ioreck sur son épaule la fit se ressaisir à temps pour suivre les mercenaires vers leur nouveaux lieu de camps, à la lisière de celui de la VIème légion.
Le reste de la journée fut dévolue la préparation des bivouaques et aux diverses corvées nécessaires à la vie de la compagnie. La nuit recouvrait le campement lorsque la petite elfe fut enfin libre, lunes et étoiles dissimulées par de massifs nuages noirs. La ville éphémère s'illumina alors de milliers de feux se reflétant sur la surface lisse de la baie d'Illiaque. Shaiélaè décida de marcher le long de la plage, dans la zone laissée vide par le retrait de la marée. Ioreck l'accompagna, et tout deux regardèrent longuement les bateaux qui mouillaient au large la silhouette délimitée par les lanternes du bastingage, les oreilles pleines du son hypnotisant du ressac.
« Tu es prêtes pour demain ? » demanda Ioreck après avoir parcouru plusieurs centaines de mètres en silence.
« Qu'est ce que tu veux dire ? Il y a quoi demain ? » s'inquiéta la petite elfe.
« Tu n'as pas écoutée ce qu'ont dit les questeurs qui nous ont accueillis. Demain, on sera testé pour vérifier si l'on est apte pour la Légion. »
« Hein ? Je croyais qu'on en faisait déjà parti. »
« Non,» expliqua le Nordique « Nous ne sommes que des aspirants pour le moment. Mais ne t’inquiètes pas, ils n'ont pas de raisons d'être exigeants par les temps qui cours. Et ils seraient stupides de refuser l'aide de 400 hommes aussi expérimentés que les Lynx-Noirs. Ce ne sera qu'une formalité. »
« En quoi consiste le test. »
« Des trucs physiques, sûrement. Et il paraît qu'ils testent l'esprit de groupe, aussi. Ils aiment bien qu'il y ai une bonne ambiance, et que tout le monde se sente soudé, même hors des combats. Tu vas perdre, sur ce point là. »
Shaiélaè se hérissa.
« C'est faux. J'ai un très bon sens du groupe, même si je suis d'un naturel solitaire. A Val-Boisé, quand j'étais... »
La petite elfe porta la main à sa bouche, et s’interrompit avant d'ajouter un mot de plus. Ioreck se tourna vers son amie, les yeux remplis d’intérêt.
« A Val-Boisé, quand tu étais ? »
« Rien »
Elle fourra les mains dans sa veste et accéléra le pas, frissonnante dans le froid du soir. Ioreck n'insista pas. Ils marchèrent encore un peu et firent demi-tour pour rentrer au bivouac. En chemin, il manquèrent de se faire écraser par le passage d'une cohorte lourdement armée qui s'en allait courir une dernière fois sur la plage. Ioreck les insulta copieusement, mais aucun des légionnaires ne daigna se retourner vers lui.
Shaiélaè revivait la bataille de Portdun. Des daedras repoussants l'assaillaient et la déchirait sa chair de leurs griffes. La petit elfe voulu s'enfuir et appeler Ioreck à l'aide, mais ses jambes refusèrent de bouger et ses lèvres de s'ouvrir. Ils étaient trop nombreux. Elle tomba à terre, son ventre offert aux créatures qui fouillaient ses entrailles et la lacérée d'une multitude de coups d'épées.
« IORECK !! IORECK !! » essaya t-elle de hurler, la tête proche de l'explosion sous l'effet de la douleur.
Shaiélaè vit Clorisse, qui traversa la foule de daedra sans qu'ils ne prête attention à elle. La Nordique s'arrêta près du corps mutilé de la petite elfe et baissa les yeux sur elle avec une noble arrogance.
« C'est de ta faute. » dit-elle de sa voix rauque et basse sans ouvrir les lèvres. « Tu l'as laissé prendre la Torpeur, et il est bloqué dans le Bourbier. Jamais plus tu ne le verra. »
La petite elfe réussie enfin a répondre :
« Ce n'est pas ma faute. On a fait ça pour toi ! Aides-moi ! »
Clorisse sourit et disparut. Shaiélaè cria une dernière fois, vainement, juste avant qu'un atronach de glace ne se dresse au dessus d'elle, et n'abatte son poing gelé sur son visage.
