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- Ecoutez, je peux vous jurer que je ne sais pas ce qui se passe ici. Tout ça, là... Le cadavre volant... Je n'y suis pour rien. Ni dans le fait qu'il vole, ni dans le fait que ce soit un cadavre, d'ailleurs. J'étais entré pour chercher quelqu'un et puis...

S'il était immobile et silencieux quand Olivia avait trouvé cet individu, il s'avèrait maintenant que c'était loin d'être dans sa nature profonde de se taire et de ne pas bouger. Il avait bien levé les mains mais elles s'agitaient en tout sens pour illustrer ses paroles, et il avait commencé à s'expliquer avant même qu'elle pose une question, sans toutefois l'éclairer sur les points essentiels.

-Si vous commenciez par me dire qui vous êtes et ce que vous faites ici exactement, l'interrompit-elle sans cesser de le tenir en joue.

-Je ne sais pas qui vous êtes non plus, répliqua-t-il avec malice.

Pour toute réponse, Olivia raffermit ostensiblement sa prise sur son arme, et lui adressa un regard dur.

-Ok, ok. Je m'appelle Duke. Duke Crocker. Et comme je viens de vous dire, je cherchais quelqu'un. Pas ce type-là, ajouta-t-il avec un geste vague vers l'homme à côté de lui.

Et il se tut, attendant manifestement qu'elle se présente à son tour. Ce qu'elle fit tout en sortant sa plaque.

-Olivia Dunham. FBI. Qu'est-ce qui me dit que vous n'avez pas tué cet homme, Mr Crocker?

Il haussa les épaules et prit un air de profonde réflexion.

-Hé bien, on dirait qu'il s'est juste, comment dire, statufié dans les airs? Et ça, après qu'on l'ait tué. Vous ne croyez pas que je serais gelé sur place, moi aussi, si j'avais été là quand il est mort?

-Sauf si vous avez causé cela vous-même. -Elle le détaillait à présent du regard, cherchant à voir s'il dissimulait un quelconque appareil dans une des poches du long gilet gris informe qu'il portait - Peut-être que vous êtes immunisé d'une façon ou d'une autre?

L'idée parut beaucoup amuser Duke, qui ne put s'empêcher de se fendre d'un large sourire.

-Mais oui bien sûr. Immunisé. J'en connais une qui trouverait ça très drôle. Non, je vous jure, si je pouvais faire ou défaire un truc pareil, genre "abracadabra" et..

C'est à ce moment que les objets en suspension se remirent en mouvement. Une fraction de seconde, ils semblèrent vouloir continuer sur la lancée qui était la leur, convergeant vers un point situé au fond de la pièce; mais, vaincus rapidement par la pesanteur, ils s'écrasèrent tous au sol dans un fracas qui fit trembler la vieille bâtisse sur ses fondations.

Olivia eut un mouvement de surprise, mais pas autant que son suspect, qui sursauta violemment. Il en oublia qu'il devait garder les mains en l'air et se lança dans un geste ample et éloquent, prenant le ciel à témoin que les coïncidences malheureuses n'arrivaient qu'à lui.

-C'est pas possible! Sérieusement, c'est pas moi, je vous assure!

Olivia le toisait d'un air circonspect.

-On va aller en discuter ailleurs. Allez, les mains derrière le dos. Je parie que vous connaissez la chanson, ajouta-t-elle alors qu'il s'exécutait à contrecoeur.

-Je connais quelqu'un qui adore me passer les menottes mais il est beaucoup moins charmant que vous, répondit-il sentencieusement.

-Chht!, fit-elle avec un froncement de sourcils tout en s'approchant de lui.

-Ho, je ne voulais pas vous...

-Non, chhht, je crois que j'entends quelque chose.

Ils se tournèrent tous deux vers le corps qui était retombé sur le sol lui aussi. Un râle s'échappait bel et bien de la bouche de ce qu'ils avaient qualifié un peu vite de cadavre.

-Il est encore vivant!, s'exclama la jeune femme

-Non, fit Duke en agitant gravement la tête, j'avais vérifié son pouls avant que vous n'arriviez.

En une seconde, Olivia s'était placée à côté du blessé, l'arme toujours pointée vers son suspect qu'elle n'avait finalement pas encore menotté.

-Le temps devait être suspendu pour lui, vous ne pouviez pas sentir ses battements de coeur. - Stupéfait, Duke ouvrit la bouche pour poser une question mais elle ne le laissa pas commencer de phrase et continua- Venez m'aider. Et pas d'entourloupe. De toutes façons, j'avais déjà appelé des renforts avant d'entrer, ils ne vont plus tarder. Vous n'iriez pas bien loin.

Il hésita un instant, puis vint s'agenouiller à côté de l'homme lui aussi. Olivia regardait la blessure que celui-ci présentait à la poitrine.

-Il s'est fait tirer dessus. Il faut faire pression pour stopper l'hémorragie. Mettez vos mains là.

Mais au lieu de lui obéir de suite, il jeta un regard autour d'eux et se saisit d'une nappe poussiéreuse qui s'était déposée à proximité, la roula en boule et l'appliqua enfin sur la blessure, prenant grand soin apparemment de ne pas se salir les mains au passage.

A l'extérieur, des bruits de véhicule se firent entendre. Olivia se mit debout pour aller près de l'ouverture dans le mur crier aux renforts qui arrivaient qu'elle était là, mais à mi-chemin, elle s'arrêta et considéra son suspect qui, tout en continuant à appuyer comme elle l'avait demandé, regardait le blessé bizarrement.

-Vous le connaissez, dit-elle - et c'était plus une affirmation qu'une question.

-Non, répondit-il plutôt froidement sans même tourner les yeux vers elle.

Elle était pratiquement sûre qu'il mentait, mais elle règlerait cette question plus tard.