Sans suite.
Paradis, tu ricanes de mes enfers, où mes portes m'ont enfermé. Leurs aberrations deviennent raisonnables, et moi le vertige me prend. Je me coupe au verglas salé de larmes sèches, et glisse peu à peu sur l'étrange pente de mes émois. La raison est un sens "habituel" qui s'use et se déforme. Elle est assise, mais sa chaise paillée de doutes, chancelle sur ses trois pieds…
Entrez, Monsieur.
-- Tenez, asseyez-vous là, et dites-moi tout, de ce qui vous chagrine tant.
-- Oh... C'est elle, toujours elle, cette conne finit par me débecter vraiment ! Un jour je finirai par lui dire de dégager de ma vie, car elle y apporte trop souvent ses idées qui me mettent hors de moi.
-- Mais encore ?
-- Comment vous dire ? Elle me fout des boutons, et je la trouve détestable ! Tout chez elle me déplaît, et pourtant j'espère toujours être étonné, mais me retrouve à chaque fois sur le cul, de l'entendre proférer ses propos, avec une véhémence déconcertante, et un manque de tact aussi prononcé.
-- Ses propos vous touchent-ils directement ?
-- Oui, bien souvent, et même par des chemins détournés, tout sujet devient prétexte à son arrogante provocation, gantée de malice malveillante.
-- Lui avez-vous parlé de ce malaise, que vous éprouvez parfois en sa présence ?
-- Non, en tout cas pas de manière aussi radicale, que j'aimerais le faire actuellement. Bien sûr, nous nous sommes déjà querellés plusieurs fois de façon venimeuse, mais du haut de sa superbe, elle s'est servie de cela, pour déterminer une fois pour toute, que je n'étais au fond, qu'un banlieusard inculte, fabriqué des ratages de mes origines, et bien trop distant du dessus du panier, où elle prétend siéger. Et que j'avais bien de la chance d'être protégé par un "intellectuel bourgeois", qui m'aurait permis d'échapper à un futur mérité, et dont je profitais allégrement !
--Que vous inspire-t-elle d'autre?
Comme un vagin, elle engloutit... Tout est bon à prendre. La culture est pour elle, l'excuse suprême à tous les opportunismes intellectuels, et autres. Elle se place, spécule sur le bon savoir, et le qui de droit. Effrayante de suffisance, et maquillée du doute, elle s'emprisonne dans les idées des autres, ou se les octroie. Sa conviction est supérieure, et l'entraîne à se confondre avec certains érudits, qui sur la place publique, déballent leurs manies. Ils y deviennent désenchanteurs, inquisiteurs regrettant les bûchers, qui éclairaient l'humanité sur la bonne chose, qu'est d'avancer, en pillant si possible la trace de l'esprit, en se proclamant premiers et vainqueurs...
--N'êtes-vous pas un peu excessif ?
--Non, simplement excédé. C'est elle qui devrait être allongée là, à vous raconter sa poisse ! Le dépit est son moteur, et même si elle se flatte d'exquises passions, la générosité de cœur n'est pas dans sa garde robe. Elle est façonnée de stéréotypes de bon ton et de bon aloi, alors face au poteau, méfiez-vous qu'elle ne tire. Vous serez peut-être sauvé par sa lâcheté, car cela, comme l'avidité, fait partie de ses grimaces.
Elle est ce qui m'insupporte, le sait, et pour ça, je m'en méfie. Elle porte sur l'existence un regard de borgne, se caressant la bosse pour se porter bonheur. C'est bête, je préférerais l'apprécier, et qu'elle soit différente. Mais puisqu'elle est comme elle est, qu'elle aille au diable, ils sont fait pour s'entendre…
--Calmez-vous, nous reprendrons plus tard.
--Non ! Elle va dégager de ma vie... Au revoir docteur !
2-ème séance...
Ma cigarette détestée.
