― J’ai faim.
― Oui.
― Je veux des caramels.
― Oui, on le sait Fenl.
― Et des fraises enrobées de chantilly.
― Ça fait depuis une heure que tu nous le répète.
― Avec des gâteaux à la vanille, à la framboise et au citron… une bonne tarte aux pommes et des éclairs au chocolat ! Et puis une glace avec des morceaux de noisettes enrobée de caramel et au coulis de frai…
― Non mais tu vas te taire OUI ?!!!
La jeune femme sur les nerfs se retourna en quatrième vitesse pour faire face à la petite fée qui lui arrivait juste en dessous de la poitrine, et ainsi la foudroyer du regard en se retenant de l’étriper sur place.
― Je te rappelle qu’on est tous soi affamés, soi fatigués ou sur les nerfs ! Alors arrête de te plaindre sinon tu seras privée de bonbons et de pâtisseries durant un mois entier ! Est-ce que j’ai été clair ?!
À l’annonce de cette sentence, Fenl craqua. Elle fit sa tête de chien battu : les mains croisées sur sa poitrine, la tête levée vers Elana, le regard larmoyant et la bouche tremblotante. Oh non pas ça ! Je n’arrive jamais à lui dire non quand elle fait ça…
― Me privent pas de mes bonbons et mes gâteaux Elana… s’il te plaît, supplia-t-elle d’une petite voix qui fit fondre la colère de la jeune femme.
Celle-ci soupira longuement avant de se passer la main dans les cheveux et de rassurer la fée sur l’avenir de son estomac.
― Dites, c’est pas une porte là-bas ? demanda soudain Swaï en pointant du doigt le fond du couloir, tout en gardant son éternel air blasé.
― Oui, on dirait. Ashuran, est-ce que tu sais où ça mène ?
― C’est la sortie du tunnel je crois, mais je n’en suis pas sûr…
― Ok. Allons-y alors !
Et c’est dans un silence pesant qu’ils reprirent leur chemin. Très vite, ils arrivèrent devant cette porte, en ouvrirent les deux battants et entrèrent. Ils découvrirent une salle aussi basique que le couloir, avec des murs en métal, mais cette fois il y avait une fenêtre donnant sur l’extérieur à leur gauche. Et également une autre porte en face d’eux.
― Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? demanda Elana en entrant, suivie de ses compagnons tout aussi intrigués qu’elle. Je me demande où mène cette porte. Est-ce que tu le sais A…
Mais la jeune femme se stoppa net dès qu’elle vit la tête du prisonnier derrière elle. Il les regardait d’un air victorieux en ricanant avec satisfaction. Son sourire n’était pas mais alors pas du tout joyeux. Plutôt sadique à vrai dire.
― Vous êtes vraiment naïf… Faire confiance à un inconnu vivant emprisonné dans les geôles des goules. N’avez-vous pas trouvez ça étrange que je ne possède même pas un lit et que j’ai le droit de vivre avec un cercueil ?
― J’étais sûr que tu n’étais pas net ! Qui es-tu et que faisais-tu dans cette prison ?! s’exclama Vince en le fusillant du regard.
― Je m’appelle bien Ashuran mais je ne suis pas celui que vous croyez.
― Qui es-tu alors ? demanda Swaï en s’avançant d’un pas.
Il se fit stopper par Fenl qui, malgré la tension présente, restait aussi froide que de la glace.
― Je suis au service des goules et ma mission était de surveiller ce cercueil…
― Toi ! Tu veux dire que ce cercueil n’était pas vide ? continua cette fois la fée en le fusillant du regard.
L’homme se contenta de sourire, ce qui énerva encore plus Vince qui ne supportait pas cette expression sur ce visage fourbe et hypocrite.
― Oh non loin de là ! Devinez donc le nom de son occupant, vous le connaissez bien, surtout toi Elana…
La jeune femme déglutit péniblement et blêmit en lâchant d’une petite voix ce que son esprit n’arrêtait pas de lui répéter comme une évidence :
― n… non… Stefan…
― Hahaha ! Eh oui c’est votre cher ami qui se trouvait là-bas et que vous n’avez même pas remarqué alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de vous. C’était son odeur que tu avais sentie, Swaï. Quel dommage, il va devoir rester enfermé dans ce cercueil pour un bon bout de temps car vous n’irez pas le libérer !
