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tome 1, Chapitre 7 « L'Aube du Domaine » tome 1, Chapitre 7

Voilà quatre jours que les Lynx-Noirs avaient quittés le Gué de Portdun, et sac de trésor de Ioreck avait mystérieusement disparut. La petite elfe l'avait remarquée la première et en avait avertit son propriétaire sur le champs. Il avait alors confessé l'avoir jeté dans une rivière pendant la nuit. Quand Shaiélaè l'avait interrogé sur ses motivations, le Nordique avait répondu qu'il avait aidé Clorisse pour qu'elle trouve enfin la paix, et qu'accepter cet or faisait de lui un mercenaire, non un bienfaiteur.

La petite elfe s'était moquée de son ami. Elle était bien décidée à garder un tel butin. Mais plus elle y réfléchissait, plus son trésor lui apparaissait comme un encombrement. Je n'arrive même pas à soulever le sac. Ce qui veut dire que je serait forcée d'en abandonner au moins une partie s'il faut fuir précipitamment. Et de retour à Shornhelm, un butin tel que celui-ci ne passera pas inaperçu. J'ai eu de la chance que mes compagnons d'armes ne touchent pas à mon pucelage, mais tout cet or juste sous leur nez risque de leur mettre l'eau à la bouche. Je ne serai pas riche longtemps si je ne trouve pas un moyen de le préserver.

Elle n'en voyait qu'un. Sa décision fut prise. La nuit venue, lors de son tour de veille, elle quitta discrètement son poste près feu, alors que ses compagnons dormaient. Elle alla vers la charrette ou était rangé son sac, à côté de celui de Karrod et de Dominitia, en tâchant de ne pas exciter le cheval qui sommeillait, harnaché à l'attelage.

La petite elfe s'efforça de soulever son sac sans faire le moindre bruit. La chose était impossible sans que ses côtes brisées ne lui fassent monter les larmes aux yeux. Prudemment, Shaiélaè vida un a un les objets de son trésor et les posa sur le sol. Ça prendra des heures si je m'y prend de cette manière. Il fallait se rendre à l'évidence, elle ne parviendrait jamais à transporter son butin jusqu'à un coin tranquille.

Elle pesa le pour et le contre, puis prit la décision qu'elle redoutait de devoir prendre. Il fallait réveiller Ioreck et lui demander son aide. Elle faisait confiance au Nordique, mais pas assez pour lui révéler l'emplacement où elle prévoyait d'enterrer son trésor. De toute façon, il ne veut pas du sien. Pourquoi volerait-il le mien. Elle savait son ami têtu et impulsif. Il n'en veut pas MAINTENANT. Mais dans quelques années ? Si je revient et qu'il n'est plus là parce qu'il est venu et l'a déterré entre-temps? C'est un risque à prendre. Il faudra alors compter sur son honnêteté et sa confiance en moi. Et son mode de vie. Il est peu probable qu'il vive plus longtemps que moi. Il n'aura peut-être pas le temps d'aller récupérer mon sac.

La petite elfe eut soudainement honte d'avoir des pensées aussi cyniques. Ioreck était naïf et brutal au combat, mais c'était quelqu'un de bien. Elle pouvait lui faire confiance.

Elle alla le réveiller.

« J'ai besoin de ton aide. » lui dit-elle quand le Nordique émergea de son sommeil. Il l'interrogea sur ses raisons d'une voix pâteuse.

« J'aimerais mettre les cadeaux de Clorisse à l'abri. Les enterrer quelque part. J'ai besoin de toi pour porter le sac. »

Ioreck s'extirpa en grommelant de sa couverture, et suivit Shaiélaè jusqu'au chariot et chargea le sac sur son dos sans montrer le moindre signe d'effort. La petite elfe serrait des dents chaque fois que les pas de son amis faisaient s'entrechoquer les bijoux dans un bruit métallique, mais aucun des autres dormeurs ne s'éveilla. Elle guida son ami jusqu'à un grand chêne qu'elle avait remarquée la veille, qui lui rappelait en plus petit le Grath de son ancienne tribu, à Val-Boisé.

Il y avait un terrier de renard abandonné au cœur des racines, dans lequel Shaiélaè indiqua à Ioreck de fourrer le sac. Elle dut élargir le trou à l'aide de sa dague pour qu'il ne rentre en entier, puis le Nordique l'aida à combler la cache de terre, cailloux et de feuilles mortes. Pour finir, elle grava son nom dans un rocher se dressant non-loin. Elle avait une bonne mémoire et savait retrouver son chemin dans une forêt. La petite elfe était absolument certaine de se rappeler encore dans des années de l'endroit où était son trésor, sous un grand chêne au nord-ouest du village du Gué de Portdun, à Hauteroche.

« A quoi te sert tout ton or si tu le laisse ici ? » demanda Ioreck pendant qu'ils retournaient au bivouac.

« Je n'en ai pas encore l'utilité. Mais si un jour j'en ai besoin, ou que je veux acheter un manoir près de la mer, je saurai où le trouver. »

Le Nordique se contenta de cette explication et ne posa aucune autre question. Il s'enroula dans sa couverture et s'endormit immédiatement. Assise à la chaleur du feu pour terminer sa garde, Shaiélaè se demanda encore si elle avait bien fait de le mettre dans la confidence. Puis elle réveilla Karrod, dont c'était le tour de surveiller le campement et alla se coucher, la tête remplit de rêves de richesses.

Le sentier que les mercenaires empruntaient était de plus en plus familier. Ils reconnaissaient la partie des bois qu'ils avaient longuement fouillés pour retrouver la trace de la famille Traven.

