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tome 1, Chapitre 6 « Une découverte surprenante » tome 1, Chapitre 6

Chapitre 6

L’obscurité n’a jamais été la chose qu’elle préférait le plus, malheureusement cette fois, elle due prendre son mal en patience. Elle ne se sentait pas très bien dans cet endroit étroit, dans le noir le plus profond, seule et prête à tout instant à être découverte. Cela devait faire vingt bonnes minutes qu’elle se trouvait dans ce conduit d’aération en train de ramper en essayant de faire le moins de bruit possible. Et cela faisait aussi vingt minutes qu’elle maudissait intérieurement Stefan de n’avoir trouvé que cette solution pour infiltrer le commissariat de police. En effet, c’était dans ce bâtiment que se trouvait ce qu’elle recherchait. Elle savait que ce ne serait pas facile mais elle aurait pensé passer par une fenêtre par exemple, pas par les conduits d’aération ! En plus d’essayer de ne pas se faire trop remarquer, la jeune femme devait aussi ne pas se perdre à chaque tournant. La chaleur était infernale. La sueur dégoulinait le long de son échine et plaquait son chemisier contre sa peau moite. L’envie de siroter un bon coca frais sur un transat dans son jardin lui semblait une très bonne idée en cet instant. Mais alors qu’elle rêvait déjà de ce doux moment, un cul-de-sac s’interposa devant elle. Directement, Elana braqua sa lampe torche sur le bout de papier dans sa main gauche. Ses yeux scrutèrent le plan dessiné dessus afin de savoir à quel croisement elle s’était trompée car elle aurait dû mettre plus de temps à trouver la bouche d’aération menant à la salle où étaient entreposés les bouts de papier tant convoités.

Tout en jurant tout bas contre elle-même, la jeune femme essaya de rebrousser chemin. Mais alors qu’elle allait repartir, la bouche d’aération céda sous son poids. L’air vint instantanément fouetter son visage tandis qu’elle tombait dans le vide jusqu’à atterrir sur quelque chose de dur et mou à la fois. Un peu secouée par ce qu’il venait de se passer, elle clignota plusieurs fois des yeux, et le cœur battant, elle tendit l’oreille. Aucun bruit. Bon, personne ne m’a entendu, c’est déjà ça. Rassurée de ne pas avoir été repérée, elle chercha à savoir ce qu’il venait de se passer. Son regard se porta directement au-dessus d’elle. La grille fermant la bouche d’aération pendait encore au bord du conduit dans un lent mouvement de vas et vient.

― Merde.

Soupirant contre cette « saleté », Elana se redressa difficilement tout en tâtonnant autour d’elle afin de trouver sa lampe torche disparu on ne sait où. Lorsqu’elle la trouva enfin, elle se mit debout en grimaçant. Son dos ainsi que son derrière avaient pris un sacré coup, ce qu’elle put confirmer en voyant qu’elle s’était ramassée sur un tas de boîtes en carton. Ces dernières étaient remplies de paquets de feuilles rangés dans des dossiers numérotés. Curieuse d’en savoir le contenu, elle en prit un au hasard et le feuilleta brièvement avant de le remettre parmi les autres. Ce sont les dossiers d’anciennes affaires criminelles. Si tous ces cartons contiennent ce genre de choses alors je dois sûrement me trouver… Le pinceau de sa lampe torche balaya l’ensemble de la pièce sans fenêtre, tranchant ainsi l’obscurité totale où elle se trouvait … dans la salle des archives. Devant elle se dressaient tout un tas d’étagères, de grandes armoires faites de métal ainsi qu’un bureau à son extrémité droite, à côté de l’unique porte. L’intégralité des meubles était remplie des mêmes boîtes en carton sur lesquelles elle avait atterri précédemment, et chacune était numérotée et étiquetée dans un ordre précis.