Elle se réveilla en sursaut, couverte de sueur malgré le froid mordant. Ce n'était pas la première fois que la petite elfe faisait ce cauchemar depuis les événement du Gué de Portdun. Simple traumatisme, ou malédiction de Vaermina ? Elle préférait ne pas y penser.
Shaiélaè remarqua la lumière qui filtrait par une fente de la tente. C'est déjà le matin. J'ai l'impression de ne pas avoir dormit.
Une femme vêtue en légionnaire ouvrit brutalement la tente au moment ou elle se faisait cette réflexion, et balança des coup de pieds à tout les occupants qui étaient à sa portée.
« Debout là-dedans ! Bougez vous le cul, on est en guerre ! Je veux que tout le monde soit sorti dans trois minutes. Ensuite, cinq minutes pour manger un truc, et on passe aux choses sérieuses. On ne veux pas des larves, mais des futurs légionnaires ! »
La voisine de couchette de Shaiélaè bougonna d'une voix endormie et s'éloigna des coups de pieds en se trémoussant avec son sac de couchage. La légionnaire jeta violemment son casque en direction de ce qui devait être sa tête. L'éclaireuse poussa un cris aigu avant d 'émerger en se frottant la tempe.
« Et je ne rigole pas ! Vous verrez qu'on est plus exigent que chez les mercenaires, ici. »
Shaiélaè ne se fit pas prier deux fois. Elle attrapa sa veste et son baudrier et entreprit de les enfiler.
Elle fut la deuxième de sa tente à être prête et à sortir. Les autres mercenaires avaient de toute évidence subit le même réveil. Eux aussi sortaient en hâte en achevant d'enfiler leurs bottes, sous les imprécations de questeurs qui distribuaient une assiette de bouillie et un morceau de pain à ceux qui attendaient devant leurs tentes.
Quelques minutes plus tard, toute la compagnie était levée, et Shaiélaè grignotait son déjeuner en attendant la suite des événements. Puis un officier impérial arriva, accompagné de Belcar Malane et ordonna à tous de se mettre en rang. Ce simple ordre demanda beaucoup de temps à être appliqué. Les mercenaires n'ont pas pour habitude ce type de discipline inutile.
L'officier prit la parole lorsque les Lynx-Noirs furent finalement en rang.
« Je suis le préfet Allecto. Je sais que vous êtes déjà des combattants aguerris, mais je vais quand même vous faire passer les tests d'admission à la Légion. Car peu importe qui vous étiez avant, vous serez tous égaux avec vos frères d'armes quand vous serez admis. Peu importe qui vous étiez avant. Je vais aussi tâcher de vous apprendre la rigueur et la discipline, qui sont les piliers sur lesquels sont fondés la Légion Impériale.
Les tests se diviserons en plusieurs étapes : Les tests physiques, qui sont par quoi nous allons commencer et qui occuperont la majeur partie de votre temps, des revue dédiées à la discipline et une simulation de combat pour terminer. Vous serez également formés aux principales formations de combat utilisées dans les batailles par la Légion. En temps normal, ce type d’entraînement vient une fois que les aspirants sont admis, mais nous ne sommes pas en temps normal.
Les mages sont priés de me suivre, il bénéficient d'un régime particulier. Et ceux qui ont des problèmes médicaux, allez voir le questeur Delitian pour un examen.
Mainteant, suivez les questeurs pour passer aux tests. Allez, allez, pas de temps à perdre. »
Shaiélaè suivi son groupe derrière le questeur occupé à les rassemblés. Elle entendit alors un de ses compagnons, Reynald Jes, l'interpeller.
