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tome 1, Chapitre 5 « Le Masque et le Serpent » tome 1, Chapitre 5

La tension montait parmi les mercenaires tandis que les pas se rapprochaient. Il s'arrêtèrent avant la lisière des arbres, invisibles, mais une forte et claire interpella le groupe de Lynx-Noir :

« Nommez-vous, qui s'approchent de nos terres. Prouvez nous que vos intentions ne sont pas hostiles. »

Ioreck prit la parole en réponse.

« Qui que vous soyez, nous ne vous voulons aucun mal. Nous somme à la poursuite de trois individus qui se sont attirés la colère de la mauvaise personnes. Peut-être les avez vous croisé ? Nous devons partir sans attendre pour les rattraper. »

Un bruissement de feuille leur parvint, et celui qui venait de leur parler sortit du bois flanqué par trois archers. Son armure était simple, mais presque neuve. Aucun blason ne la décorait, empéchant ainsi toute spéculation sur la provenance de son propriétaire.

« On a croisé vos individus », dit-il quand il fut à dix pas des mercenaires. « On a achevé la femme. Par charité. Sa blessure grouillait d'asticots et puait la gangrène. On a pendu les deux autres. Ils ont pas pu payer la taxe qu'il nous devait.

Enfin ! Une mort moche pour eux, mais la course poursuite s'achève. Elle était si heureuse d'en avoir fini qu'elle n'éprouvait aucun regret au fait d'avoir tuée de sa flèche une femme innocente au terme d'indescriptibles souffrances. Un murmure enjoué parcouru les rangs des Lynx-Noirs, ravis de la nouvelles.

« Quelle taxe ? » interrogea Dominitia, qui avait gardée les pieds sur terre malgré cette annonce.

« La taxe que tout les voyageurs doivent acquitter pour traverser nos terres. Que vous aller payer. »

Tous se crispèrent. Ioreck fit glisser son doigt le long de la lame de son épée pendant un long moment, avant de reprendre la parole.

« On est légèrement mieux armé que les fuyards que vous venais d'écharper. Je pense, dans l'intérêt de tous, que nous ferions mieux de négocier.

L'homme en face se tourna vers les arbres derrières lui, où toute sa clique n'attendait qu'un mot pour se jeter sur les mercenaires.

« Je ne suis à la tête que d'un petit groupe d'éclaireur, et rien qu'avec ce groupe, on est plus nombreux que vous. Clorisse enverra toute son armée à vos trousse si vous ne payez pas maintenant, sans discuter. »

Clorisse ? Shaiélaè eut un doute en entendant ce nom, mais un simple regard vers Ioreck lui confirma qu'elle ne se trompait pas.

Il hoqueta :

« Clorisse ? Clorisse la Skalde ? Elle est ici? »

Ce fut au chef des éclaireurs de prendre un air surpris.

« Vous connaissez notre reine ?

« Oui ! Je suis un de ses ami. Il faut que vous nous meniez à elle.

L'éclaireur semblait être en proie au doute.

« Si tu t'es moqué de moi, Nordique... Clorisse t'arrachera les ongles.

« C'est cela ! Rappelle tes hommes et montre nous le chemin. »

Ils étaient encerclées et avançaient à travers les chemins de forêt, guidés par les hommes de Clorisse

Les Lynx-Noirs avaient refusés d'être désarmé, ce qui avait été la source de nouvelles tensions entre leur chef et les mercenaires. Il s'était finalement incliné. Eduard, comme ses hommes l'appelaient, était prompt à brandir le nom de Clorisse comme menace mais était également terrifié à chaque fois que Ioreck l'utilisait. Lui et ses hommes étaient étranges: ils étaient bien équipé et semblaient aguerris, mais en les regardant de plus près, Shaiélaè fut frappée par leur regard vide cerclé de profondes cernes violacées.

On dirait des zombies, se dit-elle en se promettant de rester vigilante.

« D'où connaît-tu la chef de ces bandits ? demanda Makela à Ioreck avec son accent chantant de Martelfell.

« Je l'ai croisée plusieurs fois à Skyrim, il y a longtemps. C'était la huscarle du Jarl de Fordhivers. Et on l'a revue avec Shai juste avant de rejoindre les Lynxs. Par la ruse, elle s'était emparée seule du château d'un noble local en attendant d'être rejointe par une armée privée de mercenaires. Les hommes que l'on a vu aujourd'hui en font sûrement partis.

Shaiélaè se faufila entre les Rougegardes pour s'approcher de Ioreck.

« Quand tu parlera ta copine, n'oublie pas de lui toucher un mot au sujet des Travens. On doit toujours ramener leurs têtes au vieux.

« Je vais d'abord essayer de ne pas nous faire subir le même sort qu'eux. Pour le reste, on verra après. »

« Tu pense qu'elle nous tuerais?»

« Je n'en sais rien. Je sais juste qu'elle n'est plus la celle que j'ai connu.»

Leur marche touchait à son terme. Ils atteignirent un village entouré de champs en friche, que Shaiélaè reconnut immédiatement. Le Gué de Portdun, encore. Le bourg avait bien changé depuis leur dernière visite. Les rues étaient envahies d'hommes en armes a l'air aussi fatigué que les éclaireurs. Aucun des villageois n'étaient visibles dehors, mais des lueurs à travers les volets clos et des fumées sortant des cheminées attestaient de leur présence. L'auberge était condamnées par des planches de bois, et nul signe de vie n'en émanait. Avec le soir qui approchait, l'atmosphère était lugubre, ambiance exacerbée par la haute silhouette noire du château qui surplombait le Gué, les murailles garnies de piques ornées de têtes.

Eduard fit passer le pont-levis aux Lynx-Noirs. Des soldats stationnaient dans la cour, désœuvrés.

Il n'avait pas menti sur leur nombre. Il y a là une véritable armée, qui pourrait sans peine rivaliser avec la compagnie du Lynx-Noir au grand complet.

Avant que la petite elfe n'ai eu le loisir de les compter, on les poussa dans la grande salle d'audience du château. Là, au milieu de sa cour, trônait Clorisse la Skalde.

Ioreck avait souvent raconté à Shaiélaè des histoires sur les dragons qui peuplaient jadis sa terre natale. La salle d'audience lui évoqua immédiatement la description que le Nordique lui avait fait de la tanières de ces bêtes :

Une improbable quantité d'objets hétéroclites jonchaient le sols. Des trésors sans prix jetés sans ménagements au milieux d'immondices. Les calices ornées de gemmes côtoyaient les bouteilles brisées, les os rongés. Des septims d'or et d'argent baignaient dans des flaques de bières et de sang. Un crâne de troll percé d'une flèche. Des haches, des heaumes, des boucliers. Un cadavre nu dans un coin, le visage violacé et boursouflé. De nombreux livres reliés de feuilles d'or étaient éparpillées sur le sol, déchirés, maculés. L'un d'eux, d'une rareté inestimable sans le moindre doute servait à caler l'un des pieds du trône, sur l'estrade qui surplombait ce capharnaüm. Des écritures dénuées du moindre sens avaient été gravées sur les murs. « Nous sommes dans le Godhead », « Landfall maintenant », lut entre autre la petite elfe.

Tout cela était habité. Des soldats étaient assis au milieu de ce butin, mangeant, buvant et baisant sans prêter attention aux nouveaux arrivants. Quelques autres étaient couchés au pied de l'estrade, leur visage blafard tourné d'admiration vers la femme dominant ce chaos. Clorisse était couchée nonchalamment sur le trône, dans la même attitude qu'elle avait quand Shaiélaè l'avait vue pour la première fois. Elle arborait les mêmes fourrures, les mêmes jambières par dessus ses jambes nues et la même cuirasse de fer gris foncé. La même épée étrange, mi-sabre mi-machette était posée contre le mur derrière elle, accompagnée aujourd'hui d'un luth en acajou. Sur sa tête, la couronne usurpée aux anciens propriétaires des lieux était posée de guingois, la faisant ressembler à un Imga grotesque coiffé d'un trésor déniché dans quelques ruines anciennes.

Clorisse suivait d'un œil désabusé la progression des nouveaux venus à travers la salle, mais ne dit mot avant qu'ils ne se soient arrêtés aux pieds de son trônes.