Elana commença à vagabonder dans les rayons des archives, en quête d’un indice sur ce qu’elle recherchait. Mais au bout de dix minutes, elle ne put s’empêcher de soupirer de frustration. Bon sang ! Je n’arriverai jamais à m’y retrouver avec tous ces cartons ! Il me faudrait quelque chose me permettant de concentrer mes recherches. Son regard se posa alors sur l’ordinateur présent sur le bureau. Mais oui ! Chaque dossier doit sûrement être également archivé sous format électronique en cas de perte papier ! Impatiente, la jeune femme s’empressa d’allumer l’appareil, pour tomber directement sur une page déjà ouverte. Il semblerait que la dernière personne ayant utilisé ce moteur de recherche ait oublié de tout fermer. Avec rapidité, elle changea les données puis appuya sur la touche « entrée » et attendit en trépignant sur place, ses dents mordant sa lèvre inférieure dans un tic nerveux. Heureusement, la recherche fut fructueuse. Un seul numéro apparut : 375.

Immédiatement, Elana chercha le carton correspondant et le trouva en première ligne d’une étagère se trouvant au fond de la salle. Et enfin, son objectif fut atteint, elle avait trouvé les bouts de papier tant convoités. Au nombre de quatorze, ils étaient emballés séparément dans des pochettes transparentes, ce qui lui permit de pouvoir les prendre en photo. Tout de suite après, elle les rangea puis les lus sur son téléphone.

Éclipse noir, soleil de lune.

L’éternité d’une vie, tu te retrouves.

À révéler mon nom, mon nom se révélera.

Nuages anciens baignés de sang.

Avec ardeur, chaque chose retournera à son origine.

Désir si violent, une mort violente sera.

Élèves-toi, loin de ce que je suis, loin de ce que tu es.

Ni personne, la perte se doit d’être.

Allongée sur elle, telle une langue de vipère.

Illuminée d’une aura blanche.

La vérité se dévoilera, quand elle le devra.

Inchangé, tel un espoir vint.

Héritière de ce monde.

À jamais elle sera.

― Ça ne veut absolument rien dire ! souffla-t-elle, dépitée et frustrée.

Soudain, elle sursauta. Des voix venaient de retentir dans le couloir. Oh, oh, problèmes à l’horizon ! Il est de temps de filer ! Elana s’empressa d’aller éteindre l’ordinateur puis retourna là où elle s’était ramassée auparavant et regarda la bouche d’aération avec inquiétude et stress. Je ne peux pas passer par la porte, il faut que je remonte là-haut, c’est la seule issue. Empiler les cartons ne servirait à rien, ils ne supporteraient pas mon poids. Et je ne vais pas déplacer le bureau alors qu’est-ce que je pourrai… Mais oui ! Le vent ! Un sourire vint alors peindre son visage soucieux et redonner un peu de vie à ses yeux remplis de nervosité, d’un peu de peur d’être découverte et d’anxiété à l’idée de sortir de ce bâtiment. Elle aurait tout donné pour se retrouver tout de suite au chaud dans son lit, en sécurité. Mais l’heure du repos n’était pas encore venue.

Elle ferma alors les yeux, se concentra, puis sentit un courant d’air frais venant de la bouche d’aération s’engouffrer dans la pièce pour ensuite se résumer à son espace vital. Elana grimpa ensuite les quelques cartons en bouillis et d’un seul coup, sauta le plus haut possible. Aidée par le vent qu’elle contrôlait, elle fut envoyée vers la sortie d’une seule poussée, lui laissant le temps de se rattraper au rebord du conduit et d’y grimper pour de bon. L’instant d’après, elle remettait la grille métallique à sa place avant de repartir en direction de là où elle était arrivée. C'est-à-dire la sortie de ces conduits.

Quelques secondes plus tard, deux policiers firent irruption dans la salle des archives et tout ce qu’ils remarquèrent, ce fut des boîtes en cartons écrasées. Malgré les questions qu’ils se posèrent sur ceci, personne n’apprit jamais ce qu’il s’était passé.

*********************************************************

― Bon, voilà le contenu des messages. Regardez-les mais ils ne veulent rien dire.

Arrivée depuis très peu de temps, Elana venait d’expliquer à ses amis ses mésaventures de ces dernières heures, affalée dans son canapé avec son coca tant convoité dans la main. Après avoir fait passer son téléphone à ces derniers, elle sirota tranquillement sa boisson en attendant leur verdict. Qui vint d’abord de Vince.

― Moi-même je ne comprends pas ce qu’ils veulent dire. Ça n’a aucun sens !