« Hey, Shai ! Tu devrais passer par l'examen médical. Tu disais il y a quelques jours que tes côtes te faisaient encore souffrir. »
Elles allaient beaucoup mieux, en fait, mais la petite elfe préféra ne pas prendre de risque et suivre le conseil du mercenaire.
D'autres Lynx-Noirs avaient comme elle étaient blessés lors de précédents combats. Shaiéalè les rejoint autour du questeur Delitian, un jeune légionnaire portant le capuchon l'identifiant comme mage de guerre. L'examen commença par un Dunmer faisant vérifier une coupure de couteau au bras reçut il y a quelques semaines, dans une ruelle de Shornhelm.
« C'est profond, mais ça cicatrise. Tu sera remis d'ici là qu'on fasse route vers Martelfell. » déclara le questeur après avoir longuement examiné l'entaille. « Tu est exempté d'épreuves physiques pour aujourd'hui, mais tu sera tenu de participer aux entraînements avec tout le monde à partir de la semaine prochaine. »
Le Dunmer se leva et céda la place à Dominitia Arterius, venue pour la blessure à la tête qu'elle avait reçut lors de la bataille contre Vaermina. La plaie n'était pas belle à voir, quand l'Impériale ôta les bandage la recouvrait et s'obstinait depuis tout ce temps à ne pas cicatriser.
« Intéressant... On dirait qu'un poison ralentit considérablement la guérison. Votre vie n'est pas directement en danger, mais il vaudrait mieux vous envoyer en convalescence dans un véritable temple. »
Dominitia recula brusquement à ces mots.
« Hein ? C'est hors de question que je parte maintenant, alors que la guerre n'a pas encore commencée pour nous ! »
« Ce n'est pas une question. Vous n'êtes pas en état de combattre, et encore moins prête à traverser le désert. Le soleil tapera bien assez sur la tête de ceux en bonne santé sans que l'on ai à se soucier d'éclopées. Vous resterez avec moi pour la nuit, et demain je vous emmènerais au temple de Refuge. »
Dominitia protestait toujours, tremblante de rage. La Légion comptait beaucoup, à ses yeux. Elle était heureuse d'avoir une seconde chance dans ses rangs, après en avoir été exclue. Shaiélaè avait eu des différents avec la froide Impériale, mais elle avait de la peine pour la déception qu'elle devait éprouver.
« Je vous assure que je serais remise pour le départ ! Et... »
« Il n'y a pas de discussion. Ma décision est sans appel. Ici, c'est moi qui décide du sort de mes patients. »
Le questeur Delitian fit un geste, et deux légionnaires s'approchèrent de Dominitia. Leur présence intimidante calma l'Impériale qui se soumit au mage de guerre en baissant la tête.
Shaiélaè s'avança lorsque son tour vint enfin.
« J'ai eu plusieurs côtes brisées par un coup de masse lors d'une bataille il y a un mois et demi. Je suis guérie, mais il m'arrive de ressentir une douleur quand je fait un effort trop important. Rien de vraiment handicapant, mais je préfère le signaler. »
« Il va falloir que je vois ça. »
La petite elfe se mordit la lèvre et commença à ôter sa veste devant le mage, en prenant grand soin à se tourner de manière à ce que les autres mercenaires attendant leur tour ne la voit pas.
Delitian déroula délicatement les bandes de lin maintenant serrée la poitrine de Shaiélaè, et observa la blessure. Il s'abstint par chance de la toucher, au grand soulagement de la petite elfe qui était déjà suffisamment rougissante comme cela.
« Effectivement, les fractures semblent être réparées. Il n'y a pas de contusion, et aucune déformation apparente. C'est normal que vous ressentiez une douleur pendant un moment, mais il va falloir faire un effort pour aujourd'hui et pour les semaines à venir. Si cependant cela devient insupportable, ou trop handicapant, venez me voir et nous opterons pour des mesures plus adaptées. Vous pouvez vous rhabiller, et rejoindre votre compagnie pour les épreuves physiques. »
Shaiélaè remis en hâte ses bandages en place et relaça sa veste tout en se dirigeant vers la plage où les épreuves avaient lieues. Elle passa devant Dominitia en jetant un regard plein de pitié pour l'ex-légionnaire au regard noir prostrée entre les caisses de fourniture médicale.
