Bênêt Genessit, Les Amputés.
Tout. Tout était prétexte à une compétition. Le moindre sport, la moindre production artistique, le moindre geste. Il fallait que tout soit objet de concours, peu importait les conséquences éthiques.
Ce fut ce qui traversa l’esprit de Tia lorsque la voiture familiale passa sous l’arche de l’Ecole Supérieure des Athlètes de Siltru – abrégée en ESA-S par les élèves. A travers la vitre, l’arcade en fer forgé – seul élément ancien de l’école – paraissait effleurer les nuages chargés d’eau, comme si le temps avait décidé de s’accorder à cette séparation pour lui donner une dimension encore plus triste.
La jeune fille détourna le regard et observa son petit frère, assis de l’autre côté de la banquette. Ses yeux bleus brillaient alors qu’il la fixait et un sourire béat égayait sa frimousse ; Tia ne put retenir un petit rire nerveux. Depuis qu’elle était entrée à l’ESA-S, l’année dernière, son frère ne pouvait se retenir de la regarder avec émerveillement, en véritable admiration. Pourtant elle n’était qu’une joueuse de badminton, sport loin de l’épreuve reine…
Leur père s’arrêta et coupa le moteur de leur voiture familiale réservée aux longs voyages. Les passagers en descendirent et, tandis que son père déchargeait les valises de Tia et que sa mère riait aux blagues enfantines de son petit frère, la jeune fille regardait bêtement ses chaussures, de simples baskets beiges. C’était la seule chose qu’elle parvenait à faire à cet instant, sans que le malaise dont elle était victime ne se répande davantage. A sa première rentrée, elle était surexcitée à l’idée d’intégrer cette école qui préparait les futurs grands sportifs. Au cours des dix mois suivants, elle avait eu l’occasion de pratiquer sans modération le sport, et cela lui plaisait énormément. Mais aujourd’hui quelque chose la gênait. Quelque chose qui ressemblait à un sentiment de manque, d’absence – absence de cœur. Quelque chose qui s’ancrait doucement et insidieusement dans son être, à mesure que le moment de passer la porte de l’ESA approchait.
Ses parents et son petit frère lui dirent au revoir sans percevoir son malaise. Mais la jeune fille ne leur en fit part, car elle voyait dans leurs yeux de la fierté. Fierté d’avoir une fille ou une sœur avec 388 points Druit. Fierté d’avoir une future sportive dans leur famille. Oh, cette fierté éphémère, qui se fanerait dès que ses belles années se seraient écoulées, mais qui donnait à Tia le sentiment d’exister, enfin !, même un fugace instant…
Pendant la séparation sans larme – ainsi Tia voulait éviter que la fierté de sa famille disparaisse de leur yeux, ainsi Tia luttait contre elle-même –, il commença à pleuvoir dru, et la famille fut contrainte d’abréger leur séparation, Toutefois, malgré la bruine, la jeune fille préféra rester devant l’entrée jusqu’à ce que la voiture cesse d’être dans son champ de vision.
La gorge sèche, Tia se retourna et fit face aux bâtiments de l’ESA, imposants de par le grossier bloc qu’ils formaient, et, elle devait se l’avouer, qui par leur vue accentuait son malaise. Construits avec des pierres grises polies, ils étaient au nombre total de cinq, dont trois se révélaient reliés entre eux par des corridors ouverts. La première construction que Tia devait traverser était la salle de réception pour les nouveaux élèves ou les invités de marque, et l’appartement du concierge – situé à l’étage. Puis elle arriva au centre de l’école, qui se composait en une sorte de petit parc, avec des graviers et quelques bancs. Le bâtiment principal était l’internat, à l’ouest, relié au nord avec les bureaux de l’administration, qui s’étendait en diagonale vers le septentrion. A l’est, on voyait la cantine et, un peu plus haut, le bâtiment des cours.
Après avoir attendu quelques minutes, la jeune fille s’avança vers l’internat. Et s’arrêta devant la porte, incapable de faire un mouvement de plus. Elle esquissa un geste de vers l’entrée. Impossible. Aucun de ses membres ne lui obéissait. Ce quelque chose qui s’infiltrait, depuis qu’elle était arrivée, dans chaque parcelle de son être la paralysait toujours davantage, comme s’il voulait définitivement l’empêcher de franchir les portes de l’ESA-S pour une deuxième année. Mais Tia n’en connaissait pas la raison, elle ne pouvait que rester la victime de cette force obscure.
