Le Docteur, resté immobile, avait gardé la main de Jenny dans la sienne. Personne n’aurait pu deviner ce qui se passait dans sa tête à ce moment-là, les questions qu’il ne cessait de se repasser en boucle.
Rose se leva. Elle venait de remarquer le sachet en papier posé sur le sol du Tardis.
« Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ? » Demanda-t-elle.
« Ce sont les affaires de Jenny. »
Au même instant, Jenny eut comme un frisson. Le Docteur se retourna, attrapa son manteau, qu’il avait comme à son habitude jeté sur le pilier droit du Tardis, et l’étendit sur Jenny.
Mais il ne s’agissait pas d’un frisson.
Au grand étonnement de tout le monde, et après seulement une demi-heure, la jeune fille se réveillait déjà. L’effet du calmant n’était donc pas si puissant que ça. Ouvrant les yeux, elle fixa le Docteur qui lui aussi la regardait avec la plus grande attention. Il retira la fléchette, sans pouvoir quitter le regard de la jeune fille. C’était comme s’il plongeait dans ses propres yeux.
« Comment allez-vous ? » Demanda la chirurgienne.
« Étrangement bien ! » Répondit Jenny, qui cherchait déjà à se mettre debout.
Il est vrai qu’elle semblait étonnamment en pleine forme, surtout après ce qu’elle venait de vivre. Depuis qu’elle avait ouvert les yeux, elle n’avait pas quitté le Docteur du regard. On aurait pu penser qu’ils étaient hypnotisés par la profondeur du regard de l’autre. Un mouvement dans le coin du vaisseau attira pourtant l’attention de Jenny, elle reconnue alors Rose.
Dans un élan, elle se jeta au cou de la compagne du Docteur, envoyant le manteau marron voler sur le docteur Kelly, puis elle la sera de son bras comme elle l’avait fait peu de temps avant avec le Docteur :
« Rose, je suis si heureuse de te revoir, j’ai bien cru que ça ne se reproduirait jamais ! Et tu es là, devant moi ! C’est un vrai miracle ! »
Puis, se retournant vers le Docteur :
« Je suis si heureuse d’être ici, si vous saviez ! »
Le Docteur ne sut que répondre, ce qui ne lui arrivait que très rarement. Il resta donc sans voix et, en contrepartie, envoya le plus merveilleux des sourires à Jenny. Au même moment, le moteur du Tardis se mit à ronronner. Les lumières, qui s'étaient presque toutes éteintes, se rallumèrent.
En un mot, le vaisseau était prêt pour de nouvelles aventures. Ce fut à cet instant que Jenny remarqua le sachet dans la main de Rose, qui le lui tendit :
« Ce sont vos affaires ! » Lui dit-elle en souriant.
Il faut l'avouer, Rose trouvait cette jeune fille un peu trop exubérante, ou, plutôt un peu trop familière, bien qu’elle semble vraiment gentille.
« Merci Rose, c’est très gentil à toi de me les avoir gardé » Lui répondit-elle en lui rendant son sourire.
« Heu, non, non, c’est pas ça… mais… » Bredouilla Rose.
Elle ne termina pas sa phrase.
Déjà, Jenny était en train de farfouiller dans le sachet. Mais son unique bras valide ne lui rendait pas la tâche facile. Au bout de trente interminables secondes, elle décida d’enlever cette écharpe qui ne faisait que la gêner. La première chose qu’elle sortit fut un tube de rouge à lèvre. Tout du moins, cela ressemblait à un rouge à lèvre. Car lorsqu’elle tourna la molette, ce ne fut pas un stick coloré qui sortit mais une lumière bleue accompagnée d’un grésillement plus que familier.
« Un rouge à lèvre sonic, s’exclama le Docteur. Mais… Comment est-ce possible ? D’où tenez-vous ça ? »
« Mais, voyons, Docteur ! C’est toi qui me l’as fabriqué. Quand j’ai cassé ma baguette sonic ! Oui, je sais, ne dis rien, tu n’es pas encore au courant que je suis fan d’Harry Potter si j’ai bien compris, s’exclama-t-elle en pouffant. Mais le hochet n’était plus trop de mon âge, répondit-elle en éclatant de rire. Je suis tellement maladroite… » Continua-t-elle plus bas, toujours en train de sonder le sachet du bout des doigts.
