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tome 1, Chapitre 6 « La Bataille de Portdun » tome 1, Chapitre 6

Ah bah putain ! Elle est très forte... Les mercenaires s'étaient arrêtés au milieu de la foule, aussi surpris qu'impressionnés par l'audace de la Nordique. La mine de Ioreck était particulièrement éloquente.

La foule de soldat s'agitait. Il discutaient entre eux, et Clorisse s'interrompit pour les laisser débattre. Une partie était circonspecte. Une autre convaincue. Puis des voix s'élevèrent fort et éclipsèrent les autres. Juste à côté de Shaiélaè, une grande guerrière rousse leva sa lance au dessus de sa tête en hurlant :

« VAERMINA! »

D'autre l'imitèrent, et bientôt toute l'armée rassemblée acclama Clorisse en brandissant leurs armes et en martelant leurs boucliers.

« VAERMINA ! VAERMINA ! »

« GLOIRE A VAERMINA ! »

C'était un spectacle hallucinant. Comment elle a fait ça ? Le groupe de mercenaire avait cessé de ce diriger vers la tour, et restaient plantés là, au milieu de la foule en délire, pour assister à la suite. Clorisse observait les marques de dévouement à son égard avec son éternel air blasé et supérieur. Mais le triomphe se lisait dans son regard quand elle prit la parole de nouveau, faisant cesser les acclamations d'un simple geste.

«Bien sûr, cette forme terrestre est faible, infiniment plus faible que ma forme véritable. Mais j'ai encore plus de pouvoirs que les créatures qui marchent sur cette terre, bien que mon enveloppe terrestre puisse être brisée. Si cela devait arriver, je retournerais dans l'Oblivion, et il pourra alors s'écouler des générations avant que je ne parcourt Nirn avec un corps de nouveau.

Je vous ai dit qu'un danger nous menace : Il y a peu, la vile Boéthia a eu vent de mes plans. Les rancunes sont tenaces entre nous, aussi a t-elle décidée de nous mettre les bâtons dans les roues. J'ai les moyens de l'arrêter. Mais j'ai besoin de vous, mes amis, pour combattre. Bientôt, je l'attirerait ici même pour lui tendre un piège. Elle sera accompagnée de ses larbins. Nous devront les tuer tous, pour qu'ensuite plus rien ne puisse nous arrêter ! »

La horde de soldat hurla de plus belle.

« Préparez-vous, mes amis, car cet endroit ruissellera de sang avant que ne tombe la nuit ! »

La foule se dispersa, discutant avec animations. Certains parmi les plus dur-à-cuire pleuraient d'émotion. Les soldats étaient déjà tous dévoués à Clorisse, mais ils étaient maintenant un bloc d'authentiques fanatiques, prêts à souffrir et mourir pour celle qui avait usurpée le titre de dame de Portdun et de princesse Daedra.

Nilhus, les Rougegardes et Dominitia reprirent le chemin vers leurs quartiers. Ioreck se hâta de rattraper Clorisse, qui retournait à la salle du trône entourée d'une horde de soldats adorateurs. Shaiélaè hésita, puis couru pour le rattraper. Clorisse parvint à se débarrasser de ses fanatiques pour parler en toute discrétion avec le Nordique.

« Qu'est ce que tu as fait ? Par Shor, tu est cinglée ! » lui dit-il a voix basse.

« Ça a été plus efficace que ce que je prévoyait. Les séquelles du manque de sommeil ont peut être endommagées leurs facultés de penser plus que ce je pensait. »

« Combien de temps penses-tu qu'ils leurs faudra pour se rendre compte que tu n'es pas vraiment une princesse Daedra, et pour qu'ils te tuent ?

« Je n'en sais rien. Je penserais à ça plus tard. »

« Et quand ils auront en face d'eux la vrais Vaermina ?

« C'est pour ça que je leur ai dit qu'ils se battraient contre Boéthia. Un Daedra ou un autre, ils ne verront pas la différence. »

« Et Vaermina ? Comment réagira t-elle quand elle apprendra que tu utilise son nom pour ton intérêt ?

« Elle ne sera pas plus fâchée que si nous nous introduisions dans son esprit pour voler un de ses souvenirs »

Ioreck secoua sa tête de dépit et fit demi-tour, plantant là la Nordique au moment précis ou la petite elfe les rejoignait.

« Au fait » dit-il en se retournant une dernière fois. « Je suis désolé pour ce que les soldats t'ont fait. Je ne savait pas. »

Clorisse renifla de de mépris.

