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tome 1, Chapitre 2 « Le bois de la Lamentation » tome 1, Chapitre 2

Il n’y avait que quelques minutes de marche sur le sentier pour arrivée à l’orée du bois. Toujours les mains enfoncées quand les poches de sa veste, Daliah se glissa entre les troncs d’arbres. Il n’y avait qu’un discret chemin à l’endroit où l’herbe était plus rare. À première vue, la forêt était très tranquille. Pas un seul bruit en dehors du bruissement des feuilles à cause du vent, même pas un chant d’oiseaux. Les arbres étaient très hauts et la bonne saison leur offrait un feuillage imposant et dense. La lumière du soleil était tamisée et donnait une ambiance apaisante et calme.

Bien loin du bois maudit donc lui avait parlé Kessy.

L’adolescente commença à avancer sur le sentier effacé, prenant une grande inspiration d’air frais. C’était la première fois qu’elle venait ici, car les Arcanistes n’aimaient pas que leurs disciples s’approchent de cet endroit. Cependant, cette forêt paraissait finalement très ordinaire.

Des bruits de pas derrière elle parvinrent aux oreilles de Daliah qui se retourna. Son amie avait décidé de la rejoindre en courant.

— Si tu veux faire des conneries, je préfère être avec toi pour t’aider au cas où il arrive quelque chose, expliqua-t-elle avant qu’elle ne puisse parler.

— Merci, répondit simplement sa camarade avec un sourire ravi. Comment tu trouves ce bois démoniaque ?

Kessy jeta un coup d’œil autour d’elle, et remarqua également le calme qui les entourait.

— Étonnamment tranquille et joli, conclut-elle après une observation silencieuse d’une bonne minute. Mais tu as promis qu’on ne traînerait pas trop.

— Oui, oui, répondit Daliah avec un soupir. Juste quelques minutes, ça te va ?

La blonde approuva d’un signe de tête, et toutes deux marchèrent ensemble dans le mutisme le plus total. Pour la jeune fille aux cheveux violets, qui avait vécu dans la campagne pendant des années, l’absence de bruit dans une forêt était tout de même très curieux. En général, il y avait un peu d’activité, ne serait-ce qu’animale. Mais ici, pas un oiseau ne chantait, et elle n’était même pas sûre qu’il y ait le moindre oiseau. Pas un animal sauvage, juste elles deux et les arbres.

— Il y a une drôle d’ambiance, tu trouves pas ? interrogea Kessy, ne supportant visiblement pas l’atmosphère.

— Tu dis ça parce qu’il y a un blanc depuis deux minutes où parce que toi aussi, ça te parait trop calme ?

— La deuxième option. Je n’ai jamais vu un endroit aussi… vide.

La sensation d’apaisement à l’entrée du Bois s’amenuisait au fur et à mesure de leur avancée, laissant place à une impression curieuse. C’était comme si les deux apprenties n’étaient pas à leur place ici. Cependant, ce n’était pas leur culpabilité de transgresser les ordres de leurs Maîtres qui en étaient à l’origine. C’était plutôt la forêt qui ne voulait pas d’elles.

Daliah jeta un coup d’œil à son amie. Nerveuse, Kessy se tordait légèrement les mains, et semblait franchement hésiter à continuer.

— On rentre ? proposa la jeune fille aux cheveux violets.

— Volontiers, répondit immédiatement la blonde avec soulagement. Les cinq minutes sont largement passées maintenant.

Elles firent demi-tour, toujours en suivant le sentier effacé, et marchèrent d’un bon pas. Le malêtre qu’elles éprouvaient leur tordait l’estomac.

Viens…

Daliah s’arrêta net. Kessy se rendit compte qu’elle ne la suivait plus et s’immobilisa à son tour, surprise par son geste.

— Qu’est-ce que tu fais ? demande-t-elle, manifestement impatiente de pouvoir partir.

— Tu as entendu ?

L’apprentie tendait de nouveau l’oreille. Elle était sûre de ne pas avoir rêvé en entendant cette voix. Prudemment, l’adolescente regarda autour d’elle pour guetter l’arrivée de quelqu’un. Son amie, quant à elle, la regardait avec un mélange d’inquiétude et d’empressement.

— Il n’y a rien, affirma-t-elle. Viens, je pense que cette histoire de Lamentation nous monte à la tête.

Après quelques secondes d’attente dans l’espoir de capter un autre bruit, Daliah se remit en marche pour la rattraper. Mais elle put faire à peine trois pas avant de s’arrêter à nouveau.

Ne pars pas… viens…

— Et là, tu l’entends ?! s’exclama-t-elle.

