- Accès autorisé Professeur César Serkis, retentit la voix informatisée de l’intelligence artificielle chargée de la sécurité dans le complexe.
L’Institut Agence d’Innovations Technologiques et d’Intégrations Recherchées (AITIR) du Réseau d’Excellence pour la Recherche et l’Expérimentation en Laboratoire de Procédés Innovants et de Productions Controlées (RERELPIPC) était le joyau de la République Techèque. L’Institut était situé au coeur de Prague et accueillait des scientifiques et des chercheurs du monde entier. César Serkis était l’un d’eux, spécialisé dans la physique quantique et plus particulièrement dans l’astrophysique quantique. Il étudiait les interactions entre la physique quantique et les objets à grande échelle, comme les étoiles, les galaxies et même les trous noirs, cherchant à expliquer comment la mécanique quantique pourrait influencer l’émergence de la vie dans des conditions extrêmes d’espace-temps.
C’était le projet de sa vie, il y consacrait tout son temps, à tel point qu’il n’était pas sorti du complexe depuis plusieurs années. L’Institut se suffisait à lui-même : réfectoire, cafétéria, boulangerie, salle de sport, piscine, supérette, logement. Il y avait tout le nécessaire pour y vivre, et César Serkis n’avait personne à l’extérieur, sa vie entière se trouvait dans son bâtiment, dans ses documents.
Le sas menant à son refuge s’ouvrit et se referma derrière lui. La sécurité était le point d’honneur de l’Institut, tout était informatisé, contrôlé par une IA et à la pointe de la technologie. César s’installa à son bureau, scrutant les quatre écrans où défilaient graphiques, calculs complexes et résultats d’expériences. Autour de lui, la pièce regorgeait d’équipements high-tech construits avec des composants encore inconnus du monde extérieur. L’Innovation avant tout, c’était la règle d’or de l’Institut, cela avait permis de faire un bond technologique inespéré, mais ils prenaient le temps de s’assurer de la fiabilité de la technologie avant de l’exposer aux grands publics. Cela permettait également de mesurer l’adaptation de la population à une nouvelle forme de vie.
César, vêtu d’une blouse blanche typique des scientifiques où son badge était accroché, sirota le thé qu’il s’était préparé. Il avait arrêté la caféine récemment en raison de palpitations au coeur, il se trouvait contraint de boire ce breuvage qu’il trouvait fade et sans réelle saveur. Il finirait par s’y habituer, et il devait admettre le celui qu’il avait choisi, un thé noir aux aromes épicés, n’était pas mauvais.
Le contact chaud de la tasse entre ses doigts et la fumée qui s’échappait lui donnaient l’impression que le temps ralentissait. Pourtant, son esprit restait en ébullition, incapable de s’arrêter. Les calculs défilaient sur les écrans devant lui et il s’amusa à les vérifier de tête, comme un jeu d’une simplicité enfantine. Petit à petit, il ferma les yeux et plongea dans le sommeil pour sa micro-sieste habituelle.
Un bip retentit et César se réveilla pleinement reposé. Il but une gorgée de sa tasse de thé qu’il avait gardé dans sa main, et regarda les écrans qui affichaient les résultats des calculs. Il se rapprocha et ajusta ses lunettes sur son nez pour les étudier, mais quelque chose attira son regard. Un cristal reposait délicatement devant le clavier, sa couleur bleu azur l’hypnotisa et alimenta une curiosité qui fit scintiller ses yeux verts. Il reposa sa tasse sur le bureau et saisit avec une délicatesse infinie ce fragment de pierre et le déposa au creux de sa main.
César vit des fils de sa peau s’étendre et s’envelopper autour du cristal pour le lier à lui. Il ne ressentait aucune douleur, probablement trop fasciné par ce qu’il vivait. Dès lors le fragment brilla d’une intensité telle que la pièce se retrouva totalement inondée de sa lumière. César ferma les yeux et attendit que celle-ci diminue avant de les rouvrir. Lorsqu’il le fit, il fut subjugué, devant lui se tenait deux êtres aux propriétés physiques méconnus. Leur anatomie ressemblait à celle des humains, mais leur peau était recouverte d’une couche aqueuse violette de ce que César observait depuis son bureau. Leurs yeux étaient dénués de paupières et semblables à rien de connu dans ce monde, et leur bouche ainsi que leur nez étaient indistincts.
