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Il faisait beau ce jour-là, le ciel était seulement parsemé de quelques nuages plantés çà et là. Entre deux, l’astre solaire brille de mille feux. Nous sommes le 25 mai 1902 et je contemple la rue bourdonnante et foisonnante de vie, depuis la terrasse de mon appartement, rue de Rivoli. Au loin j’aperçois l’éclat d’or de l’obélisque, tandis qu’en contrebas raisonne le choc des sabots sur les pavés et les pétarades des moteurs à explosion. Le langage coloré des passants vient fleurir ce tableau déjà riche. Si j’étire le cou des passants, j’aperçois la dame de fer ou les volutes de fumée qui s’échappent des usines de Vitry. Ah, un, deux, trois coups. Les cloches de Notre-Dame marquent les trois heures et mon patient Eugène Ardouin est encore en retard. Ce n’est pas en s’obstinant à toujours venir avec un quart d’heure de retard, que sa thérapie le guérira. De toute façon quelle importance. Le temps n’appartient à personne, il n’a qu’un maître, lui-même. En l’attendant, je retourne dans mon salon, où je me sers un doigt de fine dans un verre en cristal. Contrairement à mon confrère Sigmund Freud, je n’ai pas de penchant avéré pour le cigare. Le verre à la main, je m’en reviens sur la terrasse admirer le panorama, loin du tumulte incessant de la rue. Je ris doucement en pensant à ce qu’il en sera dans quelques dizaines d’années. Ce ne sera plus une ruche, mais une fourmilière, où chacun courra après la chose la plus insaisissable qui soit, le temps. Mais laissons donc ceci de côté. Qui a dit que j’aurai un jour envie d’explorer cette époque, dans ce plan ?

Personne pas même toi, qui tient la Plume. Non ce n’est pas toi qui décideras de ma prochaine destinées,. Non ! Moi et seulement moi !

Ah ! Un bruit de pas pressé dans les escaliers. Je marche distraitement dans le salon, comptant machinalement dans ma tête. A vingt, j’ouvre la porte sur un monsieur rougeaud et tout essoufflé.

– Bonjour monsieur Ardouin !

– Bonjour Docteur ! Encore une fois excusez-moi de mon retard. Je cours toujours après le temps.

– Rassurez-vous monsieur Ardouin, je prends toujours mes dispositions et un peu de temps entre chacun de mes patients.

– Merci Docteur !

– Je vous en prie. Posez donc votre serviette et asseyez-vous. Je prends place.

Tiens monsieur a délaissé aujourd’hui son costume anthracite, au profit d’une tenue plus sobre. Un pantalon de flanelle, de légères chaussures à lacets beige et une chemise à manches courtes blanches. Je le comprends, avec une telle chaleur, une veste aurait été un véritable supplice. J’ai également remarqué son mouchoir dépassant de sa poche et ses yeux rougis. Il avait très certainement pleuré. Bien sûr, une allergie aux pollens des arbres ou des fleurs serait une explication parfaitement plausible. Seulement son nez n’est pas irrité, comme après de trop fréquentes sollicitations. Ses cheveux étaient encore mal peignés, mais néanmoins propres, tout comme son visage, malgré la présence d’une barbe rebelle. Je pouvais me sentir satisfait, monsieur Ardouin était, certes, en pleine reconstruction, malgré la longueur du chemin qu’il lui restait à parcourir. La question qui demeurait en suspens tenait en ces quelques mots : Iraient-ils jusqu’au bout ? Bah, nous verrons bien le moment venu. Tout vient à point à qui sait attendre a dit un jour un fabuliste.

Mon patient, monsieur Ardouin, est un jeune veuf, qui a perdu sa femme au cours de l’incendie du Grand Marché. Je ne prononcerai pas en sur le fait qu’il ait eu de la chance ou non, car il a été grièvement brûlé. Ce sont surtout ses membres qui ont été blessés, hélas plus encore que sa chair, c’est son esprit qui a été marqué au fer rouge. Depuis, chaque nuit, monsieur Ardouin revit la mort de sa femme, variant à chaque fois le décorum, ce qui l’empêche d’accomplir le plus sereinement possible, son travail de deuil. Aussi nous nous efforçons à chaque séance de découvrir les motifs communs, pour mieux mettre en relief les différences porteuses de sens cachés.