Trois journées passèrent, aussi éprouvantes les unes que les autres. La petite elfe avait l'impression que sa volonté se dissolvait sous les ordres secs des instructeurs et les épreuves exténuantes qu'il leur était demandé d'accomplir. Pendant trois jour, elle et ses compagnons crapahutèrent dans la baie de l'eau jusqu'à la taille, firent tant de tractions qu'il leur était impossible de les compter, s'organisèrent en carré et marchèrent en rang à en perdre la raison. Shaiélaè se s'endormait le soir comme une pierre dans un sommeil dénué de rêve, la poitrine traversée par la douleur vive de ses côtes meurtries par de tels effort. Mais Ioreck ne se plaignait pas, alors elle non plus. Et l'on peut s'estimer heureux. Sous l'urgence de l'invasion elfe, les tests d'admission ne durent que trois jour, contre un mois en temps normal.
Le dernier soir se déroula dans un climat détendu, une fois les épreuves terminées. Il n'y avait plus qu'à attendre les résultats, que Belcar Malane trouvait plus que satisfaisant, selon le capitaine Astien Radreau. Cette nuit, les Lynx-Noirs firent la fête, puisque demain la compagnie serait dissoute et que la stricte discipline de la Légion leur interdirait ce privilège.
Toute les sujets de discussions tournaient autour des rumeurs concernant la guerre qui se propageaient comme une épidémie à travers les huit milliers de soldats impatient de recevoir enfin l'ordre de marcher sur les armées du Thalmor.
« On bougera bientôt. Je connaît quelqu'un qui à lut les rapports d'éclaireurs, et qui dit que l'armée de Martelfell est en pleine débandade. Je vous jure par Mara qu'on les rejoindra en renfort d'ici la fin de la semaine, sans quoi ils sont fichus. » raconta un mercenaire entre deux pintes.
« Je ne pense pas », rétorqua un autre. « Les légions de Skyrim mettent du temps à arriver. Il faudra encore au moins de semaine pour que tout le monde soit réunis. L'état-major ne nous fera pas partir avant. »
Shaiélaè ajouta son grain de sel, en répétant les bruits qu'elle avait entendu de la bouche de légionnaires.
« Les villes rougegardes tombent les unes après les autres. On raconte que les Couronnes et les Aïeux se battent aussi bien entre eux que contre le Thalmor. Si on ne part pas dans la semaine, on peut tirer un trait sur Martelfell. Je suis d'avis qu'on ne moisira pas ici. »
La conversation dévia sur la situation en Cyrodiil, qui ne cessait d'empirer de jour en jour. J'ai peut-être choisi le mauvais camp, finalement. Enfin... Si je veux changer d'avis, c'est maintenant. Demain, je devrais prêter serment d'allégeance à l'Empereur.
C'est sur cette pensée que la petite elfe salua ses compagnons et alla se coucher, hâtive de connaître les résultats de ses tests.
Sans aucune surprise, Shaiélaè fut acceptée au sein de la Légion Impériale, au même titre que toute la compagnie du Lynx-Noir. Il en résulta d'interminables formalités administratives pour régler les détails de la mobilisation. Les mercenaires, bien qu'étant incorporés dans la même légion furent dispersés dans diverses cohortes. Par chance, le hasard voulu que Ioreck et la petite elfe ne se retrouvent dans la même.
Ensemble, ils se rendirent à l'intendance afin de recevoir leur tenue.
« L'Empire peut se permettre d'offrir une armure à chacun des membres de la Légion ? » s'étonna Shaiélaè lorsqu'ils entrèrent dans la file d'attente.
