Prologue :
Cela peut vous paraître étrange, mais voila plusieurs minutes que je suis assis sans bouger à ma table de travail. Autour de moi, l'obscurité est presque totale ; la lucarne de mon cabinet ne laisse filtrer que peu de lumière. Ma veilleuse est allumée, bien que le soleil n'ait pas encore entamé son déclin. Mes grimoires en grec ancien, en latin, en hébreu ou en sumérien, annotés, sont disséminés autour de moi. Il n'y a aucun bruit, si ce n'est celui de ma respiration. Le calme règne depuis des heures. Dans ma tête, des centaines de pensées disparates se bousculent. Des images surgies de mon passé se télescopent. J'aimerais les ralentir, les immobiliser. Mais, hélas, je n'y parviens pas.
Je ferme les yeux. J'essaye de me concentrer. C'est impossible ! Les clichés fusionnent pour se transformer en un kaléidoscope de couleurs indéfinissables. Je plisse mon front ridé afin de les chasser de mon esprit. C'est difficile. Mon âme épuisée par des décennies d'études est à cours de ressources. Je déplace de quelques millimètres mes doigts au bord de la feuille de papier posée devant moi. Le mouvement est imperceptible. Il disperse d'emblée les hallucinations qui encombrent mon âme. Ma main s'empare, presque sans que j'aie à le lui ordonner, de la plume d'oie présente non loin de là. Je trempe sa pointe dans mon encrier. Mes yeux observent celui-ci un instant. Je reconnais le lutin ailé au regard d'ambre qui le décore : ses coudes s'appuient nonchalamment sur ses rebords. Ses minuscules mains soutiennent sa figure aux traits ironiques. Son corps gracieux est moucheté de salissures mauves et brunes. Lorsque je retire ma plume, une goutte noire s'en détache et va maculer la table. Elle rejoint les centaines d'autres particules la parsemant. Je vérifie que ma lampe délaye assez de clarté. Je me penche sur mon in-octavo vierge. Puis, je commence à écrire.
Le sillon se métamorphose en lettres. Les lettres deviennent mots. Les mots se transforment en phrases. Chacun de mes tracés est immédiatement suivi d'un éclat doré ; mais il se dilue abruptement. Et tandis que s'impriment mes locutions, je me dis qu'il y a longtemps que j'aurais dû entamer ce Mémoire.
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