Le chapitre 8 qui a un peu tardé à être posté, vu que j'ai achevé le chapitre 16 depuis déjà deux semaines.
Je l'ai scindé en trois celui-là. Je pense que cinq ou quatre parties c'est trop. Je procéderai sûrement comme ça par la suite.
J'espère que ce chapitre vous plaira !
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Un détour dans une forêt,
Pour l’innocent pestiféré.
Un mystérieux manuscrit
En dit long sans en dire trop
Et la vérité.
La forêt baignait dans une épaisse purée de pois, réduisant l’horizon de Ray à moins d’un mètre. À vrai dire il ne distinguait absolument pas les jambes d’Alaric alors qu’il était à cet instant juché sur son épaule ! Il ne put s’empêcher de claquer du bec. L’atmosphère hostile et lugubre qui régnait dans les bois était insupportable.
Il y avait un vacarme ambiant à la cacophonie complexe et exotique que Ray ne pouvait s’empêcher de savourer tout en la trouvant dérangeante. Tout d’abord il y avait les plaintes perçantes du vent qui venait se moucher dans ses plumes avant de déposer un baiser glacé plein d’amertume sur sa nuque. Il geignait et gémissait sur un ton douloureux comme un de ces enfants humains capricieux. À cela s’ajoutaient les Flutistes d’Ecorce. On appelait ainsi ces étranges arbres au tronc percé de trous de diamètre variable dont les sons produits par le passage du vent imitaient ceux d’une flute.
Les Flutistes d’Ecorce jouaient une sombre et mélancolique mélodie aujourd’hui. Si Ray ne distinguait pas leurs silhouettes, il se les imaginait cependant très bien : voûtés et noirs, leurs branches brandies au-dessus de leurs têtes comme des griffes, jouxtant une mare d’eau insipide et fétide.
Ray se sentait grisé par la musique des Flutistes. L’ambiance morose qu’ils avaient créée convenait parfaitement à son état d’esprit actuel. S’il avait été moins averti, il se serait probablement posé sur une de leurs branches émaciées. Mais il n’était pas né de la dernière pluie. Les Flutistes d’Ecorce étaient réputés pour attirer les voyageurs, les égarant en dehors du sentier. Les plus imprudents étaient piégés dans les marais empoisonnés à l’eau croupissante. Les jambes avalées par le terrain spongieux, ils s’enfonçaient inexorablement. Les Flutistes pouvaient alors révéler leur vraie nature : celles de voraces carnivores. Via leurs racines, ils déversaient quantité de sucs digestifs dans la mare où se trouvait piégé leur proie. Une fois ramollie, ils suçaient le liquide riche en nutriment obtenu.
Bien sûr, Ray ne serait jamais descendu dans les marécages, mais il y avait autant de manière de mourir pour les imprudents qui s’étaient égarés que de bêtes dangereuses tapies dans l’ombre des Musades. Et ce n’était pas peu dire. À ce qu’il en savait, tout ce qui rampait, marchait ou volait était susceptible de tuer. Et un humain, un oiseau ou quoi que ce soit d’autres n’avait pas à attendre longtemps pour qu’un prédateur avide de chair le trouve à son goût. Ainsi on pouvait entendre sporadiquement des cris brefs mais désespérés au loin, signe qu’un chasseur avait trouvé sa proie.
Mais le pire était sans aucun doute Eux. Ceux qui l’observaient depuis qu’ils avaient entamé la traversée des marécages. Ils avaient déjà essayés de le béqueter à l’aller et il s’en était fallu de peu qu’un honorable Mangal répondant au nom de Ray périsse d’une bien triste manière. Alaric les appelait les Choins à longues jambes. Peu importe leur nom, ces stupides piafs à têtes de chouette et aux pattes semblables à celles d’un héron ou d’un flamand avaient la détestable manie de le confondre avec un simple corbeau. Bien sûr il aurait pu leur expliquer la différence si ces animaux avaient un grain de jugeote et étaient disposés à l’écouter. Mais ce n’était malheureusement pas le cas. C’était principalement pour cette raison que Ray était à l’instant juché sur l’épaule d’Alaric, la nuque rentrée autant que possible contre son poitrail.