Elle aurait espéré un « oui, évidemment, tu n’entends pas des voix » de la part de son amie, mais la seule réponse de son amie fut une expression de pure incrédulité. Qui se transforma petit à petit en une mine inquiète.

— Arrête de me regarder comme si j’étais cinglée, s’impatienta Daliah en secouant la tête. Ce n’est pas une hallucination, j’ai vraiment entendu quelqu’un !

— Aux dernières nouvelles, une voix que toi et toi seule peut entendre dans ta tête, c’est ce qui s’appelle une hallucination… répondit platement Kessy.

— Mais ce n’est pas dans ma tête ! protesta l’adolescente.

Aide-moi…

Elle en était sûre, ce n’était pas un rêve, et ce qu’elle entendait ne venait pas de son esprit. C’était tout autour d’elle. Mais il lui était impossible de localiser précisément la source. Et son amie ne l’aidait pas en la regardant avec des yeux de merlan frit.

— Bon, d’accord, on va dire que ce n’est pas une hallucination, concéda la blonde qui ne semblait pourtant pas croire en ses propres paroles. Elle te dit quoi ?

— Elle m’appelle…

Viens… plus loin…

Daliah se retourna brusquement, cette fois, ce n’était pas un écho qui l’entourait, mais quelque chose murmure à son oreille. Ça provenait du fond du bois.

S’il te plaît… aide-moi…

— C’est la voix d’un garçon… souffla l’apprentie.

Instinctivement, elle tourna le dos à Kessy pour retourner vers le centre de la forêt. Cette chose l’attirait irrésistiblement.

— Qu’est-ce que tu fabriques ?! s’écria la blonde en la saisissant par l’épaule pour l’arrêter. Il faut qu’on sorte d’ici !

— Il y a quelqu’un ici qui a besoin d’aide ! rétorqua la jeune fille aux cheveux violets en se dégageant.

— Cet endroit est maudit ! On doit vraiment foutre le camp !

Daliah savait que son amie se faisait du souci pour elle. Mais elle était sûre de ne pas se tromper, elle était certaine qu’une personne avait besoin d’elle.

— Je dois aller voir, murmura-t-elle en retrouvant un peu son calme. Je te jure qu’au moindre danger, je reviens en courant…

— On devrait au moins demander à un adulte de venir avec nous, désapprouva Kessy en secouant la tête. Mais je sais que si je te laisse toute seule ici, tu auras disparu quand je reviendrai. Alors je viens avec toi.

— T’es la meilleure des amies ! s’exclama sa camarade en lui sautant au cou pour la serrer dans ses bras.

— Mais si on se fait tuer, je te jure que je te ressuscite et que je te retue, pigé ?

Daliah approuva d’un signe de tête, et toutes les deux reprirent leur marche vers le cœur du Bois. L’apprentie tendait l’oreille pour entendre la moindre manifestation sonore pour les guider.

Continue…

— Par-là, indiqua-t-elle en sortant du sentier. Il faut juste qu’on arrive à se repérer pour le trajet du retour…

— Déjà fait, marmonna Kessy d’un air grognon.

Elle leva sa main, dans laquelle se trouvait une bobine de fil rose vif. Elle l’avait installé sur leur passage, suffisamment en hauteur pour que les animaux — si animaux il y a avait dans cette forêt — ne le mordent ou ne le sectionnent pas.

— Je l’ai mis quand je t’ai rejoint dans la forêt. Un pressentiment, sans doute…

Elles poursuivirent leur chemin, pendant quelques minutes, et les seules indications dont elles disposaient étaient l’appel qui les réorientait de temps en temps. Il semblait qu’elles étaient en plein milieu du bois, tout ce qu’elles voyaient dans les alentours était les arbres. Le silence était encore plus pesant dans cet endroit, il n’y avait même plus le bruissement des feuilles.

Proche… ici…

— Apparemment c’est là, annonça Daliah en s’arrêtant.

Kessy regarda autour d’elle. Il n’y avait rien, pas l’ombre de la moindre présence humaine.

— Bon, je suppose qu’on peut rentrer maintenant ? soupira-t-elle. On fera la chasse aux fantômes une autre fois !

En dessous… cherche… entrée…

— Il est marrant lui, il y a rien à part de l’herbe…

— Hein ? s’étonna la blonde sans comprendre.

— Il a dit « en dessous, cherche entrée ».

— Il a raté les cours pour apprendre à s’exprimer, ricana Kessy. Sérieux, on peut y aller ?

— Deux secondes…

Daliah ne voulait pas abandonner aussi rapidement. Elle examina les arbres autour d’eux, l’herbe à leurs pieds, les moindres racines qui dépassaient. Son amie la regarda faire un moment, et sentait son peu de patience restant s’évanouir.

