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Chapitre 1

― Nous devons aller les chercher ! s’exclama une voix féminine avec autorité.

En face d’elle se trouvaient trois personnes. Ses amis. Une toute jeune fille âgée d’une douzaine d’années la fixait d’un air enfantin, les sourcils relevés sur ses yeux couleur chocolat avec une grosse sucette rose dans la bouche. Celle-ci, debout près de la porte de la chambre, s’avança en faisant crisser ses baskets sur le parquet en acajou. Puis elle s’assit devant la personne qui venait de parler, remontant vite fait son jean ainsi que les manches de sa veste bleue. La femme en face d’elle put alors aisément voir son t-shirt blanc marqué d’un « I Love You ».

Un bruit se fit entendre tout de suite après. Cela venait d’un homme d’un âge plus avancé qui avait donné une tape sur la tête de son voisin qui, lui, se contentait de dormir tranquillement, assis en tailleur sur une table en chêne. Celui-ci se démarquait d’une autre manière que les deux autres, il dégageait une aura étrange et mystérieuse. C’était un adolescent âgé de dix-sept ans, difficile à cerner, même pour ses compagnons. Il restait souvent en retrait, perdu dans ses pensées ou en train de dormir on ne sait où. Cette fois-ci, c’était sur une table. En plein milieu de ma chambre en plus !

Alors qu’il se réveillait petit à petit, en se massant l’arrière du crâne et en baillant à s’en décrocher la mâchoire, la jeune femme qui était intervenue brusquement il y a quelques instants soupira profondément en voyant son comportement trop laxiste à son goût. Elle dévisagea ses trois compagnons avant de plaquer la paume de sa main contre son front. Allons-bon, je ne suis pas sortie d’affaire avec ceux-là ! Une fée gamine et irresponsable sans une once d’intelligence, un vampire vieux de plusieurs siècles pervers à n’en plus pouvoir et un homme-dragon qui ne pense qu’à dormir n’importe où !

― Bon, les gars ! intervint-elle d’un ton qui n’admettait aucune réplique.

Les deux concernés tournèrent leur attention vers elle en la regardant avec un intérêt certain pour une partie de son anatomie pour l’un et une indifférence totale pour l’autre. Ce qui énerva la jeune fille au plus haut point ! Sa main gauche posée contre sa hanche et l’autre visant les perturbateurs, elle dit d’une voix forte :

― Vince ! Je te prierais d’arrêter de lorgner sur ma poitrine – encore ! – et Swaï ne me regarde pas comme si tu n’étais pas concerné ! Et toi Fenl… (La petite fille releva la tête en la fixant avec intérêt, sa sucette toujours fourrée dans sa bouche) Non. Laisse tomber. Retourne faire ta vie avec ta sucette, je te rappellerai dès qu’on aura besoin de toi.

La concernée fit de ce pas ce qu’on lui avait dit et, juste après avoir sorti sa sucette de sa bouche, la contempla avec un grand intérêt, les sourcils froncés au maximum, tout en pinçant sa lèvre inférieure avec ses dents. Toute sa concentration était portée sur cette sucrerie si chère à ses yeux. Et une nouvelle fois, la jeune femme ne put s’empêcher de soupirer devant ce comportement si… Argh sans commentaire !

― Pourquoi t’énerves-tu autant Elana ? Si tu as le moindre problème je volerais à ton secours, ma princesse, dit Vince en s’approchant dangereusement de la demoiselle qui recula instinctivement jusqu’à ce qu’elle se cogne contre sa table de chevet.

Elle réprima un frisson en voyant le vampire s’avancer vers elle, tel un prédateur sautant sur sa proie. Elana avait alors la sensation qu’il avait tout d’un aristocrate pervers vu sa façon d’être ainsi que ses vêtements qui ne gâchaient rien à cela ! Toujours vêtu de manière élégante avec sa chemise en soie noire légèrement ouverte sur son torse finement ciselé, son pantalon coupé droit et sa longue veste couleur carmin. Ses cheveux argentés posés délicatement sur ses épaules lui donnant un air plus vieux que ne l’étaient ses yeux noirs pétillant de malice, d’amusement et de sournoiserie. Oui. C’était vraiment ça. Un aristocrate pervers.

Elana le regarda alors une seconde dans les yeux, reprit contenance, et répliqua d’un ton acide :

― Avance encore d’un pas et je te prive de repas pendant un mois !

À l’entente de ces paroles, Vince se figea sur place alors qu’un rire nerveux sortait de sa bouche.

― Allons, ma princesse. Tu rigoles n’est-ce pas ? Tu aimes autant que moi que je te prenne du sang…

― Pff, ce n’est arrivé qu’une seule et unique fois ! Je t’ai seulement laissé boire mon sang car tu étais au bord de la mort et franchement c’était une grave erreur de ma part, assura-t-elle avec dédain tandis que le vampire se contentait de lever les yeux au ciel en voyant son comportement.

