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tome 1, Chapitre 13 tome 1, Chapitre 13

Après une longue attente dans la cour et sous le cagnard, l’Amiral en visite se montra enfin.

Moi j’assistais à la scène d’un point de vue favorisé, celui des remparts. Comptant parmi les deux appelés de garde j’étais posté au drapeau pour la cérémonie alors que mon collègue en bas Thomas surveillait la porte comme d’habitude.

Je devais ce privilège à ma bonne entente avec Thomas et son statut de chef de liste. Toutefois ce service était spontané pas demandé. Donc aucun remord à avoir.

Cela résumait bien l’état d’esprit de la journée : un côté mitigé, neutre, politiquement correct sans être absolument obséquieux.

Le fameux amiral était loin d’être resplendissant. Il accusait le poids des ans comme on dit, sans être un vieillard décrépi non plus.

Il passa avec notre commandant les troupes en revu y compris les civils. La présence de ces derniers composants à vue de nez la moitié de nos effectifs, était facultative.

Malgré cela ils avaient tous solidairement répondus à l’appel en se la pétant un peu au passage.

Car malgré la chaleur des hommes portaient des costards-cravates totalement inhabituels. Une femme était même vêtue d’une sorte de manteau imitation fourrure ou plume en tous cas mauvaise dans les deux cas de figure.

Une connerie paritaire en somme.

Le temps passa lentement. Et encore moi je ne restais pas droit comme un I, privé du moindre mouvement.

Puis l’amiral et sa cour visitèrent les locaux, chambrées non comprises.

Les chambrées que le capitane d’armes venaient de nous faire nettoyer.

Les engagés s’étaient joint à nous pour cette tâche, du moins les jeunes engagés logeant encore sur place.

Et évidement le coup de serpillière ne suffit pas au capitaine d’arme.

Nos posters de cul dans nos chambres indigneraient ce pauvre amiral (politiquement correct toujours).

MAEC se doutait sûrement, qu’il ne mettrait jamais les pieds dans nos chambres. Son but se limitait seulement à nous faire chier.

Toutes ces photos tirées de magazines que nous avions eues pour pas un rond à la librairie des promos près du centre commercial, allaient devoir nous quitter.

C’est vrai que nous étions puérils et lourds sur ce coup là.

Où pouvait aboutir une vie dans laquelle notre seule initiative était l’heure de pisser, si ce n’est à la régression ?

On poursuivit tous ensemble notre tâche purificatrice. A l’exception de Tarek, qui lui n’était même pas là grâce à une PATC.

Comment MAEC avait-il pu gober une excuse aussi grossière ?

Une petite surprise nous attendait au self à midi. Pas un festin, juste une amélioration avec des crevettes en entrée afin de suivre la thématique du jour.

Finalement tout revenait à l’attitude du commandant avec l’amiral dans la cour : serviable, attentionné, pas rampant non plus.

Notre chef avait transmis son attitude à l’ensemble de la base le temps d’une journée même dans des détails insignifiants.

Voilà jusqu’où allaient la discipline et le sens de la hiérarchie. Impressionnant d’une certaine manière. Inquiétant également pour notre individualisme.

Ce raisonnement ne me vint pas sur le coup.

Le jour même au self deux de mes voisins m’en empêchaient d’y réfléchir. L’un par la parole, l’autre par sa seule présence.

Commençons par le second.

Depuis mon incident avec la bande de Michaël je m’étais pourtant résolu à ne plus rien faire sur la question de Hamed, ni même d’y penser.

Hélas je côtoyais tellement l’objet de mes préoccupations. Nous partagions la même chambre.

Hé oui il s’agissait de Vincent. Son intervention lorsqu’on me poussait sur la piste de Hamed, n’était-elle pas suspecte ?

Notre petit weekend m’avait informé partiellement sur son passé, ce qui expliquait son côté secret. Ce n’était pas le genre d’histoire qu’on aimait partager.

Et en creusant un peu, on y trouvait même la raison de son soutien envers moi.

Le pauvre devait avoir une réticence naturelle des forces de l’ordre et donc craignait que je les fasse venir.

Le raisonnement bien qu’un peu téléphoné sur ce dernier point, tenait à peu près la route.

Malheureusement mon weekend provoqua d’autres effets conduisant à d’autres réponses plus gênantes.

Soudain Vincent commença à devenir sociable. Il sortait avec nous, payait des tournées….

Cela suggérait qu’il disposait d’argent. Or d’après mes découvertes il n’aurait pas dû en avoir.

C’est alors que je compris où il avait pu se servir. Cette idée concordait avec le reste encore mieux que l’ancienne, et liait Vincent à Hamed d’une manière particulièrement dégueulasse.

Finalement comme pour Michaël, j’aurais mieux fait de m’abstenir.

Puisque je n’osais pas aller jusqu’au bout, c’est-à-dire pousser Vincent dans ses retranchements, le forcer à tout reconnaitre.

Toujours coincé par ma putain d’indécision, pas foutu de choisir entre cesser d’y penser ou agir en conséquence.

L’autre camarade de table, Didier m’abreuvait de paroles sur les techniques d’investigation.

Sans doute venait-il de lire encore un polar ? Ou alors il se doutait que les véritables origines de mes marques de coup n’étaient pas une prétendue agression hasardeuse.

Il est vrai que cela c’était produit le jour suivant où Didier m’avait montré l’article de journal.

Difficile à dire car même cette histoire n’était pas réelle pour lui. Il la voyait uniquement comme un jeu le rapprochant de son centre d’intérêt.

En ce qui me concerne le choix était simple. Soit je ruminais mes pensées sur Vincent dont la seule présence me rappelait ma lâcheté, soit je m’évadais en suivant les dires de Didier.

Le numéro deux était apparemment le mieux. Pourtant il s’avéra également être un mauvais choix.

Des brides que je saisis, Didier racontait la méthode basée sur le recoupement des informations.

Il fallait mettre en commun les dires des diverses personnes concernées par l’enquête, qu’on avait croisé. Normalement il pouvait en ressortir d’autres éléments.

Je devais absolument fixer mon attention sur quelque chose avant de péter un plomb. Et puis l’envie de reprendre l’enquête me démangeait sûrement inconsciemment.

Par conséquent j’effectuais cet exercice.

J’étais en mesure de ne citer que quatre protagonistes :

- Le gendarme DECROT

- Justine

- Michaël

- Vincent

Les deux derniers ne m’avaient rien fournit au sujet de Hamed en lui-même.

Je me focalisais sur les deux autres, et bien entendu je dénichais une piste.

Elle trainait sous mon nez depuis le début. En plus d’être lâche je me découvrais à présent stupide.

Vincent, Steve, et à présent cette découverte. Toutes ces interrogations me tombant dessus sans que je ne le demande.

Je décidais de leur dire merde une bonne fois pour toute !

Il était temps d’agir comme un véritable appelé avant que ça me pète à la gueule : attendre passivement la quille.


Texte publié par Jules Famas, 26 novembre 2015 à 22h23
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