À peine après avoir terminé sa phrase, ses yeux prirent une couleur jaunâtre, ses crocs poussèrent, son visage s’allongea et se déforma pour devenir celui d’un loup tandis que son corps grandissait, se modifiant au niveau des jambes et des bras pour devenir des pattes avec des ongles transformés en des griffes tranchantes. Et le tout s’accompagnant de bruits de craquement d’os. Des poils gris poussèrent de partout et bientôt ses vêtements se déchirèrent. Il était à présent un loup-garou sous sa véritable forme.
Et enfin, il hurla. D’un hurlement bestial, long et puissant : celui d’un loup sur le point de tuer. Immédiatement après, il s’élança en direction de Swaï qu’il considérait comme une cible facile. Malheureusement pour lui ce n’était pas le cas, car après tout il n’était pas un homme-dragon pour rien. Alors que les griffes du loup-garou allaient l’atteindre, sa main reprit sa forme animale : une patte recouverte d’écailles vertes foncées possédant d’aussi longues griffes que celles de son adversaire. Il arrêta celle de l’ennemi grâce à la sienne et l’envoya valdinguer à l’autre bout de la pièce grâce à son autre main, elle aussi transformée.
― Il est plus puissant que les loups-garous normaux, il faut partir ! Immédiatement ! s’écria Swaï à l’attention de ses amis tandis que leur ennemi était sonné par la violence du choc.
― Mais ensemble on pourrait…
― Non Vince. Il n’est pas comme les autres et l’un de nous pourrait être blessé.
― Et Stefan ? On ne va pas le laisser croupir ici quand même ! cria Elana qui s’inquiétait pour son fidèle ami.
― On n’a pas le choix, on ne peut plus retourner en arrière.
― Mais…
― Non Elana.
La jeune femme sentit son cœur battre à cent à l’heure. Elle ne pouvait décemment pas le laisser ici avec ces goules et ce loup-garou ! Mais si Swaï disait qu’on ne devait pas le combattre, elle le croyait. Elle regarda autour d’elle, en quête d’une aide extérieure, mais tout ce qu’elle vit fut son ami vampire sur ses gardes, les canines sorties et prêt à bondir en cas d’attaque. Ainsi que l’homme-dragon qui était aussi en position défensive avec une expression qu’elle ne voyait que rarement chez lui : sérieux, concentré et très attentif à son adversaire. Lui qui d’habitude se fichait royalement de ce qui l’entourait, ici il était tout ce qu’il y a de plus humain et d’animal à la fois. Ses pupilles striées comme les chats étaient d’un or flamboyant tandis que ses iris passaient du gris au noir. La présence de son dragon était évidente. Quant à Fenl, elle se trouvait en arrière, affichant aussi un air sérieux et très attentif, ce qui ressortait également de son air habituel enfantin et un peu idiot sur les bords. Sa part de maturité ne ressortait que lors de situations graves comme celle-ci.
Le cerveau d’Elana travaillait rapidement, essayant de trouver une solution à leur problème. Mais alors qu’une idée émergeait de son esprit, elle entendit un grognement qui attira son attention. Elle vit leur adversaire bondir et ils ne purent qu’esquiver l’attaque. L’animal, prit dans son élan, alla s’écraser contre la porte et en arracha les deux battants. Puis il se remit vite sur ses pattes et évita ainsi de s’écraser contre le mur.
― J’ai une idée. Je vais l’attirer et quand il s’éloignera de cette porte vous allez vous enfuir et j’en profiterai pour l’immobiliser avec ma maîtrise de l’air.
― Quoi ?! Ne raconte pas n’importe quoi ! On ne te laissera jamais avec un loup-garou fou furieux près à te tuer ! s’écria Vince en la regardant d’un air indigné.
― Je peux m’en occuper toute seule… Attention !
Elle n’eut le temps que de dire ça. Le loup-garou réitérait son attaque. Mais cette fois, ce fut le vampire qui fut pris pour cible. La bête s’élança à une telle vitesse que leur ami ne put que subir la violence du choc. Ce dernier se retrouva projeter par terre, l’animal féroce présent au-dessus de lui. Ses crocs claquèrent à à peine cinq centimètres de son visage. Il essaya malgré tout de le faire bouger, mais ses pattes étaient tellement bien ancrées dans le sol qu’il réussit à peine à le faire mouvoir de quelques millimètres. Bon sang ! Je vais y passer si ça continue ! Pourtant, alors que son ennemi relevait brusquement la tête pour ensuite la projeter vers la gorge du vampire, ses longs crocs aiguisés en avant, il sentit un léger courant d’air traverser sa chemise. Puis ce frôlement se transforma en une violente bourrasque qui projeta le loup-garou à l’autre bout de la pièce tandis qu’un bruit mat se faisait entendre. Comme si quelqu’un tapait violemment du pied par terre. La bête ne comprit même pas ce qu’il lui arrivait. Vince, lui, comprit.
