Est-ce la fin qui approche
Tuer le temps, avant qu'il ne vous tue.
Taudis je t'aime bien, tu es comme la terre, tu t'oxydes. Et tu es là, et me protèges encore, même si j'ai laissé quelque peu le temps, sur toi déposer sa trace. C'est peut-être pour pouvoir t'apprécier davantage, que dans l'instant éphémère où tout est net et brille. Tu es aussi le calme du temps qui s'arrête et me laisse respirer, au moment où, dans ma vie je fais ainsi les comptes, des oui des non, des avec ou des sans...
Luisance.
Depuis une année, je suis envahi par la poussière, comme une ruine par la ronce. Fine pellicule de milliers d'autres, passés avant moi par ce sentier, où l'espoir de survivre à l'existence, les a laissés contempler les traces de leurs derniers pas.
La vie c'est repousser la poussière chaque matin, que tout brille ! Cette quête d'éternité, au fond du miroir, où les reflets s'estompent, nous force à épousseter et "ménager" sans cesse. Et puis un jour lassé, on se retrouve noyé sous une marée de cendre, contre qui, nul manche à plumes, n'est de taille. Seule une brise immense, pourrait nous aider de son souffle impétueux, à moins que dans une dernière toux, à la poussière elle ne nous rende, pour devenir à notre tour, cette trace du temps qui passe, sur le bureau des autres...
Un jour plus loin.
Le store à ma fenêtre n'est plus que paupière close, et au soir dans ma cuisine, un astre s'est levé. Mon fourneau est redevenu un dragon embrocheur qui pue, et bientôt le torchon rouge, porteur de gouttes d'eau, sera au chômage. J'ai les cartouches, à moi de me battre pour que l'endroit saumâtre redevienne ragoûtant...
Il faudrait que j'aie la "pêche", et je n'en ai que la couleur et les rouleaux... Je suis dans un pot à tabac, et dois rêver que je mange ce fruit délicieux en regardant la mer...
Et que puis-je faire pour mon ami qui gémit ? Devenir peut-être un autre, plus fort, plus gai, sachant goûter la douce liberté d'une autoroute à péage, et le pavé de charolais, niqueur de dents, d'une infâme gargote.
Je n'sais pas faire comme si j'étais un autre, et en finir ne me tente pas. J'ai comme un escalier à gravir, marche par marche, pour essayer de me reconstruire serein. Et ça, y a pas de mots pour le dire...
Les choses me pèsent davantage, et j'ai du mal à comprendre pourquoi il est déjà midi, et bientôt presque quatre heures. Tout ce temps qui s'écoule, me laissant à ma nuit, piégé dans mes errances.
Quand on est un peu trop fatigué, et plus jamais bien nul part, tout semble une corvée que l'on s'inflige encore. Apparaît alors l'ennui total, né du dégoût de l'homme dans la peau duquel on s'installe.
Parler ! Oui, mais à qui, et pour quoi dire ? Des mots pauvres, ou bien trop sûrs d'eux, et peut-être pleins d'une somme d'à peu près, sonnant comme du dépit.
Il faudrait dire : ça suffit, stop, ras le bol, fini de sourire... La souffrance laisse des traces, et fait naître l'envie de dire non, de ne plus vouloir, et d'enfin poser son cul, surtout s'il n'y a pas de chaise...
Je n'ai plus la patience d'essayer de comprendre, ça me dépasse. Avoir ce mal, ça t'empêche de te faire de joyeux souvenirs. Ce n'est pas injuste... c'est pas juste !
Le pouvoir sur les choses t'échappe, et tu ne fais rien pour le garder. Tu laisses faire le temps et son armée de silences retenus. Alors, dans les nuits des jours, tu t'ignores et quittes quelques fois ton corps, que tu traînes épuisé, pour finir par te demander, si un jour tu as aimé être, et pourquoi.
C'est pour cela que toutes les nuits, presque au matin, j'écoute chanter les merles. Ils sont gais, apaisants, et me signalent l'heure de mon coucher. Ils me portent à ne voir qu'une clairière mi ombragée dans la tiédeur du presque midi, enlacée par l'odeur d'un rosier blanc grimpé partout. On y est bien, seul cela compte...
Puis les oiseaux s'éloignent, l'ombre tombe sur la clairière, et mes paupières aussi. De toute façon un taxi qui s'arrête dans la rue, rompt le charme, surtout après un rot et le "shoot" dans une boîte de conserve, d'un passant matinal. Heureusement qu'ils ne connaissent pas ma clairière, et son allée aux merles ! Moi, j'y retournerai demain...
Sans savoir.
De nouveau je me sens las. L'espace n'est que roc... impénétrable, et je me fige. Tout autour de moi, des lianes se tressent de mille choses et actes si pressants et inutiles. Les dents avant les murs, la peinture avant l'amour, la médecine à ne pas oublier, et le reste si accablant.
Je voudrais ne faire que peindre, dégager, m'envoler, me fondre. Cracher, gueuler dans la fenêtre des ailleurs. Je voudrais être sans savoir, seulement tout cela je le sais...