Elle tenta de réguler sa respiration, de retrouver le contrôle de son corps, de redevenir la maîtresse de ses actions. Elle parvint à fermer les yeux. Inspirer, expirer. Inspirer, expirer. Les battements de son cœur revinrent à un rythme normal et, doucement, Tia sentait redevenir la vie, sa vie, dans ses membres. Elle secoua de la tête, afin de chasser les derniers souvenirs de cette perte d’emprise. Puis elle sourit – sourire pour vivre, même en jouant la comédie.
Enfin, elle poussa les battants de la salle commune.
C’était une pièce spacieuse, où filles et garçons pouvaient se retrouver à tout moment de la journée. De longues tables en chêne étaient disposées pour les élèves, avec des bancs assortis, au le milieu de la pièce. L’on avait aussi pensé à installer des banquettes couleur azur dans les recoins. Les bureaux d’accueil des dortoirs occupaient les côtés de la pièce ; les murs, aussi grands que les trois étages de chambrées réunis, étaient peints dans un jaune clair reposant pour les yeux, et des photos de paysages siltriens les recouvraient. Toutefois, l’administration avait également voulu rappeler la raison de leur présence aux élèves en mettant en place des tableaux numériques. Ceux-ci, digitaux et mis à jour au temps réel, établissaient les classements des élèves par rapport aux points qu’ils recevaient pendant l’année. Il y avait bien sûr un classement global, mais aussi par épreuve et par sexe. Sans aucune surprise, les joueurs du multi-parcours se situaient dans le haut de la classification.
La jeune fille avait passé de longues heures dans cette pièce, l’année dernière. Elle s’asseyait toujours sur le canapé d’angle, à sa gauche, tout près de la porte qui menait au dortoir des filles. Principalement parce qu’il y avait un chauffage, mais aussi parce que Tia avait une vue d’ensemble sur les autres élèves. On venait souvent lui adresser la parole – sûrement parce qu’elle parlait avec Andrew –, et la jeune fille aimait bien en apprendre plus sur ces connaissances peut-être éphémères en les observant. Observer… oui, elle aimait bien ça, voire plus que le sport. Faire un effort d’analyse, mais aussi se reposer en regardant l’agitation.
« Tia ! »
La dénommée tourna la tête vers l’origine de l’appel et vit Carine, la responsable du dortoir des filles, appuyée contre l’accueil. Sa chevelure rousse était abondante et bouclée ; elle s’harmonisait parfaitement avec ses yeux verts et son teint pâle. La jeune femme possédait par ailleurs des formes avantageuses, plantureuses, ainsi que de longues jambes. Ce jour-là, elle portait une jolie robe à fleur cintrée en-dessous de la poitrine.
« Bonsoir ! répondit la jeune fille avec son grand sourire enjoué, heureuse de revoir la jeune femme.
— Tu n’es pas trop fatiguée par ton voyage ?
— Non, ça peut aller… On a fait escale à Utro hier, on a pu se reposer un peu. Mais je dois dire que m’allonger sur un bon lit ne serait pas refus ! Je garde la même chambre que l’année dernière ? »
Carine se pencha sur la liste de la distribution des chambres.
« Oui. Chambre 217.
— Et… euh… il y a quelqu’un avec moi ? interrogea Tia, remplie d’espoir.
— Non. Mais n’oublie pas que les élèves ont encore deux semaines pour décider d’intégrer l’ESA ou non, et donc d’arriver. » rajouta Carine en voyant la mine déçue de la jeune fille.
Néanmoins cette précision ne parvint pas à redonner un espoir à Tia. Elle n’aimait pas être seule, de peur d’être définitivement abandonnée. C’était peut-être cette appréhension de ne pas avoir de camarade de chambrée qui l’avait paralysé ? Oui, sûrement – du moins essayait-elle de se persuader, pour éviter que ce malaise ne ressurgisse de nouveau.
Tia laissa Carine pour aller s’installer dans sa chambre. Dans le couloir, elle retrouva cette odeur de parquet ciré, qu’elle affectionnait tant sans vraiment savoir pourquoi. Malgré l’heure tardive, elle commença à ranger ses affaires. Elle accrocha d’abord, au-dessus de sa table de chevet, la photo de famille, puis elle chercha un endroit où poser sa boule de neige – sorte de porte-bonheur acheté par son frère lors des précédentes vacances –, toutefois son téléphone sonna ; l’image d’une fille à la peau mate, voire noire, apparut sur l’écran avec le nom « Ombeline ».