« Ils nous observent ! » croassa-t-il, guettant le moindre signe d’assaut frontal.
Alaric l’ignora. Il avait eu le mauvais goût de reprendre le refrain de la symphonie orchestrée par les Flutistes d’Ecorce et de la moduler. Mais peut-être sifflait-il simplement faux de base. Dans tous les cas le résultat était atroce.
Il est vrai qu’il n’avait a priori pas de quoi s’inquiéter des Choins à longues jambes. Après tout ceux-ci ne s’étaient pris qu’à Ray et avaient ignoré Alaric à l’aller. Peut-être le jugeaient-ils trop gros pour eux. Mais la réponse n’était pas si simple. Ray avait senti la peur en eux. Les humains les effrayaient-ils ? Le Mangal en doutait. Probablement avaient-ils sentis chez Alaric la même chose que Ray avait sentie il y a bien longtemps. Mais désormais cet épais brouillard était tombé et obstruait leur champ de vision. Les Choins à longues jambes avaient toutes les chances de se montrer plus hardis.
Comment son compagnon pouvait-il ne pas le sentir ? Il y avait un silence omniprésent dans l’air, ne provenant de nulle part mais semblant tapi dans les moindres recoins des marais. L’atmosphère était dense et pesante, comme une ancre coulant lourdement au fond de la mer sans un bruit, laissant pour seul indice de sa présence les vibrations de l’air et les plumes hérissées de Ray. Malgré les bourrasques bruyantes et la mélodie des Flutistes d’Ecorce, malgré l’outrageant sifflement d’Alaric et les hurlements angoissés des proies prises au piège au loin, il lui semblait impossible d’ignorer la poigne oppressante qui enserrait son plumage.
« Ils vont attaquer d’un instant à l’autre ! » informa à nouveau Ray, sentant la panique le gagner.
Alaric lui cala un morceau de viande séchée dans le bec qui lui obstrua la gorge, le coupant dans son élan.
-Ils ne feront pas une telle chose. répondit-il, cessant enfin de siffler. Du moins s’ils ne sont pas stupides.
« Et dans le cas contraire ? Quel est le plan ? » l’interrogea Ray, conforté par l’assurance de son compagnon.
Alaric haussa les épaules.
-S’ils avaient voulu attaquer il l’aurait déjà fait de toute manière. À mon avis ils attendent une opportunité.
Une opportunité ? Mais cette foutu purée de pois en était déjà une ! Qu’attendaient-ils donc ?
« Ils espèrent qu’on sorte du sentier et qu’on se perde dans les marécages. » déclara finalement Ray, fier d’avoir trouvé la réponse.
Avec le brouillard c’était chose facile. D’ailleurs, se rendit compte Ray, il n’avait pas la moindre idée de si ils se trouvaient sur le sentier ou non.
« Ca y est ? Ils attaquent ? »
Alaric venait de s’accroupir subitement. L’homme tendit la main dans l’inconnu laiteux qui l’encerclait et en sortit une forte familière.
-Des cèpes ! Je ne m’attendais pas à en trouver dans les Musades ! s’exclama joyeusement Alaric.
Ray dissimula son soulagement en claquant du bec d’un air réprobateur. Il était presque… déçu. L’attente le minait. Une dizaine de prédateurs ailés devait les entourer, guettant le moment propice pour attaquer. Et ils ne pouvaient rien y faire. Mais ce n’était pas une raison pour partir à la cueillette aux champignons !
