Dans l'amphithéâtre, tu es assise à deux sièges devant moi. Le cours concernant la mythologie gréco-latine est celui que tu préfères. Tu écoutes et notes chaque mot de façon précise et rapide lorsque tu les juges importants. Adonis te scrute, il ne te lâche pas du regard, abandonnant ses propres notes et te trouvant davantage intrigante.
Moi aussi, j'ai abandonné mes notes pour examiner chacune de tes gestuelles que tu n'as pas délaissées après tout ce temps.
Contrairement à lui, je connais tout de la mythologie, tout comme toi, même si tu as du mal à t'en souvenir. Je le vois à tes sourcils qui se froncent lorsqu'un mythe ou un nom te paraît familier. Cela me blesse lorsque seul le nom d'Arès te semble inconnu.
Mon nom que tu adorais gémir ne résonne plus en toi. Jamais tu ne le prononceras de nouveau. Et je suis presque certain que tu ne peux l'entendre, il ne fait plus écho en toi.
L'histoire d'Aphrodite est celle qui retient ton attention. Tout d'elle t'intéresse : ses attributs, ses mythes, son origine, son statut de déesse... Absolument tout d'elle te fascine. Mais que trouves-tu de si attrayant ? As-tu remarqué qu'elle te ressemble ? L'une et l'autre êtes si passionnées, si confiantes mais aussi si dures. Tous admirent votre beauté mais qu'en est-il de votre être ? Votre estime de vous-même et votre cruauté les répugne. Contrairement à cette déesse, tu essaies de l'effacer. Tu essaies de t'humaniser. Tu fais en sorte de faire disparaître ta beauté alors que c'est essentiellement ce que tu chérissais auparavant. Je ne te reconnais plus.
Aphrodite a disparu pour laisser place à une traîtresse qui prétend être ce qu'elle n'est pas. Tu te fais passer pour eux, des mortels insignifiants, laids et sans importance. Où est donc passée ta divinité, celle qui surprenait chacun d'entre eux ? Ils te craignaient et voilà que c'est toi qui les crains désormais. Aphrodite n'est plus.
Chaque mortel désespéré se tournait vers toi pour trouver l'amour. Pour ressentir du désir et qu'on en ressente pour eux en retour. Ils t'honoraient, t'élevaient. Tu étais la déesse qu'ils priaient nuit et jour. Ils ne rêvaient pas d'exploits ou de talents. Ils rêvaient d'amour. Seule toi pouvait leur donner ce qu'ils désiraient tant. Seule toi pouvait les satisfaire en arrachant ce mal-être qui les rongeait. Et ils succombaient à leurs pulsions en réalisant que tu les avais écoutés. Tu aimais t'en vanter en te pavanant devant les autres dieux. Cela n'est plus depuis que nous avons été condamnés.
Où est passée cette Aphrodite que tous connaissaient ? Où est passée mon Aphrodite en colère qui retournait ciel et terre pour remporter rien qu'un peu de mérite ? Mon Aphrodite, où sont donc passés ta vanité, ta jalousie et ton mépris ? L'Aphrodite qui se tient assise à deux sièges devant moi n'est qu'une usurpatrice.
Tu as remarqué qu'Adonis te fixait. Tu perds ta concentration et détournes le regard de tes notes pour plonger dans le sien. Tu te noies dans ses yeux, impossible de t'en extirper. Jadis, tu me regardais de la même manière. Son regard bleu a remplacé le mien, noir. L'alchimie entre vous est plus forte que tout, cela brûle mes yeux et flambe mon cœur. Sauras-tu une nouvelle fois capable de ressentir autant de désir pour moi ? As-tu même déjà oser m'aimer à ce point ? Je l'espère, mon Aphrodite.
Tu l'ignores mais Perséphone aura son cœur avant toi. Prends garde, ton Adonis croquera la grenade pourrie venant des Enfers. Il succombera. Il tombera amoureux d'une autre. Mortel qu'il est, il succombera à d'autres charmes.
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