Le vide. L'espace. Mais surtout le blanc. Époustouflant, aveuglant. Comme s'il voulait qu'on admire sa magnificence. Et puis, lentement, mon corps. Mon corps d'avant réapparu. Mon corps avant que les flammes n'en fasse cendres, avant de me rendre compte que la vie est belle. Mes mains, mes pieds. Toutes ces textures sur la peau que l'on oublie et que l'on pense peu importante.
Les souvenirs. La mémoire. Tout ce qui vivait invisible sur moi, mon âme. Ce que je possède de plus précieux. Mon trésor.
C'est alors que tout prit sens lorsque le bruit d'un train résonna. Je fus vêtu d'un habit blanc brillant. Et il entra en gare. Comme lorsque le brouillard se leva, ma mémoire se remémora mes derniers instants, mes peurs, les pleurs de mon épouse et l'odeur. Cette odeur . Elle te dit que tout est fini, que tu te détruis. Que tu sombres dans son univers imprévisible. Le mal et le bien se confondent, l'espoir et le malheur, la guerre et la paix. Cette odeur, c'est la mort.
***
Assis sur mon siège blanc, le nez collé sur la fenêtre, je me rappelais des souvenirs en essayant de chercher loin. Le train ne secouait pas. Il semblait planer sur le paysage qui défilait, d'un blanc luminescent. Tout était blanc. Même le train. Seule ma peau pâle ressortait légèrement sur la tunique faite en coton.
Le train s'arrêta. Un stop. Une morte entra dans le wagon, ses cheveux ondulants sur sa toge blanche. Soulagé de ne plus être seul, je me levais et ouvrit la bouche pour parler. Aucun son. Rien ne sortit de mes lèvres pâles. Je ne me rappelais pas être muet dans ma vie passée. J'entendais encore ce dernier mot qui franchis ces mêmes lèvres avant que ma vie ne s'éteigne : je t'aime.
Nous sommes voués au silence. Bien. Quoi d'autres encore ?
Le train repartit. Encore plus silencieux. L'ambiance était palpable dans le wagon. Je décida d'aller faire un tour. La porte. Bloquée. Enfermé dans un wagon blanc comme tout le reste, et probablement mort. D'accord. J'attend la suite sans être pressé. Malgré ces événements insolites (avouez que vous préféreriez mille fois être dans un bon bain chaud ou en train de grignoter une tartine à la confiture. Je préfère la fraise, moi et vous ?) je ne m'énervais pas. Je suis dans une sorte de transe. Une bulle qui étouffe les sentiments négatifs et me protège.
Le train s'arrêta. Pour de bon cette fois. Un vent léger me fit frissonner. Je crois qu'il faut sortir. J'avança timidement à l'extérieur. Ce paysage me coupa le souffle. Le ciel était toujours blanc mais on voyait nettement la démarcation des nuages. Ceux-ci soutenaient des maisons blanches à l'aspect cotonneux. Les nuages formaient les maisons et parfois les villages entiers. Les escaliers-blanc aussi-conduisaient les visiteurs vers la première Nuacité. Il grimpait ensuite tellement haut que je n'arrivait plus à voir la fin. Heureux et bouleversé, je lu le texte qui s'inscrivit sous nos yeux.
"Bienvenu à Dityrambys, la cité infinie qui accueille les âmes blanches, celles qui ont eu un passé, une vie innocente. Je vous rend vos pouvoirs et vous êtes libre."
Nos "pouvoirs" furent libérés. Le son de ma voix me provient à nouveau. Elle était belle. Mélodieuse. Puissante, comme amplifiée par tout ce blanc lumineux. Mes sentiments furent relâchés. Tristesse, Mélancolie, Nostalgie. Peur, Crainte, Effroi. Colère, Haine, Douleur. Joie, Euphorie, Triomphe. Mais surtout Amour. Cette spirale me vrilla la tête, les sentiments tourbillonnèrent en moi et retrouvèrent chacun leur place. Heureux, je vis la femme qui s'avança vers moi. Elle se nomma Isida. Je lui répondit : Oriano. En souriant, elle me prit la main et nous courûmes vers la Nuacité comme des enfants innocents.
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