Les deux filles se connaissaient depuis la maternelle. Elles habitaient alors la capitale et fréquentaient la même école, et le professeur les avait placées côte à côte, en raison de leurs scores Druit supérieurs à 300. Néanmoins, les parents de Tia avaient décidé de déménager peu de temps après la rentrée dans le sud-est de Siltru, mais même après cet événement elles étaient tout de même restées en contact, attendant impatiemment de se retrouver quotidiennement une fois à l’ESA.
Tia répondit tout de suite à son appel, et l’informa qu’elle était occupée à défaire ses valises. Ombeline fut ravie d’apprendre que son amie était arrivée à l’ESA-S et en profita pour la prévenir qu’elle ne comptait arriver que le surlendemain, le jour de la cérémonie de la rentrée. Puis raccrocha.
La jeune fille comprit qu’elle allait donc être seule pour les deux prochains jours. Après avoir jugé un court instant le lit vide – qu’il était triste !... –, elle décida de remettre son rangement à plus tard et se glissa dans les draps frais, nouvellement lavés et repassés.
Les deux jours qui suivirent passèrent néanmoins rapidement. En effet, après que Tia eut terminé de ranger ses affaires, elle se rendit au complexe sportif, qui s’étendait sur plusieurs dizaines d’hectares. Dans les vestiaires, qui se remplissaient peu à peu au fil des arrivées, la jeune fille s’installait dans un coin, près de la sortie, comme elle le faisait dans la salle commune. On ne la remarquait que très rarement, et cette presque invisibilité lui permettait de rester encore un peu dans son monde et ses pensées.
Le jour de la fête, même si les deux amies étaient impatientes de se retrouver, Tia et Ombeline décidèrent d’attendre la cérémonie pour se voir, magnifiant cette soirée. Pressée, Tia se prépara pour la célébration dès le matin, en posant du vernis rouge sur les ongles. Ce dernier s’accordait avec la robe rubis décolletée que la jeune fille enfila l’après-midi, avant de se maquiller. Il n’y avait que lors ces grandes manifestations que l’école acceptait les marques de différences – elle pensait que le sport devait occuper le plus possible l’esprit de ses élèves.
Prête bien avant l’heure, Tia fut donc une des premières à pénétrer dans la grande salle, située dans les bâtiments de l’administration et qui servait exclusivement lors des grands évènements. A la différence des autres pièces, elle avait été construite avec des briques rouges et dans un style gothique. Les murs faisaient sept mètres de hauteur, toutefois les fenêtres n’occupaient que la moitié supérieure des murs. L’administration n’avait pas souhaité décorer la pièce. Seules des tables avaient été disposées le long des murs. De la nourriture trônait sur des nappes blanches, attendant que les pensionnaires s’y attaquent.
Tia attendit Ombeline à côté de ces amuse-gueules – par la même occasion, elle en profita pour se servir dans les plats. Puis la fille concourant pour la gymnastique rythmique magique arriva. En plus d’être talentueuse dans son épreuve sportive, la jeune fille était aussi jolie… Sa peau noire faisait ressortir le jaune poussin de la robe de soirée qu’Ombeline portait, qui, en accord avec son habituelle et élégante prestance, lui donnait un air encore plus décidé qu’en temps normal – et qu’elle était décidée, d’ordinaire !... De même, de l’ombre à paupières jaune mettait en valeur ses yeux d’un bleu marine profond.
Elle sourit à Tia, ses dents blanches ressortant parfaitement. La brune lui rendit son sourire, néanmoins quelque peu nerveuse. Parfois, elle devait se l’avouer, elle ne se sentait pas à l’aise lorsqu’elle était compagnie d’Ombeline ou avec Andrew. Car ses deux amis possédaient de fabuleux scores Druit, tandis qu’elle… qu’elle… Tia secoua la tête pour chasser ces idées noires en ce soir de fête.
Les deux filles restèrent un peu à l’écart de la réception, préférant se raconter leurs vacances que danser. De loin, Tia aperçut Andrew, un peu en retrait de son petit groupe habituel, composé de d’autres concurrents pour l’épreuve reine.