Ray bomba le poitrail et battit brièvement des ailes. Etant manifestement le plus responsable des deux, c’était à lui de redoubler de vigilance. Et si jamais il devait en arriver là… eh bien il avait le bec pointu et de bons réflexes. Dans sa jeunesse, quand il vivait encore en Oritanize, ses frères le surnommait Pic-qui-taille, car il avait un jour égorgé un lapin d’un coup de bec. Et ses serres pouvaient infliger de belles entailles aussi. Oui, ces rapaces de pacotille feraient mieux de ne pas se frotter à lui !
Pourtant, Ray n’était pas très rassuré.
A la tombée de la nuit, le brouillard était toujours présent, donnant à l’obscurité une teinte vaporeuse. Les bruits avaient pour la plupart cessés, laissant le silence reprendre ses droits sur les bois maléfiques.
Ils établirent le campement comme à leur habitude, Alaric disposa des pièges autour du camp, puis après avoir convenu qu’il ferait le guet pendant la deuxième moitié de la nuit, s’endormit comme une masse. Laissé seul à ses sombres pensées, Ray se posa non loin du feu de camp sur la tête d’un arbuste. Bien sûr il n’y avait rien à observer. Il avait beau être nyctalope, impossible de distinguer quoi que ce soit avec ce foutu brouillard. Mais il pouvait écouter, et c’est ce qu’il s’appliqua à faire, prêtant attention à tout bruits suspects.
La nuit les sons étaient différents : plus rares, plus discrets, plus étouffés. Les prédateurs diurnes étaient rentrés se coucher et leurs alter egos nocturnes sortaient désormais de leur tanière, le ventre vide et comptant bien y remédier.
Les cris bestiaux et les mouvements erratiques caractéristiques d’une proie qui se débat résonnaient parfois, troublant pendant quelques secondes le sommeil des Musades. Mais cela ne durait jamais très longtemps. Même pour les carnivores, il n’était pas sage de trop se faire remarquer dans cette forêt.
Sa veille se passa à son grand étonnement sans anicroches, et il céda son rôle de guetteur à Alaric avec soulagement. Mais il fut bien en mal de s’endormir en dépit de sa fatigue. L’esprit alerte et sur le qui-vive, il ne ferma pas l’œil de la nuit.
Quand l’aube perça avec difficulté les frondaisons des résineux, les deux voyageurs constatèrent que le brouillard s’était dissipé, ne laissant qu’une légère brume derrière lui. Il n’y avait plus aucune trace des Choins à longue jambes ou de quelques autres créatures autour d’eux. Seuls restaient les étangs d’eau croupie et les Flutistes d’Ecorces qui jouaient doucement en cette matinée.
Ray put enfin se dégourdir les ailes et sillonner le terrain à son gré. Bien qu’il n’osa pas s’éloigner trop ni dépasser la cime des arbres. Sans leur protection, il serait une cible facile pour les Choins.
Un mouvement sur sa gauche attira son attention. Des corbeaux allaient et venaient d’une fosse. Ils semblaient… manger. Ray descendit se poser à proximité. Dans la cavité en dessous de lui gisait quatre à cinq cadavres. En fait peu de chair restait accrochée aux os des squelettes.
« Quand… morts ? » croassa Ray à l’attention des corneilles qui faisaient joyeusement ripaille.
Le parler des corbeaux étant relativement primaire, il n’y avait pas trente-six façons de poser la question. Ses interlocuteurs se tournèrent vers lui et le dévisagèrent avec circonspection.
Quoi ? Il avait un mauvais accent peut-être ? Ah. Ce n’était pas lui qu’ils dévisageaient.
D’un même mouvement, les corbeaux s’envolèrent et déguerpirent. Ray claqua du bec avant de se tourner vers le responsable.
« J’étais en train d’obtenir des informations avant qu’un envahisseur bipède vienne marquer son territoire au mauvais moment ! »
-Ce sont les Choins à longues jambes qui ont fait ça ? s’interrogea Alaric à voix haute.
« Probablement. Ils ont dû préférer s’attaquer à une proie plus facile après m’avoir vu faire le guet ! » se vanta Ray.
