Quasiment dans la même seconde où Céleste a terminé sa conversation avec la machine, l’humaine s’est rendue dans la salle commune, cherchant une peau bleue. Les deux saphires sautent de meuble en meuble pour terminer leur parcours sur Klat qui lit un texte dans l’alphabet que la demoiselle a appris.
Un petit sourire aux lèvres, la rousse approche de sa cible, son cerveau tentant de rester nonchalant malgré les souvenirs qui la mettent dans tous ses états.
- Hey, Klat! Tu… Tu vas bien?
- Tu ne te caches plus?
- Si je me caches, ils vont recommencer, non?
- … Tu as bien compris.
- Il fallait bien que je comprenne pour m’adapter…
- Alors tu aurais dû sortir avant que je sois envoyé.
- Je devais aussi encaisser l’information et trouver un moyen de la vivre moins difficilement!
- Et tu as trouvé, au moins?
- Que..?... Non. Je… Je fais comme si ce que j’ai appris était faux, sinon je risque de recraquer et m’enfermer dans la salle de bain jusqu’à ce que je meurs de faim…
- Ce n’est pas la meilleure solution… mais c’est bien une solution de sauvage…
- Tu …
L’humaine soupire au lieu de finir sa phrase, puis elle s’installe à l’opposé du jeune homme. Ce dernier fixe ses galaxies sur la peau de pêche, ses recherches perdant de l’intérêt. Pendant quelques secondes, celui à la peau bleu attend que la source de sa curiosité termine sa phrase, en vain. Il finit par lever les yeux vers le plafond, puis il retourne à ses recherches.
- Si tu ne réponds pas, moi, je retourne à mes recherches.
- … C’est sur quoi?
- Hmm?
- Tes recherches… C’est sur quel sujet?
- Les humains et leurs connaissances de nos planètes…
- Pour autant que je sache, on ne connaît aucune de vos planètes…
- Pourtant, vous êtes proche de la découverte, selon nos dernières données.
- Hmm? Celle qui viennent de moi?
- Probablement. C’est arrivé environ en même temps que toi.
- Tu le lis maintenant pour quelle raison?
- Quoi?
- Je veux dire… tu avais l’occasion de les lire avant, non?
- Je lisais d’autres information sur une autre race avant.
- Ho!
Un silence malaisant entoure le duo, tandis que Klat retourne à sa lecture et que Céleste regarde l’écran sans lire. Le souvenir d’une caresse embrase son esprit et ses joues, puis elle se rapproche de son binôme. Il remarque ce fait, mais ne réagit pas, préférant lire l’histoire du Québec et la relation sociologique entre la province et le pays. Au début de sa lecture, le bleu devait relire à plusieurs reprises les premiers symboles pour comprendre les mots spécifiques au langage humain, puis au fur et à mesure que son cerveau comprend les termes, son corps sent la chaleur qu’il étreignait la veille se joindre à la sienne. La douce main rosé se pose sur le biceps droit, tandis qu’un souvenir de leur nuit torride lui revient en mémoire.
- Klat, tu crois que ça suffit pour les scientifiques?
- Très probablement. Tu peux me lâcher maintenant.
- Je n’en ai pas envie…
- Quoi?
Sous la surprise, Klat lève un sourcil, puis il tourne la tête vers la jeune femme qui écrase sa poitrine contre le bras qu’elle tient. Un voile de désir couvre les yeux de saphires pendant quelques secondes. Quelques interminables secondes. La respiration erratique qui accompagne le regard fait frissonner la peau cyan. Les cœurs battent à l’unisson. Leur nez se frôlent. Leurs lèvres s’approchent.
Puis soudainement, les pupilles océans s’illuminent et le corps féminin s’éloigne d’un coup, faisant semblant de s’étirer. Un sourire remplace l’expression brûlante sur le visage de la campagnarde, tandis qu’elle laisse sa voix cristalline atteindre les oreilles de son fécond.
- Bon! Je crois avoir fait ce qu’il faut pour qu’ils nous laissent tranquille quelques jours! Je retourne dans ma chambre, moi!
- Hein?
Klat ne s’attendait pas à ça. Il a l’habitude de la voir s’éloigner de lui et de lui-même s’éloigner d’elle. Pourtant, il s’attendait à ce qu’elle colle ses lèvres contre les siennes. Il était certain qu’elle glisserait ses doigts sur son torse, comme la veille. Il voulait qu’elle le touche plus. Je dois devenir fou… Moi? Désirer une humaine? Autant désirer un animal de compagnie! Un soufflement hautain lui échappe, puis il reprend sa lecture. Lecture vite coupé par l’entrée d’une certaine machine dans la salle commune. Lorsque le bleu se rend compte de la présence de Ask Erty, il soupire et se tourne vers l’aide des sujets. Pendant les premières secondes, il ne dit rien, puis, alors que le visage de Céleste lui revient en tête, il ouvre les lèvres.
- Tas de ferraille! Tu pourras dire aux instances supérieures que l’humaine et moi avons besoin de plus de temps avant de retenter un coïte?