« Salut, Ioreck. Ça faisait longtemps. Qu'est ce que tu fait là ? » leur dit-elle, comme si leurs présence ici n'était pas inhabituelle.

Le chef des éclaireurs prit la parole, la voix tremblante de vénération :

« On a trouvé ce groupe armé pas loin des ruines du moulin, Clorisse. Ils refusaient de payer la taxe de passage, mais disaient vous connaître, j'ai donc pris la décision de les amener devant vous. »

« Et tu as bien fait, Eduard. Tu peux maintenant de retirer, tes hommes ont bien mérités un repos. »

L'escorte se dispersa aussitôt, et ses membres allèrent rejoindre ceux qui ripaillaient au milieu de la salle. Les Lynx-Noirs restèrent seuls debout, devant la maîtresse des lieux.

« Tu es folle, Clorisse ! » parla Ioreck, le visage remplit de dégout. « Qu'est ce que tu essaye de faire ici ? »

« Ne me juge pas pas. Tu n'es pas en position pour cela. Maintenant, qu'est ce qui vous amène ici ? Est-tu venus finir le travail que tu n'as pu accomplir il y a deux ans ? »

Le Nordique s'emporta.

« Je devrais ! J'ai vu les têtes sur les remparts. Tu avais promit de laisser les villageois en paix si nous te laissions, mais tu les a massacrés !

Dominitia tira brutalement Ioreck en arrière et prit sa place juste devant le trône. Le Nordique s'agitait et menaçait de devenir violent. Shaiélaè s'efforça de le calmer du mieux qu'elle put. Le comble serait qu'il fasse une crise de berserk au milieu de la salle. Ce fut difficile, mais elle y parvint. Pendant ce temps, Dominitia s'adressait à Clorisse.

« Nous étions à la recherche de fuyards. Leurs traces nous ont menées sur vos terres, par le plus grand des hasard. Nous sommes prêt à repartir sans faire d'histoire, mais nous devons d'abord récupérer les têtes de nos proies. Ce sont vos éclaireurs qui les ont tués. »

Ioreck était calmé désormais, Shaiélaè toujours agrippée à son bras.

« Tu as de la chance d'avoir des amis, Ioreck. » lui dit la Nordique de sa voie enrouée et monocorde. Elle ajouta en soupirant. « Je vous autorise à passer la nuit ici. Demain, Eduard s'occupera de cette histoire de tête. En souvenir du bon vieux temps, toi et tes amis êtes exempté de taxe, Ioreck fils d'Halfur. »

D'un geste blasé, elle secoua la main en direction de la porte. Les mercenaires n'insistèrent pas, et quittèrent la salle d'audience. Ils furent rejoint sur le parvis par un des larbins de Clorisse. En silence, il les mena à une ancienne salle d'arme du château où était stocké assez de foin pour faire à chacun une couche confortable pour la nuit.

Les mercenaires s'étendirent avec joie. C'était leur première nuit avec un toit sur leur tête depuis qu'ils avaient quittés le quartier-général des Lynx-Noirs à Shornhelm, voilà presque deux semaines auparavant. Shaiélaè ôta ses bottes, pour laisser respirer ses pieds douloureux. Elle ressentit avec plaisir le contact froid du carrelage et celui sec et chaud du foin sur ses plantes.

Ioreck ne semblait pas goûter à ce plaisir simple de la vie. Il demeurait prostré dans un coin, l'oeil noir et ruminant quelques sombres pensées. Quel rabat-joie.

La petite elfe alla le voir, espérant lui remonter le moral.

« Arrête de bouder, on s'en est bien sorti. Demain, on a les têtes des Travens, on a rien besoin de payer et on a un toit sur nos têtes pour la nuit. C'est plus que ce que l'on aurait jamais pu espérer. »

Ioreck secoua la tête.

« Ce n'est pas ça... Clorisse me déçoit beaucoup. Elle a changée depuis que je l'ai connue à Skyrim. Elle a toujours était froide et affreusement calme en toute circonstance. Mais cette débauche, ces meurtres... Ça ne lui ressemble pas. On la dirait possédée. Elle est terrifiante. »

Là, je suis d'accord avec lui. Un frisson parcourut l'échine de la petite elfe. Les yeux pâles de la Nordique étaient empreint d'une sorte de magnétisme. On devinait en elle la capacité tuer quiconque s'opposait à ses desseins, sans que son pouls n'augmente d'un battement pour autant. Et la manières dont ses hommes la regarde. Comme si seul elle au monde ne comptait.

« Il n'y a rien que l'on puisse faire. » tenta Shaiélaè pour convaincre son ami. « Accomplissons la mission confiée par Belcar, et rentrons à Shornhelm. Inutile de s'embarrasser de ce genre de questions »

Voyant que rien ne marchait pour remettre Ioreck sur pied, la petite elfe se détourna de lui. Elle dévora avidement plusieurs tranches de lard que leur hôte avaient fait monté à leur attention et s'endormit dans son nid douillet de foin frais.

Elle ne dormit pas longtemps. Au beau milieu de la nuit, Shaiélaè sentit un bras vigoureux la secouer. Elle se leva aussitôt, brandissant le poignard qu'elle gardait dans sa main pendant son sommeil. C'était Ioreck, qui s'efforçait de la réveiller. Il lui chuchota :

« Viens, je veux des réponses. »

Shaiélaè se leva à contrecœur et enfila ses bottes à tâtons dans le noir. Elle suivit Ioreck jusqu'à l'escalier qui menait à la cour, en prenant grand soin de ne pas réveiller les autres. Le Nordique avait laissé sa longue claymore dans la salle d'arme, mais il tenait fermement son piolet d'os dans sa main droite et un poignard acéré dans la gauche. Soudain, un doute envahis l'esprit de la petite elfe.

« Tu ne vas quand même pas tenter d'assassiner Clorisse ? » lui murmura t-elle, paniquée.

« Chuuut... Non, je veux juste des réponses. »

Quelques soldats occupaient la cour. Il regardèrent passer la petite elfe et le Nordique sans s'en préoccuper, appuyés contres leur pique ou juché sur des barils. Ils se dirigèrent vers la salle d'audience, d'où parvenait le son étouffé d'une musique qui se faisait de plus en plus net à mesure qu'ils traversaient le couloir y menant. Ioreck poussa la grande porte et entra dans la salle. De nombreux soldats étaient assis ou étendus sur le sol jonché d'objets, le visage tourné vers le trône. Ils écoutaient attentivement, admiratif, la mélodie que faisait sortir Clorisse d'un luth. Elle était couchée sur le trône, la tête en bas et les pieds sur le dossier, et ses doigts allaient et venaient sur les cordes de l'instrument. Ioreck et Shaiélaè restèrent sur le seuil un instant pour écouter. Une belle musique, sans aucun doute. Il était difficile d'imaginer qu'une telle femme pouvait produire des sons aussi beaux. Clorisse se mit à chantonner, et sa voix rauque perdit le ton monocorde qu'elle avait quand elle parlait. Shialéalè ne comprit pas les paroles qui sortaient de ses lèvres, mais fut touchée par la beauté des sonorités.

« C'est du draconique », lui glissa Ioreck à l'oreille lorsque la musique se termina. J'ai du mal à croire que les Nordiques vont jusqu'à créer des langues pour les légendes.

Ils s'avancèrent vers le trône. D'un geste, Clorisse congédia sa cour qui s'éparpilla en silence.

Elle ne prononça pas un mot lorsque tout deux furent devant elle. Les toisant d'un air supérieur, elle pinçait machinalement les cordes de son luth. Ioreck lui parla.

« Nous somme entre nous, Clorisse. J'espérais que tu répondrait à mes questions. »

« Que veux-tu savoir, Ioreck ? »

« Que c'est-il passé ici depuis deux ans ? Qu'est-il advenu des habitants ? Que comptes tu faire désormais ?

La Nordique roula des yeux avant de répondre .