J'ai besoin d'un ailleurs, âpre mais salutaire. Le temps devrait se contenter de s'y éteindre, comme la mèche noyée dans la cire de sa bougie. Et peut-être qu'ensuite viendrait le moment, du mélange clair du sucre et des baisers, des chants mêlés de rires, au sortir de cette attente lancinante.
Être là sans savoir, pour enfin rêver et croire encore...
Un jour.
Se déconstruire chaque jour, un peu plus. Devant tant de choses qui auraient dû être faites plus tôt, et négligées par trop de lassitude.
Par où commencer, par l'eau qui coule quant on ne lui demande pas, ou part le feu qui disjoncte, et ne dispense que du froid ?
Peut-être par la lumière au plafond, qui n'est plus dans ma nuit, qu'une lune manquante. Ou bien par la poussière immense, tombée sur moi comme une "vente d'oubli", arrivée là partout envahissante, et installée comme autant de jours "détruits".
Il faudrait également essuyer la sueur des murs, qui leur fait comme des rides. Les poudrer et vite les maquiller d'un nouvel éclat, peau de pèche et vert d'eau.
Et puis aussi re bitumer la pièce, et la pièce, et la pièce, pour y planter quelques carrés de fleurs de laine. Plus repolir miroirs et fenêtres, pour avoir l'impression de respirer plus loin, et re aimer les plantes si tristes, tombées dans la misère née de tant de poussière, et de si peu de bonne terre.
Ce soir.
Je suis brisé, fourbu... De tant de tout, je ne peux plus rien porter, et n'y vois que lividité. Je me sens comme fondu dans un mensonge, livré aux dents de mes demandes sans réponse. Ce soir la mort est là, je la regarde. Tous deux nous nous évaluons. Elle me tord les doigts de ses grimaces, et me glace de ses yeux. Je la comprends à demi mot, là elle court le long d'une veine ou lance après moi la vie qui me cabosse, me laissant paré de quelques côtes saillantes et d'un cul trop près du banc... Elle invente des douleurs dans ses éclaboussures, à vous coller la peau contre vos os, et transforme le tour de vos yeux en calanques saumâtres... Je nous déteste.
Plus d'accord.
Je n'ai plus le temps de me trouver beau... Suis-je sur la pente de l'amertume, ou est-ce simplement passager ? Peut-être que demain, une "effilochée pensée" m'apportera la réponse...
Peindre... Il faut que je peigne. Je suis en train de me perdre, à peaufiner ainsi le lit où je me couche.
Je pourrais être en train de m'envoler dans l'incohérence d'un de mes collages, pour y vivre ce qui ne se mesure pas...
J'éprouve un sentiment de vide intense, et je ne m'y retrouve plus. Il faut que je m'échappe de cet enfer besogneux, de cette taule infernale, de la vis à son trou... du diluant qui n'est pas de l'eau... de la scie qui recule... et du tournevis qui n'en peut plus, alors que la vis, lui résiste.
Suffit ! Je veux reprendre possession de cet autre que je suis et qui m'amuse, me porte et que j'aime suivre. Ras le bol du grand ordinateur, dont je suis l'arpète. Je lui rends mon tablier, lui dis de prendre des vacances, et de me lâcher un peu !
=Réponses. (avec le sage qui reste en Moi)
-- C'est ça, craches tout ce que tu as à dire ! Si cela te défoule ou te permet de mettre à plat tes désirs... Cependant, tu sais très bien que tu m'obéiras, et qu'il te faudra bien convenir, avec moi, de l'obligation d'en passer par cela. Tu fabriques en ce moment tes collages futurs, et le silence est parfois nécessaire, avant de dire les mots qui te torturent.
-- Oui, mais que fais-tu de ce manque qui me consume ? Je me sens de plus en plus anéanti.
-- Je comprends, tu as besoin d'une pause. Moi aussi, crois-moi !
-- Les chemins que je t'incite à prendre, tu sais, je les suis avec toi. Quant aux idées de collages que j'ai, je te les fais partager lorsque c'est possible. Alors un peu de patience et de courage, si tu veux bien...
Je viens.
Merci ma Mort de venir à mon appel. Guides moi s’il te plaît, vers cet état d’avant l’enfance, où le sens du mot regret m’échappait… Je veux rendre à la vie le fardeau de lassitude et d’amertume qu’elle m’a laissé en héritage, ainsi que tous les manques des êtres aimés qu’elle a un jour plaqués…
Je ne veux pas perdre plus, et n’ai plus à présent le courage de craindre davantage, pour le plus précieux de ce qui me reste. Alors, souffles sur moi, que je m’éteigne avant de n’être plus capable d’aucun choix, et de ne plus rien désirer. Épargnes moi si tu le peux l’angoisse des dernières souffrances, fais ça vite, voilà ma nuque fragile, tranches un grand coup. Libères moi de mes sens, qui me tiennent captif, et de la déraison qui me gagne. Chaque jour je te sens là, comme une bosse dans le dos de mon ombre, prête à te lier à l’adversaire qui est en moi, essayant de trouver une parade pour m’asservir davantage. Alors devient mon alliée contre lui et finissons en, tous les deux en accord. Je suis prêt à payer l’impôt de la vie, que je dois en dernière quittance, pour y gagner le véritable oubli…
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