« Revoilà la ferme du vieux ! » s'écria Shaiélaè en reconnaissant le bâtiment en U cerné de champs loin au bout du chemin sur lequel ils venaient de déboucher.

Ioreck plissa des yeux pour la distinguer.

« Tu es sûre que c'est elle ? Les fermes se ressembles toutes, ici. »

« Sûre. La barricade est toujours debout. »

Les quatre mercenaires hâtèrent leurs pas, encourageant le robuste cheval qui tirait leur charrette à faire de même. Leur périple s'achevait enfin. Ils allaient pouvoir livrer leur chargement de têtes tranchées et obtenir le payement de leur contrat. La paye serait nul doute ridicule, en comparaison de celle qu'ils avaient gagnés en affrontant une princesse Daedra, et Shaiélaè avait proposée avec insistance de laisser tomber leur vieil employeur et de rentrer directement à leur quartier-général, mais Ioreck avait insisté pour mener leur mission jusqu'au bout. Il ne voulait pas que le meurtre d'une famille entière d'innocents n'ai servi à rien.

« Lurog sera t-il toujours là ? Ca fait déjà un bout de temps qu'on étaient censés revenir. » s'inquiéta Dominitia.

L'Impériale avait rasée toute la moitié gauche de ses cheveux pour optimiser la cicatrisation de la blessure qu'elle avait reçue au combat. Shaiélaè avait du mal à s'habituer au résultat, mais gardait ses remarques pour elle. L'ex-légionnaire était assez ombrageuse, et les récents événements n'avaient en rien améliorés son sens de l'humour inexistant.

« Ça m'étonnerait. » dit Ioreck. « Il n'est pas connu pour sa patience. Il est sûrement déjà rentré à Shornhelm. Peut-être qu'il a même grillé les orteils de l'employeur pour le forcer à le payer sans attendre que l'on rentre. »

La ferme était vide en apparence, tout comme la première fois qu'ils y étaient venus. Mais au moments où ils atteignirent la barricade qui en bloquait l'accès, une porte s'ouvrit quelque part et un vieil homme ridé escalada un tas de barils faisant office de tour de guet improvisée.

« Z'étes qui ? » demanda t-il aux mercenaires, visiblement ivre. « Ah c'est vous ! Z'avez mis du temps. »

« On a était retardés » répondit seulement Ioreck

« Et vous êtes moins nombreux qu'avant... M'étonnerait que ce soit Roderick Traven qui vous ai causés tant de soucis.

Ioreck répéta :

« On a était retardés. Bon. On a ce qu'il reste des Travens dans le chariot. On veut notre salaire. Et est-ce que Lurog est ici ?

« Cette ordure d'Orque est partie il y a belle lurette. Parait que ma compagnie ne lui plaisait pas. Je lui ai donné la moitié de la paye convenue, comme on savait pas si vous rentrerez. Et montraient-moi Roderick ! »

Dominitia fouilla l'arrière du chariot à la recherche du sac contenant les trois têtes. Quand elle l'eut dans les mains, elle le jeta à l'employeur en haut de sa palissade. Il les extirpa fébrilement et passa de longues et gênantes minutes à tripoter à pleines mains les pièces de chair putréfiée couvertes de goudrons avec un sourire béat aux lévres.

« C'est bien eux. » dit-il aux Lynx-Noirs qui patientez en bas. « Vous aurez ce que j'ai promis, pas plus. M'en fout de savoir le temps que ça vous a prit, je ne vous paye pas à l'heure. » On s'en fout, on est plus riche que toi.

Le vieil homme disparut quelques minutes, et reparut avec épaisse bourse de cuir qu'il jeta dans les bras de Ioreck. Shaiélaè compta l'argent en même temps que le Nordique : Trente septims d'or, tout rond. Ioreck donna son approbation sur le versement, et les mercenaires s'éloignèrent de la ferme sans tarder, vers le nord. Ca avait été rapide, encore une fois. Le vieil homme qui les avaient employés et dont ils ignorais encore le nom aimait aller droit au but.

La partie finale de leur voyage passa à une vitesse folle. Dominitia avait remarquée l'absence des butins de Ioreck et Shaiélaè, et la petite elfe expliqua qu'elle l'avait enterrée quelque part. Le Nordique menti en affirmant avoir fait de même. Dominitia suivi leur exemple la nuit même.

« Malane nous en taxera la moitié si on se pointe avec ça au camp », expliqua t-elle pour justifier son geste.

Le seul événement inattendu qui survint au cours des derniers jours du périple fut la disparition de Karrod. Les mercenaires se levèrent un matin pour constater qu'il était parti, emportant avec lui toutes ses affaires et sa part de butin.

Les trois Lynx-Noirs restants ne prirent pas la peine de partir à sa recherche : le Rougegarde n'était plus le même depuis la mort de sa sœur jumelle. Une fois la bataille finit, il avait refusé d'abandonner son corps, et l'avait enlaçait en pleurant pendant presque deux jours sans interruption. Il avait finit par accepter que les hommes de Clorisse ne l'emportent pour l'incinérer avec les autres victimes de la bataille, mais en voyant Makela se consumer dans le bûcher, il avait perdu l'esprit et manqué de se jeter dans les flammes. Ioreck était parvenu à le retenir, l'empêchant de commettre l'irréparable.