« Très bien. » Elle désigna son armée. « Comme tu vois, je n'ai pas menti. Une compagnie de mercenaires sous mes ordres m'a rejoint peu après que vous soyez partis, et m'a aidé à reprendre le village des mains de ces idiots de péquenauds. C'était facile. Shornhelm n'a même pas réagit. Le duc a les yeux tellement rivé sur la place de son marché qu'il en oublie qu'il a un fief en dehors de ses remparts.

On a passé le plus clair des deux dernières années à conquérir les villages et les hameaux autours du Gué et à consolider nos positions. On a eu une révolte, une fois, dirigée par ce gras-double d'aubergiste. Elle n'a pas durée. C'est les têtes que vous avez vu sur les remparts et qui t'ont tant impressionnées. On les enlèverais si ça ne tenait qu'à moi, mais fout les jetons aux villageois et ils se tiennent à carreau. A part ça on essaye de récupérer de nouvelles fermes et terres cultivables, si possible sans égorger les paysans. Mes hommes sont forts, mais ils sucent en agriculture. En attendant, ils font valoir mes droits de péages sur les routes qui passent par mes terres. C'est assez rentable, pour l'instant. »

« Tu est folle. Jamais le duc de Shornhelm ne te laissera continuer comme ça, surtout si tu rançonne les marchands.

« Il n'a rien fait pendant deux ans. C'est pas maintenant qu'il va commencer. Et j'ai des alliés puissants. »

« Une troupe de soudards n'est pas ce que j'appelle des alliés puissants. »

« J'ai plus qu'une armée. »

Shaiélaè intervint.

« Je vois bien qu'ils sont plus que de simple mercenaires, ça crève les yeux. Qu'est ce que vous leur avait fait ? Ils ont une tête à ne pas avoir dormis depuis des jours. »

Le regard pâle et perçant de Clorisse fixa intensément la petite elfe et ses lèvres s'ouvrirent légèrement pour former un sourire.

« Ils ont beaucoup de travail, ces jours-ci. » répondit la Nordique simplement.»

Shaiélaè se tourna vers les soldats festoyant au milieu des immondices, derrière elle.

« Je vois ça. » Et si leur apparence de zombie était lié à ce qui est arrivé aux précédents habitants du château ? Ils avaient disparus soudainement et mystérieusement, il y deux ans. Peut être la malédiction était-elle réelle.

« Avez-vous découvert quelque chose au sujet du sort des Bellamont ? » finit-elle par demander à la Nordique. « Je crois me souvenir que vous n'aviez pas réussi a accéder aux appartements du mage de la cour, n'est ce pas ? Et aujourd'hui ?»

Clorisse cessa aussitôt de jouer avec son luth.

« C'est exact, oui. Un sceau magique en bloquait l'accès.»

La voix forte de Ioreck retentit :

« Mais nous avons un mage, aujourd'hui ! Ambroise Bielle est un lanceur de sort assez doué ! Il saura sûrement comment ouvrir la porte si nous lui demandons !»

Clorisse se leva, et dit d'un souffle :

« C'est inutile. Suivez moi.»

Elle se dirigea vers une porte, a gauche du trône. Surpris, Ioreck et Shaiélaè la suivirent. Elle a découvert ce qui c'est passé ?

Alors qu'ils allaient atteindre la porte, un soldat s'approcha de Clorisse. Il portait une armure de cuir, et avait le même regard vide et cerné que les autres.

« Qu'allons nous faire, Clorisse ?»

La Nordique prit le jeune soldat par l'épaule.

« Organise les itinéraires des patrouilles pour demain, et envoie un peloton percevoir le tribu des hameaux à l'est de la rivière. Je reviens bientôt.»

Le soldat acquiesça et disparut. Clorisse sourit en le regardant s'éloigner, puis reprit son air blasé en se reconcentrant sur les deux mercenaires.

« Bien. » dit-elle. « Par ici »

Shaiélaè et Ioreck la suivirent à travers les enfilades de couloirs et de cages d'escalier. Elle les mena devant une lourde porte bardée de fer, verrouillée en apparence.

« Les appartements du mage ? » s'enquit la petite elfe. « La protection magique est toujours active ? »

Pour toute réponse, Clorisse poussa la porte qui s'ouvrit sans la moindre résistance.

« J'ai aussi des lanceurs de sorts dans mon armée. » dit-elle.

Shaiélaè était impatiente d'entrer. Elle jeta un premier coup d'oeil.

La pièce était grande, mais dépourvue de fenêtre. L'éclairage provenait de la lueur bleutée de ces artefacts Ayleides que les explorateurs nomment pierres de Welkynd. Les lieux étaient encombrés de livres et de parchemins, de schémas étranges affichés sur les murs, d'équations mathématiques indéchiffrables. Il n'y avait presque pas de place pour se déplacer, tout l'espace étant occupé par des tables, des établis, des étagères et par un lit qui semblait presque insolite en un tel endroit.

Sur les tables étaient éparpillés une foultitude d'objets couverts de poussière, des ingrédients alchimiques, des gemmes spirituelles, des bijoux, de la verrerie, d'antiques reliques dwemeres...

Shaiélaè se sentait au paradis. Par Yffre ! La valeur de tout les objets de cette salle dépassent de loin mon entendement ! Si Clorisse pouvait regarder ailleurs pendant un moment...

La petite elfe se fraya un chemin au milieu des livres pour mieux regarder. Ioreck restait sur le pas de la porte, les jointures blanches à force de serrer son piolet. Elle connaissait l'aversion de son ami pour les choses magiques, et cela l'amusait. Il a bien trop peur de se faire changer en vache en jetant un simple coup d'œil sur livre. Une phobie étonnante, pour quelqu'un qui chargerai sans hésiter un groupe d'Orques enragés.

« Qu'est ce que je doit chercher, exactement ? » demanda Shaiélaè à Clorisse, ne sachant par où commencer. Elle lui répondit, négligemment appuyée au cadre de la porte.

« La bannière, sur le lit.»

La petite elfe s'exécuta. La bannière était roulée en boule, près de l'oreiller. Elle la déplia, non sans peine à cause de sa grande taille et du manque de place pour l'étaler. Elle finit par la poser tel une nappe sur la grande table au milieu de la salle, recouvrant ainsi les objets amassés, et l'admira.

La bannière était rouge, brodée en son centre d'un serpent noir lové autour d'un objet difficilement identifiable, ressemblant à un masque de loup ou de démon. Le pourtour était orné d'une frise, noire également, de caractère étranges et torturés.

Shaiélaè était circonspecte, tout comme Ioreck qui avait surmonté sa peur pour venir observer l'objet de plus près.

« Et alors ? » interrogea t-il la Nordique.

Clorisse répondit d'une voix égale :

« C'est la bannière du culte de Vaermina, la princesse Daedra. »

Ioreck regarda la Nordique avec horreur, tandis que la curiosité de Shaiélaè était éveillée par cette annonce. Clorisse combla son appétit en se lançant dans les explications.

« Il y deux ans, les villageois m'ont engagée pour enquêter sur la disparition mystérieuse des habitants du château. J'avais réussie à entrer quand je l'ai vue : Vaermina était devant moi, entourée de drémoras. Elle avait l'apparence d'une vieille femme ridée et tannée. Elle m'a parlée. Elle a dit qu'elle avait vue en moi, et qu'elle savait ce qui hantait mes nuits. Le mage du château était un de ses serviteurs, et il n'avait pas pu la satisfaire. C'est pourquoi elle avait exercée son châtiment sur lui et les habitants.

Elle m'a dit qu'elle pouvait m'offrir sa puissance, si je jurait de la servir. J'ai bien sûr acceptée. En échange de mon âme, elle m'a donnée son bâton, celui que l'on appelle Crâne de Corruption et m'a révélée en songe l'emplacement d'une importante compagnie de mercenaire. Par ses stratagèmes, elle a détournée la compagnie pour la faire venir ici. Ensuite, j'ai réussie à les manipuler grâce au Crâne.

Je l'ai ai empêché de trouver le sommeil, et je leur ai envoyé des cauchemars atroces.

Finalement, me suivre a été leur seule option pour trouver la paix, en plus de la promesse de richesses.