– Bien monsieur Ardouin. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

– Froid et creux Docteur. Voyez, je ne sors que rarement de chez moi, car les contacts avec les gens, leurs regards, tout cela à l’air de me peser de plus en plus lourd. Quand je croise quelqu’un dans une rue un peu passante, je n’existerai pas que je ressentirai la même chose. J’ai l’impression de ne pas exister, d’être hors du temps, hors de cette réalité aussi. Est-ce moi ou est-ce le temps qui se ralentit. Je me sens comme prisonnier d’une nasse temporelle, qui tendrait à me rendre ce dernier si lent, si étiré. Docteur j’ai la sensation de voir, de sentir chaque grain, chaque atome de temps tombé, comme de gros flocons, dans la rue. Quand je marche dans la rue, j’ai la sensation d’entendre crisser sous mes pieds le sable du temps. Des sables mouvants Docteur, des sables qui entravent chacun de mes mouvements. Il n’y a qu’en arrivant chez vous, que je les sens leur emprise. Mais vous savez ce qui est encore plus terrible, c’est le regard des gens. Ils ne nous voient pas, je n’existe plus pour eux. Voyez dans une rue aussi animée que la rue de Rivoli, si je ne cessais de m’écarter de leur passage, je me ferais bousculer presque à chaque pas. A cause de cela, je n’ose plus sortir de chez moi, où je vis chaque seconde comme une minute, chaque minute comme une heure et… chaque heure comme une année. Rendez-vous compte en sept heures, j’ai déjà vécu sept années et en une journée… un quart de siècle. Je me noie dans un grain de sable docteur. Quand je suis chez moi, je peux presque voir la trame du temps, tant celui-ci passe lentement. Si je prends un livre muet, je vois une à une les touches de couleur. Si je vais au cinématographe, les plans se superposent les uns sur les autres. Vous comprenez, en percevant cette trame, je déstructure tout, tout se délite et perd de son sens, plus rien n’a de finalité.

– Alors je me demande : Est-ce que la vie en a une ? Pourtant je viens ici, vous voir, avec le ténu espoir de pouvoir oublier, ou tout du moins de tourner la page. Même la nourriture a perdu de sa saveur. Oui… même la nourriture. Tout se décompose et un aliment n’est plus que la somme de ses saveurs. Un arôme par-ci, un parfum par-là, un pointe de sucré ou d’acidité, juste les goûts décomposés. Oui, des goûts qui s’enchaînent sans se mélanger, qui rendent les plats les plus succulents fades et sans âme. Un bœuf bourguignon dans mon assiette, je n’y verrai que les morceaux de viande se détacher de leur sauce et à côté flottent, entre de mornes eaux, des légumes bouillis. A quoi bon manger sophistiqué. Tout finit au même endroit, dans l’estomac, pour y être réduit en une infâme bouillie nutritive, qui sera ensuite absorbé par la paroi intestinale. Le reste, les bactéries de mon gros intestin s’en occuperont bien assez. Et tout çà pourquoi ? Je vais vous le dire. Tout çà pour devenir un magnifique étron, marron, grumeleux, parsemé de tâches noirâtres, soutenu par un fumet incomparable. Un vrai délice d’artiste.

– Poussière tu es, tu retourneras poussière, a dit un jour un prophète. Oh oui, il a raison ! Ô combien raison ! C’est ce qu’est devenu ma femme… poussière d’os. Et moi… moi je suis là, las, à attendre que la mort me rattrape, qu’à mon tour je redevienne poussière.

Monsieur Ardouin s’est interrompu un instant. Inutile de parler, je sais ce qu’il va faire. Il est prisonnier de sa temporalité. Que va-t-il dire aujourd’hui ? Il se lève, puis se tourne lentement :

– Docteur ! Verriez-vous un inconvénient à ce que je puisse aller sur la terrasse ?

– Aucun. Allez-y, je vous accompagne simplement. Ce temps vous appartient, faites en ce que vous voulez.

