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volume 1, Chapitre 2 « Lumen » volume 1, Chapitre 2

Lumen

Dans les profondeurs abyssales, notre sous-marin louvoyait entre les récifs. Notre mission de reconnaissance touchait à sa fin : le dôme atmosphérique apparut soudain, éclairant droit devant de sa douce lumière bleutée. Comme dans une boule à neige géante inversée, les contours de l'immense cité d'Ark, l'un des derniers bastions de l'humanité depuis que notre Terre avait été submergée par les océans, s'y distinguaient à peine. Je m'assurai que tout était en place pour notre arrivée puis lançai mon appel à l'équipe de contrôle.

– Scout Alpha à base. Demande autorisation de retour.

– Bien reçu, Scout Alpha. Bienvenue à la maison.

La douce voix d'Alana résonnait toujours aussi agréablement à mes oreilles. C'était décidé, ce soir, je l'inviterais à dîner.

– Arrivée prévue dans 55 secondes.

– Bien reçu. Entrée autorisée.

Monopoliser le canal de communication n'aurait pas été professionnel, aussi, je me contentai de ce bref échange. La manœuvre se déroula sans encombres. La barrière souple s'effaça au passage de l'engin, nous ouvrant l'accès. Je m'empressai d'activer l'ouverture du sas, lançant un bref salut aux membres de mon équipage. Nous avions pu cartographier le secteur entier, un franc succès. J'imaginais qu'ils iraient fêter ça dans leur bar fétiche. La vie continuait, après tout.

Trop tard : lorsque j'entrai dans la salle de contrôle d'Alana, elle était déjà partie. Je me dépêchai de sortir dans l'espoir de la rattraper avant son départ. En arrivant sur le parking, un mauvais pressentiment m'envahit. Je trouvai sans difficulté sa moto aux couleurs flamboyantes, couchée au sol. Je me penchai pour atteindre son casque, et me rendis compte qu'il était plein de cendres. Ébranlé par ma découverte, je le laissai s'échouer à nouveau au sol dans un bruit mat. La funeste poussière grise s'égrena tout comme mon murmure à peine audible tandis que je me relevai avec lenteur.

– Lana...

– Pas un geste.

Les yeux embués de larmes, je restai immobile face à l'injonction sèche ayant claqué dans mon dos. Pourquoi ne pas me faire subir le même sort qu'à mon amie, avec son rayon mortel ? Très vite, mon désespoir se mua en une colère sombre que je m'efforçai de contenir. J'empêchai mes poings de se serrer, sentant l'adrénaline m'envahir, prêt à riposter ou fuir le cas échéant. Pour reprendre le tristement célèbre adage, la vengeance est un mets des plus succulents une fois refroidi.

– Tu vas faire exactement ce que je vais t'ordonner de faire, reprit l'homme avec rudesse.

Il approchait lentement derrière moi, sans savoir que je possédais un implant d'écholocalisation. Je clos les paupières et me concentrai, prêt à frapper. Sa voix coupante m'interrompit.

– C'est bien toi, SnakeSpy ?

Comme si j'allais lui répondre. Il était assez proche, désormais. Dans un coup de pied circulaire prévu au millimètre près, je le désarmai. Je ne sus déterminer si son cri relevait plus de la surprise ou de la douleur, accaparé par le combat en corps à corps qui s'engagea. Je pris le dessus et l'acculai par une clé d'étranglement.

– Fiat Lux, lâcha l'homme tant bien que mal.

Je desserrai immédiatement la pression, abasourdi. Ce mot de passe, nous étions peu à le connaître. Cependant, je ne le libérai pas de ma prise pour autant. J'avais besoin de réponses.

– Pourquoi avoir désintégré cette femme ?

– Si vous me suivez sans histoire, vous le saurez. Mais si nous continuons ainsi, nous allons attirer l'attention sur nous.

Je ramassai son arme, légère malgré sa dangerosité, et l'enjoignis à me montrer le chemin, dissimulant le pistolet modifié sous mon manteau long. La dureté de son ton n'avait fait que masquer son manque d'assurance, je le percevais à présent en découvrant ses traits marqués par l'appréhension. Il jeta des coups d'œil suspicieux alentour, mais la voie mal éclairée s'avérait déserte. Mon guide improvisé sinua à travers des ruelles jusqu'à une dernière qui n'était qu'une impasse. Je m'apprêtai à me défendre, craignant un guet-apens. Toutefois, il n'y avait pas âme qui vive, ici. L'assassin entreprit de dévisser une plaque d'égout.

– Tu crois quand même pas que je vais te suivre là-dedans ?

– Si tu veux avoir tes réponses, tu n'as pas le choix.

Je le menaçai un instant de mon arme et il leva les mains, paniqué. Si je descendais avec lui, rien ne me prouvait que je n'allais pas être attaqué par ses alliés. Pourtant, je ne pouvais laisser la mort d'Alana impunie et je brûlais de comprendre pourquoi il connaissait le mot de passe. Je venais d'adhérer à cette secte, Lumen, même si je restais sceptique quant à l'objectif idéaliste qu'elle poursuivait. Et si cette mésaventure me permettait d'en savoir plus ? D'un signe de tête, j'autorisai l'homme à reprendre sa besogne. S'il avait voulu m'éliminer, il aurait pu le faire tout à l'heure, et qu'avais-je donc à perdre, au final ?

Le silence sous-terrain n'était rompu que par les bruits de succion disgracieux de nos pas et quelques couinements de bestioles dérangées par notre passage.

La vermine subsiste toujours, peu importe les calamités auxquelles elle est confrontée.

– C'est bon, on y est.

Son affirmation me fit sursauter, tant j'étais perdu dans mes pensées. Devant nous, une porte rouillée qui ne payait pas de mine. Il toqua selon un code précis que je notai dans mon esprit et les gonds grincèrent dans un vacarme abominable.

– J't'avais pourtant dit de mettre de la graisse, Jimmy ! reprocha mon guide au gardien.

– Ouais, ouais, j'vais l'faire.

Sans plus de discussion, nous poursuivîmes dans des couloirs étriqués, puis atterrîmes enfin dans une salle bien plus vaste. L'inconnu s'agenouilla devant une silhouette encapuchonnée.

– Comme prévu, Ô grande Prêtresse de la Lumière, voici SnakeSpy qui a réussi son épreuve avec brio.

– Bienvenue, SnakeSpy.

Mon cœur s'emballa au son de cette voix tandis que son visage se dévoilait.

– Désolée de t'avoir fait subir ça, mais c'est le protocole pour entrer officiellement dans notre secte. Tu as prouvé que tu pouvais rester maître de tes émotions et que tu étais assez fort pour défendre notre cause. J'avais aussi besoin de mettre en scène ma propre mort, dont tu seras le témoin devant les autorités.

Je ris un peu jaune, masquant le désarroi et le soulagement qui m'assaillaient. Le martèlement dans ma poitrine commençait à peine à se calmer, néanmoins, je ne montrai qu'une assurance sans faille et mon plus beau sourire.

– Ça te dit qu'on dîne ensemble, ce soir ?


Texte publié par Wildflower8906, 23 janvier 2025 à 17h55
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