Shaiélaè l'interrompis :

« Pourquoi ne pas avoir manipulée les habitants de la même manière ? »

« Pourquoi me fatiguer avec une tête de mort alors que j'avais une putain de grosse armée sur le point d'arriver ? » répondit Clorisse comme s'il s'agissait d'une évidence. «Bref. A partir de là, grâce à Vaermina, nous avons étendus mon territoire et continuons encore. »

L'horreur avait fait place au dégoût dans les yeux de Ioreck. Sa voix tremblait, aussi bien de peur que de rage.

« Ce n'est plus de mon ressort, abomination daedrique. Je devrais te dénoncer à la Guilde des Guerriers. Qu'espères-tu en nous racontant cela ? »

Excellente question. Pourquoi nous as t-elle racontée ça ? Rien ne l'empêchait de garder secret tout ceci.

« J'ai un service a vous demander, en fait. Que mon armée ne peut accomplir. » Clorisse reprit calmement son récit : «Au début, mes soldats étaient liés par l'insomnie et les cauchemars. Puis leur souffrances ont cessé à mesure qu'ils me servaient docilement. Ils sont malheureusement irrémédiablement touché : Jamais plus ils ne dormiront comme avant. Il peuvent tout au plus somnoler quelques minutes, mais le sort est trop profond en eux. C'est pourquoi ils passent le temps qu'ils ne dorment pas pour décompresser d'autres manières, en festoyant. C'est aussi la raison de leur air perpétuellement fatigué, bien qu'ils soient au sommet de leurs capacités.

Toujours est-il qu'ils ignorent tout de mon pacte avec Vaermina, et pensent que je n'ai fait que les guérir d'une malédiction. Ajouté à mon...charisme naturel et mes dons de commandement, ils me considèrent avec une vénération absolue, comme les Akavirois de jadis considéraient Talos »

« Oh, ça doit être dur de jouer les déesses à longueur de journée. Madame a besoin d'aide pour redescendre de son piédestal ? » ironisa Ioreck avec un rictus méprisant.

Clorisse l'ignora. Maintenant, elle ne s'adressait exclusivement qu'à Shaiélaè.

« Ils voient en moi la personne qui leur a offert des terres sur un plateau. J'incarne pour eux la liberté, sans maîtres ni dieux. A part moi, bien sûr. » La Nordique ri. « S'ils savaient que j'ai vendue mon âme pour les dominer... Je pense qu'ils me tuerais sur le champ. Je suis leur déesse tant que j'agis comme tel. »

« Vous voulez vous débarrasser de tout ça, alors ? De votre armée, de vos engagement... Partir tant qu'il est temps ?» demanda Shaiélaè, tâchant d'être la plus compréhensive possible sur un sujet dépassant son expérience de mortelle.

Clorisse eu un hoquet de surprise, puis éclata de rire.

« Pas du tout ! Je compte bien garder mes terres, mon château et mon armée ! Je veux me débarrasser de Vaermina, et être la seule maître à bord. Et vous aller m'aider, elfe. »

«Vaermina reste une princesse Daedra. Ce n'est pas exactement comme chasser un ragnard d'une cuisine! »

« Je payerais : Vous avez eu un avant goût des richesses que je possède il y deux ans. Vous en aurez bien plus cette fois-ci. En cas de refus, où d'échec, mon armée se fera un plaisir d'obéir à mes moindres ordres concernant votre torture et votre exé ne doute pas que vous le convaincrez cet attardé de Ioreck, ainsi que vos compagnons.

Concernant le plan, eh bien... L'absence de mon âme et domination de Vaermina se fait de plus en plus lourde sur mon esprit. Je dors de moins en moins bien chaque nuit qui passe, et c'est un sommeil dénué de repos. Il faudra vous dépêcher. Elle a transformée mon âme en cauchemar et l'a emportée avec elle. Il vous faudra la capturer et me la restituer. Une fois mon âme en ma possession, Vaermina n'aura plus aucun moyen de pression sur moi. »

« Elle ne peut pas réapparaître au château, comme elle l'a fait la première fois ? »

« Les princes Daedras ne peuvent venir sur Nirn que s'ils sont invoqués, ou dans certaines circonstances exceptionnelles » expliqua Clorisse en soupirant, avec le même ton supérieur. « Je pensait que tout le monde savait ça, depuis la Crise d'Oblivion. Si elle était au château, il y deux ans, c'est que le mage de la cour l'avait invoquée. »

« Ce mage d'ailleurs. Que lui est-il arrivé ? Et les habitants ? »

« Il dû fortement déplaire à la Daedra. Lui et les habitants ont subits le pire sort qu'elle puisse faire subir à quelqu'un : Ordinairement, le plan de Vaermina est extrêmement facile d'accès, puisque tout dormeur s'y rend pendant le sommeil. Mais seul l'esprit s'y rend. Sauf que cette fois, Vaermina a enfermée aussi bien l'esprit que le corps des habitants à l'intérieur de son plan. En d'autre terme, leur être tout entier est piégé dans un cauchemar. »

« D'accord. Si je comprend bien, nous devons combattre un des principaux seigneurs de l'Oblivion pour récupérer votre âme. Rien de plus simple. Comment fait-on ?

« Je ne sais pas exactement. Il est possible que le Crâne de Corruption en soit la clé. Mais c'est pour le découvrir que je vous paye. »

Dans quoi je nous ai embarqué ? Je crois que c'était une bêtise.

Comme si elle avait lu dans ses pensées, Clorisse lui lança finalement :

« Ne vous défilez pas : Votre châtiment si vous échouez sera aussi grand que votre récompense en cas de succès. Je vous laisse libre d'enquêter à votre guise dans le château, mais n'en sortez pas.»

Il faisait encore nuit noire, dehors. La petite elfe et le Nordique s'étaient rendus dans la cour, qu'ils arpentaient en réfléchissant sous l'œil des sentinelles sur les remparts. Leur vigilance et leur nombre s'était sensiblement accrût depuis qu'ils avaient quittés Clorisse. Shaiélaè sentait bien que Ioreck était fâché après elle.

« On a pas vraiment le choix », justifiait-elle. « Et pense à la récompense : tu pourrais vivre comme un seigneur. Tu voulais abandonner le mercenariat, non ? Voilà ton occasion de te ranger. »

« Oui, on doit JUSTE affronter un Daedra, un dieu maléfique extrêmement puissant et dangereux. Pour aider renégate à conquérir plus de terres et martyriser plus de gens. »

« Je croyais que tu n'aimais pas les Daedras ? En combattre une prouverais ton courage à tout jamais. »

« On pourrais fuir. » Il observa les gardes autours de la cour. «On va chercher les autres, et on se fraye un passage. »

« Oui c'est ça. On aurais bientôt une armée fanatisée aux trousses. En plus, on a besoin d'eux pour récupérer les têtes des Travens, je te rappelle. »

« Comment peux-tu penser au contrat dans de telles circonstances ? »

Ioreck réfléchit un instant, la tête rentrée dans ses épaules massives.

« Très bien. J'espère qu'après ça, Clorisse tirera une leçon. Elle n'a pas toujours été mauvaise. »

Dans l'œil du Nordique luisait une lueur inconnue, une sorte de rage latente étrangère chez cet homme habitué à de rares crises de fureur aussi soudaines que passagères. Cela n'augurait rien de bon, mais Shaiélaè était prête à affronter l'Oblivion si Ioreck était à ses côtés. Il faudra que je le surveille, pour qu'il ne fasse rien de stupide.

Aucun d'entre eux ne pensait être en mesure de trouver le sommeil, désormais. Aussi, ils réveillèrent les autres Lynx-Noirs aussitôt qu'ils retournèrent là où ils dormaient, pour les réveiller et leur expliquer la situation.

Dominitia resta pragmatique, comme à son habitude, évaluant toutes les options envisageables. Les jumeaux accueillirent assez mal l'idée de se mêler des affaires des Daedras. Nihlus était enthousiaste de participer à une telle aventure, mais Shaiélaè soupçonnait son jeune âge et son manque d'expérience de parler en lieu et place de sa raison. Ambroise resta placide et silencieux tout au long des explications.

Le reste de la nuit ne fut qu'un interminable débat, opposant les partisans d'une fuite immédiate à ceux d'une soumissions à la proposition de leur hôtesse.