« Je n'ai que faire ta pitié, Ioreck. »

« A ce propos, comment avez-vous manipulée les soldats si vous étiez enfermée dans un cachot ? » demanda timidement Shaiélaè.

« J'avais cachée le Crâne dans le château avant d'être capturée. Une nuit qu'ils m'avez sortie pour me violer, j'ai réussie à le reprendre et en le détachant du bâton auquel il était fixé, à le faire passer en douce dans ma cellule. »

Ioreck prévint Clorisse :

« Tu joues avec des choses qui te dépasses. Ça te retombera forcément sur la tête un jour où l'autre. »

« Tant qu'on retrouve mon âme mon âme. Comme ça, j'irais en Sovngarde quand ça retombera. » dit calmement la Nordique.

« Mais je ne veux pas que tu meurs, Clorisse ! » lâcha Ioreck avant de s'éloigner pour de bon .

Les autres étaient déjà en train de s'équiper pour la bataille. Nihlus aiguisait une dernière fois son épée. Dominitia avait enfilée un heaume sur sa tête, ne laissant voir de son visage que ses deux yeux d'un gris métalliques. Les jumeaux avaient leurs armes en main, et s'exerçaient dans le vide à faire les mouvements qu'ils répéteraient pour vrai dans quelque temps. Leurs corps athlétiques se mouvaient avec grâce, faisant tournoyer leurs armes comme si elles n'avaient aucun poids. Karrod utilisait pour se battre une longue et fine épée dans sa main droite, et une autre courte à la lame courbe dans la gauche. Makela avait une préférence pour les javelots. Outre celui qu'elle avait en main, elle en avait deux en réserve fixés dans son dos. Également à sa ceinture était passée une épée courbe, exactement similaire à celle de son frère.

Les jumeaux Rougegardes étaient des professionnels, ça se voyait. Et contrairement à beaucoup de mercenaires de la compagnie, ils n'avaient pas honte de leur passé et en parlaient régulièrement avec fierté. Ils étaient les enfants d'un seigneur des marches d'Alik'r et avaient quittés leur famille à la recherche d'aventures. Pirates, ils avaient écumés les mers, puis des années durant avaient voyagé à travers Tamriel en enchaînant les emplois dans d'innombrables compagnies d'épée-louées à Elsweyr, Argonia et Morrowind. Ils étaient récemment rentrés en Martelfell pour prendre part à la guerre civile civile qui ravageait le pays, mais ni les Aïeux, ni les Couronnes ne s'avérèrent être de bons payeurs, aussi quittèrent ils leur pays une seconde fois pour aller s'engager chez les Lynx-Noirs, à Hauteroche.

Shaiélaè n'eut qu'à ramasser son arc et à l'encorder pour être prête au combat. Une bouffée de stress lui monta à la gorge lorsqu'elle se réalisa pour de vrais qu'ils allaient affronter une armée de Daedra. Plus la bataille se faisait imminente, moins elle était sûre quand à leurs chances de survie. Nihlus n'était pas rassuré non-plus : il s'acharnait plus que de raison à affûter la lame de son épée, et ses doigts tremblants firent tomber sa pierre à aiguiser à plusieurs reprises. Ioreck se tenait debout dans un coin, prêt. Il serrait sa gigantesque épée « Foyer » contre lui, caressant d'un air lugubre et absent un des crocs incurvés qui étaient forgés au milieu de la lame. Alors que l'approche du combat apeurait de plus en plus Shaiélaè, le Nordique semblait en être ragaillardi, comme si boire la Torpeur n'avait plus aucune importance s'il plantait ensuite son épée dans des tonnes de daedras.

« Nihlus. Va voir si Ambroise a terminé. » ordonna t-il, impératif.

Le jeune Impérial s'exécuta sans broncher.

Il réapparut après ce qui sembla être des heures aux yeux de Shaiélaè.

« Il est presque prêt. On peu commencer à aller à la salle d'audience. C'est là qu'il veut faire le rituel.

Ioreck pâli légèrement, mais donna l'ordre de bouger.

Le mage Breton les attendait dans la salle d'audience, vide de tout occupants à l'exception de Clorisse assise sur le trône. Il achevait de tracer des cercles sur le sol avec une craie, et de disposer tout autour des chandelles et des offrandes de sel du néant et de pétales d'obscurcines. A ses pieds était posé un panier remplit jusqu'au bord de cristaux mauves de la taille d'une main sur lesquels était posée une bouteille verte soigneusement bouchée. Les gemems spirituelles et l'élixir de Torpeur. Juste à côté, un crâne de démon or et ivoire était posé, deux gemmes rouges brillantes dans les orbites. Le Crâne de Corruption. A quelle créature mystique tombée dans l'oublie appartenait-il, avant de ne devenir un puissant objet magique?

