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5. Second Round

Ses longs cheveux aux reflets argentés flottent derrière elle alors qu'elle court sans réfléchir, bousculant même d'autres jeunes gens au passage. Amaryllis se trouve à présent dans l'aile est. Celle réservée aux étudiants en cursus magique. Un mauvais pressentiment m’envahit quand elle arpente des couloirs déserts sans ralentir l'allure, sûrement aveuglée par ses larmes. J'aurais voulu l'empêcher d'aller plus loin, mais je n'y suis pas parvenue. Alors qu'elle bifurque dans un couloir, elle tombe littéralement dans les bras de Jeremiah, à mon grand désarroi. Dans un réflexe pour sa propre protection, il lui a attrapé les épaules. Enlève tes sales pattes de là, bon sang !

– Eh bien, cela devient une habitude, Jolie Fleur, constate-t-il d'une voix mielleuse.

Et c'est quoi ce surnom ? Dis quelque chose, Amaryllis ! Tétanisée, elle le scrute avec de grands yeux encore embués. L'espace d'un instant, je perçois une lueur inattendue dans les pupilles de Jeremiah. De l’étonnement ? De la pitié ? Non, de la compassion ! Ça se confirme dans son aura. Il peut ressentir ce genre de choses, lui ? Oh non, j'y crois pas ! Sa magie est activée… de quoi est-il capable ? A-t-il manipulé les probabilités pour provoquer cette rencontre ? Il essuie les joues striées de larmes avec une douceur inappropriée. Peut-être bien qu'il n'a pas abandonné son premier plan, finalement.

– Je t'ai connue plus combative, argue-t-il en haussant un sourcil. Tu t'es perdue ?

Voilà, ce petit air hautain, ça, ça lui ressemble plus. Amaryllis détourne le regard.

– Non, je… tu veux bien me lâcher ? S'il te plaît.

Sa voix manque d'assurance, elle est troublée. Ne te laisse pas embobiner par ce malotru prétentieux ! Lucas a essayé de te joindre, Amaryllis ! Jeremiah en joue, se parant de son sourire charmeur sans relâcher son étreinte. Au contraire, il se rapproche, le bougre ! Il fait glisser une mèche de cheveux d’Amaryllis entre ses doigts, ses iris sombres ancrés dans les siens.

– Ou bien as-tu enfin décidé de révéler ta vraie nature ?

Amaryllis frémit.

– De… de quoi est-ce que tu parles ? balbutie-t-elle.

Jeremiah fronce les sourcils avant de revenir à son air enjoué. Ses lèvres tout près de l'oreille de sa proie, il susurre :

– Ne me fais pas croire que tu n'es pas consciente de toute cette puissance qui ne demande qu'à s'éveiller en toi.

Écœurée, je l'observe humer le parfum d’Amaryllis qui se raidit.

– Je sens ces choses-là, tu ne peux pas me mentir, Jolie Fleur.

Pouvoir de détection, ou bluff ? Je n’y comprends rien. J'ai beau scruter son aura, je ne décèle pas d’animosité, plutôt une profonde curiosité… et de l’attirance ? Aurait-il été pris à son propre jeu ? Sa cible inaccessible serait-elle devenue source de fantasme à ses yeux ?

Il refait face à Amaryllis, à quelques centimètres de son souffle, sa main toujours ancrée dans sa chevelure argentée.

– Je pourrais t'apprendre à maîtriser ce pouvoir.

Cette fois-ci, Amaryllis se dégage brusquement et recule de quelques pas. Sa respiration saccadée accompagne le maelstrom d'émotions qui la submerge. Est-ce du dépit qui teinte l'expression de Jeremiah ? Il ne lâche pas le morceau et amorce un nouveau geste vers elle.

C'en est trop pour moi. En désespoir de cause, je déclenche l'alerte incendie. Oui, j'aurais pu y penser avant, mais j'ai été prise de cours, voilà !

Éberlués, les deux jeunes gens lèvent les bras, boucliers dérisoires contre l'eau qui afflue, accompagnée d'un son strident. La surprise passée, Jeremiah observe autour de lui, suspicieux.

– Satanée baraque, murmure-t-il en serrant les poings tandis qu’Amaryllis s'enfuit.

Mais c'est qu'il m'insulte en plus ! J'avais des soupçons jusqu'ici. Force est de constater que son patron l'a bien informé. Combien de personnes connaissent mon secret, désormais ? Irritée, je trafique le jet au-dessus de la tête de ce vil personnage pour lui envoyer une bonne rasade dans la figure. Il laisse échapper une exclamation de surprise avant de sprinter vers la sortie la plus proche.

Je crois bien que je ne suis pas au bout de mes peines… et l'année ne fait que commencer !