Dominitia parvint à établir un compromis avant que le ton ne monte : Pour le moment, ils serviraient Clorisse et chercheraient un moyen de libérer son âme de l'emprise de Vaermina, mais saisiraient la moindre occasion de s'éclipser pour retourner à Shornhelm.

La question fâcheuse fut alors posée Karrod :

«Comment on fait, pour récupérer une âme ? »

A la surprise de tous, c'est Ambroise Bielle qui lui répondit. C'était la première fois que tous l'entendaient parler.

« Le Crâne de Corruption est un artefact puissant et légendaire : Il permet entre autre de capturer et de restituer les songes. Si l'âme de cette Nordique a été changée en cauchemar, le Crâne pourra le récolter. Ce n'est pas suffisant pour nous permettre de la retrouver, néanmoins. Il faudrait que je fouille les appartements de ce mage de la cour. Si c'était un adepte du culte de Vaermina, je trouverais sûrement des indices, livres ou formules qui auront échappées à un œil moins attentif. »

Il parlait de manière rassurante, presque hypnotique. Sa voix dissipa les doutes des membres du groupe et les motiva, effaçant une partie de leur peur concernant leur faible chance de réussite. Il y a de la magie dans sa voix, dangereuse. Je comprend maintenant pourquoi il ne parle pas plus souvent.

« Ne tardons pas alors, » dit Ioreck. « Plus vite nous terminons ceci, plus vite nous retournerons à Shornhelm. Shai et Nihlus, allez aider Ambroise à fouiller le laboratoire du mage. Avec Dominitia, on va demander à Clorisse de nous confier ce Crâne. Vous deux, » il désigna Karrod et Makela «inspectez discrètement le château pour trouver un moyen de fuir. Il ne faut négliger aucune option. »

Les mercenaires s'exécutèrent. Les premiers rayons su soleil envahissaient tout juste les toits du château quand ils se séparèrent dans la cour. Cela rappela à Shaiélaè sa fatigue, et le fait qu'elle n'avait presque pas dormit de la nuit. Ioreck a raison, il est temps que cette histoire se termine.

Rien ne s'était passé comme prévu, pour ce contrat. Le simple raid sur une ferme sans défense s'était transformée en course-poursuite improvisée à travers les bois, puis en chasse au Daedra pour le compte d'une barde Nordique.

Lurog Gro-Gurub est censé attendre notre retour chez notre employeur. Il doit croire que nous somme mort, ou que nous avons désertés.

La petite elfe guida ses compagnons dans le donjon jusqu'aux appartements du mage, qu'elle avait quittée quelques heures plus tôt. Ils furent rejoint au milieu d'une cage d'escalier par un inquiétant chevalier au visage masqué par son heaume, les mains occupées par une grande hache à double tranchant. Il se présenta comme leur guide, mais nul n'était dupe. C'était un garde envoyé par Clorisse pour surveiller leurs activités.

« Ça devient tendus pour une évasion » souffla discrètement Nihlus à l'oreille de Shaiélaè. Elle le fit taire d'un coup de coude en désignant leur guide d'un regard éloquent.

« Tant qu'ils nous laissent nos armes... » ajouta t-il quand même.

Le chevalier se tint dans le couloir, la porte entrouverte, pendant qu'ils perquisitionnaient l'appartement.

Ambroise s'intéressa tout d'abord à la bannière du culte que la petite elfe avait laissée étalée sur la table. Il la tourna et l'examina sous toutes les coutures, avant de s'emparer d'un calepin vierge sur une table basse et d'y gribouiller des notes à l'aide d'un stylet. Shaiélaè lut par dessus son épaule :

Visiblement, le mage retranscrivait la frise ornant le bord. Il devait s'agir d'écritures, puisque qu'il notait en face leur traduction. Quand le Breton eu terminé, il remarqua Nihlus et la petite elfe qui se tournaient les pouces derrière lui.

«Je vais chercher dans les effets personnels du mage s'il n'y a pas la mention d'un sanctuaire proche. La Nordique a déjà dût vérifier, mais le mage dissimulait peut-être ses secrets grâce à un code ou un enchantement. Pendant ce temps là, regardez si vous pouvez trouver l'ouvrage intitulé « Les 16 Accords de la Folie : Volume IX : L'Histoire de Vaermina». Je suis presque sûr que ce mage en possède un exemplaire. »

Il parlait à voix basse, faisant attention à ne pas se faire entendre par le garde. La petite elfe et l'Impérial s'exécutèrent sans objection. Difficile de désobéir à la voix profonde du Breton.

Nihlus se mit en quête de tout les livres éparpillés aux quatre coins de la salle. Shaiélaè se jucha sur un tabouret pour accéder à la bibliothèque et vérifia les titres un à un. La plupart étaient en langue humaine, que la petite elfe avait encore du mal à lire en dépit des deux années passées au milieu des hommes. Elle n'osait pas, malgré tout, avouer son incapacité à déchiffrer la majorité des ouvrages. De toute façon, c'était inutile : tout les titres présent étaient trop court pour correspondre à celui que cherchait Ambroise.

Enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait. Le livre était rangé tout en bas de la bibliothèque, relié de cuir brun taché. Il était écrit en Aldméri, très proche de l'alphabet utilisé par les Bosmers aussi aucun doute n'était possible. La couverture l'indiquait comme étant le neuvième tome d'une série, mais c'était le seul présent ici.

« Je l'ai ! » s'écria t-elle en l'extirpant de l'étagère. Nihlus sortit de sous la table où il se trouvait en s'essuyant les mains de la poussière accumulée, heureux de ne pas pousser plus loin les recherches. Ambroise ne la calcula même pas. Il était plongé dans un immense parchemin, ses lèvres murmurant doucement des paroles incompréhensibles. Il s'arrêtait de temps en temps pour noter quelque chose dans son calepin, avant de rependre sa lecture.

La petite elfe n'essaya pas de l'interrompre. Elle s'assit simplement sur le tabouret « Les 16 Accords de la Folie » serré contre sa poitrine en attendant que le vieux mage n'ai terminé.

Qu'est ce qui a bien pût pousser cet homme à s'engager comme un vulgaire mercenaire ? se demandait-elle, fascinée par l'aura du Breton. Personne parmi les Lynx-Noirs n'avait la réponse à cette question, pas même son commandant Belcar Malane. Le mage était au sein de la compagnie bien avant que Belcar n'en prenne la tête. Shaiélaè ne pouvait donc que supposer, puisqu'il ne parlait à personne de son passé, pas plus qu'il ne parlait tout court. Il est intelligent. Sa place n'est pas avec des épées-louées, mais dans une université. Peut-être faisait-il parti de la Guilde des Mages, avant sa dissolution ? C'est impossible, il est trop jeune pour ça. Quoique... Les Bretons ont du sang de Mer. Peut être ont ils hérités d'une part de leur longévité. Je ne sait pas. Il faudra que je demande à Ioreck.

La petite elfe s'impatientait. Nihlus aussi. Il était plongé dans l'examen d'un immense orteil de géant craquelé, couvert de sang caillé. Un simple échantillon parmi les innombrables ingrédients alchimiques rares et renommés dont cette pièce regorgeait.

Sur le seuil, le garde toussota et remua. Lui aussi doit s'ennuyer à mourir. Il préférerais sûrement être en train de faire ripaille avec ses camarades, ou à écouter Clorisse chanter une ballade.

Shaiélaè se demanda s'il avait pour ordre de les exécuter s'ils faisaient une découverte compromettante. Un cas de figure peu probable, étant donné que les larbins de Clorisse que leur maîtresse était le jouet d'une princesse Daedra. Un instant, la petite elfe fut tentée de tout révéler au chevalier, mais se ravisa. On ne restera pas en vie plus de deux minutes si on commence à porter ce genre d'accusation sur leur déesse chérie. Clorisse doit compter sur ça, aussi.

Nihlus avait raison : plus le temps passait, plus les chances de se défiler diminuaient. Pour se changer les idées, elle ouvrit le livre qu'elle tenait et en entama la lecture, baignée de la lueur tamisé des pierres de Welkynd. Des inscriptions manuscrites recouvraient les pages, et rendaient difficile de lire quoi que ce soit. Shaiélaè plissa des yeux pour tenter de les déchiffrer, mais les annotations étaient écrites en langue humaine. Elle s'efforça de les ignorer pour se plonger dans l'histoire.