« Tout est prêt pour l'invocation. Il ne manque plus que les gemmes. Qui prendra la Torpeur ? »

Ioreck s'avança lentement.

Ambroise prit la bouteille verte dans le panier, et en versa le contenu dans un calice d'argent et de cristal.

« Quand tu seras dans le souvenir, tu n'aura rien besoin de faire. Le mage agira à ta place et tu te contentera de ressentir ton environnement. Applique toi pour compter les gemmes, nous n'auront pas de secondes chances. Je ne pense pas qu'il y encore suffisamment d'ingrédients pour une seconde potion. Les effets devrais durer entre 5 et 10 minutes. Je l'ai beaucoup diluée. Il faut faire vite pour que...

« Hé bien ? » s'enquit Ioreck.

« Pour que... Hé bien tu feras et tu subira tout ce que le rêveur et fait et subit. Et il a été emporté dans le plan de Vaermina. Si la potion dure trop longtemps, il y des chances que tu te réveilles dans le Bourbier...

Ioreck pâlit franchement, et Shaiélaè jura qu'il était sur le point de vomir. Il darda Ambroise d'un regard assassin qui fit reculer le mage, puis se ressaisit.

« Saloperie de magiciens » marmonna t-il dans sa barbe avant de prendre le calice des mains du lanceur de sorts. Il renifla le contenu d'un air suspicieux.

« Shor ! Ça passerait mieux avec une rasade d'hydromel bien frais. » La petite elfe percevait légèrement l'odeur de la boisson, âcre aux relents de souffre. En revanche l'apparence était appétissante. La Torpeur était d'une agréable couleur or pâle, avec une légère mousse blanche qui collait sur les bords du calice. La texture était épaisse, comme du fromage fondu, bien qu'Ambroise affirmait l'avoir beaucoup diluée.

Tout les regards étaient tournés vers Ioreck et sa coupe. Il prit son courage à deux mains et avala d'une traite, en grimaçant. Il s'essuya les lèvres d'un geste rageur, en jetant le précieux calice au sol qui se brisa à l'impact.

« L'Oblivion vous emporte, c'est dégueula... »

Tous sursautèrent en voyant le Nordique disparaître d'un seul coup sous leurs yeux avant même d'avoir terminé sa phrase.

Ambroise se frotta les mains, satisfait.

« Ça a marché. Qu'il fasse son travail, et vôtre âme sera bientôt vôtre, madame. Vos hommes sont ils en position ? »

Clorisse s'était relevée sur son siège, et attendait la suite avec impatiente. La Nordique nonchalante s'agitait doucement, légèrement anxieuse.

« Ils sont derrière les portes. Je leur ai donné l'ordre de ne pas intervenir avant que le rituel ne soit terminé. »

Shaiélaè était inquiète pour Ioreck. Le temps s'écoulait avec une incroyable lenteur, comme arrêté. J'aurais dût être volontaire. Je le voulait. Au lieu de ça, j'ai eue peur et j'ai laissée Ioreck y aller. Ce sera de ma faute s'il lui arrive quelque chose. Ils avaient raisons, tous : Je suis une lâche.

L'attente lui mettait les nerfs à vif et envahissait son esprit de sombres pensées. Elle voulait fuir, abandonner cette mission stupide. Mais c'était trop tard, la suite était inévitable.

La petite elfe se jura secrètement de ne plus jamais se comporter en lâche, pour ne pas recommencer ce qui c'était passé il y a maintenant si longtemps.

Les siècles et les minutes passaient, et toujours Shaiélaè fixait l'endroit où Ioreck avait disparut. Nihlus faisait les cent-pas, ses bottes cloutées frappant le sol à intervalle régulier. Un bruit agaçant et monotone qui semblait égrainer les secondes. Personne n'avait le cœur à lui dire de cesser.

Un bruit de gond retentit soudainement, et tous relevèrent la tête pour voir les portes s'ouvrir et Ioreck entrer dans la salle. Il referma les battants sur les dizaines de soldats armés jusqu'aux dents qui attendaient de l'autre côté le signal de l'attaque.

Shaiélaè bondit de joie, avant de constater l'état pitoyable dans lequel le Nordique se trouvait. Il était choqué, le visage hagard et le regard vide. On dirait qu'il a vu un fantôme. Ce qui est probablement le cas.