Depuis, Karrod avait sombré dans le mutisme, serrant à longueur de temps contre sa poitrine le petit coffre qui contenait les dernières affaires ayants appartenu à sa sœur. Il ne mangeait plus, ne buvez presque rien et dépérissait à vue d'œil. Shaiélaè avait bien tentée de le réconforter, de lui dire qu'elle connaissait cette douleur pour avoir vécut exactement la même chose mais elle craignait d'enfoncer le clou, aussi préféra t-elle s'abstenir et laisser seul le Rougegarde pour qu'il fasse son deuil. On ne devrait pas laisser deux membres d'une famille combattre dans la même bataille.

D'un commun accord, les mercenaires décidèrent de déclarer Karrod mort au combat auprès de Belcar Malane, pour lui éviter le déshonneur du statut de déserteur.

Ils se promirent aussi de garder secrète leur escapade avec les daedras, et de bien sûr ne parler à personne du trésor mirobolant dont chacun d'entre eux était propriètaire.

Officiellement, Nihlus et Karrod avaient étés tué dans une attaque de bandit aussi soudaine que brutale. Makela avait été capturée, et ils avaient perdu énormément de temps à suivre la trace des bandits jusqu'à leur repaire pour la sauver. Selon cette version, Makela était morte en captivité, et Ambroise au cours de la bataille qui mena à l'extermination du clan de hors-la-loi.

Les toits de Shornhelm étaient enfin visible. Ioreck, Dominitia et Shaiélaè s'entraînèrent à apprendre leur mensonge jusqu'à ce qu'ils franchissent le périmètre du camp des Lynx-Noirs qui commençait tout juste à s'éveiller, baigné de la froide lumière du matin.

Là, un sergent les accueillit et les conduit jusqu'à Belcar Malane pour le débriefing.

Dire que le commandant était en colère était un doux euphémisme. Il était hors de lui.

« Je t'avais confié une mission de routine, Ioreck Halfurson ! C'était affreusement simple ! Et tu reviens avec un mois de retard pour me dire que toutes les recrues que je t'avais confiés sont mortes ! Tu devais les tester ! Pas les exécuter, où je ne sais quoi ! Et Ambroise Bielle ? Tu sais combien s'est difficile d'engager un mage de guerre ? Dominitia Arterius ! Tu devais seconder Ioreck Halfurson, et le remplacer si tu voyais que cet idiot était incapable de gérer la situation ! Était-ce trop difficile pour toi ? »

Les trois mercenaires gardèrent la tête baissée devant leur chef. Ni Ioreck, Ni Dominitia ne lui répondirent. Belcar se fit plus calme.

« Bon. Lurog Gro-Gurub m'a raconté ce qu'il s'est passé pendant le contrat, jusqu'à ce que vous disparaissiez. Que c'est il passé ensuite ? »

Ils se mirent à raconter l'histoire inventée de toute pièce. Les bandits. L'enlèvement. Belcar ne dit mot tout au long du récit. Il avait l'air convaincu.

Les trois compagnons furent finalement autorisés à prendre congé. Ils ne se firent pas prier deux fois.

Il y avait un lac, à quelques centaines de mètres de la ferme où campaient la compagnie. Les Lynx-Noirs l'utilisaient régulièrement comme réserve d'eau potable, pour la lessive ou simplement se baigner. Aussi tôt le matin, le point d'eau était désert.

L'occasion était belle : Shaiélaè avait besoin de se changer les idées, et de se laver par l'occasion. Elle ne l'avait pas fait depuis le jour suivant leur bataille contre les daedras, il y a deux semaines.

Elle croisa bien un homme de corvée d'eau sur le chemin, mais le lac était bel et bien vide.

Elle se dénuda en prenant garde à ne pas faire souffrir ses côtes. La petite elfe admira la blessure sur sa poitrine, qui était toujours très impressionnante : le bord avait prit une teinte vert-jaune, mais le centre demeurait d'un violet foncé veiné de bleu, avec l'empreinte des côtes qui ressortaient en noir entre ses deux seins. Shaiélaè n'arrivait pas à croire qu'elle ai put survivre à un tel coup. Ni à une telle bataille. Et ce n'est pas la graisse que j'ai qui aurait put amortir le choc. La petite elfe mangeait à sa faim, depuis qu'elle était mercenaire, mais ne s'était pas remplumée d'un gramme. Son corps persistait à être d'une grande maigreur, ses os saillant de sa peau. Cela ne l'inquiétait pas, elle avait toujours était comme ça.

Shaiélaè s'avança dans le lac. Elle senti l'eau glacée monter le long de ses jambes, puis de son ventre. Quand le niveau eut atteint ses seins, elle plongea pour de bon. Ca fait du bien. La froideur de l'eau apaisait la douleur constante de sa poitrine. La petite elfe resta au fond le plus longtemps possible, touchant du bout des doigts les galets couverts d'algues qui le recouvraient.

Elle remonta quand ses poumons réclamèrent de l'air et nagea ensuite tranquillement à la surface, profitant de ce moment de solitude bien trop rare dans la vie de mercenaire. En ressortant, Shaiélaè ne se rhabilla pas immédiatement, mais lava ses vêtements, accroupie sur la berge. Ils en avaient bien besoin. A quand remonte ma dernière lessive ? Je ne m'en rappelle même pas. La crasse et le sang avaient formés une épaisse croûte qui avait durcit le cuir, qui disparut finalement après l'avoir frottée énergiquement.

La petite elfe enfila ses vêtements trempés et retourna au camp.

Ioreck l'intercepta dès qu'elle entra dans la cour de la ferme.