Soudain, le son de la musique baissa, pour finalement s’arrêter complètement, et le silence se répandit dans la salle : c’était le directeur de l’ESA-S Renaud Dovol qui montait sur l’estrade. Aucune chevelure ne surmontait sa tête triangulaire et, à supposé par son teint bronzé qui faisait ressortir la pâleur de ses lèvres charnues, tout comme son nez bourbonien et ses yeux pers, il avait dû passé ses vacances à Valmos. Il avait des épaules larges et carrées, suivies d’un tronc massif, ainsi que des jambes qui reflétaient son passé d’ancien lanceur de disque. Il était entouré de son adjoint, un jeune homme d’une vingtaine d’années, et du chercheur.
Le directeur prononça son discours de bienvenu habituel, avec une voix remplie de chaleur, principalement destiné aux nouveaux, rappelant à quel point le sport rapprochait les nations, devenant presque langue universelle, plaisait aux gens de par sa simplicité à comprendre les règles, provoquait un fort vent patriotique… A l’écoute de l’allocution, Tia ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, gênée par tant de propagande que personne ne remarquait. Néanmoins, quand elle reporta son attention sur le directeur, le visage renfrogné d’Andrew interpella la jeune fille. Elle essaya de chercher la raison de cette hostilité, tandis que le directeur annonça l’ouverture des candidatures pour le poste de représentant à la réunion de l’administration. Pouvaient se présenter les élèves de troisième et quatrième, et encore, seulement les plus populaires, car les autres, même s’ils possédaient un excellent programme ne pouvaient gagner, puisque c’était plus qu’une question de popularité qu’autre chose.
Ce fut pour cette raison que Tia tomba des nues lorsqu’elle entendit Andrew se proposer. Car oui, il pouvait bien courir le multi-parcours, l’épreuve reine, mais… Non. Se présenter de cette manière ne lui correspondait pas. Non. Et il n’était pas aussi largement apprécié qu’Amaro – qui donna aussi sa candidature. Il… il… Il restait Andrew, celui que l’on connaissait seulement par un prénom, même pas par un score Druit – il demeurait muet face aux nombreuses questions qu’on lui posait continuellement. Perplexe face à cela, la jeune fille demeura muette aux interrogations d’Ombeline, qui la pressait justement de questions sur cette candidature.
Une fois que toutes les candidatures furent prises en compte, le directeur, suivi de son adjoint, descendirent de l’estrade et se dirigèrent vers la petite salle réservée au personnel administratif, accolée à la grande salle. Quant au chercheur, Tia le vit se mêler à la foule, allant a priori à la rencontre d’une personne.
Malgré la musique qui recommença et l’ambiance festive qui l’entourait, Tia ne parvint pas à profiter de la soirée, cherchant vainement des réponses à ses deux interrogations principales – à savoir la mine revêche d’Andrew, puis la candidature de ce dernier. Finalement, au bout d’une demi-heure, et accompagnée d’Ombeline, la brune sortit prendre l’air sur la terrasse. Elles continuaient de discuter tranquillement, accoudées à la balustrade, lorsque Tia vit Andrew sortir à son tour, sûrement pour se rafraichir les idées. Du coin de l’œil, elle le guettait, pour espérer trouver le bon moment et lui demander la raison de sa candidature. Appuyé à la rambarde, il leva la tête vers le ciel étoilé, et regarda ce dernier pendant de longues minutes. Comme s’il rêvait de nager dans cette immensité bleutée. Puis, comprenant qu’il n’était peut-être pas seul sur le balcon, regarda autour de lui et finit par regarder la jeune fille. Et lui sourit, véritablement, non comme il le faisait des fois à ceux qui osaient pénétrer dans son espace vital, hypocritement.