– Merci Docteur.

Monsieur Ardouin s’est alors empressé de se mettre en appui sur les mains posées sur la balustrade, les yeux de vague. J’ai porté mon regard dans la même direction. Dans le jardin des tuileries la cime des arbres se balançaient sous la caresse de la brise. De temps en temps, une bourrasque un peu violente soulevait quelques bouffées de pollen colorées et évanescentes. Minuscules taches jaunes et orangées dans l’azur du jour. Mais là n’était point ce que contemplait monsieur Ardouin et, bien qu’incapable de lire explicitement ses pensées, il est facile de deviner l’objet de ses attentions.

Sous un saule pleureur, dont la ramure mordorée se balance en bruissant, un couple se jure fidélité. Sans doute est-ce là même qu’il aura demandé la main de sa femme. À peine ai-je formulé cette idée, que monsieur Ardouin confirme mon soupçon.

– Docteur ! Pourquoi m’infliger cette peine ? C’est sous ce même saule, dans ce jardin, sur ce même banc, que ma femme a accepté ma demande en mariage. C’était il y a très exactement trois ans ; aujourd’hui même nous célébrerions nos trois de mariage. Mais à quoi bon remuer le passé, ces souvenirs ont à jamais péri, et chacun de ces instants sont autant de souffrances, qui me rappelle à elle, tout en ravivant chaque fois un peu plus la douleur.

– Mais monsieur Ardouin, les souvenirs nous sont précieux. Ils nous aident à ne point oublier ce que nous avons été, ce que nous sommes et ce que nous serons. Ils façonnent également nos rêves et nos désirs.

– Ah Docteur ! Parlons donc de mes rêves. Mais je devrai plutôt parler de cauchemars, des cauchemars qui vont et viennent lancinants et récurrents

– Pourquoi ne pas m’en avoir parlé lors de nos précédentes séances.

– Je… je l’ignore. J’ai l’impression qu’ils viennent de me revenir tous d’un coup. Je… j’ai peur, le chaos hante ma tête.

– Parlez-moi donc de ces rêves, non plutôt de leurs motifs communs, les plus présents, les plus prégnants.

En face de nous, une femme a traversé le parc, seule et élégante. Elle portait son ombrelle de dentelle, replié sous l’épaule gauche. Sur sa tête un étrange chapeau bleu et blanc, dont les motifs étaient mouvants. Son corps, curieusement, n’était pas prisonnier de ces disgracieux corsets comme la mode le leur imposait. En somme une femme libre, voilà qui n’est guère commun pour l’époque.

– C’est étrange Docteur. Cette femme, dans le parc, avec son chapeau bleu et blanc, elle me rappelle Angèle, le jour de notre mariage. Hélas, ce ne peut être qu’un mirage, une illusion née de mon esprit. Angèle est morte.

Je n’ai rien dit, j’avais moi aussi aperçu cette étrange silhouette.

– Docteur ! Dans ces rêves, je suis avec Angèle. Nous sommes toujours en mouvement l’un vers l’autre. Nous sommes si loin de l’autre et pourtant nous nous rapprochons inexorablement. Nos silhouettes grandissent, enflent, deviennent immense. Hélas au moment de nous saisir, nos mains glissent et s’effleurent à peine. Rien ne peut arrêter nos courses respectives et nous nous éloignons à jamais. Je veux capturer encore une fois son regard, mais une force nous en empêche et nous devenons comme deux inconnus. Je désire tant la revoir. Et plus ce désir grandit, plus la force qui nous sépare est puissante. Faut-il y voir la puissance de la raison triomphante, qui me rappelle, un peu plus chaque fois, que je ne pourrai plus jamais revoir mon Angèle, caresser sa peau de velours, goûter ses lèvres, ou partager ensemble nos passions charnelles, ou encore ses pensées flamboyantes. Tout cela m’est désormais interdit à jamais.

Monsieur Ardouin s’est arrêté et s’est levé brutalement de son siège, pour de nouveau prendre appui sur la balustrade.

– Monsieur Ardouin, j’ai l’impression qu’il y a un rêve différent, dont vous n’osez me parler. Quel est-il ?