― Exactement. Alors pourquoi est-ce que le Borgne Sans Tête laisserait-il des messages incompréhensifs sur les cadavres de ses victimes ? questionna la jeune femme en fixant la cheminée en face d’elle.

― Peut-être qu’il veut nous faire tourner en bourrique ? Ou brouiller les pistes ? proposa Stefan, le visage fermé.

― Comme nous, les policiers n’ont aucune piste, alors je ne vois pas l’intérêt de faire ça dans ce but. Il doit sûrement y avoir un message caché derrière ses phrases.

― Tu n’es pas très loin de la vérité Elana, intervint alors Swaï qui n’arrêtait pas de relire avec attention lesdits messages. Ses phrases ne doivent pas se lire séparément comme on pourrait le croire, mais dans un même ensemble. C’est un poème que le meurtrier a retranscrit sur ces bouts de papier. Et je peux aussi affirmer que ce poème est un acrostiche.

― Un quoi ? s’étonna l’ensemble des personnes présentes.

― Un acrostiche. C’est lorsque chaque début de phrase commence par une lettre formant de haut en bas un mot cohérent. Dans notre cas, la première lettre est un E, la seconde un L, la troisième un A puis un N et de nouveau un A.

― Seigneur, murmura Stefan d’une voix blanche. Cela fait « Elana » !

― Oui. Et si on lit la suite : D, E, N, A, I, L, I, H, A. Son nom suit : Denaïlïhâ ! Elana Denaïlïhâ !

― Cela voudrait dire que ces messages me sont adressés depuis le début ? souffla la concernée avec une boule dans la gorge.

― J’en suis certain. Mais il faudrait réussir à le déchiffrer pour en apprendre plus.

― Le déchiffrer ? Tu en serais capable ? demanda Vince, sans grande conviction.

― Je ne le saurais que si j’essaye. Est-ce que je peux utiliser ton ordinateur Elana ?

― Bien sûr, fais comme chez toi.

― Swaï, travailler sur un ordinateur ? La prochaine fois ce sera le job à plein temps dans une entreprise d’informatique, ricana le vampire en se faisant fusiller du regard.

Et suite à cette intervention totalement inutile, il partit commencer ses recherches tandis que ses compagnons continuaient à tergiverser sur le contenu de ces messages et sur le pourquoi de la présence de cet acrostiche. Une heure plus tard, Swaï revint cette fois sans son éternel air blasé par la vie. Il était tout ce qu’il y a de plus concentré.

― Bon. Après quelques recherches, j’ai constaté que plusieurs choses sont sous-entendues. Je m’explique. « À révéler mon nom, mon nom se révélera », le tueur souhaite qu’on le retrouve et il est certain que très prochainement sa véritable identité éclatera. « Chaque chose retournera à son origine », il s’agit peut-être d’une vengeance ou d’un besoin irrémédiable de préserver le passé. Il veut que les choses redeviennent comme avant, mais le fait de tuer des jeunes femmes ne changerait pas grand-chose à ça. Donc, soit c’est une vengeance, soit il essaye d’attirer l’attention. « Désir si violent, une mort violente sera », il souhaite par dessus-tout la mort de quelqu’un, ce qui peut coïncider avec la vengeance. « Élèves-toi, loin de ce que je suis », il doit sûrement ne pas venir d’ici, et il n’est très certainement pas humain. « Ni personne, la perte se doit d’être », cette personne qui subit sa vengeance perdra probablement quelque chose ou quelqu’un très prochainement. « La vérité se dévoilera, quand elle le devra », il doit vivre avec un lourd secret et il veut le partager. Et « Héritière de ce monde », « À jamais elle sera », il parle soit de cette vérité soit d’une personne qui serait humaine et non pas démon.

― Donc, tes conclusions ?