Il se dirigeait vers la petite elfe en marchant comme un automate. Il égrena alors qu'il passait devant Ambroise sans s'arrêter ni daigner le regarder.

« Cinq gemmes : une posée au milieu des pétales de fleur, les quatre autres au pied de chaque bougies. »

Les mercenaires faisaient de leur mieux pour réconforter leur compagnon, le gratifiant de félicitations et de tapes dans le dos. Dominitia esquissa un mouvement pour lui prendre la main, mais Ioreck l'évita et s'approcha de Shaiélaè. Il serra la petite elfe dans ses bras. C'était un moment gênant que cette étreinte, puisque qu'elle dépassait à peine le nombril et qu'il devait bien peser le triple de son poids. Ça ne lui a pas suffit de me broyer la main tout à l'heure, voilà qu'il réserve le même sort à tout mon squelette. Shaiélaè était ravie du retour sain et sauf de son ami, mais avait néanmoins hâte de mettre fin à cette accolade envahissante.

« Je l'ai vue. Elle m'a parlée. Je suis sûr qu'elle a vue dans les yeux du mage que j'assistai à la scène. Ambroise dit que ce n'est pas possible, mais je ne le croit pas. C'est une daedra. Son armée... ses pouvoirs... » Le Nordique frissonna. « Ils ont fait des choses... horribles aux habitants du château. Je les ai entendus hurler. Des enfants traînés hors du lit par des drémoras couverts de sang. Si ce sont les mêmes qui viennent aujourd'hui, par Shor ! Je ne serait pas un simple spectateur cette fois-ci. »

Shaiélaè ne savait que répondre.

« C'est bon , Je commence le rituel » dit Ambroise. « Madame, vous devriez prendre le Crâne. Vous l'utiliserez sur Vaermina le moment venu »

« Je ne vous ai pas engagé pour faire le travail moi-même » lâcha t-elle de sa voix monocorde froide comme sa patrie d'origine. Le mage lui opposa la sienne, chaude et rassurante.

« La rapidité est primordial pour notre succès. Vous êtes la mieux placée pour reconnaître votre âme au milieu de tout les souvenirs de Vaermina. Et vous savez vous servir du Crâne de Corruption mieux que quiconque ici, moi compris. Cela fait de vous la seule apte à remplir cette tâche.

« Soit » admit Clorisse. Elle se leva pesamment alla récupérer la tête de démon d'un pas tranquille, sa sérénité apparente démentie par son regard inquiet et ses ongles qu'elle dévorait nerveusement.

Ambroise attendit qu'elle soit en position à ses côtés pour s'agenouiller devant l'autel qu'il avait dessiné.

Les mercenaires se raidirent quand il commença à prononcer d'obscures incantations du bout de ses lèvres. Ils formaient un bloc compact pour protéger le mage et la Nordique. Shaiélaè était calée entre la masse solide de Ioreck et le corps dégingandé de Nihlus, dont le bouclier levé lui offrait également une couverture .

« N'oubliez pas, » précisa Clorisse. « Je suis Vaermina, elle est Boéthia. »

Le rituel durait longtemps. Le bras de la petite elfe qui maintenait son arc tendu commençait à fatiguer. Puis la voix d'Ambroise monta en crescendo, se répercutant à travers toute la salle jusqu'à devenir assourdissante.

Le milieu de l'autel s'emplit d'une brume d'un puissant violet électrique qui apparut dans un bruit de soierie violemment déchirée. Le phénomène était indescriptible pour ceux qui n'ont jamais vécut l'expérience d'une invocation : la brume était une sorte de trou en trois dimensions, fendant le voile infranchissable qui séparait le Mundus de l'Oblivion. La porte fut ouverte pendant quelques secondes pendants lesquels ce point précis de Nirn fusionna avec le Bourbier, puis la brume se dissipa aussi vite qu'elle était apparus, laissant à la place une vieille femme ridée comme une vieille pomme.

C'était Vaermina la Pourvoyeuse, princesse Daedra des songes et du sommeil. Elle était uniquement drapée d'un manteau noir dont les plis laissaient apparaître sa peau brune et fripée. Sa tête était rasée, à l'exception d'un toupet blanc à son sommet, retenu par une bague en or.

Elle s'adressa à Clorisse.