Ce dernier s’est retourné le visage défiguré par la colère et la tristesse. Il a posé ses mains sur le dossier du fauteuil, crispé et palpitantes, les veines saillantes, comme sur le point de rompre, pareilles à un fruit trop mûr. Mais la colère l’a fui aussi vite qu’elle est venue, manquant de s’effondrer sur le fauteuil.

– Nous sommes dans une petite ville à quelques encablures de la capitale, à Yerres. Nous nous promenons dans la ville, qui résonne des babillements de tous ces jeunes enfants. Quelques voitures à cheval passent, tirés par des chevaux blancs, puis des chevaux noirs. Soudain une pétarade retentit et un étrange attelage à explosion débouche, en cahotant et en crachotant, sur le pont qui enjambe l’Yerres, avant de disparaître dans un immense nuage de fumée grise et puante. Dans le ciel céruléen, le soleil s’éloigne de son zénith et distille, malgré tout, une chaleur implacable. Je propose alors que nous allions dans le parc, où nous pourrons nous rafraîchir à l’ombre des hauts arbres. Mais il fait si froid et le vent est si mordant que nous sommes repoussés vers les rives ensoleillées de l’Yerres. Nous traversons les pelouses baignées des rayons acérés de l’astre solaire, mais sous nos pieds, l’herbe lacère nos chaussures et les transpercent. Enfin nous apercevons la bordure de nos saules pleureurs, dont les branches baignent paresseusement dans les eaux limpides, recouvertes de nymphéas. Nous nous approchons, cependant les roseaux nous empêchent d’accéder aux berges. Sur un nénuphar, une grenouille, plus grosse que les autres, sans doute un crapaud, nous fixent de yeux verts et glauques. Elle plonge brusquement, perçant de son corps massif l’onde qui se referme sur elle. Derrière nous, le vent se fait alors plus vindicatif encore et nous pousse, accompagné d’un froid qui ne doit en rien aux nuages, qui masquent désormais le soleil. Nous courrons le long de la rive, jusqu’à un ponton. Là, deux canots sont attachés à une bitte d’amarrage. Hélas ce sont des canots, où ne peuvent prendre place qu’une seule personne à la fois. Alors à contre-cœur, nous prenons chacun une embarcation et, à l’aide des rames, nous nous éloignons de la rive, fuyant cette ombre glaciale, qui maintenant dévore le paysage. Mais soudain, les eaux bouillonnent et nos rames sont arrachées violemment. Nous dérivons alors portés par le courant, moi dans vers la Seine, elle à contre-courant vers cette Ombre, majestueuse, qui se tient derrière elle. Je veux crier, je veux me jeter à l’eau pour la ramener. Rien ! Mon corps est paralysé et je la vois, impuissant, disparaître dans les ombres, perdue à jamais dans les Ténèbres. Nous avions encore tant de temps à vivre ensemble, tant de choses à partager. Dans ce rêve, je veux la ramener de toutes mes forces, mais les Ténèbres m’en empêchent. J’aurai préféré que nous mourrions ensemble ce jour-là, plutôt que d’avoir à porter le poids de son absence. Malgré tout je m’accroche désespérément à la vie.

– Que puis-je faire Docteur ?

J’ai planté mon regard dans ses yeux gris, où gisait, presque inanimée, une étincelle de vie. J’ai reporté mon regard sur cette ville si vivante, pleine de cet élan de vitalité, qui se veut ainsi, pour oublier qu’un jour elle peut mourir. Sans détacher mon regard de la ville lumière, je lui ai répondu :

– Monsieur Ardouin, c’est la première fois, depuis que nous avons commencé nos entretiens, que vous me parler de cette pulsion de vie qui vous habite. J’ai entendu également votre souhait ardent de pouvoir vivre le temps qu’il vous reste, aux côtés de votre femme, Angèle. Vous vous êtes mariés à l’église n’est-ce pas ?

– Euh,… oui, oui, a-t-il bredouillé. Mais pourquoi cette question,

– Que vous a dit le prêtre devant l’autel, au moment où vous avez prononcé vos vœux de fidélité.