- Pourtant, vous avancez bien dans votre relation, ce qui veut dire que…
- Que nous avons encore besoin d’un peu de temps… laissez-nous maximum un mois.
- Je passe votre demande aux instances supérieures.
- Bon! Moi, je retourne à ma lecture.
----------------------------------------------
Le lendemain, Céleste s’installe silencieusement devant les fenêtres de la salle commune, s’ennuyant déjà des nébuleuses. La petite boîte dans sa main ouverte, elle regarde une image de ses parents prise de sa mémoire, puis elle pose ses sapphires sur la fenêtre. Ils me manquent… mais en même temps, les étoiles vont me manquer quand je serais rentré… si ça arrive… Une larme coule sur la joue de pêche, le silence jouant doucement sa musique dans la tête de l’humaine. Le coeur se serre sous la photo, les mains se mettant à trembler. La jeune femme sent les secousses de sa tristesse frapper sa cage thoracique et ses épaules. D’autres larmes se mettent à pleuvoir avec la première, humidifiant les jeans que la campagnarde. Je commence déjà à ne pas vouloir rentrer, tout en voulant revoir mes parents… Ils me manquent…
Un bruit arrête les sons qui échappait de la gorge terrienne : Le bruit de la porte du couloir menant à la chambre de Klat. Dans le sursaut, Céleste serre la boîte dans sa main, ce qui éteint l’hologramme. À l’aide de sa manche, elle essuie ses larmes, puis sourit en se tournant vers la personne entrant dans la salle commune.
- Salut!
- Hey… Ça va?
- Je… oui oui! Je regardais juste les étoiles!
- Alors pourquoi tes yeux sont rougis?
- C’est... La fatigue! Ça fait ça chez les humains!
- … Daccord.
Le jeune homme hausse les épaules, puis il s’installe sur un autre divan pour continuer sa lecture. Profitant de ce moment de silence pour calmer le restant de sentiment qui viennent enserrer son coeur, la campagnarde reste dos à son fécond. De longues respirations se suivent au rythme des pensées de la jeune femme. Elle sert la mâchoire en frottant ses yeux de nouveau, puis elle soupire longuement. Le besoin de réconfort reste, mais elle tente de l’ignorer. Aller! Il faut que je fasse quelque chose pour me changer les idées! Elle se tourne vers l’autre être dans la pièce, puis le regarde, curieuse. Pourquoi ne pas parler de ce qu’il lit? Je crois que c’est à propos de la Terre, qu’il lit. Et je me souviens plutôt bien de mes cours d’histoire… Un peu moins de ceux de géographie, mais ça ne devrait pas m’empêcher de faire la conversation.
- Klat?
- Hmm?
- Je peux m'installer contre toi?
- J’ai déjà négocié pour gagner un mois sans que les scientifiques nous poussent à nous reproduire.
- Je demande parce que j’en ai envie… Je veux juste poser ma tête sur toi… ça te dérange?
- … Vas-y. Tant que tu ne dérange pas ma lecture.
Nerveusement, Céleste se lève, puis s’étend sur le divan, la tête sur les genoux bleus. Le propriétaire desdits genoux sursaute en sentant la tête humaine sur ses jambes. Il la regarde une seconde, se demandant pourquoi elle s’étend là au lieu de poser sa tête sur son bras. Pourtant, elle ne fait que rougir avec un petit sourire lorsqu’elle remarque la surprise alienne. Ses pupilles océans semblent même s’excuser de ce geste anormal. Pourtant, elle ne bouge pas. Toutes les fois où elle posait sa tête sur les jambes de sa mère pour se rassurer lui reviennent en mémoire. Il ne lui manque plus que de parler d’autre chose et son cerveau arrêtera de vouloir pleurer.
- Tu lis sur quoi?
- Ton monde.
- Je m’en doutais, mais quoi sur mon monde?
- Un texte sur un endroit appelé Québec.
- Ho! C’est ma province! Tu veux que je t’en parle?
- … Ça pourrait être intéressant.
Pour la première fois depuis que Céleste est dans le vaisseau, Klat remarque un sourire plus lumineux que deux soleil. Il hausse les sourcils, tandis que sa voix caverneuse ne trouve rien à répondre lorsque sa jumelle cristalline lui demande par où il souhaite commencer.
- As-tu déjà lu sur la séparation des humains dans l’histoire? Les pays, les continents… tout ça.
- Hum… Un peu. C’est toujours compliqué de suivre l’histoire d’une planète sans se retrouver devant plusieurs chemins qui s’entrecroisent…
- Effectivement… Enfin, je n’ai pas encore lu ici, mais juste pour les humains, je trouvais cela compliqué, alors je n’imagine pas avec autant de différentes cultures à connaître.
- On s’y fait.
Un petit bruit de gorge affirmatif termine cette partie de la conversation, l’humaine changeant de sujet pour raconter le début de son pays.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2912 histoires publiées 1303 membres inscrits Notre membre le plus récent est Terremer |