Cette preuve d’affectation troubla la brune. Ombeline remarqua sa confusion, tourna rapidement la tête et lâcha une petite exclamation lorsqu’elle découvrit le joueur du multi-parcours, qui s’avançait vers elle. Non sans oublier de glisser, en riant, à l’oreille de son amie le souhait d’être tenue informée de chaque parole qu’Andrew pourrait prononcer, la gymnaste décida de laisser Tia seule avec Andrew. Les deux amis restèrent muets dans un premier temps, ne sachant comment entamer la conversation. Tia en profitant pour perdre regard dans les yeux du jeune homme, qui possédaient une jolie couleur grise, pareille à celle des nuages précédant un orage. Des éclairs dorés parsemaient ses iris, ainsi qu’une pointe de malice, en parfait accord avec son sourire. Ses yeux laissaient souvent coite la jeune fille, même si elle trouvait qu’ils ne s’accordaient pas au reste de son visage – comme s’ils n’étaient pas naturel et qu’Andrew les devait à une quelconque expérience. Ils ne s’harmonisaient pas avec ses cheveux châtains toujours bien coiffés, son teint frais et son nez plutôt mince.
Tia remarqua le col froissé de la chemise blanche d’Andrew, et elle ne put retenir un petit sourire face à ce léger manque de soin, car il contrastait tellement avec le sérieux que le jeune homme affichait continuellement.
« Tu es fou, imbécile, sinoque. » commença-t-elle, enfin.
Il lui répondit par un sourire en coin.
« J’avais juste envie. Pour me… changer les idées. Et prouver quelque chose.
— Prouver que la folie peut atteindre même les athlètes ?
— Non. » la coupa-t-il, cassant.
Un instant elle vit cette lueur de fiel dans ses yeux. Mais elle savait qu’elle ne lui était pas destinée, elle avait l’air d’avoir été trop alimentée pour cela.
« Tia… Ça te plairait d’être ma directrice de campagne ? »
Elle ne put m’empêcher de rire, rejetant la tête en arrière.
« Pourquoi me lancerai-je dans une aventure déjà tracée ? Je ne veux pas être blessante, mais toi-même, tu sais que tu n’as aucune chance. Tout le monde connait déjà le nom du gagnant. »
Andrew soupira et leva les yeux au ciel. La jeune fille comprit que si la conversation continuait dans ce sens, elle allait sûrement finir en escarmouche. Changer de sujet, du moins arrêter de faire référence au gagnant présumé, était indispensable.
« Pourquoi me l’as-tu demandé ? On se connaît à peine.
— De toute façon je connais personne ici. Donc une fille avec qui j’ai dû parler au grand maximum deux heures l’année dernière doit être ma plus grande amie en ce lieu. Et tu te lies facilement avec les autres.
— Il y a aussi Théo…
— Oui, mais c’est à toi que je l’ai demandé. D’ailleurs tu n’as toujours pas répondu à ma question. »
Tia devait sans doute avoir peur de réfléchir à la question que son ami avait posée. Même si elle était innocente et ne déciderait pas de son avenir. Pour tenter de gagner désespérément du temps, elle fit mine d’y penser, mais en vérité elle essayait de deviner la raison qui poussait Andrew à tant haïr Amaro.
Toujours la même rengaine. Amaro était son principal rival au multi-parcours, toutefois cela ne constituait pas la principale raison de son aversion à son égard. Et Andrew ne souhaitait définitivement pas se confier sur la raison qui le poussait à le détes…
« Oui. »
L’affirmation était sortie avant que Tia n’en prenne réellement conscience. Une fois s’être rendue compte que la voix qu’elle avait entendue était la sienne, elle en resta sous le choc. Sur le moment, elle fut incapable de communiquer une seule raison valable qui l’avait poussé à répondre cela. Exactement comme si elle était destinée à ne pouvoir être la maîtresse de sa vie, mais asservie à des choix que l’on prenait à sa place.
Timidement, elle regarda de nouveau son camarade et vit qu’il la fixait avec une bienveillance et sérénité qu’elle lui ne connaissait pas.
« Merci. Beaucoup. Merci beaucoup, Tia.
— Mais c’est un plaisir que de servir monseigneur le roi de l’ESA-S, qui devrait par ailleurs se mêler au peuple. » dit Tia sur le ton de la plaisanterie et en faisant une belle révérence.
Toutefois, elle comprit grâce au silence qui suivit qu’Andrew avait dû interpréter cette phrase d’une autre manière que celle qu’elle eût espérée.
« Tu verras, on va s’amuser. » ajouta-t-il simplement, tout sourire disparu.
Il lui fit rapidement la bise, avant de repartir vers la grande salle. Essayant vainement de chercher l’origine de cette force étrangère aux mortels qui l’avait poussée à accepter l’offre d’Andrew, Tia préféra rester loin du brouhaha de la fête. Seule, comme à son habitude.
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