« T'es allée te baigner ? »

« Oui » Et tu devrais faire de même. Maintenant qu'elle était propre, elle percevaitt plus fortement par contraste la saleté de son ami. « Ca s'est assez bien passé, avec Belcar. Il ne nous a ni fait fouettés, ni retiré notre prime pour le retard. »

« Parle pour toi. Je pourrais attendre encore longtemps avant qu'ils ne me confient la charge d'un nouveau contrat. »

Ils traversèrent les campements encombrés des Lynx-Noir, en quête d'un coin tranquille pour discuter. Tout les mercenaires s'activaient dans leurs corvées matinales, rallumant les feux, s'occupant des chevaux et se préparant pour les missions. Ioreck et la petite elfe finirent s'asseoir sur un muret bordant la route sortant de la ferme.

« Après celui-là, je n'ai plus vraiment envie d'avoir un nouveau contrat. » confessa Shaiélaè.

« Ce n'est pas toi qui voulait me convaincre de rester parmi les Lynx, quand je voulais démissionner ? »

« C'était avant de participer à une bataille contre toutes les armées de l'Oblivion. Et de défier une princesse Daedra. Par Yffre ! Il m'arrive de la voir, le soir quand je m'endors. Elle me fixe, et je jurerais qu'elle cherche une manière cruelle de se venger de ma participation à cette affaire. Certaines nuits, je crains de fermer les yeux, de peur qu'elle ne s'empare de mes rêves, ou que je ne me réveilles pas. »

« Donc tu veux abandonner la compagnie pour oublier tout ça ? »

« Je n'ai que 21 ans, je ne vais pas prendre ma retraite aujourd'hui ! Je vais rester chez les Lynx-Noirs. Il faut bien que je m'occupe l'esprit. Mais j'aimerais des missions plus paisibles.

Et toi ? Tu veux toujours partir ? »

Ioreck secoua la tête.

« J'ai honte de ce qu'on a fait : du massacre, de la traque de ces pauvres gens. Pour rien au monde je ne souhaite revivre ces dernières semaines. Et le rituel que boire la potion m'a fait revivre... Tu n'es pas seule à faire des cauchemars. Mais d'un autre côté, il faut avouer que la partie incluant la bataille était assez épique, selon les critères Nordiques. Je ne m'en rappelle pas de la moitié, mais ça fait déjà pas mal de choses à raconter pour quand je rentrerai à Skyrim. »

« Vous les Nordiques ne prenaient jamais rien au sérieux » soupira la petite elfe.

« Parler de la guerre avec légèreté nous évite de finir traumatisés par son souvenir » répliqua Ioreck.

Tu faisais moins le malin quand il s'agissait d'avaler la Torpeur.

« Et c'est ça qui te fait rester ? Parce que tu as vécu une bataille épique avec les Lynxs ? »

« En quelque sorte. Je n'oublie pas les civils massacrés, mais je suis reconnaissant envers les Lynxs, sans qui je n'aurai jamais participé à ce combat. Et aussi parce que ça me tuerais de partir avec la disgrâce de Belcar sur les épaules. Et parce que je ne veux pas t'abandonner, aussi. »

Voilà qui fait plaisir à entendre, se dit la petite elfe, le cœur noyé d'une immense joie intérieure.

« Shai ? » ajouta le Nordique après qu'un long blanc eu régné.

« Oui ? »

« Juste avant tout ça, quand je pensai que je ne m'en sortirai pas, j'ai regretté une chose. »

« Laquelle ? »

Ioreck prit une inspiration avant de lancer le sujet qu'il savait tabou.

« Que je ne savait toujours pas ce qui t'as poussée à quitter Val-Boisé. Et je ne parle pas des devinettes pour jouer que l'on faisait. Je parle de la vrai raison. Et ça m'a torturé tout au long que je buvais la potion d'Ambroise jusqu'à ce que j'entre dans la bataille. »

Shaiélaè avait nettement moins envie de discuter avec son ami. Elle lui faisait confiance. Un peu. Mais ça, c'était personnel.

« Pourquoi tu tiens tant à le savoir ? Je suis ici, c'est tout,» lui lança la petite elfe avec brutalité.

« Je m'intéresse à toi ! Je t'aime bien ! »

« Mais ça ne te regarde pas ! Intéresses-toi plutôt à Dominitia, puisque tu l'aime bien elle aussi ! »

Le visage de Ioreck se gonfla de colère, sa barbe noire frémissante au coin de ses lèvres. Tout deux n'avaient plus parlés de la relation de Ioreck avec l'Impériale, depuis que Shaiélaè les avaient surpris à l'issue de leurs ébats, au château de Clorisse.

« Par Shor, tu me balances-ça comme ça ! Je fait ce que je veux, sans avoir à te rendre de compte : tu n'es ni ma mère, ni ma fiancée ! Et c'est tout aussi personnel que ton passé dont tu refuse de me parler, alors ne soit pas hypocrite. Et pour ta gouverne, moi et Dominitia, on est pas ensemble. Pas vraiment. C'est juste sexuel ! »

Shaiéalè afficha clairement son dégoût et sauta vivement en bas du muret, esquivant son ami qui essaya de la rattraper par le bras. Elle retourna au campement des éclaireurs, voir si son capitaine avait besoin de quelqu'un pour quelque chose. Elle était prête à accepter n'importe qu'elle tâche pourvu qu'elle puisse ruminer en paix sa rancœur contre Ioreck.

Elle savait qu'il avait raison, concernant Dominitia. Ce n'était pas ses affaires et le Nordique faisait ce qu'il voulait. Mais une part d'elle s'opposait à cette relation, éprouvant une profonde jalousie à les voir ensemble. Si je ne suis pas amoureuse de lui, pourquoi l'empêcher d'être avec Dominitia ?