« Clorisse. Ne ne parlerais-je pas assez dans ton sommeil, pour que tu désire me voir en personne ? Es-tu là pour te plaindre de la puissance que je t'ai offerte ou pour le simple plaisir de ma compagnie. »

La Nordique répliqua calmement :

« Je subit votre illustre compagnie chaque nuit dans mon sommeille mais j'avoue que la puissance n'est pas à plaidre. Je vous ai invoquée pour vous signifier l'annulation du marché qui me lie à vous et pour que vous me rendiez l'âme que je vous ai donnée. »

La Daedra éclata d'un rire puissant, qui ne correspondait pas à son corps de vieillarde.

Clorisse restait détendue. C'était la seule à avoir un tel sang-froid. Tout les autres mortels présents avaient l'intégralité des muscles de leur corps tirés jusqu'à la crampe, la vision périphérique brouillée par l'adrénaline. Avoir une véritable déesse sous leurs yeux ne comptait pas pour le moment. Seul l'imminence d'un bain de sang occupait leur cerveau.

« Tu es bien insolente, mortelle, pour une esclave. Estime toi heureuse que ton âme m'aie offerte d'agréables distractions, sans quoi j'aurais déjà extrait un à un tout les os de ton corps. Retourne ramper dans la boue, chienne. C'est là qu'es ta place. »

Le visage de Clorisse se changea en un masque de rage. Elle brandit le Crâne de Corruption et le pointa vers Vaermina. Cette dernière haussa légèrement un sourcil, surprise. Puis elle explosa de fureur.

« Quelle audace ! Tu ose utiliser mon propre artefact contre moi ? Je vais te détruire, mortelle idiote ! »

La Nordique l'ignora superbement, absorbée par le degré de concentration que nécessité l'utilisation d'un tel artefact sur un être aussi puissant. Vaermina lui envoya un sort de foudre dévastateur, assez puissant pour griller net une petite armée. Ambroise réagit en protégeant Clorisse d'une barrière magique qui l'arrêta. La Daedra enchaîna plusieurs éclairs, mais aucun ne parvenait à franchir la barrière que produisait le Breton, qui déjà couvert de sueur et parcourut de spasme après seulement quelques secondes d'utilisation. Les sorts de Vaermina étaient en partie absorbés par le mur anti-sort et contribuaient à le renforcer. Il fallait faire vite toutefois, le potentiel magique d'Ambroise déclinait à vue d'oeil.

La Pourvoyeuse était bloquée : L'invocation l'obligeait à rester dans le cercle du rituel, sans pouvoir se promener librement sur Nirn. Elle pouvait à tout moment retourner dans le Bourbier, mais son orgueil de Daedra lui interdisait de perdre la face en fuyant devant une mortelle. Elle releva le défi que lui offrait la mortelle. Ses options étaient de continuer à percer la barrière d'Ambroise pour tuer Clorisse, où protéger son esprit contre la tentative d'intrusion. Cela lui demandait une grande attention, et l'interdisait d'utiliser sa magie pendant qu'elle résistait.

Elle opta pour la dernière option valable, celle qu'avait prévu Ambroise dès le début : Elle appela ses armées et ouvrit des portails vers son plan depuis la salle d'audience.

Un flot de créatures plus répugnantes les unes que les autres apparurent : des légions entières de drémoras, invincibles dans leurs épaisses armures noires et rouges, des faucheclangs, des nuées de galopins, d'hideux vermais aveugles à la peau blafarde comme le ventre d'un poisson, des araignées daedriques, des atronachs sous toutes les formes...

C'était le moment qu'attendaient les Lynx-Noirs, ce pour quoi ils étaient embauchés. Ils se jetèrent comme un seul homme, en hurlant, sur les portails qui s'ouvraient, massacrant des dizaines de daedras avant qu'ils ne se soient remis de leur invocation. Ils restaient groupés autant qu'ils pouvaient. Une flèche de Shaiélaè toucha un drémora en plein visage, alors qu'il tentait de repousser le bouclier de Nihlus, qui l'acheva d'un revers de son épée. Elle entendit à ce moment un long coup de trompe.

Clorisse avait décrochée un cor fixé à sa ceinture, et soufflait dedans de toute ses forces en continuant à fouiller l'esprit de la Pourvoyeuse. Toutes les portes de la salle du trônes s'ouvrirent d'un seul, et une horde de soldats fanatique se précipita à l'intérieur, en criant :

« POUR VAERMINA ! »

Shaiélaè sourit pendant une courte seconde en voyant les daedras déconcertés ne pas attaquer tout de suite en entendant ces cris, croyant voir débarquer une aide extérieure. Ils déchantèrent vites lorsque la marée humaine les submergea sous l'acier, et ripostèrent avec férocité.

