Une semaine est passée depuis le rituel. Rien n'a changé et je me questionne encore sur ce que j'ai vécu, ou ce que je pense avoir vu.
— Alors, raconte-moi ! Je veux tout savoir !
Grace, mon amie la plus chère. Elle ne me lâche plus depuis que je suis restée inconsciente une journée entière.
— Que t'est-il arrivé ?
— Tu sais bien que je n'ai pas le droit d'en parler.
Elle me fit une grimace, supposée me faire céder et je ris.
— Ne t'en fais pas, tu sauras dans moins d'un mois.
— J'espère que tout ira bien.
— Crois-moi, quand tu le vis, tout semble réel.
Arrivée devant chez-elle, elle me salua sur le perron avant de refermer la porte.
Je rejoins le haut des falaises, là où je cachais et lisais le carnet rouge. Je sortis sa vielle couverture d'une large ouverture créée par deux pierres et m'allonge sur le sol pour recommencer un passage. L'herbe était douce, le soleil embrasait le ciel et les vagues me berçaient. Je m'endormis à la belle étoile, sur les croquis de constellations aux noms étranges.
— Lotte
...
— Réveille-toi
J'ouvre difficilement les yeux, une brume légère enveloppait la mer et le village. Tout était très calme, trop calme. Je me redresse en direction du large, et mon cœur bondit violemment dans ma poitrine.
La hune noire d'un voilier traversait le brouillard. Je cligne des yeux plusieurs fois croyant rêver, puis l'impossible s'imposa à moi. Quelqu'un débarquait ici.
— Tu as le choix maintenant
Je l'ai questionnée en vain. Qui me parlait, et pourquoi ?
En contrebas, des lumières de torches vacillaient entre la rive et le village, l'équipage du bateau avait posé le pied à terre et faisait des allers-retours jusqu'au navire.
Je descends prudemment des falaises, une idée folle m'avait traversée l'esprit. Ce bateau, il était mon billet pour les terres décrites par le carnet. Mais suis-je prête à abandonner ce rivage et tous ceux auxquels je tiens ? En descendant, la brume me parut anormale, elle sentait quelque chose d'inconnu. La pierre sertie du pendentif se mit a briller faiblement.
— Trouve le Second, il t'aidera
— Me répondras-tu un jour, au lieu de m'ignorer ? je m'exclame sur un coup de tête.
— Peut-être, qui sait, mais si tu veux embarquer, tu devrais dissimuler tes cheveux
Ces mots m'horrifièrent.
— Tu lis dans mes pensées !?
Aucune réponse, évidemment, mais la Voix a raison. Je ne dois pas hésiter, cette occasion ne se représentera pas. Ne m'a t-elle pas demandé de suivre mon instinct ?
Je fais rapidement un petit chignon bas que je dissimule avec un bandeau, assez masculin, qui tient le tout. En m'approchant des matelots par derrière, je compris leur manège. Ils pillent la grange, emportant les fruits sec et tout ce qui peut se conserver. La colère monta, mais seule je ne pouvais rien faire. -Mais que font les villageois ?- toutes les lumières sont éteintes et personne ne semble avoir remarqué ce qui se passe. Je rassemble alors tout mon courage, malgré la peur qui me tenaille le ventre, pour aborder un homme assez grand et très mal rasé.
— Bonsoir... hum... Bonsoir ! redis-je avec une voix plus grave.
Il me regarda avec un air meurtrier sur le visage et fronça les sourcils, rendant son visage hideux. -Dans quoi je m'embarque ? Mais pourquoi j'ai fait ça ?- Je continue pourtant avec une voix forcée.
— Je cherche le Second de ce navire.
L'homme se redressa et se mit a ricaner. Il empoigna l'arrière de mon col et commença à m'entraîner vers des chaloupes laissées sur le rivage, éclairées par des torches. Je me débats comme je peux, mais rien n'y fait. Les autres matelots nous regardent bizarrement puis passent leur chemin en transportant des caisses vers les chaloupes. Un grand homme vêtu d'un long manteau et d'un tricorne se tenait là, faisant l'inventaire de tout ce qu'ils nous volaient.
— On a un imprévu Monsieur.
Il me bouscula en faisant un croche-pied pour que je m'affale devant l'homme bien habillé. Pourtant je réussis à tenir sur mes jambes, non sans mal, et lorsque j'ai relevé la tête, je fut bouleversée. Cet homme était vraiment très jeune. Nous devions avoir pratiquement le même âge.
— Ce gringalet vous cherchait.
L'homme me détailla longuement, et j'en fis de même. Son visage était vraiment harmonieux, ses vêtements laissaient deviner un corps robuste et ses yeux... -Je crois que je m'égare-
— Que veux-tu ? me demanda t-il en me fixant.
— J'ai conscience que cela est extravagant, mais j'aimerai embarquer avec vous. Peu importe votre destination.
Je priais pour que ma voix ne me trahisse pas alors qu'il me dévisageait.
Soudain, il s'avança en pointant un long couteau sur moi. Son éclat brillant m'aveugla et je l'évitais de justesse en tombant au sol. -Mais que ! - Pas le temps de réfléchir, je dois me relever avant qu'il ne décide de m'achever ! Une pierre était là, je m'en saisis, prête à me défendre pour fuir. Le Second affichait un sourire.
— Bienvenue à bord marin d'eau douce !
-Quoi ?-
Le marin qui m'avait amené s'interposa.
— Monsieur, vous n'allez quand-même pas embarquer un chétif pareil à bord !
Il se tourna vers lui et répondit sèchement.
— Hakan, aurais-tu été capable d'esquiver ce coutelas ?
Le marin garda le silence et le Second continua.
— Prends des vêtements chauds et reviens ici dans moins de dix minutes.
Il reprit alors ses comptes sans un regard de plus. Le dénommé Hakan me jeta un regard noir alors que je tournais le dos.
Chez-moi, je n'en revenais toujours pas, je faisais vraiment mon baluchon pour partir ! Je ne verrais sûrement pas les autres, j'ignorais même si je les reverrai un jour. La tristesse m'envahit et je termine mon paquet le cœur serré.
Sur le chemin du rivage, je traverse la forêt. Il n'y avait pas de brume pourtant tout semblait mort et créait un sentiment désagréable. J'entendis des bruits de pas rythmés au son d'une canne et me retourne vivement.
— Maya !
La vieille Sage venait à ma rencontre.
— Alors, as-tu fais ton choix ?
— Oui... -Les mêmes mots que la Voix... Coïncidence ?- J'aurais aimé saluer une dernière fois les villageois, où sont-ils ?
— Dans leurs lits, plongés dans un lourd sommeil. Ce doit être l'effet de cette brume.
Les larmes commencèrent à monter et je les retiens difficilement.
— Au revoir Maya. Merci...
— Ne sois pas si triste, n'oublies pas, les Protecteurs veillent sur toi !
— Prends soin de tous !
Je m'éloigne avec un grand signe de la main.
— Ton départ est annoncé depuis longtemps, je suis ravie d'avoir connu notre protectrice.
Mais j'étais trop loin pour l'entendre.
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