― Mon Dieu, qu’ai-je fait pour avoir une maîtresse pareille ? Aussi froide à mon égard et tellement naïve, dit-il désappointer.

― Moi, naïve ? Arrête de raconter des sornettes Vince ! Et puis ne cite plus Dieu, tu es un vampire je te rappelle ! s’offusqua la jeune femme en voyant rouge.

Le vampire se contenta de hausser les épaules en fermant les yeux, ne souhaitant pas énerver davantage sa maîtresse adorée. Exaspérée, celle-ci lâcha un grognement de mécontentement avant de passer la main dans ses cheveux rouge sang. Habitude qu’elle avait prise depuis qu’elle avait rencontré Vince, il y a deux ans de cela.

― Bon, c’est pas tout ça mais nous devons aller les chercher. Ça fait déjà depuis une semaine qu’ils sont enfermés dans cet endroit et ce n’est pas un quatre-étoiles avec service compris ! Donc... Swaï (Elle le fixa, les poings sur les hanches et la tête haute) je te prierais de te réveiller pour de bon illico presto si tu ne veux pas que je t’arrache tes écailles !

Ce dernier sursauta légèrement, la fixa d’un regard étrange pendant quelques instants et dit d’une voix calme et posée :

― Qu’est-ce que tu me veux ?

― Ce que je veux ? À ton avis Monsieur l’homme-dragon ? (Elle le vit froncer les sourcils) Je souhaite que tu utilises ton odorat super développé pour trouver le lieu où se trouvent les autres ! Ils sont emprisonnés chez ces satanées goules. Je ne sais pas ce qu’elles vont en faire mais je te parie que ce n’est pas quelque chose de très agréable. Elles ont pris forme humaine puis les ont approchés tour à tour afin de les capturer. Et tout ça pour leur « déesse » Lilith !

― Tu y tiens vraiment à ce que je vois, fit remarquer le jeune homme.

― Bien sûr que j’y tiens ! Ce son peut être des loups-garous mais je te rappelle que Stefan en ais un aussi et qu’il est notre ami. Alors, maintenant, aide-moi parce qu’on dirait que je suis la seule ici à me préoccuper de lui ! expliqua-t-elle en faisant passer son regard sur ses amis.

Swaï ne répondit pas et ferma les yeux. Quelques instants plus tard il leva la tête, renifla l’air pour essayer de trouver l’odeur caractéristique des loups-garous : quelque chose d’assez fort, brutal, épicé, avec un arrière-goût de sel. Son esprit visualisa alors la « trace » de ces créatures. Celle-ci ressemblait à un fil rouge qui suivait son propriétaire, où qu’il soit. Chaque personne possédant ce fil, il pouvait à tout moment trouvait celui qu’il recherchait. Cette fois-ci, il essaya de dénicher un regroupement assez massif de ces créatures et le trouva rapidement. Même si l’odeur était floutée, comme s’ils étaient cachés par quelque chose. Il se souvint alors que l’endroit là possédait des souterrains depuis sa fabrication. Il ouvrit brusquement les yeux et regarda Elana, qui reconnut tout de suite la présence de son dragon. Ses pupilles striées comme les chats étaient d’un or flamboyant tandis que ses iris passaient du gris au noir.

― Je les ai trouvés : ils sont dans des souterrains situés en dessous du musée d’art moderne, dit-il d’une voix plus grave et rocailleuse que d’ordinaire.

― Le musée d’art moderne ? En voilà une surprise ! Les goules auraient-elles un peu de culture finalement ? ironisa le vampire en se tournant vers l’homme-dragon qui ne lui adressa aucun regard.

― Bon. Alors ne traînons pas et allons-y !

― Une seconde ma princesse. Aurais-tu un plan dont tu ne nous aurais pas fais part, par hasard ?

― Mais bien sûr ! s’offusqua Elana en se plantant devant lui et le fusillant du regard. On se ramène là-bas, on trouve l’entrée de ces souterrains, on délivre tous les loups-garous et si on tombe sur des goules on fonce dans le tas et on les massacre jusqu’aux dernières. C’est un plan parfait, non ?

― Mouai si tu le dis…, murmura Vince, pas convaincu pour un sou de ce « plan parfait ».

― Et puis avec un homme-dragon, un vampire, une fée et moi et mes pouvoirs on ne peut que réussir ! continua-t-elle avec enthousiasme avant d’appeler ladite fée qui sortit de la contemplation de sa sucette pour venir la rejoindre. Maintenant, on y va sinon qui sait ce qu’on va bien pouvoir découvrir là-bas…

Et c’est sur ces dernières paroles que le groupe partit en direction du musée d’art moderne qui se trouvait à trente minutes à pied de chez Elana.