Lorsqu’il leva son visage, il put voir Swaï tendre sa main afin de l’aider à se relever. Mais ce que son attention retint, ce n’était pas son ami homme-dragon, plutôt la pose que prenait Elana : les pieds écartés l’un devant l’autre, les jambes légèrement fléchies, le buste droit et les bras tendus vers lui. Il sut qu’elle venait de lui sauver la vie. Elle a sûrement dû utiliser sa maîtrise de l’air. Mais aussi… Ses yeux fixèrent les pieds de la jeune femme. Il vit une sorte de mini cratère juste en dessous. Comme si elle s’était exactement positionnée sur ces deux trouées. Non. Elle en est la cause. Et son intuition se confirma lorsqu’il suivit la longue boursouflure présente sur le sol. Le béton semblait avoir été déchiré de l’intérieur, donnant le même résultat que si un tremblement de terre était passé. Celui-ci s’arrêtait précisément aux endroits où les pattes du loup-garou étaient. On pouvait retrouver ce gonflement, mais cette fois c’était comme s’il avait littéralement éclaté, dévoilant quatre mini-cratères identiques. Sa maîtrise de la terre y en est pour quelque chose.
Mais alors qu’il essayait de déchiffrer ce qu’il venait de se passer, il entendit Elana s’écrier avec force :
― Je ne reviendrais pas sur ma décision, quoi que vous disiez ! Donc partez !
― Mais Elana…
― Swaï arrête s’il te plaît. Je ne changerais pas d’avis.
― Elana tu es sûre ? demanda calmement la fée.
― Tout à fait.
― Alors je crois que nous n’avons pas le choix.
Elana se tourna vers Fenl et lui sourit en la remerciant de sa compréhension.
― Ne te méprends pas, je ne comprends pas ta décision mais je sais que quoi que l’on fasse tu ne changeras pas d’avis.
Et le sourire de la jeune femme ne s’envola pas à cette remarque, il s’accentua d’ailleurs.
― Au moins quelqu’un de sensé, murmura-t-elle avec ironie. Attention, il arrive, ajouta-t-elle en reprenant son sérieux.
Le loup-garou se dressa devant eux, les poils hérissés sur le dos, avant de se courber vers l’avant et de lâcher un grognement féroce. Elana s’avança alors afin de capter son attention et dit avec assurance :
― Aller mon joli vient voir maman ! Je suis sûr que tu n’arriveras jamais à me battre, je suis bien plus forte qu’un loup-garou de pacotille.
Vexé au plus haut point, l’animal retroussa les babines, affichant un rictus effrayant en découvrant des crocs tranchants comme des lames de rasoirs. Il se ratatina sur lui-même et bondit en avant, droit sur la jeune femme qui roula vers la gauche, l’évitant ainsi de justesse.
― Maintenant !
À son ordre, ses trois amis coururent en direction de la sortie et s’enfuir. Elana, quant à elle, se releva en tendant la paume de sa main vers le loup-garou. Un violent courant d’air s’engouffra alors dans la pièce jusqu’à atteindre l’animal de plein fouet. Il se retrouva plaqué contre le mur, face à cet adversaire invisible. La jeune femme pouvait contrôler le vent à volonté, lui donner des ordres, le diriger là où elle le souhaitait et lui donner la force qu’elle voulait. Elle était à présent la maîtresse de l’air.
Mais bien vite elle se rendit compte qu’elle ne pourrait pas rester ainsi éternellement. Il faudra bien qu’à un moment ou un à autre elle lâche la pression qu’elle exerçait sur lui, même si cela signifiait qu’il pourrait reprendre le contrôle de lui-même et ainsi l’attaquer à sa guise. Merde ! Et moi qui pensais pouvoir m’en sortir, c’est loin d’être gagné ! Je ne peux pas rester ainsi éternellement. Bon sang, je suis vraiment bête des fois ! J’aurai dû les écouter, même si cela signifiait être poursuivi par un loup-garou fou furieux. Une montée de stress traversa l’ensemble de son corps, la rendant encore plus fébrile. L’inquiétude et la colère se partageant son esprit sans qu’elle ne puisse y faire grand-chose. Elle essayait en même temps de trouver une solution, mais rien ne lui venait. À part peut-être… Mais alors qu’elle pensait déjà que le dénouement le plus plausible était de relâcher son pouvoir et d’envoyer une violente rafale de vent contre son adversaire pour l’assommer, un bruit attira son attention. Elle tourna la tête, sans pour autant se déconcentrer, et vit quelque chose qui fit accélérer son cœur à cent à l’heure. À sa droite se dressait un autre loup-garou à la fourrure aussi noire que la nuit. En remarquant le regard de la jeune femme sur lui, celui-ci le lui renvoya avec intérêt. Ses yeux dorés rencontrèrent ceux vairons d’Elana. Ils se fixèrent un moment en silence puis elle lâcha dans un souffle un mot. Un seul et unique.
