Ces mots qui découlent de l'encre de ma plume sont, et je le maintiens, propres à moi-même et à ma conscience. J'étais un chasseur autrefois, un défenseur du peuple et de l'équilibre du royaume. Mais les temps ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois. Plus sombres, plus noirs, la lumière s'éparpille en de minuscules particules qui ne touchent que les plus chanceux. Je me souviens encore de l'époque où l'une d'elle était venue frapper à ma porte. Hélas, cela fut de courte durée, elle me fut arrachée et une partie de moi s'est alors effondrée en milles morceaux. Aujourd'hui, j'ai détourné le regard et voué mon âme aux puissances obscures du mal que je redoutais plus que tout lorsque j'étais enfant. Et je regrette cela chaque jour où la mort m'offre un spectacle de chair et de sang.
Liens du sang, liens de la confrérie, brisés, le sang de mes victimes s'empare de tout mon être et leurs cris de mes pensées, ardentes comme la flamme aveuglante des torches qui anéantissent les malheureux qui ont croisé notre regard. Mon frère, puisses-tu ne jamais te dresser sur notre route.
Je t'en conjure. »
La forêt m'entourait de toutes parts, avec ses troncs et feuillages qui envahissaient le ciel obscur. Le vent glacial tentait tant bien que mal de se frayer un chemin à l'intérieur de ma veste jusqu'à ma peau. Mais mon corps ne ressentait aucun frisson, aucune sensation. J'avançais un pas après l'autre dans la neige épaisse, mes bottes étaient si humides et gelées qu'elles auraient dû paralyser mes pieds, mais il n'en était rien. Je ne ressentais plus rien. La douleur ne semblait plus m'atteindre, mes émotions s'étaient comme éteintes, je me contentais d'avancer toujours dans la même direction sans me soucier de ce qui m'entourait. Ici, cela grouillait de bestioles puantes et dangereuses mais cela ne m'effrayait pas, si l'une d'elles se pointait, je l'égorgerai dans la seconde. Le temps n'avait pas sa place, tout comme la vie, et la mort. Déconnecté de tout, isolé, je me trouvais dans une dimension toute autre, où la solitude est ma seule compagne.
Je suis quelqu'un de tout à fait ordinaire, un homme qui a un passé, des souvenirs, qui a vécu des choses douloureuses mais aussi des moments de bonheur. J'ai connu de nombreuses personnes, certaines m'ont aidé, d'autres m'ont trahi, blessé. Et il y a ma famille. Celle que j'aurai voulu rencontrer, celle que j'aurai voulu connaître, celle que j'aurai voulu créer. Mais l'on ne choisit pas sa nature, l'on est ce que l'on est. Changer, c'est se mentir à soi-même, changer c'est tuer une partie de soi.
Je suis un chasseur. Et quoi qu'en disent les gens, je continuerai à défendre mes idées, mes pensées, car elles m'appartiennent, à moi seul. C'est mon essence, ce qui me permet de vivre dans votre monde. Mon histoire est la vôtre, car la liberté est la conquête de tout homme.
Laissez-moi vous raconter...
Ne cherchez pas à savoir mon nom. Je n'en ai pas. Je suis juste Le Chasseur.
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