— Bon, ça suffit ! s’exclama-t-elle avec autorité. On va pas passer la journée à examiner le sol ! On rentre et c’est tout !

— Mais…

— On a déjà enfreint assez de règles comme ça ! Franchement, j’ai pas envie de me faire engueuler parce que tu m’as encore entraînée dans tes conneries ! Merde à la fiiiIIIIIIN !

Kessy, qui avait frappé le sol à répétition avec son pied pour exprimer son agacement, venait tout simplement de tomber dans une crevasse. La terre s’était fissurée avant de s’effondrer, emportant l’adolescente avec elle dans sa chute.

— KESSY !! cria Daliah s’approchant prudemment de l’ouverture.

Elle ne reçut aucune réponse, et craignant le pire, elle s’apprêtait à sauter pour lui porter secours quand une voix s’éleva.

— C’est… vraiment dégueulasse ici…

La blonde marmonna quelque chose, et une petite lumière apparut devant elle. Elle était à près de trois mètres de profondeur, les vêtements tachés de terre et de boue.

— Tu vas bien ? s’enquit sa camarade avec inquiétude.

— Si je vais bien ? Mes fringues sont crades et j’ai les pieds mouillés ! ALORS NAN, ÇA VA PAS !

— Qu’est-ce que tu vois ?

— De la terre… et on dirait une galerie…

— Attends-moi, j’arrive !

Daliah glissa prudemment un pied dans la crevasse et le coinça sur un morceau de racine qui dépassait. Elle s’agrippa aux pierres pour faciliter sa descente, avant d’atterrir souplement à côté de Kessy. Celle-ci regardait ses habits poisseux avec dégoût, et essuya une trace de boue sur sa joue avec sa manche.

— On explore ? proposa prudemment la jeune fille aux cheveux violets, s’attendant à une nouvelle crise de rage de sa complice.

— Pfff, il y a intérêt pour toi que ce qu’il y a là-dedans soit vraiment intéressant… souffla la blonde en retirant la terre de sa chevelure.

La petite lumière qui brillait dans sa main éclairait faiblement devant elle. Daliah prit la bobine de fil tombée à terre et suivit son amie qui prenait la tête pour la guider. Le petit passage n’était finalement pas si petit que ça. Il s’enfonçait sous terre, mais il était largement assez haut pour qu’un homme adulte puisse se tenir debout. Quelques bouts de racines dépassaient de temps en temps des parois et l’air était plutôt humide. Curieusement, depuis que Kessy était tombée dans la crevasse, la voix ne s’était plus manifestée. Daliah aurait bien aimé un petit « t’es sur le bon chemin » ou un « mais non, andouille, pas par-là », mais rien.

Le sol était plutôt humide, et elles manquèrent de tomber plusieurs fois, mais au fur et à mesure de leur progression, des pierres commençaient à apparaître.

— Elles n’ont pas l’air naturelles ces pierres, observa Kessy. Avec un peu de chance, on est dans le passage secret de quelqu’un qui a planqué son trésor…

Ou un cadavre, songea Daliah en évitant proprement d’extérioriser sa pensée.

Le souterrain s’élargissait de plus en plus, et à présent, il était certain qu’il avait été construit par un humain. Les roches étaient grossièrement taillées en une sorte d’escalier rudimentaire qui, bien que glissant à cause de l’humidité, était praticable.

Les deux apprenties passèrent par une sorte d’ouverture, et prudemment, Kessy longea la paroi. Celle-ci tournait sans cesse.

— Je pense qu’on est au bout. Je vais essayer d’éclairer un peu plus.

Elle se concentra intensément, et la lumière dans sa main grossit, éclairant un plus vaste périmètre. Effectivement, elles étaient dans un cul-de-sac, mais qui était plutôt grand. Il s’agissait d’un espace circulaire d’environ 6 mètres de diamètre. Ce qui semblait être la base d’un arbre gigantesque trônait au milieu, et ses racines créaient une sorte de coupole au-dessus de leur tête.

— C’est impressionnant que ce truc ne se soit pas effondré, il ne doit pas dater d’hier, commenta Daliah en observant les murs en pierres grossières.

— Ouais, et on en parle de l’arbre énorme qui pousse sans lumière ? fit remarquer Kessy en désignant le tronc imposant. Je me demande comment il a fait pour pousser ici…

— Bonne ques…

— AAAAAAH !!

Le hurlement effaré que poussa la blonde résonna dans tout le souterrain, et Daliah se plaqua rapidement les mains sur les oreilles pour étouffer l’écho qui grondait. En voyant son amie laisser tomber leur lumière sur le sol reculer, le visage tendu dans une expression de choc, l’apprentie s’approcha.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle en la saisissant par les épaules. Kessy ?! Réponds-moi !

