Juste avant les élections municipales, Jules et Jim, nos deux inséparables fêtards habitués des comptoirs plus que des conseils municipaux, décident qu’il est temps de se lancer en politique :
Jules posa sa bière sur le zinc et regarda Jim avec un sérieux inhabituel.
— Faut qu’on se trouve une respectabilité.
Jim haussa un sourcil.
— On en a une.
— Ah bon ?
— Oui. Boire des bières.
Arrête tes conneries, C’est pas faux. Mais il y a peut-être mieux à faire.
— Écoute, j’ai une idée. Si on se lançait en politique ?
Jim faillit s’étouffer avec son demi.
— Attends, toi, maire ?
— Moi maire, toi premier adjoint. Et on se fait une liste avec tous les copains des bars qu'on fréquente. Mais attention on prendra les meilleurs.
Leur but ? Pas la justice, pas le progrès, pas même le pouvoir... Non, ce qui les motive, c’est l’argent et les promesses électorales farfelues.
— Génial. Mais on prend quelle couleur politique ?
— Celle qui nous rapporte le plus.
Le débat fut lancé. La droite ? Trop associée aux riches, et comme ils ne l’étaient pas, ils risquaient de se faire avoir. La gauche ? Intéressant, mais déjà bien saturé. Puis Jules, dans un éclair de génie (ou d’ivresse avancée), eut la révélation.
— L’extrême gauche, mon vieux. Là, on pourra promettre tout et n’importe quoi, et comme c’est une ville avec beaucoup d’employés, on sera les rois et ça va nous donner beaucoup de voix pour l'élection.
Jim hocha la tête, impressionné. Il leva son verre.
— À nous, futurs défenseurs du peuple !
Commence alors une campagne électorale délirante : mensonges éhontés, calomnies savamment distillées, fausses promesses grandioses et meetings dignes d’un cabaret. Et ça marche ! Le peuple en redemande, l’ambiance est électrique, et les adversaires politiques se retrouvent piégés dans un tourbillon de fake news.
Dans les réunions publiques, ils s’indignaient contre les « élites » (qui n’existaient pas vraiment dans cette petite ville), promettaient la semaine de 25 heures payée 40 pour les employés de la mairie, mesure à étendre ensuite à tous les travailleurs, l’abolition des impôts locaux et une tournée gratuite dans tous les bars chaque vendredi. Ils faisaient des entrées spectaculaires sur les marchés, grimés en révolutionnaires du dimanche, lançant des slogans absurdes comme :
— Le capitalisme, c’est du caca, et nous, on va le ramasser avec des pelles dorées !
Ça plaisait. Plus ils étaient excessifs, plus ils attiraient du monde.
La victoire fut écrasante. Jules et Jim furent élus triomphalement avec une large majorité. La ville entière se transforma en un gigantesque banquet arrosé. Mais le lendemain matin, la gueule de bois politique, les paupières lourdes et la bouche pâteuse, Jules, en contemplant la pile de dossiers qui l’attendait sur son bureau de maire, lâcha :
— Les ennuis commencent.
Et ce n’était qu’un doux euphémisme.
Entre incompétence, magouilles improvisées et habitants de plus en plus exigeants, nos deux compères vont vite comprendre que gérer une ville, ce n’est pas aussi simple que de gérer une tournée générale…
À suivre...
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