– Euh… je… fidélité, jusqu’à ce que la mort vous sépare. Mais…

– Chut, ne dites rien. Ne préféreriez-vous pas jusqu’à ce que la vie vous sépare. Ainsi vous pourriez vivre tous deux ensemble… et mourir ensemble.

– Mais… mais… ce que vous dites est impossible. Angèle est morte, j’ai moi-même déposé une rose dans son cercueil.

– Que se passerait-il s’il était possible de lui rendre vie ?

– Mais… mais seul Dieu… bah, à quoi bon je suis athée…

– Peu m’importe. De toute façon de quel miracle peut donc bien se prévaloir Dieu, alors que je peux vous octroyer ce que vous désirez le plus chèrement.

Dans le coin de la terrasse, monsieur Ardouin est devenu blême.

– Vous… vous… vous êtes le Diable.

– Oh ! Tout de suite les grands mots. Non je ne suis pas le Diable et j’en connais plus d’un qui ne serait pas ravie de me voir usurper un titre aussi chèrement acquis. Et donc si je ne suis pas le Diable, je suis un démon.

– Allons, allons ne blanchissez pas ainsi, vous allez finir par vous confondre avec votre linceul. Connaissez-vous le véritable sens du mot démon, son étymologie ? Il vient du grec δαίμων, daîmon, qui signifie divinité, génie ou idole. Ce sont les religions monothéistes, qui l’ont teinté de toutes ces choses que vous appelez, le Mal, pour mieux nous déposséder.

Visiblement calmé et plus serein, monsieur Ardouin s’est rassis et m’a demandé d’une voix chevrotante :

– Vous… vous allez me prendre mon âme en échange ?

Je suis parti d’un immense éclat de rire :

– Bien sûr que non. Je laisse ces choses là à mes cousins Lucifer ou Belzébuth, c’est leur fond de commerce après tout. Moi je vis avec mon temps et je ne vous demanderai qu’une seule chose : le temps qu’il vous restera à vivre l’un sans l’autre, une fois que j’aurai ressuscité votre femme. Ainsi lorsque l’un de vous deux mourra, l’autre fera de même et vous partirez ensemble, heureux et sans souffrance l’un pour l’autre.

– Vraiment ?

– Bien sûr ! Tenez ! Voici le contrat, me suis-je exclamé en lui mettant sous le nez, un parchemin en peau de chagrin. Prenez votre temps, nous sommes toujours en séance et, je vous l’ai déjà dit, ce temps est le vôtre.

– Puis-je signer ? J’ai été juriste et c’est vrai, vous êtes sincère.

Je lui ai alors tendu avec un grand sourire ma plume d’orichalque et monsieur Ardouin a signé. Une fois le contrat rangé, j’ai ajouté :

– Monsieur Ardouin, que diriez-vous si je vous emmenais au cimetière de Meudon ? Je gage que vous aurez envie d’accueillir votre femme lorsqu’elle sortira de son tombeau.

Il n’a pu répondre, mais ses yeux l’on fait pour lui. L’instant d’après nous étions devant la tombe d’Angèle Ardouin.

– Mais, mais… Où est-elle ? S’est-il mis à hurler.

– Devant vous très cher, à quoi pensiez-vous ?

– Vous m’avez trompé ! Elle n’est pas en vie ! Elle est toujours dans sa tombe !

– Oh ! Vous me blessez monsieur Ardouin. Je ne vous ai jamais menti, ni en ma qualité de thérapeute, ni en ma qualité de démon. Voulez-vous relire le contrat.

– Tenez ! Prenez-le ! Lui ai-je susurré en lui tendant le précieux parchemin.

Je l’ai vu tendre la main, avant de la rétracter et d’enfouir sa tête entre ses mains. Il venait d’apercevoir le second nom inscrit sur la pierre tombale : Eugène Ardouin.

– Comprenez-vous monsieur Ardouin ?

Il a relevé la tête et m’a supplié du regard, tandis que je disparaissais du cimetière pour m’en retourner à mon cabinet parisien : Dr Daemonos, Psychiatre.


Texte publié par Diogene, 9 mars 2015 à 20h31
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