Le récit évoquait un barde humain nommé Darius Shano favoris de Vaermina, qui faisait mûrir ses dons littéraires en l'inspirant avec des rêves. Les talents du jeune homme faisaient la fierté de la Daedra. Le dieu fou Shéogorath intervint et provoqua sa consœur. Il méprisait l'admiration que les gens portaient à Darius, et affirma à Vaermina que la grandeur ne se mesurait qu'à la haine que nous portaient les autres, non à l'adoration.

Le dieu fou défia alors la Pourvoyeuse de faire chacun leur tour de Darius un homme haït pendant dix ans. Celui qui ferait de du pauvre humain l'être le plus détesté remporterai le paris.

Shaiélaè interrompit sa lecture au milieu du passage ou Vaermina faisait du subconscient de Darius un enfer remplis d'immondes cauchemars pour lui inspirer des poèmes obscènes et malsains. Ambroise se tenait devant elle et tentait de lui prendre le livre des mains. Elle le laissa faire quand elle s'en rendit compte.

Le vieux lanceur de sort le parcourut rapidement des yeux.

« Il y a quelque chose d'intéressant, dedans ? » lui demanda la petite elfe.

Il s'attarda sur une page, les doigts courants à la surface d'une page avant de répondre.

« Les annotations sont passionnantes. Un point de vue inédit sur la doctrine du culte de Vaermina. Ca va me prendre un bout de temps pour tout lire. »

« Je ne vois pas ce que ce livre a de particulier. De ce que j'en ai lu, c'est une simple légende sur Shéogorarh et Vaermina. » observa t-elle en haussant les épaules.

« Ces deux Daedras sont très proche l'un de l'autre, leurs sphères d'application étant étroitement liées. » Ambroise tourna les pages et montra une phrase à la fin du livre. «Voilà la morale : « Sans folie, il n'y a ni rêves, ni création ». C'est ce que Shéogorath a enseigné à Vaermina.

La ressemblance de Clorisse la Nordique avec Darius Shano, le héros de la légende, est elle aussi troublante. On sait que Vaermina, tout comme Shéogorath, porte une grande attention aux artistes. C'est l'esprit torturé de notre hôtesse qui a dût attirer son attention."

Malgré la voix profonde et rassurante du Breton, Shaiélaè se lassa rapidement de sa dissertation. La fatigue avait reprit le dessus.

« On a ce qu'il faut pour trouver son âme ? »

« Je ne sais pas. J'ai quelques idées, mais il faut que j'étudie ça au calme. »

Il héla Nihlus et lui chargea les bras de divers rouleaux de parchemins. Shaiélaè repris le livre et tous quittèrent le laboratoire. Leur garde emboîta leurs talons, heureux de se dégourdir enfin les jambes. Une fois la porte passée, Ambroise clôt ses lèvres et ne prononça plus un mot de plus.

Ils retournèrent dans la tour qui leur servait de quartier, où le garde à la hache les quitta. Ni Ioreck et Dominitia, ni les Rougegardes n'étaient encore rentrés. Ils avaient à peine eu le temps de se poser qu'Ambroise se plongeait de nouveau dans le tas de paperasse.

Shaiélaè fit de son mieux pour rattraper sa nuit, mais le sommeil ne vint pas malgré tout ses efforts. Et si j'étais aussi maudite par Vaermina, condamnée à ne jamais dormir? Sa raison lui criait le contraire, que c'était juste le stress qui la maintenait éveillée, mais cette angoisse resta ancrée en elle.

Faute de pouvoir dormir, la petite elfe s'assit en tailleur sur la paille et patienta. En face d'elle, Nihlus avait réussis à trouver le sommeil, et ronflait doucement à intervalle régulier. Ioreck lui avait dit une fois tout ce qu'il savait au sujet du jeune impérial. D'après lui, le gamin était originaire des quartiers pauvres de la Cité Impériale, qu'il avait fuit la misère en devenant brigand, puis mercenaire. Il était endurcis, contrairement à ce que son apparence et son jeune âge laissait à penser et avait sûrement fait, quand il était bandit, des choses bien pires que le massacre surprise d'une ferme pendant la nuit. Quoi exactement, la petite elfe l'ignorait, mais elle préférait voir en Nihlus qu'un jeune garçon insouciant en quête d'aventure plutôt qu'un cruel coupe-jarret aguerris.

Elle entendit des pas dans l'escalier, puis Karrod fit son apparition, suivit de près par sa sœur Makela.

« Il est impossible de quitter le château sans avoir à se battre. Et on ne peut tirer profit du sommeil des gardes, puisqu'ils ne dorment pas. »

« Le mieux à faire, » continua sa sœur, « est de se frayer un chemin à l'épée par le pont-levis, mais on débouche alors sur le village remplit de soldats. »

Ambroise leva la tête de ses parchemins en râlant.

« Hors de propos. On ne fuit pas. C'est le devoir de tout mortel que de s'opposer un Daedra aussi égoïste et malfaisant que Vaermina. Nous allons aider cette pauvre Nordique à se libérer de son emprise, et je tuerais quiconque se dérobera. »

Le Rougegardes étaient stupéfaits, mais ils hochèrent docilement la tête. L'instant d'après, Ambroise était de nouveau plongé dans ses études, comme si cette altercation n'avait jamais eu lieu.

«Tu es d'accord avec lui, Shai ? » demanda Makela en s'asseyant à côté de la petite elfe qui répondit en haussant les épaules.

« Il a l'air de savoir ce qu'il fait. Je suis prête à le suivre s'il a un plan. Et entre Vaermina et Clorisse, c'est Clorisse qui m'effraye le plus. Vaermina n'as pas d'armée. »

« A part les légions de daedras sous ses ordres, non elle n'a pas d'armée. » rétorqua Karrod.

Shaièlaè saisit le sarcasme.

« Je veux dire que l'ensemble de son armée ne se trouve pas ici entre le pont-levis et la liberté. Elle est juste une menace distante, contrairement à Clorisse.»

Makela éclata d'un adorable rire cristallin.

« Tu es stupide de dire que les dieux sont une menace distante. Ils se rient des armées de Clorisse comme de toute les armées mortelles du monde. Tamriel n'est pour eux qu'une gigantesque arène où ils s'affrontent à leur guise, maniant les hommes tel des pions sur un échiquier pour des enjeux dépassants notre simple compréhension. »

Les Rougegardes commençaient l'agaçaient, avec leurs leçons de philosophie.

« Clorisse nous récompensera royalement, si nous réussissons. La seule récompense qu'un Daedra nous offrirais serait le droit de partir en vie. Le jeu en vaut la chandelle. »

« Les morts n'ont pas besoins de récompense » dit Makelae, roulant délicieusement les R.

Ils entendirent de nouveaux des pas dans l'escalier, signifiant le retour de Ioreck et Dominitia. Pas trop tôt. Ils en on mis tu temps, simplement pour obtenir de Clorisse le Crâne de Corruption.

Ioreck entra dans la salle, tenant dans la main une couverture roulée en boule. Shaiélaè remarqua tout de suite un détail qui clochait : Il portait autour de la taille une ceinture brillante à la boucle en forme de dragon impérial, au lieu de celle toute simple de cuir et en fer qu'il arborait habituellement. Celle-là, c'est Dominitia qui la portait.

Je comprend pourquoi tout les deux mettaient si longtemps.

La petite elfe se leva, s'approcha du Nordique et se mit sur la pointe des pieds pour lui murmurer à l'oreille:

« Tu t'es trompé de ceinture quand tu a remis tes braies. »

Ioreck regarda vers le bas, et rougit autant qu'une tomate.

« Braies que tu as remises à l'envers, d'ailleurs » acheva Shaiélaè en remarquant ça aussi.

