Le dernier exploit de Jules et Jim, le rocambolesque kidnapping du curé du village, commençait à prendre la poussière. Leur notoriété s’était évaporée aussi vite qu’un verre de calva un jour de fête. Déterminés à renouer avec la gloire, les deux compères décident de frapper un grand coup : ils vont braquer une banque dans la grande ville voisine.
L’idée germe dans l’esprit de Jules un après-midi morose. Avachi sur son canapé, les yeux perdus dans le vide, il aperçoit soudain sur la moquette, au milieu des jouets abandonnés par son gamin, un pistolet en plastique rouge vif, cadeau du dernier Noël. Une illumination.
— Jim, écoute-moi bien, lance-t-il à son complice en décrochant le téléphone. On va braquer une banque.
Jim, fidèle acolyte et grand amateur d’idées bancales, trouve le projet brillant.
— Génial ! Et c’est moi qui entrerai dans la banque. Avec ma voix, je vais les faire trembler, c’est sûr !
Le plan est rapidement mis sur pied. Jules fera le guet dehors pendant que Jim, armé du pistolet en plastique, réclamera les billets avec sa voix tonitruante.
Le jour J, les deux compères se lèvent à l’aube. Pour "clarifier les idées" et surtout se donner du courage, ils s’enfilent plusieurs tasses de calvados, un rituel qu’ils jugent indispensable à la réussite de l’opération.
Deux heures plus tard, Jim pénètre dans la banque, le visage ruisselant de sueur, les mains moites. Sans perdre une seconde, il hurle d’une voix de stentor :
— Ne bougez pas, c’est un hold-up ! Passez-moi l’argent !
La salle se fige. Sûr de lui, Jim glisse une main dans sa poche pour en sortir l’arme fatale… et blêmit. À cet instant, il réalise avec horreur que le pistolet est resté dans les mains de Jules, dehors.
L’intervention vire au fiasco. En quelques minutes, les deux pieds nickelés sont interpellés par la police. Conduits au poste, ils se retrouvent face à un agent qui, incapable de contenir son rire, les interroge :
— Sérieusement ? Un braquage sans arme et plusieurs tasses de calva au compteur ? Vous battez des records, les gars.
Jules et Jim baissent la tête, conscients que leur légende vient de prendre une toute autre tournure.
Au poste de police, Jules et Jim, assis côte à côte sur un banc en bois grinçant, contemplent leur situation avec un mélange de stupeur et de résignation. L’agent qui les a arrêtés, un vieux briscard du coin nommé Raymond, les observe en secouant la tête.
— Alors comme ça, on se prend pour des braqueurs avec un pistolet en plastique ? Vous savez, vous êtes peut-être les criminels les plus nuls que j’ai jamais croisés.
Jules, vexé, tente de défendre leur honneur :
— C’est pas qu’on est nuls, c’est juste qu’on a... mal planifié.
Jim, toujours prompt à empirer les choses, ajoute :
— Et puis c’est sa faute à lui, il devait me donner le pistolet avant que j’entre !
Raymond soupire et attrape un dossier.
— Bon, racontez-moi encore votre histoire. Pas pour le procès, hein, mais juste parce que j’ai du mal à croire qu’on puisse être aussi bêtes.
Un récit embelli
Jules, toujours un peu mythomane, décide de transformer leur mésaventure en épopée héroïque :
— Écoutez bien. Tout a commencé avec une vision. Je me suis dit : "Jules, tu es destiné à accomplir quelque chose de grand." Et là, j’ai vu le pistolet en plastique, un signe divin.
Jim, impressionné par cette version, en rajoute :
— Oui, et moi, j’ai dit : "On va révolutionner le monde des hold-ups, Jules ! Personne ne s’attend à un braquage sans arme réelle."
Raymond lève les yeux au ciel.
— Et vous pensiez vraiment que ça allait marcher ?
L'intervention du curé
C’est alors que la porte du poste s’ouvre brusquement. Le curé du village, celui qu’ils avaient kidnappé lors de leur précédent exploit, entre en trombe, une bible sous le bras.
— Jules ! Jim ! Mais qu’avez-vous encore fait ?!
Le curé, qui s’était étrangement pris d’affection pour les deux compères après leur enlèvement burlesque (ils l’avaient relâché après qu’il leur eut promis une tournée de bénédictions), décide de plaider leur cause :
— Ce ne sont pas de mauvais garçons, monsieur l’agent. Juste… des âmes égarées avec un goût prononcé pour les mauvais plans.
Raymond, amusé malgré lui, hésite.
— D’accord, je veux bien leur laisser une chance. Mais à une condition : ils doivent réparer leurs bêtises.
Une réhabilitation farfelue
Et c’est ainsi que Jules et Jim se retrouvent, le lendemain, à organiser une campagne de prévention contre le crime… dans les écoles primaires.
Devant une classe médusée, Jim hurle :
— Les enfants, retenez bien ça : un hold-up, ça ne s’improvise pas !
Jules, lui, montre fièrement le pistolet en plastique :
— Et toujours vérifier vos outils avant de partir en mission.
Leur intervention devient un spectacle involontairement comique, et les deux compères finissent par être invités dans toutes les écoles de la région. Leur maladresse fait rire, mais leur message passe : le crime, c’est vraiment une mauvaise idée.
Le curé, ravi, les regarde depuis le fond de la salle. Il chuchote pour lui-même :
— Finalement, ces deux-là finiront peut-être par faire quelque chose de bien.
Et Jules et Jim, devenus malgré eux des figures locales de prévention, savourent enfin leur notoriété... mais pas exactement comme ils l’avaient imaginé.
LeConteur.fr | Qui sommes-nous ? | Nous contacter | Statistiques |
Découvrir Romans & nouvelles Fanfictions & oneshot Poèmes |
Foire aux questions Présentation & Mentions légales Conditions Générales d'Utilisation Partenaires |
Nous contacter Espace professionnels Un bug à signaler ? |
2934 histoires publiées 1311 membres inscrits Notre membre le plus récent est Rims |