― Je pense que le Borgne Sans Tête est un homme d’âge mûr, sûrement non humain, qui doit donc avoir déjà vécu un bon nombre d’années, voire de siècles. Il est intelligent, il sait brouiller les pistes envers ceux qui ne l’intéressent pas. Son but n’est pas de se faire prendre par la police mais on dirait qu’il souhaite malgré tout dévoiler qui il est vraiment. Il est très rattaché au passé, quelque chose d’extrêmement important a dû arriver et il s’accroche à ceci. Il veut également revivre cette époque, il a dû apprécier une période particulière à ses yeux et souhaite la retrouver. Pourtant, quelque chose a changé. Il veut se venger, peut-être contre une personne qui a eu un rôle dans son passé, et souhaite la tuer. Cette « perte » représente la perte de la vie ou la perte de quelque chose ou de quelqu’un d’important envers la cible de sa vengeance. Et enfin, il pense qu’une vérité doit être révélée, il doit garder un secret au fond de lui et veut s’en défaire.

― Hum, c’est très beau tout ça mais ça ne nous indique pas qui il est et où on pourra le trouver, intervint Vince d’une voix légèrement acide.

― Vince tais-toi ! Ce que Swaï a trouvé nous aide déjà beaucoup, on peut ainsi déjà cerner un peu plus le profil du tueur. D’ailleurs, tu aurais pu faire un bon profiler tu sais ? sourit Elana en regardant son ami qui se contentait de souffler pour montrer que cette idée était totalement saugrenue.

― Je disais donc, avant d’être interrompu (Il jeta un regard noir au vampire), qu’il veut se défaire de ce secret. Mais j’ai également découvert autre chose. Éclipse noir est le nom d’un ancien théâtre et Soleil de lune était le titre du spectacle attitré à celui-ci.

― Vraiment ? Mais quel est le lien entre une pièce, un théâtre fermé et une série de meurtres ? demanda Elana, son cerveau tournant à plein régime.

Il doit y avoir un rapport là-dedans mais lequel ? Chacun se dévisagea tour à tour avant de reporter leur attention sur Swaï, le plus apte à répondre à leur question.

― Je n’en sais rien du tout. Le seul moyen de le découvrir serait d’aller dans ce théâtre laissé à l’abandon depuis près d’un siècle.

― Nous n’avons que cette piste de toute façon, alors allons-y. On n’a rien à perdre.

― Où se trouve-t-il ? interrogea Stefan en fixant l’homme-dragon, les bras croisés et appuyé contre le mur derrière le canapé où était toujours installée Elana.

― Pas très loin d’ici, à quelques kilomètres vers l’est.

― Tiens, quelle coïncidence ! ricana Vince d’un rire sans joie. Comme par hasard, ce théâtre se trouve à proximité. Vous ne pensez pas que c’est un piège ? Ce Borgne Sans Tête semble tout à fait savoir ce qu’il fait, si vous voulez mon avis.

― Et on s’en passera ! répliqua brusquement le loup-garou tandis que le vampire grognait de mécontentement. On n’a pas le choix, c’est notre seule piste. Il fait encore nuit, partons dans quelques heures le temps de reprendre du repos.

Juste après avoir fini son intervention, il se retira et partit à l’étage. Sûrement pour se reposer sur le toit, comme d’habitude. Chacun le suivit, se dispersant dans toute la maison pour vaquer à ses occupations. Elana, quant à elle, alla se coucher dans son lit douillet et piqua un somme bien mérité. Hélas, quelques heures plus tard, elle fut réveillée par une drôle de sensation. Comme si quelque chose de chaud coulait sur sa joue. Étant sûre qu’elle n’arriverait plus à se rendormir, la jeune femme ouvrit doucement les yeux puis les écarquilla lorsqu’elle vit la cause de son réveil. Juste au-dessus de son visage se trouvait celui de Fenl, un pot de miel à la main et une cuillère pleine de ce nectar dans la bouche. Et comme par hasard, il n’arrêtait pas de couler le long de ses lèvres et avait réussi à tomber sur la joue d’Elana. Sentant une vague de colère l’envahir, elle ferma les yeux en essayant de se contrôler. Retiens-toi Elana, retiens-toi… Ne vas pas tuer Fenl, elle pourrait être encore utile !

― Fenl… qu’est-ce que tu fiches dans ma chambre ? articula-t-elle difficilement en réprimant son envie de l’étrangler sur-le-champ.

― Je suis venue te réveiller pardi ! C’est l’heure de partir ! s’exclama la fée, tout sourire.