Le Nordique bafouilla :

« Ecoutes... »

Shaiélaè le coupa, disant à haute voix en désignant les couvertures :

« C'est ce que vous cherchiez ? Clorisse vous l'a donné ? Ce n'est pas un bâton, normalement»

« Le Crâne de Corruption, oui. » confirma Dominitia. « Il est bien fixé au bout d'un bâton, normalement, mais Clorisse l'en a détaché. Elle dit que c'est plus pratique et que ça n'influe pas sur son efficacité. Ambroise sait ce qu'il faut faire avec ? »

« J'ai en effet une idée. Ça commence à devenir clair.» dit ce dernier.

Le groupe de mercenaire fit un cercle autour du mage et de ses notes et parchemins, qui se mis à exposer son plan :

« . D'habitude, les âmes que la Pourvoyeuse collectionne sont stockés dans son plan, et en forment la structure. Mais il lui arrive parfois pour certains mortels particuliers de garder personnellement leurs souvenirs, comme un trophée au plus profond de son intimité. C'est rare, mais déjà arrivé.

Or, J'ai des raisons de penser que Vaermina la Pourvoyeuse garde en elle l'âme de la Nordique, transformée en pensée dans sa tête. La femme que vous nommez Clorisse incarne tout ce qu'aime la Pourvoyeuse : création poétique, ambition.. Il est évident qu'elle lui voue un attachement particulier, puisque la Pourvoyeuse s'est dérangée personnellement pour lui remettre le Crâne, et qu'elle ne lui a pas demandée d'accomplir une tâche en son nom pour l'obtenir, comme c'est la coutume. C'est une théorie, mais je suis convaincu qu'elle est fondée.»

« Vous n'en êtes donc pas sûr ? »intervint Karrod. Ambroise le fit taire d'un simple geste de doigt, et continua :

« Suffisamment sûr pour tenter le coup. Le Crâne de Corruption, comme je le disait plus tôt, à entre autre le pouvoir d'aspirer les songes et de les restituer. La solution évidente est donc d'utiliser le Crâne sur Vaermina en personne pour aspirer l'âme sous forme de songe de la Nordique pour la lui rendre après en réutilisant le bâton sur elle. »

Tout les mercenaires se mirent à rire nerveusement.

« Tu n'es pas sérieux ? » demanda quelqu'un.

« Je pense que la mission est un putain d'échec si on est obligé de se retrouver en face d'une princesse Daedra à faire « coucou, tu vois le bâton que tu a envoyé sur Nirn ? On va l'utiliser sur toi pour te fouiller dans la tête et récupérer un de tes rêves » enchérit un autre.

Il n'ont pas tort, Ambroise est cinglé. On aurait plus de chance en affrontant l'armée de Clorisse au grand complet qu'en réalisant son plan. En supposant qu'il ai raison sur son histoire d'âme dans la tête de Vaermina.

« Et si on fait ça, » dit Dominitia « Comment comptes-tu parvenir jusqu'à Vaermina ? »

Le mage fouilla ses notes.

« He bien... Voilà. » Il montra un carnet aux Lynx-Noirs. « Le mage de la cour avait dans ses affaires la description d'un rituel d'invocation. Sûrement similaire à celui qu'il a usé pour faire apparaître la Pourvoyeuse au château, il y a deux ans. Les notes sont malheureusement incomplètes sur un point. En fait, je n'arrive pas à déchiffre complètement le code qu'il a utilisé pour dissimuler ces informations.

Regardez : Il parle d'une certaine disposition géométrique de gemmes spirituelles autour du cercle d'invocation, mais je n'arrive pas à connaître le nombre de gemmes nécessaires, ni la manière de les disposer. Tout le reste du rituel est clair pour moi.

Mais, rien n'est perdu pour autant . J'ai aussi trouvé, camouflé par un habile sortilège, la recette d'une puissante potion dont le secret est jalousement gardé par les adeptes de Vaermina. Il s'agit de l'élixir de Torpeur, que je pense être en mesure de recréer. Pour résumer, cette potion projettera le buveur dans le rêve d'un autre en prenant la place du rêveur initial. Le buveur verra comme le rêveur, et a travers lui agira comme il l'a fait, mais en simple spectateur. Puis il se réveillera dans notre monde quand les effets seront dissipés, mais son corps aura été déplacé à l'exact endroit où se trouvait le rêveur au même moment. A cause de ça, c'est assez dangereux, car on ne sait pas où l'on va réapparaitre.

Celui qui boira la Torpeur sera projeté dans le souvenir du mage de la cour le jour ou il a invoqué la Pourvoyeuse. Il aura pour tâche de mémoriser le nombre et l'emplacement des gemmes du rituel, puis de revenir me les dire afin que je puisse le répéter. »

« Mais... » commença Ioreck. Ambroise feignit de rien avoir entendu et continua son exposé comme si de rien n'était.

« La partie la plus ardue débute ici. Les portes du Bourbier, le plan de Vaermina, seront ouvertes tout au long du rituel. Rien ne l'empêchera alors d'envoyer ses légions de daedras nous combattre. Nous devrons les retenir le temps d'utiliser le Crâne sur elle pour récupérer l'âme/songe de la Nordique. Nous refermons ensuite le portail, et faisons usage de nouveau du Crâne sur la Nordique pour lui rendre son âme, après avoir bannis chacun des daedras que Vaermina nous aurait envoyé. Pour la sécurité de Tamriel, il est impératif qu'aucun d'entre eux ne puisse quitter ce château. J'ose espérer que la Nordique nous confieras son armée pour cette partie du plan. Voilà. »

Wahou...

Un silence de mort suivi les parole du Breton. Sa voix charismatique n'était pas suffisante cette fois là pour convaincre tout le monde.

« Une estimation sur les chances de réussite? » se risqua Ioreck, brisant l'interminable moment de blanc.

« Assez optimistes » se prononça Ambroise. « Peut être 4 chance sur 10. Un peu moins si la Nordique refuse d'utiliser son armée pour combattre les daedras. »

Aussi fou et improbable que soit son plan, il a le mérite de ne rien avoir laissé au hasard.

« C'est audacieux, » dit Clorisse quand le plan lui fût proposé.» Elle complimenta le Breton. « C'est agréable d'avoir affaire à un professionnel. J'accepterais de vous engager sous mes ordres si vous le voulez. »

Ioreck s'interposa:

« Ambroise est déjà sous contrat avec les Lynx-Noirs. Il ne peut pas le rompre sans l'accord du commandant Malane. » précisa t-il. Dominitia les rappela tout deux à leur objectif immédiat :

« Ce n'est pas le moment pour ça. Mettons nous au travail. »

Clorisse et les Lynx-Noirs s'étaient retrouvés dans le laboratoire du mage. Elle était venue seule, sans escorte mais portait dans son dos son étrange épée à la garde décorée de plumes. La Nordique avait écoutée distraitement l'exposé d'Ambroise, confortablement allongée les jambes croisées sur le lit. Elle était agréablement surprise d'apprendre qu'un plan d'action avait été défini aussi rapidement, un peu moins de savoir que ses troupes étaient requises pour le mettre en application. Le lanceur de sorts Breton argumenta :

« Elles n'ont pas besoin d'en savoir trop. Vous ne voulez pas qu'elles découvrent votre implication dans les affaires daedriques, il me semble. Dites leur simplement que les Daedras veulent envahir Tamriel ou je ne sais quoi, et qu'eux seul peuvent les empêcher. Soyez inventive, par Arkay ! Mais jamais ne ne récupérerons votre âme si vos hommes ne sont pas là pour contenir le flot de Daedra qui jaillira du portail que nous ouvrirons.

Clorisse finit par céder, en soufflant avec suffisance.

« D'accord, d'accord, je les mobiliserais.»

« Bien. Rassemblez-les pendant que je prépare la Torpeur. Vous autre , » dit-il en désignant ses compagnons d'arme. « désignez celui qui boira la potion. Je lui expliquerai en quoi consistera son rôle. »

Les Lynx-Noirs se regardèrent mutuellement, ne sachant que faire. Ioreck avait l'air complètement perdu. C'était lui qui, normalement, avait la charge du groupe mais depuis leur arrivé au Gué de Portdun, il était dépassé par les évenements. C'était une chance qu'Ambroise Bielle contrôle aussi bien la situation. A part lui, seul l'Impériale Dominitia conservait la tête froide et les pieds sur terre.

