Neïko tournait en rond, sa chaîne de fer rouillé traînant au sol.

Grand, marron et blanc, les oreilles tombantes, il ressemblait ; à quelques différences près ; aux autres chiens de chasse qui aboyaient à quelques mètres de là. Ils sautaient et hurlaient à la mort, leurs yeux animés d'un désespoir fou. Leur nez se glissait parfois entre les barreaux de l'unique fenêtre du chenil sombre où ils vivaient. À l'intérieur le soleil semblait si froid et lointain que sa lumière n'éclairait qu'une minuscule partie du lieu malodorant. À son tour, Neïko se hissa sur ses pattes avant pour glisser son nez entre les barreaux. Il hurla un temps. Personne. Personne pour le libérer, lui et ses compagnons, de cette prison étroite où ils s'attendaient à mourir à chaque instant. Neïko se remit sur ses pattes et marcha en cercle en reniflant un peu partout.

"De toute façon, pensa t-il, il n'y a jamais personne ici."

C'était vrai. Les chenils de Fliverry Stoat n'attendaient et ne recevaient jamais personne. Perdu au milieu de la campagne, le chemin de terre boueux n'était traversé que par les gros camions qui permettaient de parquer les chiens lors des saisons de chasses à courres.

Neïko soupira. Il se sentait plus seul que jamais. Il se tourna pour apercevoir ses compagnons de fortune se coucher sur leur litière de paille autrefois blonde et belle. Neïko regarda la sienne. Il n'avait aucune envie de s'y coucher. Il retourna vers la fenêtre et se hissa péniblement, la chaîne entravant ses mouvements. Neïko, à travers les barreaux, aperçu les étoiles qui scintillaient faiblement. Il poussa un long gémissements qui résonna et fit écho dans la campagne silencieuse.

Quand allait-il sortir d'ici ?