En réalité, elle avait peur qu'il ne cesse de la protéger s'il fréquentait une autre. Me protéger ? tu parle ! Il n'était même pas à mes côtés pendant la bataille au château. Il m'a abandonné, et Dominitia a fait plus que lui pour me garder en vie. Je n'ai pas besoin de lui pour rester vivante.

Shaiélaè trouva Astien Radreau, son capitaine, en train de superviser l'entraînement à l'arc d'un de ses pelotons. Des performances mitigées, observa l'oeil expert de la Bosmer, qui en oublia quelques instants sa brouille avec Ioreck.

« Ah, Shaiélaè ! » dit Astien quand il la remarqua, qui s'approchait de lui. « Belcar m'a parlé de ce qu'il s'est passé lors de ton dernier contrat. C'est dommage pour cette fille Rougegarde. J'étais là quand on les a embauchés, elle et son frère. Elle était du genre assez mignonne. »

« Elle n'a pas eu de chance. Ambroise Bielle non, plus d'ailleurs. Je suppose que vous êtes au courant pour lui aussi ? »

« Oui. Le bougre à fini par faire ce qu'il aimait: rester silencieux pour toujours. »

La petite elfe rit doucement de la plaisanterie avec son capitaine. Il faudra que je la ressorte à Ioreck, quand on sera réconciliés.

Shaiélaè pointa les archers de son pouce.

« Ils s'en sortent ? »

« Un peu. Il ne valent pas les elfes des bois, mais un archer Breton entraîné est presque aussi doué. L'avantage de vous autres Bosmers, c'est qu'on ne perd pas de temps à vous former. Enfin, bref. Qu'est ce que tu me voulais ?»

« Il y a du travail à faire ? Je suis volontaire pour n'importe quoi. »

Astien réfléchit quelques instants.

« Il faudrait patrouiller en ville, pour aider la garde à surveiller le marché. »

C'était le genre de mission foireuse dont personne ne voulait chez les Lynx-Noirs.

« Encore ? Mais qui voudrait s'attaquer au marché de toute manière ? »

« Personne. Mais le comte est complètement parano quand il s'agit de protéger ses intérêts commerciaux. La seule chose qui compte, c'est qu'il soit réglo pour nous payer. Alors on fait le boulot qu'il demande, sans discuter. »

Shaiélaè accepta. Patrouiller ne serait pas une tâche passionnante, mais elle serait sans danger. Et elle aimait bien se promener en ville.

La place du marché de Shornhelm était déjà bondée quand la petite elfe et son groupe y entrèrent. Les bonnes odeurs fusaient de partout, en même temps que les cris des marchands. Les citoyens se pressaient, paniers en main, de faire leurs achats pour la journée, sélectionnant d'un œil avisé la meilleur viande, le poisson le plus frais, le plus beau lot de légumes. A cet heure, les acheteurs étaient des domestiques faisant les commissions de leur maîtres. Les nobles viendraient plus tard, une fois midi passé, quand les étalages de choux auront étés remplacés par les articles chers et exotiques qui faisaient rêver les négociants.

A la la barbacane, les mercenaires rencontrèrent les gardes de la ville qui les attendaient en se réchauffant les mains devant un brasero. Ils regardèrent les Lynx-Noirs d'un œil méfiant.

Les gardes étaient censés faire équipe avec eux pour surveiller le marché, mais ils voyaient d'un mauvais œil ces mercenaires qui prétendaient accomplir leur travail.

Avec Shaiélaè, il y avait une vingtaine de Lynx-Noirs. Beaucoup trop selon l'avis de tous, mais ils avaient appris à faire du zèle pour satisfaire le comte qui les employaient. Il se divisèrent en groupe de deux, chaque binôme étant accompagné d'un véritable garde. Le capitaine de la garde de Shornhelm ne faisait pas assez confiance aux mercenaires pour les laisser patrouiller en ville en toute impunité.

Shaiélaè fit équipe avec un éclaireur qu'elle connaissait bien, un Breton du nom de Reynald Jes et la caporale Laurard, la garde qui les accompagnaient tout deux.

On leur fournit leur itinéraire et tout trois sortirent du corps de garde de la barbacane pour atterrir sur la place du marché, au milieu de la foule.

Comme d'habitude, il firent plusieurs fois le tour du marché sans constater une seule infraction. Qui va enfreindre la loi ici, alors qu'il y presque plus de gardes que de civils ? L'inutilité de leur rôle était le sujet de discutions principal entre les trois patrouilleur. Contrairement à ses compagnons, la caporale n'était pas spécifiquement hostile envers les Lynx-Noirs, et parlait volontiers avec ses équipiers.

« Ils devraient nous redéployer dans les bas quartiers. Avec la pauvreté, le taux de criminalité y est ahurissant. Mais non. Le comte n'y poste que les vieux et les jeunes inexpérimentés, laissant nos meilleures troupes pour surveiller ce stupide quartier commerçant. Certains conseillers ont beau lui démontrer qu'elles sont inutiles, puisque qu'il n'y a jamais aucun crime et que le dernier délit remonte à des mois, il rétorque en disant que c'est bien la preuve que sa politique en matière de sécurité fonctionne » expliquait la garde tout en se frayant un chemin de la hampe de sa pique à travers les badauds.

Shaiélaè l'écoutait discourir d'une oreille peu attentive, préférant admirer les produits proposés et saliver en passant devant les braseros ou des cuisiniers s'affairaient à cuire de grosses saucisses juteuses tartinées d'une sauce à la moutarde et aux oignons.