Bon sang… elle ne se rend même pas compte qu’elle est sur le point de se faire étriper pour m’avoir réveillé alors que j’étais en train de rêver de… de quoi déjà ? Ah oui ! L’assassinat des Bisounours. Cette affaire me donne des envies de meurtre j’ai l’impression. À cela rajoutez mon dégoût des Bisounours (tout gentil, sans une once de méchanceté, rose bonbon, des tonnes et des tonnes de bisous et mignon comme tout. Hmm… Non merci !), et ça donne des rêves dans lesquelles je suis en train de pourchasser les gentiiiils Bisounours à coup d’éclairs dans les fesses. Un très beau rêve en somme. Et désolé aux fans des célèbres nounours.

― Et donc, tu as mis du miel sur mon visage pour me réveiller ?

Et Fenl continua à sourire d’un air innocent, sans se rendre compte du ton glacial de son interlocutrice.

― Bah… c’est trooop bon ! Alors j’ai voulu partager avec toi ! Et… pourquoi tu me regardes comme ça ?

Ah enfin ! On peut dire qu’elle est lente à la détente !

― Sors de ma chambre. Tout de suite.

― Mais je…

― Maintenant, si tu ne veux pas que je te balance toi et ton cher pot de miel par la fenêtre ! lui ordonna-t-elle en l’empoignant par le col de son t-shirt.

En réaction, Fenl ne put s’empêcher de lui faire sa tête de petit-cocker-abandonné-sur-la-route-sous-la-pluie-en-plein-milieu-de-la-nuit. Mais cette fois, Elana ne céda pas à cette moue si craquante qui la désarçonnait à chaque fois. Elle s’avança, mit enfin la fée dehors en lui disant d’aller prévenir les autres qu’elle se préparait et claqua directement la porte avant que la gêneuse ne revienne fourrer son nez dans sa chambre. Soit dit en passant, lieu sacré où personne n’avait le droit d’entrer sans son autorisation. D’ailleurs, juste après s’être retournée, son regard vagabonda un peu partout. À sa droite se trouvait son lit, adossé au mur où était encadré un vieux papyrus représentant une scène de guerre en Égypte ancienne, tandis que celui d’en face possédait d’immenses panneaux en acajou. Le bois rouge, gravé d’une gracieuse geisha, donnait à la pièce une atmosphère un peu calfeutrée. Une petite table de chevet surmontée d’une lampe accompagnait son sommier, une table basse trônait au milieu de la chambre et dans un coin se situait un miroir à pied verni avec à sa droite une commode en bois ciré portant un vase contenant deux roses noir et rouge. Au-dessus de celle-ci, se trouvait une peinture représentant un cerisier en fleur perdant ses pétales rosâtres au gré d’un vent invisible. À cela s’ajoutait une grande armoire positionnée à la gauche de la porte menant à sa salle de bain, située dans le coin en face de la jeune femme. Et pour finir, un bureau prenait sa place en face de son lit, avec son ordinateur, son nécessaire d’écriture et à sa droite une grande bibliothèque remplit de livres en tout genre.

Après avoir inspecté à peu près toute sa chambre pour vérifier que Fenl n’avait touché à rien, Elana s’empressa d’aller se préparer pour de bon. La case douche fut son premier centre d’attention. C’est donc en continuant de ronchonner qu’elle passa la tête sous l’eau qu’elle avait mise glacée afin de pouvoir bien se réveiller et ne plus penser à « l’étripage de la gloutonne de service ». À sa suite, vinrent les rites habituels du maquillage et de l’habillage. Enfin prête, elle put enfin sortir. Pour se ramasser directement la figure sur son parquet récemment verni. Putain ! Qu’est-ce que c’est cette fois ?! Et comme pour réaliser son pire cauchemar, la jeune femme aperçut, en se retournant, la fée assise par terre à côté de sa porte… les jambes tendues en travers de celle-ci. Elle ne semblait pas le moins du monde affectée par la chute de son amie, continuant tranquillement de vider son pot de miel en se contentant de la fixer. Elana, quant à elle, écarquilla légèrement les yeux en voyant son manque total de réaction, puis fronça les sourcils et afficha une mine, vraiment, vraiment pas contente ! Si ses yeux pouvaient tuer quelqu’un, Fenl serait déjà morte à l’heure qu’il est.

