Je ne vois que toi. Au milieu de cette foule insignifiante, toi seule n'est pas invisible. Tu resplendis, éblouissant le monde qui t'entoure. La lumière qui émane de ton corps les efface. Ta beauté les rend inexistants.

Ces mortels ne sont rien à côté de ton corps que l'ichor fait vivre. Toute ta puissance réside dans tes veines. Les autres ne le voient pas mais, moi, je le vois. Je le vois dans chacun de tes gestes trop précis. Je le vois à chaque bouffé d'air que tu prends, hésitante parce que tu n'en as jamais eu besoin en tant que déesse. Je le vois à travers tes yeux. À travers ce regard sensuel et rempli de désir que tu portes sur le monde qui t'entoure depuis des millénaires alors que tu t'efforces de garder un regard futile, en vain.

Jamais tu n'as montré autant de fascination pour les mortels que maintenant. Tu étudies chacun de leurs mouvements, chacune de leurs expressions, chacune de leurs habitudes pour ensuite les reproduire et te faire passer pour eux. Tu fais ce qu'ils font, tu aimes ce qu'ils aiment, tu répètes leurs mots et leurs pensées. Ce n'est que mensonges et tricherie mais personne ne le remarque. Même toi, tu ne t'en aperçois pas.

Tu fais de ton possible pour être invisible, pour masquer ta divinité. Pourtant, tu auras beau faire tous les efforts du monde pour t'effacer, tu ne seras jamais une étoile perdue au milieu de la lueur des autres. Tu ne seras jamais une lune, dépendante de sa planète et ne pouvant s'en défaire. Tu ne seras jamais un astre insignifiant puisque tu es une planète à part entière. Une planète qu'on ne peut éviter.

Tu es Vénus. Et je suis Mars. Sauf que tu ne me remarques pas, caché par une autre planète. Laid, brisé, faible, tu ne me verras jamais, aveuglé par Adonis. Ce mortel que tu es condamné à aimer. Lui et pas moi.