Posant une dernière fois un regard tendre sur Jenny, murmurant un Tiens bon Jenny, tiens bon ! Il descendit les marches aussi rapidement qu’il en était capable. Il sortit de la maison. Étrangement, il s’attendait à ce que la porte lui résiste mais ce ne fut pas le cas. Le son était plus puissant à l’extérieur. Se concentrant sur ce ronronnement, il se dirigea dans sa direction. Il se rendit vite compte que le bruit venait d’un petit chalet de jardin, très proche du manoir. Jack s’y précipita, ouvrit la porte et découvrit d’autres marches s’enfonçant dans la terre. Une cave ? Dans cet abri de jardin ? Le son était devenu assourdissant. Il dévala l’escalier pour aboutir dans une pièce sombre et humide. Une vraie antre de vampire. Si seulement c’était aussi simple ! Alors, devant lui se dressa une créature de cauchemar. Sauf que celle-là n’avait rien d’une construction mentale. Devant lui se trouvait John, debout devant ce qui semblait être un post d’opération alien. Jack écarquilla les yeux. Il ne s’attendait visiblement pas à ça.
« Surpris, Jack ? » Lui lança John d’un ton moqueur.
Jack ne répondit rien. Mais son regard parla pour lui. Ainsi que ses poings serrés.
« Vous êtes un de mes plus grands échecs Jack. Mais pas pour très longtemps, rassurez-vous ! Si cette fille n’avait pas été là, cette fille étrange à l’esprit si puissant, je vous aurais déjà dans ma collection, soyez-en certain. »
« Vous voulez surement parler de Jenny. Ah, les filles, elles sont coriaces, n’est-ce pas… Et surtout ma Jenny. Ah si vous la connaissiez comme je la connais, elle va vous donner du fil à retordre, soyez en certain. Je ne sais pas si vous avez remarqué ce regard, si volontaire, si déterminé, si… »
Jack essayait de gagner du temps. De détourner l’attention de la chose.
Il avait aperçu dans le fond de la pièce deux masses obscures et s’était rapidement rendu compte qu’il s’agissait de Joanna de David. Si le garçon était visiblement toujours dans les vapes, ce n’était pas le cas de Joanna. Il ne voulait pas les mettre en danger et tentait de trouver une solution pour les faire sortir tout en s’occupant du « John ».
« Oui, votre très chère Jenny. D’ailleurs, que ne lui avez-vous pas demandé de faire ? Jack, vous vous rendez compte de la dureté du geste que vous lui avez dit d’effectuer. Mais qu’importe, n’est-il pas? Tout le monde doit mourir un jour ou l’autre... Sauf vous, n’est-ce pas, alors pourquoi pas elle et aujourd’hui ? J’ai la possibilité d’entrer dans son esprit, à présent qu’elle est inconsciente. Vous pouvez d’ailleurs dire merci à Owen. Sans lui, je n’y serais jamais arrivé. »
Jack s’inquiétait pour Jenny, s’inquiétait pour Owen, s’inquiétait pour Gwen.
« Et cette Jenny est si délicieuse. Sa vie est remplie de peur, mais il y a très peu de chose qui l’atteigne réellement. Courageuse petite chose. C’est comme si son esprit était verrouillé par une force d’une puissance incommensurable. Mais elle est à présent beaucoup plus faible, et les remparts qui bloquent la partie de sa mémoire qui a été occultée sont en train de sauter les uns après les autres. J’ai regardé en elle et j’y ai vu toutes sortes de choses surprenantes… Elle a un secret, vous savez, un grand secret… Même pour elle. Elle l’ignore, mais il y a un réservoir de peur immense en elle. Caché. Tentant. Délicieusement tentant, ça oui. Et je suis en train d’ouvrir ce coffre aux trésors… Hum… Un vrai festin en perspective. Le seul petit problème, c’est que j’ai bien peur qu’elle soit trop faible pour supporter ce que je vais lui faire découvrir. Elle risque d’en mourir, ça oui. »
« Elle est beaucoup plus forte que vous ne l’imaginez et, quoi qu’il en soit, je ne vous laisserez pas faire, soyez en certain. » Affirma Jack avec assurance.
« Et comment pensez-vous y arriver ? »
Jack fit mine de réfléchir un instant, un sourire charmeur sur les lèvres. Il ne pouvait s’empêcher de penser à Jenny, en train de se vider de son sang, mais il ne pouvait aller plus vite en besogne. D’un coup, sur un ton de défi, il lança à la créature.
« J’imagine que vous ne vous appelez pas réellement John, n’est-il pas ? »
« Je ne peux rien vous cacher, cher Capitaine ! »
« John… Vous ne pouviez rien trouver de plus original ? Vraiment, John, c’est d’un commun ! »
« Vous trouvez ? » S'étonna la bête à tête humaine.
« Oh que oui ! Et je parie que vous n’avez pas de nom de famille. »
« Comment le savez-vous ? »
« Une intuition, cher ami. Il se trouve que ce prénom est tellement commun que toute la personnalité de la personne qui le porte se trouve de dans son patronyme. Watson, Lennon, ou encore Barrowman, pour ne citer qu’eux… Leur nom de famille fait leur renommée. Et je peux continuer comme ça très longtemps… John Smith, Oh oui, quel homme, un nom commun pour un être hors du commun… Et j’oubliais… Ce jeune médecin, comment s’appelait-t-il déjà ? Tennyson, oui, c’est ça, Tennyson. Quel bel homme, ce Tennyson, ajouta-t-il comme pour lui-même. Je crois d’ailleurs avoir quelques peu profité de la situation pour le coup ! Je ne sais plus comment je me suis retrouvé dans cet hôpital de Manchester, mais je n’ai pas eu le cœur de lui refuser un examen approfondit de cette blessure à la cuisse… »
Jack se doutait qu’en déstabilisant mentalement la créature, il aurait la possibilité de parvenir à ses fins. Il jetait de très discrets coups d’œil vers Joanna qui tremblait de peur et qui était recroquevillée contre David.