― Fenl… Tu ne serais pas suicidaire ?

― Hein ? Pourquoi tu dis ça ?

Elana ne préféra même pas répondre. La raison était tellement évidente ! Enfin… pour elle en tout cas, car son interlocutrice se contentait de l’observer comme si une troisième tête lui était poussée.

― Je suis très heureuse de vivre si c’est ce qui t’inquiète. Mais merci de me le demander. Par contre, qu’est-ce que tu fais couchée par terre ? Tu étudies le parquet ?

Alors là, elle est morte ! C’est à cause d’elle que je suis dans cette position et elle vient ensuite me narguer comme si c’était ma faute ? N’importe quoi !

Son envie de meurtre revint alors à la charge, l’envahissant d’une pulsion telle qu’elle se jeta sur Fenl, prête à l’étrangler sur place. Cette dernière, ayant enfin remarqué le danger, laissa s’échapper un léger cri de peur lorsque ses yeux couleur chocolat rencontrèrent ceux vairons remplis de colère, d’impatience et d’une évidente lueur meurtrière. Son dos buta contre le mur. Elle se sentit soudain prise au piège et ne put que fermer les yeux en attendant la suite. Mais alors qu’elle s’attendait à être déchiquetée sur place (en ne sachant même pas pourquoi…), c’est un cri d’indignation qui lui parvint. Ses paupières se levèrent. Elle put ainsi voir Elana en train de se débattre dans les bras de Stefan qui avait sûrement dû l’arrêter avant qu’elle ne commette quelque chose qu’elle aurait regretté. Enfin, elle l’espère…

― Bon sang, mais qu’est-ce que tu fiches ? Je rêve ou tu as essayé de tuer Fenl ? s’insurgea le loup-garou d’une voix forte.

― C’est elle ! Elle l’a cherché ! Elle m’a d’abord mis du miel sur le visage et m’a ensuite fait tomber par terre ! Et le pire, c’est qu’elle est rentrée dans ma chambre sans mon autorisation ! expliqua-t-elle avec colère.

― Et alors ? Tu penses que c’est une raison suffisante pour ce que tu voulais faire ?

― Tout à fait ! Et elle vient ensuite me narguer alors que c’est sa faute ! Mais pourquoi tu la défends, tu es de son côté ?!

― Je ne suis du côté de personne, j’arrête juste vos gamineries avant que ça n’atteigne un trop grand stade. Alors maintenant tu vas te calmer sinon je te ligote à une chaise et je te laisse ici quand on partira au théâtre.

― Quoi ?! Tu oserais me faire ça ?! s’indigna Elana, l’air choqué.

― Bien sûr. Alors tu arrêtes et déclares que tu ne vas pas tuer Fenl dès que j’aurai le dos tourné ? demanda-t-il d’un ton glacial.

La jeune femme ne répondit pas tout de suite, se contentant de fixer avec énervement le sol. Puis elle grogna des mots incompréhensibles qui excédèrent Stefan. Celui-ci serra plus fort son bras, attendant sa réaction qui vint très vite. Son visage se détourna brusquement pour venir le fixer méchamment.

― Donc ?

― Je promets de ne pas tuer Fenl dès que tu auras le dos tourné, répéta-t-elle d’un ton agacé.

― Très bien. Tu vois quand tu veux.

Et de nouveau, elle grogna des paroles que personne ne comprit à part elle. Son ami la lâcha enfin, toujours quand même sur ses gardes, puis laissa passer la fée qui descendait précipitamment l’escalier comme si elle avait le diable aux fesses. Il soupira doucement avant de reporter son attention sur Elana qui le fixait à son tour d’un air de dire « si tu refais ça, la prochaine fois c’est toi qui y passes ! ». Face à ce comportement, Stefan arqua un sourcil. Elle ose me tenir tête ? Ce qu’elle peut être bornée ! Et juste à la fin de cette pensée, la jeune femme passa à son tour devant lui afin de rejoindre les autres en bas. Et quelques secondes plus tard il la suivit, un léger sourire étirant ses lèvres. Mais qu’est-ce que c’est amusant…


Texte publié par zhenli, 14 avril 2015 à 15h09
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