Le combat était un carnage d'une brutalité inouïe. Des centaines de combattants croisaient le fer dans l'espace réduit de la salle du trône, ne pouvant à peine bouger. Un géant daedroth brisa un mur à un moment, et le combat s'étendit au reste du château. Shaiélaè et les Lynx-Noirs restaient proche de Clorisse, pour la protéger. Ambroise se tenait prêt à relancer une barrière si Vaermina faisait mine de jeter un sort, mais il était faible et proche de l'évanouissement. Par chance, toute la concentration de la Daedra était consacrée à la mise en place de protections mentales et au maintien des portails vers son plan d'où jaillissaient sans fin des flots de ses larbins.

Ioreck était assailli par une horde de galopins qui escaladaient son dos et essayaient de le déchirer de leurs griffes. Cette situation rappela fugitivement à Shaiélaè la première fois qu'elle avait vue le Nordique, alors qu'il était attaqué par une meute de gobelins. Cette pensée s'effaça lorsque la petite elfe se baissa vivement pour esquiver le coups de hache d'un drémora. En un instant, elle avait dégainée sa dague et l'avait plantée dans une faille de son armure au genoux. La créature poussa un rugissement métallique, avant d'abattre de nouveau sa hache en un coup mal ajusté. Shaiélaè l'évita sans aucune peine et acheva le daedra d'un coup fatal à la gorge quand elle se releva. Ioreck avait entre temps réussi à se débarrasser des galopins qui gisaient désormais déchiquetés parmi les cadavres et s'était changé en berserkir. Il s'était éloigné du groupe et combattait seul, effectuant des moulinets de sa claymore qui envoyaient gicler le métal des armures de drémora avec presque autant de faciliter que les entrailles des vermais.

A quelques mètres, les jumeaux Rougegardes se couvraient mutuellement les arrières, se mouvant avec vitesse et agilité. Ils bougeaient presque de manière synchronisée, comme unis par la pensée. Shaiélaè bougea dans leur direction en jouant du poignard, là où ils avaient dégagés une clairière sanglante dans les rangs des daedras et où elle serait à l'abri pour continuer à tirer ses flèches. La petite elfe était presque à court de munitions, une première dans sa carrière d'archer. Elle angoissa en prévision du moment fatidique où elle serait obliger de trouver une autre manière de se battre. Mais pas le temps de songer à ça. Elle banda de nouveau son arc et tua sur le coup une araignée daedrique, vengeant plusieurs des soldats de Clorisse qui étaient tombés en affrontant cette créature.

La petite elfe perçut un mouvement dans son dos et se retourna, prête à lâcher la le trait qu'elle venait d'encocher.

Elle retint son geste en tombant nez-à-nez avec Dominitia, méconnaissable sous le sang dont elle était couverte de la tête aux pieds. Une partie de son heaume arraché pendait mollement sur sa joue, découvrant une plaie profonde à la tête. Elle retira son épée du torse d'un vermai en hurlant à la petite elfe pour couvrir le fracas assourdissant de la mêlée.

« NE T'ARRETTE PAS DE TIRER ! JE M'OCCUPE DE CEUX QUI S'APPROCHENT TROP !

La petite elfe n'entendit pas la moitié de sa phrase, mais comprit l'essentiel de ce que l'Impériale disait.

Elle tira successivement trois traits dans trois galopins, puis lâcha sa dernière munition dans l'œil d'un daedroth, le déstabilisant assez longtemps pour qu'une des fanatiques de Clorisse ne l'éventre d'un coups d'épée. Elle repassa au poignard pour assister Dominitia aux prises avec un groupe de drémoras hargneux. Elle était en difficulté, et son bouclier tombait en miette sous les coups répétés des daedras. Un galopin s'attaqua aux jambes de l'Impériale, qu'elle envoya paître d'un coup de pieds.

Shaiélaè se jeta sur le dremora le plus proche, lui bloquant le bras alors qu'il levait de nouveau sa masse. La créature lui répondit d'un violent coup de coude dans le ventre qui lui fit lâcher prise. Elle roula sur le côté quand le daedra abattit sa masse, et lui fit perdre l'équilibre en lui faisant un croche-patte. Puis la petite elfe rassembla toute ses forces pour se relever et le bousculer en lui enfonçant sa dague à la jointure de l'épaule. Le drémora s'écroula, agonisant et la petite elfe retira sa dague juste à temps pour égorger d'un revers net un vermai qui tentait de la ceinturer pendant qu'un chevalier de Clorisse en transperça deux qui s'approchaient derrière elle d'un coup de seul coup de sa lance.