« Oui. En théorie, chaque légionnaire porte le même uniforme. Mais il y a bien sûr quelques différences selon le grade, la fonction et l'affectation de chacun. Il y a des similitudes, mais un tribun servant dans la cavalerie en Martelfell ne portera pas le même uniforme qu'un simple archer du Marais-Noir, par exemple. »
« Dans ma tribu à Val-Boisé, c'était à chacun de se procurer sa propre tenue. On pouvait la porter selon nos préférences. »
Ioreck répondit avec fierté.
« La Légion plus organisée qu'une milice de village au fin fond d'une forêt. Et elle a une image à refléter, tout aussi importante que l'aspect pratique de l'armure. »
Lurog Gro-Gurub passa devant eux au même moment, sortant de l'intendance. Il venait de revêtir son nouvel uniforme. Son armure habituelle, en fait, porté par dessus une longue tunique de cuir à frange renforcé descendant jusqu'aux genoux, et le casque typique de légionnaire.
« On n'a pas d'uniforme complet ? » s'enquit Ioreck auprès de l'intendant lorsque se fut son tour de percevoir son équipement.
« Et puis quoi encore ? Combien tu pense que ça coûterais, d'offrir une armure intégrale à chaque troufion qui s'engage ? Estime toi déjà heureux, vous autre mercenaire avaient déjà armes et armures, pas comme ses idiots de paysan qu'on me demande d'habiller et qui savent à peine comment lever un bouclier.
Le plus important, c'est qu'on arrive à faire la différence entre vous et ceux d'en face, et tant pis si t'as pas l'allure à parader sur la place Talos. T'inquiète pas, tu pourras t'en dénicher une meilleur quand les elfes auront tués quelques un d'entre nous. »
Le préposé fouilla dans ses stocks à la recherche d'une tenue à la taille du géant Nordique. Il la lui fourra dans les bras et enchaîna sur Shaiélaè sans plus s'intéresser à lui.
« Stendarr soit loué, une elfe ? Qu'est ce que tu fout là, gamine ? Tu t'es trompée d'armée ? Le Domaine, c'est en face, tu sais ? »
La petite elfe s'écarta de l'intendant hilare pour enfiler l'équipement perçu. La tunique de cuir était bien moins souple que celle qu'elle portait actuellement, et comportait des pièces métalliques auxquelles elle n'était pas habituée. Shaiélaè tâcha de s'y habituer. Une tenue plus légère serait inutile de toute façon. La Légion ne fait pas la guerre avec de rapides embuscades à la manière des Bosmers, mais mène des batailles rangées dans lesquels la discrétion n'est pas répandue.
Le casque qu'on lui avait donné n'était pas en acier comme celui de Lurog mais en simplement en cuir, ainsi que le portait les archers légionnaires. Elle l'avait essayé et le trouvait même ainsi beaucoup trop lourd et dérangeant. Mais il vaut mieux compter sur la protection quitte à sacrifier un peu d'agilité, au vu de la manière dont la Légion se bat.
Le casque et la tunique étaient tout ce que l'intendance lui avait fournit. Elle gardait ses bottes, ses braies, sa capeline et ses brassards qui s'ajoutaient son nouvel uniforme de serviteur de l'Empereur.
« Sur mon honneur, je jure d'offrir ma loyauté éternelle à l'Empereur, Titus Mede II, jusqu 'à mon dernier souffle, et mon inébranlable obéissance aux officiers de son glorieux Empire. Que les Divins me jugent, et les démons m'emportent si je manque à mon devoir. Longue vie à l'Empereur ! Longue vie à l'Empire ! »
Les voix des quatre cents aspirants prêtant le serment d'allégeance s'éteignirent, laissant place à un silence relatif troublé par les bruits de la vie du camps qui continuait. C'est fait. Je suis une légionnaire. Seul l'avenir me dira si j'ai eue raison de faire ce choix.
Toute la VIème légion s'était rassemblée pour accueillir les anciens Lynx-Noirs parmi eux. Les mercenaires et les légionnaires se mêlaient indistinctement dans les rangs. Il n'y avait plus lieu de faire de distinction, à présent. Tous étaient frères d'arme.