La pièce se mit soudain à trembler et le cristal dans la main de César s’illumina de nouveau l’obligeant à fermer les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, les deux entités étaient toujours présentes et observaient le déluge de la pièce, ses équipements s’étaient retournés, cassés et certains avaient été réduits en cendres.
César resta figé et son souffle s’accéléra. Devant lui, l’espace semblait brisé, comme une vitre fendue flottant dans le vide. Son instinct lui criait de reculer, mais sa curiosité l’emporta. Il se leva et s’approcha de qui s’apparentait à une fissure en trois dimensions. Elle était bleue à ses extrémités, verte en son centre et une ondulation électrique semblait l’animer. Plusieurs autres fissures étaient apparues dans la pièce dont une derrière les deux entités semblait plus large. Il était fasciné, pour un chercheur vivre une telle expérience était au-delà de toute espérance. Ces brèches et ses êtres étaient la réponse à ses années de recherches, le fruit d’un travail accompli. César approcha sa main de la fissure, et un son strident retentit alors qu’il était près de la toucher, tandis que la puissance de bruit le fit reculer. La souffrance se lisait sur son visage, il sentait ses tympans sur le point d’exploser. Il tourna la tête vers les deux entités présentent et en déduisit qu’elles étaient à l’origine de ce son.
- Professeur César Serkis, scientifique, et chercheur à l’Institut AITIR spécialisé dans la physique quantique et l’astrophysique quantique, veuillez nous remettre le fragment.
La voix avait résonné dans son esprit, du moins c’était l’impression que cela lui donnait, peut-être était-ce simplement à cause de l’agression qu’avait subi ses tympans.
- Professeur César Serkis, veuillez nous remettre le fragment.
Les deux entités n’avaient pas bougé, ils attendaient simplement que César leur donne l’objet de leur convoitise, le cristal qu’il avait au creux de la main.
- De quoi s’agit-il ?
- Le fragment est un artefact quantique appartenant à notre peuple, il nous a été volé. Veuillez nous remettre le fragment.
- Quelle est son utilité ? ne put s’empêcher de demander César trop fasciné pour réellement voir le danger que représentait la situation.
- Le fragment quantique a le pouvoir de déphaser la réalité créant des fissures entre les dimensions. Nous venons de l’une d’elles et nous devons rapporter le fragment.
- Il est apparu devant moi, souligna César.
- Vous ne comprenez pas le danger. Donnez-nous le fragment… avant qu’il ne soit trop tard.
Le mystère battait son plein et stimulait l’esprit du scientifique, cherchant déjà des réponses qui n’avaient pas encore de questions.
- Permettez-moi d’étudier ce fragment quantique, ensuite je vous le donnerai.
- Les dimensions ne doivent pas interférer entre elles, au risque de devoir en assumer les conséquences.
- Très bien, se résigna César. Laissez-moi quelques minutes, le temps que je parvienne à le retirer de ma main.
Il s’éloigna d’eux et retourna à son bureau pour en extrait d’un des tiroirs une pince et un scalpel. Il commença par sectionner les filaments de peau qui s’étaient accrochés autour du cristal, puis à l’aide de la pince il l’extrayait. Il releva la tête par précaution, mais les deux entités étaient toujours à leur place. Il tint le cristal entre ses doigts et avec une précision parfaite il cassa un morceau du fragment qui enroula dans un mouchoir avant de le ranger dans son tiroir avec ses outils.
César examina le creux de sa main qui avait accueilli la pierre et remarqua une trace de brûlure superficielle. Il retourna auprès des entités et leur donna le fragment quantique. Ils l’en remercièrent, puis disparurent à travers la fissure sans lui permettre de discuter davantage. César se retrouva de nouveau seul dans son laboratoire en désordre. Les brèches n’avaient laissé aucune trace, c’était à croire qu’il avait tout imaginé, mais le morceau de cristal dans son tiroir témoignait du contraire.
Obsédé par cette découverte, le Professeur César Serkis plongea corps et âme dans l’étude du fragment quantique. Mais certaines connaissances ont un prix… Dehors, la réalité ondulait et l’air vibrait imperceptiblement. Quelque chose venait de changer, quelque chose qu’aucun être humain n’aurait pu percevoir… ni empêcher.
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