Je me souviens de ma première mission, de la première fois où ma vie a basculé du côté obscur.
Orphelin, sans attaches, balloté de foyers en foyers, ma vie n'était qu'une succession de jours qui passent sans véritable but. Puis je l'ai rencontré. Cet homme stoïque, froid, sans aucune once d'amour ou d'empathie.
Il dégageait pourtant un aura incroyable qui m'a subjugué dés le 1er regard.
Ce jour là, j'ai su que moi aussi, un jour, je serais comme lui.
J'ai donc accepté sa proposition : éliminer un petit caïd en échange d'un toit pour quelques jours.
Sans état d'âmes, j'ai donc arrêter la vie d'un homme afin d'obtenir le peu de luxe dont on me privait depuis toujours.
Et j'y ai pris gout. Les remords qui m'ont traversé l'esprit ont vite fait place à l'acceptation. Celle de ma nouvelle vie.
Je suis devenu alors celui que j'étais sensé être depuis toujours.
Chaque victoire qui ont suivi m'ont peu à peu éloigné de celui que j'aurai pu devenir.
Résigné, j'accomplissais mes missions sans regrets.
Mais au bout de nombreuses années à son service, après avoir montré l'étendue de ma puissance, je décida d'y mettre fin et de l'annoncer à l'homme mystérieux qui m'avait engagé.
Il prit la nouvelle comme d'habitude, sans montrer nulle émotions, et me fit comme cadeau de départ un sabre d'une beauté étincelante. Soulagé de tourner enfin ce pan de ma vie, je le saisis avec fierté.
Et, sans le savoir, je tourna une nouvelle page de ma vie, page encore plus noire que les précédentes.
Ce simple toucher me propulsa dans une salle immense où l'air et le temps semblaient figés.
Aucun meubles, aucunes fenêtres, j'étais seulement entouré de 4murs noirs et froids, illuminés par une faible lumière, le sabre maudit dans ma main gauche.
Un pas en avant, et je l'aperçu, se tenant immobile dans la pénombre : il m'attendait.
D'un geste lent, il déposa entre nous un abricot mur à point, sa couleur orangé contrastant avec l'ambiance de la pièce.
Aucun moyen de l'identifier, il était vêtu d'une combinaison noire, masquant la moindre parcelle de son corps, ainsi que d'un masque ne dévoilant que ses yeux sombres et déterminés.
Il ne répondit à aucun de mes questionnements, ne réagit à aucune de mes attaques verbales.
Seul ces mots sortirent de sa bouche " Que le duel commence, que l'acier de ta lame parle là où les mots ne peuvent rien pour toi". Et en un éclair me laissant démuni de tout mouvements, il planta sa lame droit dans mon cœur.
Je crus alors que ma fin était proche, mon corps tomba de tout son long, laissant ma tête rebondir sur ce sol lisse et froid. Dans un dernier mouvements, j'aperçus l'abricot flétrir puis se transformer en poussière.
Tel était alors mon destin.
Enfin, c'est ce que je crus, jusqu'à ce que je me retrouve à nouveau debout, face à mon adversaire, dans cette salle de l'enfer. Le sol, recouvert d'une poussière fine, était surement le seul témoin des combats précédents.
Comme à son précédent rituel, il déposa à nouveau l'abricot entre nous, avant de prononcer son ultime phrase.
Mais cette fois, je me tins prêt et esquiva son attaque. Un pas de côté et je transperça son corps d'un coup fatal. Il s'effondra à son tour, et je pus observer la désintégration de l'abricot et sa transformation en poussière.
Nul ne peut m'affronter sans y laisses des plumes.
Mais je ne pus savourer ma victoire seulement quelques instants, juste le temps à mon adversaire de réapparaitre devant moi. Mais quelle malédiction s'abattait sur moi ?
Les victoires et les défaites s'enchainèrent dans un temps interminable.
Chaque fin, chaque mort s'accompagnait inlassablement de la détérioration de l'abricot et de la réapparition du combattant déchu. Et je compris alors avec effroi que j'étais condamné à revivre ce duel à chaque nouvelle incarnation. Etais ce un moyen de me punir de tous mes crimes ? Un moyen de me réduire au silence ?
J'étais désormais prisonnier d'un éternel cycle de combat, ou mourir ou survivre ne changeait rien au résultat.
Dans un dernier éclair de lucidité, je voulus connaître l'identité de mon adversaire, afin de mettre un visage sur mon compagnon de l'éternité. Lors d'un énième affrontement, je réussis à lui ôter son masque et ce que je découvris me brisa. Le visage qui m'apparut fut le seul que je n'aurai jamais imaginé : le mien.
Je me trouvais nez à nez avec l'être froid et sans cœur que j'étais devenu.
C'est alors qu'il prononça ces mots qui me brisèrent plus qu'une lame peut le faire " Tu as gagné mais tu n'en comprends pas encore le prix. Chacune de tes victoires à effacer une partie de ton âme. En me combattant, tu n'as fait que dévorer ton propre cœur".
Ce fut ses derniers mots avant de disparaître à tout jamais.
Je compris alors que chaque victoire dont j'étais si fière, n'avait fait que me perdre un peu plus.
Seul restait dans cette pièce mon corps résigné, mon sabre, et le masque de mon adversaire.
Pour je ne sais quelle raison, je décida d'enfiler ce masque que j'avais affronté si souvent.
C'est alors qu'un bruit sourd me surpris à l'autre bout de la pièce et que je le vis, que je me vis.
Et que je compris que rien n'y pourrait rien changer.
J'étais désormais prisonnier d'un éternel cycle de combats avec moi même, sans même savoir que mon seul adversaire, c'était moi.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2934 histoires publiées 1311 membres inscrits Notre membre le plus récent est Rims |