― Stefan…
Le dénommé Stefan releva sa tête, souffla bruyamment et s’avança dans sa direction. Arrivé à ses côtés, il fourra son museau dans le cou de la jeune femme et la renifla avec attention alors qu’elle s’était figée sur place. Il cherche à me reconnaître. Mon odeur doit lui sembler familière. Je ne dois surtout pas bouger. Ne pas bouger. Sinon il pourrait très bien m’arracher la tête ! S’il te plaît, Stefan ! Reconnais-moi ! Cette fois ce n’était plus la colère et l’inquiétude qui la bouleversait mais la peur. La peur que son ami ne se souvienne pas d’elle et qu’il la tue sans remords. Un frisson lui parcourut le corps lorsque ses crocs touchèrent sa peau. Oh non ! Elle ne put s’empêcher de fermer les yeux, priant haut et fort dans sa tête pour que ce moment ne soit pas le dernier. Cependant, malgré tous les sentiments qu’elle ressentait, elle réussit à ne pas bouger. Cela était une de ses priorités. Ne pas bouger. Rester concentré sur mon pouvoir. Et prier pour mon salut ! Ce qui lui valut peut-être la vie car une ou deux minutes plus tard, il lui lécha le cou et tourna rapidement la tête vers le loup-garou toujours sous l’emprise du vent. Merci mon Dieu ! Il m’a reconnu ! Soulagée, elle lâcha un profond soupir en souriant. La peur qui lui tordait le ventre venait de se dissoudre comme neige au soleil. Maintenant, Stefan était à ses côtés, elle n’avait plus rien à craindre. Même pas ce loup-garou qui les avait trompés. Mais lorsqu’elle pensa à ça, elle reporta son attention sur lui. Son ami était en train de s’en approcher. De suite, elle créa une boule d’air autour de lui afin de le protéger de la rafale et lorsqu’il arriva devant l’ennemi il ouvrit sa gueule puis arracha violemment sa tête d’un coup sec. La demoiselle relâcha totalement la pression de son pouvoir, vit le corps inerte tomber comme une masse, le sang se déversant par terre pour devenir une grande flaque carmin. Pourtant, ce spectacle ne lui inspira rien de plus qu’un léger dégoût. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait le cadavre d’un loup-garou, d’un animal mort ou d’une créature surnaturelle. Elle-même avait déjà tué.
Lorsqu’elle détourna les yeux, son regard rencontra celui de son ami et elle ne put s’empêcher de sourire. Bon sang, qu’est-ce qu’il m’a manqué ! Et qu’est-ce que ça me fait du bien de le revoir… Et comme si son sentiment était partagé, le loup-garou s’avança vers elle, baissa la tête et frotta son museau contre son ventre. Il ferma quelques instants les yeux et elle en fit de même tandis que sa main venait caresser la tête, le cou et une partie du dos de Stefan. Il est si chaud… et sa fourrure est si douce… Chacun savoura l’instant présent car ils savaient que quand ils retrouveraient les autres, ils ne pourraient plus avoir un moment comme celui-là. Plusieurs minutes passèrent dans un silence qui leur permit, surtout à Elana, de se détendre complètement et d’oublier où elle se trouvait. Seul le souffle chaud et le museau contre son ventre comptaient à cet instant. Mais bientôt ils furent interrompus par un bruit venant d’où s’était enfuis leurs amis.
Dérangé, Stefan recula d’un pas, planta son regard dans celui de la jeune femme puis lui montra son dos. Elle comprit qu’il l’invitait à monter pour aller plus vite. Sans qu’elle n’en comprenne la raison, un sourire tendre vint peindre son visage. Mais pourquoi est-ce que je souris moi ? Puis elle agrippa les poils du loup-garou et se positionna sur lui du mieux qu’elle put. Une légère sensation de chaleur monta en elle tandis que son ami commençait à courir vers la sortie. Et pourquoi est-ce que j’ai chaud d’un coup ?