-Les squelettes appartiennent à des humains. Et vu la puanteur ils ne datent pas de la nuit dernière.
Son compagnon sauta dans la fosse et examina les restes.
« Et alors ? Les Choins à longues jambes peuvent très bien s’en prendre à des humains si tu veux mon avis. » déclara Ray sur un ton catégorique.
-Je ne pense pas. Tu vois ces marques sur le tibia ? Des becs ne feraient pas ça. Quels que soient leur prédateur, il avait certainement des crocs pour rogner.
« Les serres des Choins à longues jambes sont assez épaisses pour laisser des traces de ce type. » proposa Ray.
Alaric sortit souplement de la cavité.
-Peut-être. Quoi qu’il en soit, mieux vaut ne pas trainer. J’aimerai ne pas passer une autre nuit dans ces bois.
Ray ne pouvait être plus d’accord avec lui.
Bien sûr c’était sans compter l’horripilante habitude d’Alaric, qui consista à examiner chaque lieu à proximité du sentier susceptible d’abriter des champignons. Les cèpes et les bolets étaient excellents une fois cuits et bien assaisonnés, mais pour saucer un plat mieux valait utiliser de la girolle. Les pieds-de-mouton étaient certes très bons, mais c’était la morille qui l’emportait sur tous les plans.
Aux yeux de Ray, ces champignons avaient tous une allure affreuse et ne paraissait pas très ragoutants. Mieux valait une savoureuse dépouille de rongeur ou de petit mammifère. Les écureuils étaient particulièrement bons.
-Et celui-là ? Le connais-tu ?
Alaric lui tendait un autre de ses champignons fétiches. Il avait le chapeau vert pâle, des lames et une tige blanchâtre.
« Un nième champignon succulent à la cuisson et recommandé pour accompagner les plats en sauce. » répondit Ray excédé.
Alaric lui renvoya un sourire tordu, satisfait qu’il soit tombé dans son piège.
-Faux ! C’est une amanite phalloïde. Appelle-le calice de la mort si tu préfères. En tout cas c’est bel et bien mortel. Je connais un seigneur d’Eamel qui s’est débarrassé de plusieurs de ses opposants politiques en les empoisonnant avec cette petite chose.
Ray le regarda glisser précieusement le champignon dans une bourse en cuir qu’il rangea dans sa besace. Avait-il besoin de tous les récupérer ? Ils avaient passé toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi déjà à progresser à une lenteur exaspérante. Il semblait qu’Alaric ne souciait plus vraiment de s’ils passeraient ou non une nouvelle nuit dans ces bois maléfiques.
« Nous n’arriverons jamais à destination si tu continues à… » Ray s’interrompit, ses yeux fixés sur l’homme qui venait de jaillir des bois devant eux.
L’homme devait être un bucheron, il portait une lourde hache entre ses mains et son dos était chargé de nombreuses bûches. Avec ses jambes larges comme des troncs, sa peau sèche et striée comme de l’écorce, son dos vouté et sa son épaisse tignasse on aurait dit un de ces nombreux saules pleureurs près des étangs d’eau croupie. En fait, Ray aurait été en droit de l’accuser d’assassiner ses semblables.
Entendant Alaric le héler de loin, le bucheron se retourna et les dévisagea avec deux grands yeux ahuris.
-Hey l’ami ! Je ne pensais pas que des gens habitaient dans ce coin ! s’exclama Alaric.
-Oui… nous habitons ici. répondit son interlocuteur avec lenteur.
-Peut-être pourrions-nous manger ensemble, toi et tes compagnons. J’ai de quoi faire de la soupe de champignon ! annonça fièrement Alaric, agitant une de ses épaisses bourses en cuir sous les yeux du bucheron.
-Oui… on pourrait manger ensemble. Suivez-moi.
-Excellente idée ! l’encouragea Alaric.
« Et il a le cerveau d’un Flutiste d’Ecorce. » croassa Ray.