Mais elle est d'un ennuie et d'un coincé. Elle ne vaut quelque chose qu'en situation d'urgence. Pourquoi Ioreck la baise ?

Cet elle néanmoins qui organisa la suite, après qu'Ambroise ai sombré dans le mutisme et ne se penche sur la réserve d'ingrédients alchimiques, piochant de-ci de-là dans d'étranges bocaux pour en ressortir des ailes multicolores de papillons séchées, des pincées de poudre ou de petites graines pour les déposer dans son mortier et ne les broient avec assiduité.

«Personne n'est volontaire ? » demanda Dominitia.

Au fond d'elle, Shaiélaè était curieuse de découvrir les effets de l'élixir de Torpeur, de vivre le rêve d'un autre pendant un court moment. Elle fût à deux doigts de se déclarer prête pour cette tâche, mais son instinct de préservation pris le dessus au dernier moment. Elle se contenta de regarder ses pieds, attendant qu'un autre ne se propose.

« Je suggère de tirer au sort le volontaire » redit Dominitia quand il apparu évident que personne ne voudrais tenter cette mission .

Karrod approuva en grognant, et Ioreck hocha la tête, morose. Makela ramassa un brin de lavande posé sur l'étagère sur laquelle elle s'appuyait, et brisa la tige en cinq morceaux d'une longueur égale, et un plus petit. Elle les donna à Dominitia, qui les présenta au groupe en les faisant dépasser de son poing fermé.

On parie combien que c'est pour moi ? Je n'ai jamais eu de chance à ce genre de jeux.

Nihlus piocha en premier, et tira un long morceau. Pareil pour Karrod, puis Makela. Et ce fût le tour de Ioreck qui, effaré, montra à tous la petite paille dans sa paume ouverte.

Le soulagement de Shaiélaè de ne pas avoir été désignée par le sort se changea en peine quand elle vit le visage effrayé de son ami.

« Ioreck prendra la Torpeur » déclara Dominitia. «Nous nous préparerons pendant ce temps pour repousser les Daedras. »

Ils disposaient d'un peu de temps avant que la potion ne soit prête, aussi allèrent-ils aux cuisines manger un morceau avant la bataille. Dominitia donna une tape amicale sur l'épaule de Ioreck et en passant, Clorisse le gratifia d'un discret sourire moqueur. Le poing du Nordique se serra, faisant grincer son gantelet d'acier, puis se relâcha lentement.

« Ça va aller? » s'enquit la petite elfe, sincèrement désolée pour lui.

« Ca ira. Je vais le faire» il resta silencieux pendant quelques secondes. « Ambroise est habile, mais par Shor ! S'il se trompe ? Si je suis empoisonné, ou que je reste bloqué ? Ysmir ! Je vais revivre un rituel Daedra de l'intérieur ! Et ils s'attendent à ce que je compte calmement des gemmes spirituelles ? »

La petite elfe tenta de le rassurer. C'était déstabilisant pour elle de voir son ami et protecteur aussi faible et affolé.

« Tu ne seras pas bloqué. Tout les effets des potions finissent par s'estomper, c'est élémentaire. Je ne pense pas que la Torpeur, aussi puissante soit-elle, fasse exception. Contente toi de rester calme et de regarder les gemmes. Tu aura tout le temps de te défouler quand on aura les daedras sur les bras. »

Ioreck prit la main de son amie dans la sienne, et la serra très fort contre lui. Shaiélaè sentit ses os sur le point de se briser sous l'étreinte du Nordique. Elle resta stoïque, malgré la larme qui pointait dans son œil. Si ça peut le rassurer.

Clorisse les abandonna un peu avant d'arriver aux cuisines, quand ils tombèrent sur un groupe de soldat. Elle alla vers eux et les chargeas de rassembler toutes les troupes dans la cour. Puis elle disparu d'un pas vif en direction de la salle du trône, ses pieds toujours nus voletant sur le dallage en pierre.

Les cuisines avaient été copieusement vidées par Clorisse et ses hommes, mais les mercenaires dénichèrent assez de nourriture pour faire un déjeuner décent. En fouillant dans un placard, Shaiélaè dénicha un pot de poisson mariné à l'huile, pendant que les autres faisaient une razzia sur une réserve de noix et de biscuits séchés. Ioreck ne mangeait rien, et la petite elfe dût insister pour qu'il accepte de manger un morceau de poisson pour reprendre des forces. Il le grignota distraitement, le regard vague. Il en fait quand même un peu trop. Il vaut mieux boire de la Torpeur que d'affronter des centaines de daedras.

Lorsque les mercenaires eurent le ventre remplit, ils retournèrent à la tour où ils étaient installé pour récupérer leurs armes et se préparer une fois pour toute à ce qui les attendrait. En arrivant dans la cour du château, ils virent des centaines et des centaines de soldats qui en occupaient tout l'espace. Beaucoup étaient disposés sur les tours et le chemin de ronde, certain assis, laissant pendre leurs jambes dans le vide. Tout les hommes de Clorisse, moins les éclaireurs en patrouille, étaient là, la plupart armés et équipés. Ils se tournaient vers l'écurie où se tenait leur reine, juchée sur une botte de paille. Elle avait son épée posée sur son épaule et la couronne d'argent du seigneur était enfilée au travers de la lame. Fière et arrogante, elle haranguait ses troupes.

« Mes amis, il est temps de vous révéler la vérité. Vous êtes venus ici-même au Gué de Pordun, il y a deux ans parce que des songes vous ont poussé à vous détourner de la côte nord où vous vous rendiez pour repousser une prolifération de dreughs pour arriver ici. Ici vous m'avez trouvés, siégeant au milieu d'un château vide et d'une région prospère. Je vous ai alors proposé de combattre pour moi pour conquérir cette régions. Beaucoup d'entre vous ont alors refusés, rappelez vous. Vous m'avez enfermé dans un cachot de ce donjon, et violés de nombreuses fois. »

Plusieurs soldats rirent ou sourirent à cette évocation. Clorisse reprit lorsqu'ils se furent calmés.

« Et je ne vous en veut pas. C'est du passé. Mais rapidement, vous avez été victimes de cauchemars. Des rêves hideux. Mes tortionnaires revoyaient chaque nuit mon visage, hantant le sommeil qu'ils perdaient nuit après nuit. Cela à duré longtemps, avant que quelques uns d'entre vous ne comprennent que c'était le sort que vous m'infligiez qui peut être étaient la cause de tout ces rêves. Vous étiez rendus à moitié fous par le manque de sommeil. Vous m'avez libérés et suppliés de vous pardonner, dans l'espoir que je vous guérisse. J'ai exaucée votre vœu, et vous m'avez mise à votre tête. Ensemble, nous avons accomplis de grandes choses. »

Les Lynx-Noirs s'efforçaient de traverser la foule pour accéder à leur tour. C'était loin d'être une chose aisée, et ils n'avaient parcourus que la moitié de la distance qui les séparaient de leur but. Je croyais qu'elle ne voulais à aucun prix que son lien avec Vaermina ne se sache dans les rangs de son armée.

« J'ai été plus qu'une chef pour vous. Vous pensez que mon pouvoir est digne de celui d'une reine ou d'une déesse. Je suis fière de chacun d'entre vous qui me voyez comme tel. Mais un danger nous guette aujourd'hui, et je dois être honnête avec vous pour que vous affrontiez ce qui nous attends avec toute votre détermination.

Je suis la forme terrestre de Vaermina, maîtresse des songes.

J'ai vu la grandeur en vous et j'ai décidée de vous élever plus haut que vous ne pouvez l'imaginer. Portdun et les hameaux voisins ? Ce n'était que le début, acceptable tant que j 'était anonyme. Nous allons aujourd'hui marcher la tête haute et le visage découvert, et en mon nom réclamer toute la régions, avec ses villes et ses trésors. Marchez avec moi, soldats, car j'ai plus de puissance que vous ne l'imaginez, et je compte vous la faire partager ! »


Texte publié par Elias of Keliwic'h, 23 novembre 2015 à 20h53
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tome 1, Chapitre 5 « Le Masque et le Serpent » tome 1, Chapitre 5
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