Elle sortit alors un autre objet de son sac, peut-être encore plus intriguant, si cela était possible : un bracelet manipulateur de vortex.
« Oh, zut, il est cassé ! Tu vois, qu’est-ce que je disais, je casse tout ! »
« Mais où avez-vous pu avoir un bracelet comme celui-ci ? »
« C’est celui de Jack… J'ai oublié de lui rendre » expliqua-t-elle, les yeux rivés sur l’objet.
Mais le silence qui suivit lui fit relever la tête. Elle se rendit alors compte de l’étonnement partagé de Rose et du Docteur.
Le docteur Kelly, elle, écoutait tout cela comme si il s’agissait d’une pièce de Shakespeare. L’intrigue devenait de plus en plus intéressante.
Les yeux écarquillés, regardant tour à tour le Docteur et Rose, elle reprit :
« Le Capitaine Jack Harkness, ne me dites pas que vous ne le connaissez pas ! »
« Eh bien, pour tout dire, nous pensions qu’il était mort » répondit Rose.
A ces mots, Jenny manqua presque de s’étouffer de rire :
« Jack ! Mort !»
Puis, comprenant qu’il n’était pas l’heure d’en dire d’avantage, elle continua l’exploration du sac. L’objet suivant sembla plus classique, bien que, rien ne soit moins certain : une mèche de cheveux roux.
Enfin, dans un : « Ah… le voilà… », elle sortit le dernier objet, certainement le plus précieux, dans tous les sens du terme : une chaîne apparemment en argent avec, en pendentif, une médaille gravée.
Le Docteur, les yeux exorbités, chaussa ses lunettes et s’approcha de Jenny. Comprenant ce qu’il désirait, Jenny lui tendit le bijou. Il tourna et retourna l’objet, analysant les deux faces du médaillon.
« Je savais que cet objet te convaincrait ! commença Jenny. Nous nous connaissons, je te l’avais bien dit Docteur » continua-t-elle. Puis, prenant l’une des mains du Docteur:
« Il faut que tu saches que tu es comme un père pour moi! Et qu’à maintes reprises, tu m’as déjà sauvé, ou plutôt que tu me sauveras de bien des dangers. »
La voix de Jenny se remplit de sanglots à ces mots.
« Je ne peux en ajouter d’avantage, je ne peux te dévoiler ton avenir, tu comprends. Mais tu dois savoir que nous nous reverrons, ou tout du moins, toi, tu me reverras ! »
Le Docteur, les larmes aux yeux, regardait tour à tour le pendentif et la jeune fille tandis qu’elle lui apportait ces informations.
« De…De quoi s’agit-t-il ? » Demanda alors Rose en s’approchant timidement du Docteur.
Se retournant vers Rose, il lui montra le bijou :
« Oh Rose, regardez ! Là, ces volutes, vous voyez ? Eh bien, en fait, il s’agit de… De mon nom, en gallifreyien. Vous voyez… et là, sur l’autre face, il est écrit « Jenny », également dans la langue des Seigneurs du Temps. »
L’émotion dans la voix du Docteur fut palpable lorsqu’il apporta ces précisions à Rose.
Mais cela n’élucidait rien, ne répondait à aucune de ses questions.
Certes, Jenny le connaissait et apparemment, lui aussi la connaîtrait plus tard. Mais pourquoi avait-elle deux cœurs, alors qu’elle était humaine ? Et surtout, d’où venait-elle et comment connaissait-elle tant de personnes de son entourage ?
Heureusement, ou malheureusement, quelque chose vint troubler le pesant silence trahissant les pensées troublées du Docteur. Une voix, venue de nulle part se fit entendre. Après quelques secondes d’attention, le Docteur se rendit compte que la voix venait du haut-parleur du Tardis. Le message était on ne peut plus clair :
« Aidez-nous ! »
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