Son compagnon laissa échapper un rire nerveux avant de retrouver son expression joviale et presque bon enfant.
Leur guide semblait de bonne humeur lui aussi. Il sautillait plus qu’il ne marchait, chantonnant le refrain des sept chasseurs et de la biche.
Ils atteignirent la maison du bucheron une heure plus tard. Le soleil était presque couché maintenant. C’était une vieille bâtisse en pierre grise bardée de fenêtres sales et condamnées au vu des planches cloués qui en barrait l’ouverture. Une grande cheminée lâchait des bouffées de suie noire à intervalles réguliers. Un jardin peu entretenu ceinturait la demeure, territoire incontesté des herbes sauvages et des ronces. Une importante pile de bois était entassée à côté d’un petit établi dans lequel le bucheron déposa ses affaires et les bûches récemment coupées. Puis il les invita à entrer.
L’intérieur était assez rustique et délavé. Aussitôt qu’ils entrèrent, ils furent accueillis par une dame un peu forte aux bras potelés que leur guide appela d’un ton bourru « maman ». Il avait également trois sœurs nommées Mila, Tara et Nilodine. Mila était l’ainée, âgée d’environ vingt-cinq genèses, de grande taille, elle avait les mêmes cheveux noirs et rebelles que sa mère. Son mari, Gordo, semblait taillé dans un roc, la peau tannée par le soleil et la grappe de cheveux sur sa tête presque inexistante. Il avait de petits yeux noirs porté par d’épais cernes d’un bleu sombre. Tara ressemblait beaucoup à sa sœur même si elle était de plus petite taille. Elle devait avoir quatre genèses de moins que sa sœur à première vue. La benjamine devait juste fêter ses douze genèses mais contrairement à des jeunes de son âge elle se montrait très calme. Enfin le bucheron s’appelait Burdo.
-Cet homme désirerait manger et se reposer ici ce soir. Ça ne pose pas de problème maman ? demanda Burdo.
La dame grassouillette ria d’une voix perchée avant de répondre.
-Bien sûr que non ! J’ai déjà préparé le diner, mais une personne de plus ne devrait pas poser de problèmes !
« Nous sommes deux ! » croassa Ray, furieux d’être ignoré de la sorte.
-J’ai apporté des champignons. Je peux en faire une soupe. Bien sûr nous vous dédommagerons pour la nuit. ajouta Alaric, agitant joyeusement son sac.
-Mais quelle bonne idée ! Ça ira parfaitement avec l’agneau ! roucoula la matrone.
Alaric disparut avec la mère dans la cuisine, tandis que les quatre enfants et Gordo s’installèrent tranquillement à table sans prêter la moindre attention à Ray.
-Papa va être en retard. déclara Tara.
-Il est toujours en retard pour le diner. répondit Mila.
Puis le silence tomba, lourd et dérangeant. Mal à l’aise, Ray s’envola pour se poser sur une des poutres en hauteur. Puis il entreprit de s’ébouriffer les ailes avec son bec.
Finalement Alaric et la matrone les rejoignirent chacun portant une casserole fumante entre les mains.
-Ah les gens comme vous ne sont pas courants. Bien sûr si j’avais su à l’avance j’aurai préparé autre chose… dit la mère.
-Oh il n’y a pas de mal ! Je me contenterai de la soupe aux champignons ne vous inquiétez pas. répondit Alaric, un sourire contrit aux lèvres.
-Monsieur est végétarien ! annonça la matrone à la cantonade.
L’assemblée émit un « oh » de surprise.
Une fois que tout le monde fut servi sauf Ray, les convives mangèrent en silence, seul les sons des couverts contre l’assiette et les bruits de mastication retentissaient.
Ray trouva l’odeur du gigot… étrange. Ce n’était pas de l’agneau en tout cas. Il voulut en prélever un morceau dans la casserole mais Alaric lui saisit la nuque entre le pouce et l’index et le tira fermement en arrière.