Après une bonne dizaine de minutes, ils purent enfin voir la lumière du jour et sortir par une grande porte, elle aussi à double battant. Ils découvrirent leurs amis là, plantés devant eux, à attendre.
― Elana ! Et… Stefan ?
― Il s’est libéré tout seul du cercueil et il m’a aidé à vaincre le loup-garou.
― Oh, très bien ! Ça veut donc dire que l’autre fou furieux est définitivement mort ?
― Absolument, répondit-elle en redescendant de son ami avant de le regarder. Stefan, tu vas devoir reprendre forme humaine, tu ne peux pas te balader sous cette forme, ok ? Vince te prêtera sa veste vu que nous n’avons pas apporté de vêtements de rechange.
― Et mon accord alors ?
― On s’en fiche, je dicte et tu obéis, c’est clair ? lança Elana d’un regard glacial et qu’il ne fallait pas contredire.
Le vampire grogna de mécontentement tandis que l’animal fermait les yeux. Ses os commencèrent à craquer en se déformant, ses muscles se remodelèrent, il diminua de taille, ses poils et ses griffes rentrèrent sous sa peau tandis que les dernières traces du loup s’envolaient. À la place de la bête il ne restait plus que le corps d’un humain totalement nu. En quatrième vitesse, Elana détourna les yeux, rougissante, tandis que son ami s’habillait de la longue veste couleur carmin de Vince. Lorsqu’elle le regarda de nouveau, son cœur se mit à battre à cent à l’heure. Cela semblait faire un siècle qu’elle ne l’avait pas vu alors que ça ne faisait qu’un mois. Grand et élancé, il était un peu plus musclé que le vampire qui n’était que finesse comparé au loup-garou. Ses cheveux noirs tombant gracieusement sur ses épaules lui allaient comme un gant et sa mèche qui traversait son visage ne gâchait en rien son beau visage aux traits droits, fins et réguliers. Mais ce qu’on remarquait le plus chez lui c’était ses yeux. Des yeux d’un gris foncé qui pouvaient passer du gris métallisé au gris d’une nuit d’orage, envoûtant tout de suite la personne qui les croisait. Bien qu’il donnait sur la vingtaine, Stefan venait d’entamer sa cent-onzième année. Pour dire qu’il ne prenait pas une ride.
Perdue dans la contemplation de son ami, qui ne le remarqua pas d’ailleurs, Elana ne sentit et ne vit même pas que quelqu’un s’amusait à l’observer depuis sa sortie du tunnel. Se trouvant en hauteur, sur un bâtiment entouré d’immeubles à une centaine de mètres de là, la personne se tenait sur le rebord du toit, suivant de loin avec un éclat malveillant la jeune femme qui rentrait chez elle avec ses amis.
― Vous êtes là, je vous cherchais. Qu’est-ce que vous faites ? demanda soudain une voix derrière lui.
À l’entente de cette question, son sourire arrogant s’envola pour laisser place à un visage glacial et renfermé. Il ne préféra même pas répondre.
― Seigneur Ulrick ?
― Tais-toi, ordonna-t-il d’un ton autoritaire sans arrêter de fixer son centre d’intérêt.
Le nouveau venu regarda dans la même direction que lui et vit un groupe de cinq personnes s'éloigner en discutant joyeusement. Il ne reconnut personne mais la jeune femme attira tout de suite son attention.
― Des cheveux rouges comme le sang ? C'est elle ?
― Oui, Elana Denaïlïhâ.
― Que comptez-vous faire ? Y aller maintenant ?
― Ne dis pas n’importe quoi. Je n’agirais que quand elle sera seule.
L’homme à ses côtés sourit, d’un sourire sadique et désagréable qui ne présageait rien de bon.
― Et vous comptez lui révéler certaines choses la concernant ?
― Si cela devient nécessaire. Je veux d’abord qu’elle se pose des questions et qu’elle cherche par elle-même ses réponses. Et seulement si elle ne trouve rien, je lui révélerais ce qu’elle doit savoir. Elle et moi avons de nombreuses choses à nous dire, répondit l’homme en posant deux doigts sur le bandeau protégeant son œil droit.
― Je sens que ça va être très divertissant…
― Oh oui, tu n’imagines pas à quel point, Sailar…
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