Nihlus avait rejoint Dominitia, et l'aidait à affronter les daedras qui l'encerclait. Un des jumeaux était à terre, décapité et l'autre fou de colère affrontait seul une horde d'atronachs qui faisaient voler feu et glace à travers le champs de bataille.

Ioreck était introuvable au milieu du chaos. Là où il se trouvait auparavant, un groupe de soldats subissaient les assauts d'innombrables vermais et mourraient les uns après les autres. Le reste de la bataille était confus. Une épaisse fumée la recouvrait, signifiant que quelque part dans le château, un incendie avait été allumé. Pourvu que Clorisse se dépêche, on ne durera pas...

La Nordique était presque invisible, cachée sous un mur humain qui protégeaient leur reine pendant son rituel au mépris de leur vie. Ils se battaient et tuaient malgré leurs membres amputés et leurs entrailles pendantes. Ils se jetaient devant les lames des drémoras pour prendre pour eux les coups destinés à Clorisse et les attaquaient à coups de d'ongles et de dents quand ils perdaient leurs armes.

Shaiélaè ramassa une pique qui traînait au sol, près du corps piétiné d'un fanatique. Elle s'en servit pour tenir à distance les galopins qui l'assaillaient de tout sens, puis à stopper la charge d'un faucheclang, qui s'embrocha sur l'arme en la brisant en deux dans les mains de la petite elfe.

Elle cherchait des yeux une arme de remplacement quand on atronach de givre la prit pour cible, et lui projeta des dards glacés. La petite elfe fit de son mieux pour les esquiver, et Nihlus la sauva en plantant le tronçon de son épée brisée dans le dos de la créature. Elle s'attaqua au jeune mercenaire, délaissant la petite elfe qui profita de cet instant de répit pour récupérer une hache de combat et se jeter dans la mêlée.

L'atronach lui renvoya son poing de glace alors que Shaiélaè se jetait sur lui. Le coups la projeta en arrière, et elle s'écrasa sur le sol, le souffle coupé et la poitrine douloureuse là où l'impact l'avait touchée. Elle parvint à se relever au terme d'un effort considérable qui martyrisa ses côtes. La petite elfe avait toujours sa hache dans la main et retourna affronter l'atronach en titubant. Elle n'eut nul besoin de lui faire face de nouveau : un fanatique que Shaiélaè reconnut comme étant Eduard, le premier soldat de Clorisse que les Lynx-Noirs avaient rencontrés la veille venait de le briser en milles morceaux sous ses coups répétés. Nihlus avait eu moins de chances et gisait inconscient, couvert d'esquilles de glace qui commençaient à fondre, mêlant l'eau au sang.

Shaiélaè était séparée pour de bon de ses compagnons, et seuls des soldats occupaient son environnement immédiat.

Elle fracassa le crâne d'un vermai, puis repoussa un galopin quand un cris strident retentit, recouvrant le vacarme de la bataille.

Vaermina se tenait la tête en hurlant, de honte et de rage plus que de douleur.

« COMMENT AS TU OSEE ? POUR QUI TE PRENDS TU POUR VIOLER MON ESPRIT, MORTELLE ? »

Clorisse fit cligner ses yeux arrogants.

« J'ai réussie. J'ai extirpée mon âme des tréfonds de votre esprit. » Elle bougea sa main d'un geste nonchalant en direction de la princesse Daedra, pour la chasser comme on chasse une mouche. « Vous pouvez vous retirez, Daedra. C'est tout ce que je voulait pour aujourd'hui. »

L'umiliation était trop forte pour Vaermina. Furieuse, elle jeta de nouveau une série d'éclairs foudroyants sur la Nordique, qu'Ambroise intercepta par une nouvelle barrière. Le mage était à terre, des flots de sang se déversant de son nez, mais il tint tête à la Pourvoyeuse dans ce duel magique.

Vaermina hurla une dernière fois, puis disparut dans un tourbillon de rage. Pour une telle défaite, elle serait la risée de l'Oblivion pendant des siècles. Jusqu'à la fin des temps, Molag Bal et Shéogorath ne manqueraient jamais une occasion de la moquer à propos de cette histoire.

Son erreur avait été de sous estimer l'armée qui accompagnait la mortelle. Elle avait pensée que ses légions seraient suffisantes pour la détruire et avait consommée beaucoup d'énergie à maintenir ouvertes les portails vers le Bourbier pour son armée.