Ils virent, à un moment de leur ronde, un important groupe de citoyens réunis autour d'un homme juché sur un cheval aussi usé et fatigué que son cavalier. Il y avait, parmi la foule traversée de murmures d'excitation, des gardes et de mercenaires qui avaient abandonnés leur poste pour écouter le cavalier qui revenait visiblement d'un long et pénible voyage qu'il avait accomplit à bride abattue.

Intrigués, Shaiélaè, Reynald Jes et la caporale Laurard se mêlèrent à la foule.

« … l'Empereur à rejeté l'ultimatum du représentant du Thalmor, qui a alors soulevé la bâche recouvrant le chariot avec lequel il était venus à la Cité Impériale ! Dedans, il y avait les têtes de toutes les Lames opérants sur les territoires du Domaine Aldméri! Et dès le lendemain, Titus Mede remettait sa déclaration de guerre à l'ambassadeur du Domaine ! Nous sommes en guerre contre les elfes ! Les ordres officiels de la Légion étaient encore en préparation lorsque j'ai quitté la Cité Impériale, ils ne vont pas tarder à suivre. »

Cette annonce fit l'effet d'un coup de poing au ventre à Shaiélaè. Non pas qu'elle était surprenante : l'Empire Cyrodiilique et le Domaine Aldmèri se regardaient en chien de faïence depuis des décennies, ne perdant pas une occasion de provoquer l'autre. Tous s'attendaient à voir ce jour arriver à un moment, depuis que la Crise d'Oblivion avait sérieusement affaiblie l'Empire et renforcée le Domaine. Mais aujourd'hui... Je ne pensait pas être aussi jeune, ou même encore vivante quand cela arriverait.

La nouvelle avait déjà atteinte le quartier-général des Lynx-Noirs quand son groupe revint de leur patrouille. Le camps était en ébullition, et les rumeurs allaient bon train : On racontait que le Thalmor s'était allié avec une armée d'Akavirois pour attaquer l'Empire sur deux fronts, ou que les Lames avaient tentées de prendre le contrôle de l'Archipel d'Automne, que c'était pour ça qu'elles avaient étés tuées et que le Domaine voulait se venger de l'Empire qui avait planifié cette attaque.

Shaiélaè retrouva Ioreck au milieu d'une foule de mercenaires fébriles. Leur dispute du matin était déjà oubliée. Seule la guerre accaparait les esprits.

Le Nordique interrogea la petite elfe :

« Qu'est ce que tu vas faire ? On est en guerre contre ton peuple, est-ce que tu vas retourner chez toi pour te battre avec eux ? »

Elle s'attendait à cette question. Ioreck l'avait déjà, pour rire, accusée d'être une espionne du Domaine. Mais là, il n'y avait plus de plaisanterie.

« La plupart des Bosmers se fichent complètement des Altmers et de leur Domaine. En fait, nous n'avons jamais vu un membre du Thalmor dans notre tribu. Nous sommes trop éloignés des grandes villes de Val-Boisé, et la politique n'a pas cour chez nous. Ce sont les dirigeants qui ont du jour au lendemain décidé que nous cesserions de servir l'Empire pour passer au profit du Thalmor. La question Domaine ou Empire est un sujet qui ne passionne que les citadins. L'un ou l'autre ne signifie rien pour les tribus se trouvant au fin fond de la forêt. Alors non, me battre pour le Domaine ne m'intéresse pas plus que de me battre contre lui. Et il n'y a aucune chance pour qu'un membre de ma tribu de ne se trouve dans l'armée du Domaine. Comme je te l'ai dit, nous nous fichons de ces histoires et sommes déjà bien occupés sans avoir à ce soucier d'envahir Cyrodiil. Et puis une alliance avec les Kajhiits ? Et puis quoi encore ? »

« Tu vas te battre pour l'Empire ? »

« Je n'ai pas dit ça. Ce n'est pas mes affaires, cette histoire. Ça me plairait de rester en dehors. »

« Fait ce que tu veux. Ce n'est pas contre toi, mais je vais essayer de m'engager pour combattre ces elfes. Tu savais qu'ils voulaient interdire le culte de Talos ? C'est n'importe quoi ! »

« En un sens, ce n'est pas totalement dénué de raison » expliqua la petite elfe à son ami. « Les dieux que la plupart des peuples vénèrent étaient là lors de la création de Nirn et y ont participé. Yffre, par exemple, a donné aux mortels une forme terrestre définitive, et c'est sacrifié pour y arriver. Il mérite d'être adoré. Talos n'est qu'un mortel. Un grand mortel, certes, mais il ne mérite absolument pas d'être traité comme l'égal d'Auri-El. »

Ioreck paru choqué des dires de la petite elfe.

« Et tu pense que cela justifie la guerre déclenchée par le Thalmor ? »

« Je n'approuve pas cette guerre, ni le fait qu'ils veuillent imposer de forces leurs idées. Mais cela n'empêche pas que les humains ont tort de considérer Talos comme un dieu. »

« Dis-donc, tu ne bois pas du vin et de la bière toi ? Et tu ne te vexe plus dès que l'on allume un feu, alors que tu était super casse-couille à ce sujet quand on s'est rencontrés .