« Stop, stop, stop… Je ne vous suis plus Jack, soyez plus clair ! »
« Tout cela signifie simplement que vous ne leur arrivez pas à la cheville, vous ne dépassez même pas leur chaussette. » Lança alors Jack sur un ton de défi.
« Je n’ai pas la moindre idée du message que vous souhaitez me faire passer, mon cher… Si message il y a… »
« Ne réfléchissez pas d’avantage, John… Il se trouve juste que j’ai compris ce que vous êtes. Je ne sais pas qui vous êtes, ni d’où vous venez, mais j’ai compris ce que vous êtes. »
« Oh, et que suis-je dans ce cas, mon Capitaine ? »
« Vous êtes un insecte, un moustique qui se nourrit de la peur de ses victimes. Un vampire en d’autres termes, un vampire émotionnel. Vous n’êtes rien d’autre qu’un parasite. »
Joanna semblait tout écouter et perdre un peu de son air figé.
« Bien, mon Capitaine, très bien ! Je vais même me permettre d’éclairer votre lanterne, je suis un Psychovore, de la planète Kilgore ! Mais dites- moi, mon Capitaine, pensez-vous que cela vous aidera, vous ou vos amis ? »
« Il se trouve que j’ai très légèrement l’impression que vous ne vous nourrissez que de la peur de vos victimes, très cher John. Une autre émotion risquerait de provoquer en vous une grosse d’indigestion, voire une intoxication. Ce qui explique votre étrange accoutrement, en particulier les gants. Vous ne pouvez risquer aucun contact avec une personne, quelle qu’elle soit. La joie, l’amour ou la colère risquerait très certainement de vous faire disjoncter, non ? Quoique… A bien y penser, vous êtes déjà un cas assez particulier. »
« Que voilà une théorie intéressante, très cher Jack. Et que pensez-vous faire de cette découverte ? Vos amis sont paralysés par la terreur ! Il ne reste plus que nous ! »
Jack éclata de rire et croisa le regard de Joanna, s’adressant à elle sans que le Psychovore le sache.
« C’est pour ça que vous êtes venu ici, que vous avez créé cet endroit terrifiant. La peur est une émotion si forte…
« Si délicieuse ! » Ronronna le vampire.
« Mais il y a d’autres émotions que la peur, vous savez. Il y a l’amour. On peut faire presque n’importe quoi par amour. Et quand l’objet de notre amour est en danger, il y a la colère. Vous n’avez jamais expérimenté la colère ? C’est très, très puissant comme émotion. »
« Et alors ? Vous êtes en colère contre moi ? » Demanda innocemment la créature.
« Oh oui. Mais pas autant qu’elle ! » Dit Jack en pointant Joanna qui s’était redressée et dont les joues flamboyaient de colère et de rage.
John se retourna et Joanna plaqua l’une de ses mains sur le visage de la créature, une expression haineuse clairement visible.
« Ca, c’est pour Jill ! » Lança-t-elle.
John hurla et voulu s’éloigner, mais Joanna posa son autre main et il fut paralysé de douleur.
« Et ça c’est pour David ! »
Le Psychovore se mit à se débattre, mais Joanna ne lâcha pas prise, laissant toute sa colère se diffuser par l’intermédiaire de ses paumes. Au bout de quelques secondes, la créature ne fut plus qu’un tas gémissant et tremblotant, mais Joanna garda ses mains collées. Elle était à présent allongée sur la bête, qui hurlait et se débattait de toutes ses forces. Plus la créature faiblissait, plus la colère de Joanna se dissipait. Au bout de plusieurs longues minutes avec ce contact, la créature ne bougea plus. Jack s’approcha seulement à cet instant de la jeune fille. Il la remit sur ses pieds, mais elle garda le regard fixé sur l’alien, prête à un second round s’il faisait mine de bouger à nouveau. Essoufflée et en sueur, couverte de terre et de détritus, elle ressemblait à un monstre elle-même, mais son air ravi et triomphant était très humain et elle sourit à Jack. Au sol, la chose qui avait été John était étendue, les yeux grands ouverts, morte.
« Overdose de colère, tu vois ce que ça fait… Hein… »
Jack prit Joanna dans ses bras : « Bravo et merci Joanna, bravo et merci ! Vous avez été formidable ! Il vous a sous-estimé et vous avez su en profiter. »
Au fond de la pièce, on entendit un bruit sourd. David venait de sortir de sa torpeur. Il gigotait, s’agitait, tentant de se libérer de ses liens, sans succès. Joanna se précipita pour aider son petit ami, en commençant par le bâillon.
« Mais qu’est ce qui s’est passé ici ? Et que fait John par terre ? Mais… »
« C’est une longue histoire, je t’expliquerai tout plus tard, sortons d’ici… »
Et elle planta un long baiser sur ses lèvres et, s’il en fut surpris, il se rassura également complètement.
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