D’un doigt tremblant, sa camarade désigna quelque chose par-dessus son épaule. L’adolescente se retourna pour jeter un coup d’œil et ce fut à son tour de lâcher un cri de surprise perçant.

Il y avait avec elles ni plus ni moins qu’un être humain.

La lumière éclairait son visage blafard, dont les yeux étaient clos. Il semblait suspendu dans les airs et Daliah dut plisser les yeux pour remarquer que des espèces de sangles venant du plafond du souterrain le retenaient.

— Il est… mort ? interrogea Kessy qui n’osait pas — et à raison — s’approcher de lui.

— Bah… je sais pas, marmonna la jeune fille aux cheveux violets, toujours sous le choc. Peut-être bien…

— Mais vérifie alors !

— Mais toi, vérifie ! J’ai pas envie de toucher un cadavre !

— Je l’ai dit en première ! protesta la blonde. Donc TU vérifies !

— Rooh, c’est bon, soupira Daliah avec agacement.

Elle fixa l’humain suspendu, ravala son dégoût croissant, et tendit une main vers lui. Elle glissa deux doigts sous sa mâchoire et les posa sur la carotide.

Et les retira aussitôt, faisant trois pas, le visage décomposé.

— Il est mort ? demanda à nouveau son amie. En même temps… il fallait s’en douter vu l’endroit…

— Tu crois que je serais aussi choquée s’il était mort ? rétorqua l’apprentie sans lâcher des yeux le corps. Il… il est vivant…

Elle entendit la respiration de Kessy s’arrêter à côté d’elle, et ce fut sa voix devenue faible et fébrile qui reprit.

— Tu déconnes ? 

— J’ai l’air de déconner ?

— Merde…

— J’allais le dire…

Après une longue demi-minute à fixer l’humain inanimé, le cerveau de Daliah se remit en marche. Elles n’allaient pas rester éternellement ici sans rien faire !

— On devrait aller chercher un adulte, annonça-t-elle d’une voix hésitante.

— T’avais pas dit qu’en cas de danger, on partait en courant ? demanda Kessy.

— On ne va quand même pas le laisser ici ! L’une de nous devrait rester ici pour le surveiller, et l’autre retourne à la forteresse pour ramener le premier Maître qu’elle croise en le tirant par le caleçon.

— Je vais le chercher !! s’exclama précipitamment la blonde.

Sa camarade leva les yeux au ciel. Pourquoi est-ce qu’elle s’y attendait ? Mais elle ne s’y opposa pas : elles n’avaient pas le temps de se battre pour qui ferait quoi.

— OK, alors je vais rester. Traîne pas trop.

— Promis ! Je te laisse la lumière, je m’en ferai une autre.

Kessy partit comme une flèche dans le passage. En courant, elle en aurait pour environ vingt minutes. Enfin, seulement si elle trouvait un Maître qui accepterait de croire leur histoire abracadabrante.

Daliah resta immobile quelques minutes, avant de finalement abandonner l’idée de rester debout comme une statue. Elle s’assit à même le sol, passant ses bras autour de ses genoux, avant de lever les yeux vers l’humain découvert.

Il n’avait pas l’air d’être très âgé, peut-être une quinzaine d’années. Ses cheveux sombres tombaient doucement sur son front.

— Comment tu as pu arriver là, toi ? murmura la jeune fille pour elle-même.

Personne n’avait mis les pieds dans cet endroit depuis un bon moment, c’était certain. Alors comment ce garçon était-il arrivé là ? En tout cas, la personne qui l’avait laissé ici avait tout de même pensé à l’habiller. Bon, une simple chemise et un pantalon dans une grotte froide, ce n’était pas l’idéal, mais c’était mieux que rien.

— Pourquoi tu es là, et pourquoi tu es suspendu dans les airs comme ça ?

Daliah se sentait un peu stupide à parler seule dans le vide, il était évident qu’il n’allait pas lui répondre. Mais elle préférait avoir l’air idiote et briser ce silence de plomb plutôt que de ne rien dire.

Elle avait déjà remarqué qu’il était retenu par des sangles et décida de percer ce petit mystère. Se levant de nouveau, elle se rapprocha prudemment du garçon et essaya de déceler dans la pénombre ce qui le maintenait.

Il était soutenu par des racines qui maintenaient ses poignets ensemble. D’autres entouraient son torse et sa taille, et les dernières portaient ses jambes. Elles devaient être fichtrement solides !

L’apprentie, une fois son observation terminée, regarda à nouveau le visage du garçon.

Et croisèrent deux yeux ouverts.


Texte publié par Elysio Anemo, 8 février 2025 à 15h54
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