« Tu parles du Pacte-Vert ? Où tu veux en venir ? »

« Ne viens pas me faire des leçon sur ma religion alors que tu n'es même pas fichue de suivre la tienne ! »

De nouvelles informations arrivèrent successivement les jours suivants. La situation au front se présentait mal : Les armées du Domaine jaillissant par surprise de Val-Boisé et d'Anequina, le royaume nord d'Elsweyr, avaient submergées les forts impériaux postés au frontières de ces pays, dont les garnisons étaient pourtant en état d'alerte depuis plus de cinquante ans. Une deuxième armée avançait quand à elle vers le nord sans rencontrer grande résistance, mettant Kvatch et Anvil en danger,

Après concertation avec les principaux capitaines, Belcar Malane avait décidé de mettre la compagnie du Lynx-Noir au service de l'effort de guerre. Cette décision n'avait pas fait l'unanimité chez les mercenaires.

Il s'en suivit une vague de désertion, principalement de la part de représentants de races liées au Domaine Aldméri. Le premier à passer à l'acte fut l'unique Altmer présent dans les rangs des Lynx-Noirs. Il s'éclipsa dans le cadre d'une mission, ne laissant derrière lui qu'un mot où il expliquait son devoir de servir la cause de son pays. Un des Bosmers s'en alla également, tout comme plusieurs Kajhiits. Deux d'entre eux furent surpris alors qu'ils étaient en train de voler dans la trésorerie pour couvrir leur fuite.

Belcar fit écorcher les deux chats, et Shaiélaè assista à mise à mort non sans éprouver une intense jubilation.

D'autres déserteurs étaient natifs du sud de Cyrodiil, là où l'invasion avait lieu. Ceux-là partaient dans l'espoir de mettre leur famille en sécurité.

Au total, 25 mercenaires disparurent dans la semaine qui suivit l'annonce de la guerre.

Shaiélaè était tentée de partir, elle aussi. Pas pour rejoindre le Domaine, dont elle se fichait royalement, mais pour rester loin de ce conflit qui n'était le sien. La petite elfe resta, finalement, sans toutefois trouver d'explication à son choix. Au moins, elle serait avec Ioreck.

Le Nordique trépignait d'impatience à l'idée de se joindre à la guerre, maudissant chaque jour qui passait sans que l'on ne bouge.

Ce n'est qu'au bout de deux semaines que les Lynx-Noirs reçurent leur affectation définitive. Les armées Aldméris avançaient à marche forcée vers Martelfell, qui semblait être un de leurs objectif principal, ne se souciant aucunement de la Colovie qu'elles ne faisaient que traverser. La compagnie irait rejoindre les légions que l'on rassemblaient là-bas, en vue de la défense de la province.

Ioreck bondit littéralement en apprenant la nouvelle.

« On sera dans la sixième légion ! Elle est habituellement en poste à la frontière de Hauteroche et de Skyrim. Elle surveille les Crevassais. Si ma sœur ne s'est pas déjà enrôlée, ce serait bien qu'elle le fasse au bureau de Markarth. On pourra être ensemble, comme ça. »

Shaiélaè voulu le dissuader, lui expliquer que se battre au côté d'un membre de sa famille était une mauvaise idée, et qu'elle et Karrod pouvait en témoigner, mais le Nordique était tellement enthousiaste à l'idée de revoir sa sœur qu'il n'avait pas vu depuis deux ans qu'elle y renonça.

Il demanda à la petite elfe :

« Si je donne une lettre au messager de la Légion, il est d'accord pour trouver un moyen de la faire parvenir à Morthal quand il retournera à Markarth. » Ioreck rougit de honte avant de continuer. « Mais je ne sais pas écrire. Tu peux rédiger la lettre, si je te la dicte. »

Shaiélaè avait côtoyée son ami depuis bien trop longtemps pour être surprise par son illettrisme.

«Je ne sais écrire qu'en elfique. Ta famille ne pourra pas me lire», se contenta t-elle de répondre. «Mais demande à quelqu'un d'autre. Dominitia sait écrire. »

Il répondit catégoriquement :

« Non. Je ne lui fait pas assez confiance pour partager avec elle ma correspondance. »

Il est devenu prudent quand il s'agit d'évoquer Dominitia. Et je ne les ai plus vu ensembles depuis notre retour de Portdun.

« Ça veut dire que tu me fais confiance, à moi ? » dit-elle, taquine.

« Réfléchis deux minutes, idiote ! » Le Nordique reprit plus sérieusement. « Pour la lettre, j'ai une solution : Il y a une Haute-Elfe, qui vit à Morthal. C'est une amie. Si je lui adresse la lettre, elle la traduira sans soucis à ma famille. »

Là il me surprend...

«Tu fait assez confiance à une ALTMER pour lui faire lire la correspondance ? J'ai déjà du mal à le croire venant de toi, alors si en plus tu incite ta sœur à se battre contre son peuple dans la lettre que tu vas lui faire lire... »

Ioreck se rembroua :

« En quoi c'est si étonnant ? Je ne déteste pas les elfes, la preuve : ma meilleure amie est une Bosmer. Et puis je connais Vallisephona depuis que je suis gosse. C'est une érudite, qui s'est installée à Morthal depuis plus trente ans pour étudier la flore des marais qui entoure le village. Elle veut écrire un livre sur l'alchimie. C'est moi qui lui servait de guide quand elle allait dans les marais, et elle m'a appris tout plein de trucs. Quand j'étais recherché, c'était une des seules personnes à savoir où je me cachais.