Le Légat Vant, leur nouveau commandant, prononça quelques mots sur l'honneur et le devoir, puis les rangs furent rompus et chacun rejoignit sa cohorte respective en direction des campements.
Personne n’eut le temps de s'installer convenablement, ni le loisir de faire connaissance avec ses nouveaux frères.
A peine Shaiélaè avait-elle laissée Ioreck pour rejoindre sa tente que des officiers traversèrent les allées en criant à tous :
« Commençaient à ranger, ne gardez que ce qui est nécessaire pour cette nuit ! On vient de recevoir les ordres de mouvement ! Embarquement demain à l'aube sur les barges, direction Martelfell ! »
Shaiélaè pouvait sentir l'excitation qui traversait l'armée rassemblée. Tous s'activaient fébrilement à préparer armes, vivres et matériel en prévision du lendemain avec une incroyable efficacité. Le désordre des préparatifs ne dura pas longtemps et il ne resta bientôt du gigantesque camps militaire de Refuge que les tentes dans lesquels les légionnaires dormiraient cette nuit.
Étrangement, Ioreck ne partageait pas l'état d'esprit dans lequel étaient plongés ses frères d'arme. Ca face sombre demeurait perplexe, et lui qui avait jusque là manifesté son empressement de partir au front avait accueillit la l'ordre de départ avec morosité.
Shaiélaè le questionna sur la question, alors que tout deux étaient affairés à ratisser de la paille traînant au sol, seul vestige d'une écurie qui se tenait à cette emplacement deux heures plus tôt.
« Qu'est ce qui t'arrive ? Je pensais que tu serais excité à l'idée d'enfin quitter Hauteroche. »
« Je le suis. Mais je n'ai pas reçu de nouvelles de ma sœur. Si elle n'as pas rejoint la VIème Légion, comme je lui ai conseillé, je ne la reverrais peut-être jamais. »
On savait dès le début que son idée de réunion de famille avait peu de chance de marcher. Il se faisait des illusions, et s'étonne après d'être déçu. La petite elfe entreprit néanmoins de rassurer son ami :
« On part maintenant, mais certains légionnaires sont encore en chemin. Si ta sœur a bien eue ton message et qu'elle fait partit de ceux là, elle nous retrouvera à Martelfell. Laisse lui un peu de temps. Pour l'instant, il faut que tu sois concentré sur la guerre. »
Ioreck sourit à la petite elfe.
« Ça te vas bien, l'uniforme de légionnaire. » la complimenta t-il.
« Merci. » admit-elle en rougissant. « Toi aussi ça te va... bien. »
« Pas la peine de mentir » dit le Nordique en s'appuyant sur son râteau. « Je sais très bien à quoi je ressemble dans ce truc. »
On avait pas trouvé de tunique à la taille de Ioreck. La sienne était donc bien trop petite pour lui et la jupette à frange s’arrêtait à la moitié des cuisses.
Il se remit au travail en ajoutant :
«Et moi qui rêvait d'avoir la même armure prestigieuse que les légionnaires qui passaient par Morthal, quand j'étais gosse. Voilà que je ressemble à une danseuse de taverne. »
L'armée embarqua au terme d'une nuit courte sur les navires devant traverser la baie d'Illiaque. Des barges à voile trapues, dont la cale massive pouvait engouffrer un quart de cohorte, chevaux et matériel compris. Shaiélaè se sentit aussitôt mal à l'aise dans un espace aussi confiné et remplit de gens. Et encore, personne n'a encore eu le mal de mer. La traversé s'annonçait éprouvante, au milieu de tout ces soldats entassés les uns sur les autres. Le pont offrait bien une aire plus dégagée, à condition d'endurer le vent d'hivers. Cela ne dérangeait pas Ioreck et ses fourrures, mais le Nordique préféra rester au chaud à fond de cale, collés à une petite écoutille qu'il était hors de question de quitter un seul instant de toute la traversée sous peine de perdre cette place. Le voyage s'annonce longs avant que l'on ne rencontre notre premier combat.
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