-Voyons Ray ça ne se fait pas ce genre de chose ! Et puis tu vas grossir si tu continues à t’empiffrer comme ça ! s’exclama Alaric, le visage outré. Je l’ai déjà nourri il y a peu. ajouta-t-il sur le ton de la confidence.
Ses compères de table rirent un instant.
-C’est vrai qu’un corbeau ça bouffe n’importe quoi. admit Gordo. Puis ça sait pas se priver comme les gens.
« Je suis un Mangal espèce de singe à la cervelle atrophiée ! » croassa Ray.
-Tiens, c’est pour toi.
Alaric posa un bol de soupe devant son nez. Ray claqua du bec, agacé. Comme s’il allait ingurgiter ça !
Qu’importe estima l’oiseau, reprenant son calme. La réaction de son compagnon lui avait appris ce qu’il voulait savoir. Ce n’était pas du gigot d’agneau qu’il y avait dans la casserole mais du gigot… d’humain. Cela expliquait également l’excuse du végétarien. En général Alaric faisait preuve d’un peu plus d’originalité pour ses rôles.
-Excellente cette soupe de champignon. commenta Mila.
-N’est-ce pas ? En vérité je m’appelle Myscellis Fongusar ! s’exclama Alaric, levant les bras au ciel.
Devant le manque de réaction de son auditoire, Alaric plaqua une main contre sa bouche, le visage inquiet.
-Ne me dîtes pas… que vous n’avez jamais entendu parler de moi ? Miscellis Fongusar voyons ! Le plus grand cueilleur de champignons de l’Ojalah et sans trop me vanter de toutes les seigneuries Ruhondes ! J’ai livré pendant plusieurs sanois la famille du Majah Nirco, le dirigeant actuel de l’Ojalah ! Un haut-prêtre de Naplot dont je tairai le nom m’a contacté en secret pour que je lui fournisse des champignons aux propriétés aphrodisiaques capables de lui rendre sa vigueur d’antan ! Et maintenant…
De nouveau il avait gagné l’attention de son auditoire, qui pendu à ses lèvres, en avait presque oublié de manger. Alaric se pencha en avant et pris un air mystérieux.
-Je suis actuellement dépêché par la dirigeante du Naravan qui comme vous le savez est très gourmande. Elle s’est récemment prise de passion pour les truffes. Et je la fourni en personne en truffes de différentes espèces. Des rumeurs parvenues à mes oreilles évoquaient une truffe noire au gout unique ne se trouvant que dans les Musades. En fait elles ne pousseraient qu’à l’ombre des Flutistes d’Ecorce.
-J’ai jamais vu d’truffes moi et pourtant je t’en coupe par dizaines des Flutistes ! grommela Burdo.
-Seul un expert en cueillette de champignons est capable de les dénicher. Et puis il faut un familier.
-Un familier ? répéta bêtement Burdo.
-Exactement ! Mon corbeau par exemple possède une meilleure vue que la mienne et est capable de les repérer plus facilement. Un cochon ou un chien peut également convenir grâce leur excellent odorat. expliqua Alaric sur un ton professionnel.
« Je ne suis pas un corbeau ! » croassa Ray en infligeant un coup de bec sur la main de son compagnon.
-Eh bien… nous sommes honorés par votre présence. dit la matrone avec un grand sourire.
-Et moi donc ! J’ai la chance de tomber sur les rares habitants de ces lieux, j’ose espérer que vous partagerez votre expérience sur les Flutistes d’Ecorce par exemple. Ces arbres ont piqué ma curiosité. sourit timidement Alaric.
Devant l’acquiescement de ses interlocuteurs il se leva.
-En attendant je souhaiterai me laver si possible. Cela fait un cycle que je n’en ai pas eu l’occasion. déclara Alaric.
-Bien sûr ! C’est en haut, première porte sur la gauche ! lui répondit la mère.
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