Et si c'est ça que tu te demandes, non, elle n'en à rien à foutre du Domaine Aldméri. Après toute les années passées à Skyrim, Vallisephona est autant Nordique qu'Altmer, et jamais elle ne trahirait la confiance que je lui accorde. »

« D'accord, d'accord, d'accord... » concéda Shaiélaè en levant les bras en signe d'acceptation. « Vous êtes copains comme cochon, toi et ta scientifique Altmer et jamais elle ne te trahira. Et tu vas rester là encore longtemps, ou tu vas aller chercher une plume et un parchemin, que je puisse écrire ta lettre ? »

Ioreck revint peu de temps après, une feuille de parchemin, une petite bouteille d'encre et une plume d'oie dans les mains. La petite elfe aplatit le parchemin sur un tonneau, trempa la plume dans la bouteille et attendit que son ami ne lui dicte :

« Vallisephona,

Tout d'abord, je te salue. Il y a bien longtemps que l'on ne s'est pas vu, et ça n'allait pas fort pour moi à ce moment. Je n'ai pas eu le temps de te dire au-revoir correctement. Pardonnes-moi.

J'espère que l'écriture de ton livre a avancé. Ce la fait trois décennies que tu es dessus, il faudra bien un jour te décider à le publier. A ce propos, j'espère aussi que tu a trouvée quelqu'un pour me remplacer, quand il faut t'accompagner dans les marais. Ne choisit surtout pas la mauvaise personne, ça peut être dangereux.

Comme tu l'a remarquée, la lettre que je t'envoie est écrite en elfique. Comme je ne peux pas l'écrire moi-même (j'aurais dût t'écouter quand tu me proposait de m'apprendre à écrire), c'est une amie elfe qui la rédige pour moi. Et elle ne sait écrire que l'elfique. Enfin, c'est un système compliqué, mais je compte sur toi pour traduire à ma famille la deuxième partie de la lettre, qui leur est destinée. Je t'en remercie d'avance, de tout mon cœur.

Puisse les Divins te guider

Ioreck

Voici ensuite la partie destinée à ma famille :

Bonjour à tous,

Vallisephona vous expliquera pourquoi c'est elle qui doit vous lire cette lettre. Trop long pour que je le fasse moi-même. Je prend conscience que cela fait une éternité que l'on ne s'est pas parlés. Deux ans, en fait, sans nouvelles l'un de l'autre. Pour résumer ce laps de temps, je dirait simplement que je vais bien, et que je me suis engagé dans une compagnie d'épées-louées.

Tout comme moi, la guerre que nous livrons doit occuper vos esprit. Tout un tas de chose à dire à ce sujet me traversent la tête, mais par respect pour la traductrice, je m'abstiendrai de les sortir.

Victrix, je souhaite de tout mon cœur que tu ne soit pas déjà partie avec la Légion pour combattre les elfes. Mais je connaît mère, jamais elle ne te laisserait quitter la maison tant que l'hiver dure. Je pense donc que tu es encore là, boudant dans ton coin (mais mèreuuh... J'ai 20 ans, j'ai le droit d'aller me battre si j'en ai envie!). Si j'ai raison, alors ne vas pas à Fort Busard pour t'enrôler. Rends-toi plutôt à Markarth. Tu seras alors affectée à la sixième légion. La même que celle où je serait ! On se retrouvera à Martelfell, et on pourra casser du Thalmor ensemble !

Arnolf, je te connaît : tu rêve toi aussi de rejoindre la Légion, quitte à mentir sur ton âge pour y parvenir. Quoi que tu en pense, notre mère a raison. Tu est trop jeune pour ça. Estime toi plutôt heureux de pouvoir, quand ce sera terminé, vivre dans un monde où les elfes ne dictent pas leur lois grâce au sacrifice de tes aînés. Portes-toi bien et devient fort. Ordre de ton frère qui t'aime.

Gjalir est bien trop jeune pour pouvoir comprendre ce que j'aimerais lui dire, bien qu'il ai dût énormément grandir depuis la dernière fois. Mère, dit lui seulement combien j'aimerais pouvoir le voir. Il me manque, ça je pense qu'il peut comprendre.

Mère, s'il te plaît ne t'inquiète pas. Je suis grand et je prend soin de moi. Si je suis avec Victrix dans la Légion, je lui passerait un peu d'argent pour vous. J'espère que tu t'en sort avec la ferme (a moins que tu l'ai vendue) et que les employés ne te causent pas trop de tracas. Tu me manque beaucoup.

Père, tout ce passe pour le mieux de mon côté. La compagnie de mercenaires que j'ai intégrée s'appelle les Lynx-Noirs. Peut-être que tu la connaît de réputation. Elle est correcte. Une fois de plus, je suis sincèrement désolé pour Rolf Ailedejais. J'espère que le Jarl a fait son deuil. Si ce n'est pas le cas, la guerre va lui donner une occasion de penser à autre chose. Et tu es là pour lui remonter le moral.

Je vous embrasse tous très fort, et vous me manquez terriblement.

Ioreck

P.S : Celle qui a écrit la lettre pour moi s'appelle Shaiélaè. C'est juste une amie. (je sens d'ici que tu te fais des idées, Victrix)

« Je suis obligée d'écrire le post-scriptum ? »

« Tu es là pour écrire ce que je dicte, pas pour commenter. Et ne t'avises pas de changer la phrase, je le saurais quand je verrais ma sœur »

Shaiélaè acheva la lettre et la donna à Ioreck qui roula le parchemin, le scella avec une cordelette de chanvre et se dépêcha de retrouver le messager pour le lui donner.


Texte publié par Elias of Keliwic'h, 23 novembre 2015 à 20h54
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tome 1, Chapitre 7 « L'Aube du Domaine » tome 1, Chapitre 7
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