Vaermina alla se réfugier dans son plan pour panser son ego et ruminer une vengeance terrible contre l'insolente mortelle qui l'avait défiée et vaincue.

Le reste de la nuit fut consacré à chasser et éliminer les derniers daedras encore présents dans le château, et qui occupaient un grand nombre de poches de résistances un peu partout. Plusieurs d'entre eux sautèrent dans les douves pour s'échapper, mais conformément au vœu d'Ambroise, aucun ne pu atteindre en vie l'autre rive. Des archers postés sur les remparts y veillaient. Il y eu un long combat à côté de la porte principale, quand un grand nombre de daedras voulu ouvrir le pont-levis. Ils étaient sur le point de réussir, mais les fanatiques de Clorisse les en empêchèrent à temps, au prix de lourdes pertes qui vinrent s'ajouter au bilan déjà considérable.

Makela avait trouvée la mort, et son frère inconsolable était le plus acharné de tous à détruire les daedras cachés dans le château. Nihlus avait aussi succombé, piétiné par un faucheclang peu après avoir été blessé par l'atronach de givre, tout comme Ambroise. Le mage à court de magie avait convertit son énergie vitale en mana pour maintenir l'état de sa barrière. Ce geste avait sauvé Clorisse et lui avait été fatal. Nul n'expliquait son sacrifice, que rien ne l'obligeait à faire.

Shaiélaè et Dominitia s'en étaient toutes deux sorties vivantes, quoique blessées. Une profonde coupure à la tête pour l'Impériale, en sus de multiples autres blessures superficielles, et un lot de côte en miettes pour la petite elfe. Je peux m'estimer chanceuse. Beaucoup aujourd'hui ont bien plus soufferts que moi. Elle était heureuse d'être en vie. Simplement. Profitons en pour le moment. Les traumatismes viendront plus tard.

Shaiélaè avait retrouvé Ioreck à demi assoupi dans une des salles du château. Il était assis sur un impressionnant amoncellement de cadavres d'araignées daedriques, et « foyer », qui pendait mollement dans sa main était littéralement recouverte du sang verdâtre et fumant de ces choses. Le Nordique était fatigué, mais indemne.

La petite elfe le secoua doucement pour le réveiller, avivant de ce mouvement la douleur dans sa poitrine qu'elle venait tout juste de bander.

Ioreck ouvrit les yeux.

« Oh, c'est toi ? C'est terminé ? »

« Presque. Les hommes de Clorisse s'occupent des derniers daedras. »

« On a vraiment réussit ? A battre une Daedra ?

« Oui. Clorisse garde son âme dans crâne qu'elle a. Elle attend d'être au calme pour la remettre dans son corps.

« Il y a pas un truc à bouffer ? Je crève de faim »

Le château de Portdun était dans un piteux état et portait les traces d'un bien sombre épisode, mais les Lynx-Noirs survivants y restèrent encore quelques jours le temps de se remettre sur pied.

Ils ne savaient pas avec certitude si Clorisse avait bien réintégrée son âme, car elle ne le dit à personne. Elle passait ses journées à chanter, luth en main, accompagnée de ses adorateurs qui la prenaient pour celle qu'ils avaient affrontés.

La Nordique leur montra la récompense promise en payement : Un sac pour chacun d'entre eux, remplit des trésors du château et de ceux ramassés sur les corps des daedras.

Shaiélaè manqua de défaillir en inspectant le sien : des bijoux, des broches en or, des perles brutes, de la vaisselle précieuse... Presque dix fois plus que le premier cadeau de Clorisse, deux ans plus tôt. Elle parvenait à peine à soulever son sac.

Heureusement, Clorisse leur fournit une charrette, aussi bien pour charrier leur butin que pour éviter une marche que l'état des leurs blessures ne permettait pas. Et fidèle à sa promesse, elle avait même désignée quelques sbires pour récupérer les têtes des Travens là où ils avaient étés pendus avant qu'ils ne pourrissent trop. Elles étaient rangées dans un sac sur la charrette, trempées dans du goudron pour les préserver de la corruption.

Au moment du départ, Clorisse la Skalde, soit-disant incarnation terrestre de Vaermina, s'approcha de Ioreck et de Shaiélaè et susurra humblement en au revoir :

« Merci. »


Texte publié par Elias of Keliwic'h, 23 novembre 2015 à 20h53
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tome 1, Chapitre 6 « La Bataille de Portdun » tome 1, Chapitre 6
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