Je suis en train de me supprimer à la clope. Dois-je être condamné à mort, pour ce proche homicide volontaire. Je ne peux répondre à cette question, car j'ai bien des raisons de me cacher la face. La nécessité du besoin, vice qui devient vertu, et le danger qui s'en mêle, tout m'installe dans une paresse assassine. Coupable, je me regarde et n'en tire aucun profit. Je déteste cet objet mirifique, auquel je me soumets sans contrainte, et qui s'évanouit pour renaître: il m'étouffe !
-- Essayez donc le cancer, çà vous aidera peut-être...
-- Merci du conseil docteur !
3-ème séance...
Et se rendre.
Me refermer sur moi, jusqu’à me digérer… Redessiner le contour de ma vie et y clore les fenêtres… Jasper les pierres des dalles qui le jalonnent… Et ouvrir grand le bec des oiseaux, pour égayer la plainte d’une mémoire déroutante… Devenir un jus sucré pour amoindrir l’amertume du chemin, parcouru déjà mais rarement approché, où se suspend le passé qui me regarde… Les mains en poches, les yeux pleins du vide d’un regard d’aveugle, avancer, ne plus trier, ne plus râler, rire de moi qui souriais des autres, tirant bien souvent sur leurs dieux des espérances… Débâtir tous les terrains construits, que la plaine redevienne plate comme l’innocence et l’incohérence des avenirs.
Fixer soudain au ciel d’éclatantes lueurs, et désépingler les papillons du dos des lustres éteints… Quitter un labyrinthe pour entrer dans un autre, plus aride et plein des pâles déclins, des jours et des nuits d’avant-veille d‘échéance… Fermer le livre à la page précédente, en y passant l’avant-propos, et raccourcir le titre du début n’en gardant que le "D" des demains éphémères… Rendre à la vertu sa conscience, et se fondre dans l’éclat de cette rencontre… Taper à la porte du temps, et libérer les instants gâchés à s’espérer un jour, puis monter dans un train sans rails en partance pour hier…
S’il vous plaît ! Mes roses et mes images aimées, offrez des cadeaux de mots au "blanc" de cette page inerte, qui devant moi seul, reste figée en totale ignorance… Faites couler de mes yeux la larme d’un chapitre, sur le sourire, la joie et les mensonges, et aidez-moi à comprendre et à écrire encore…
-- Je pense que des vacances, vous feraient le plus grand bien... Ou bien jetez-vous sous un train !
-- Merci docteur, pour votre compassion !
4-ème séance...
Alors.
Je ne vais pas être sage, je me ferai pilleur des songes, où traînent mes épaves... J'y trouverai bien dans un recoin très sombre, la clef de mon angoisse, toute couronnée d'émeraudes sur ses cheveux filasses... Je l'épouserai en devenant son prince, et, pour qu'elle ne puisse plus me voler l'espérance, de sa faux aiguisée, la couperai en tranches!
-- Bon ! Je vous mets sous Lexomil, ou préférez-vous la camisole ?
-- Bien docteur, tout ce que vous voulez !
5-ème séance
Des mots pourquoi faire.
Fini les mots qui pensent… Pour les sourds aux Autres, qui restent aveuglés par leurs propres paroles et se refusent à chercher dans le discourt de l’autre, la moindre pièce à lui rendre… Le cri contre le cri, la mise en échec de la stratégie de l’autre, en lui tenant résolument tête… Le bonheur ne serait visible que dans la conquête du pion damé de l’adversaire excédé…
Après, moi je m’effondre, je me replie, et deviens transparent jusqu’à disparaître, me sentant ravagé par une bourrasque inutile… Des mots simples, précis et souples, devraient normalement être suffisants pour qu’une construction verbale nous porte vers un but commun : être compris par l’autre et le comprendre également. Au lieu de cela, il faut toujours se mordre pour défendre sa vision "supérieure", et rester en querelle sur un sujet mineur ! Alors comment faire pour éviter de continuer à bousiller nos artères et nous noyer dans une bile amère ?
Peut-être faire l’autruche, jouer le naïf qui n’a que du ruban adhésif dans le "cigare", ou bien être veule, et ne pas contrarier son altesse, mais plutôt lui gratter le dos, et bien mieux la servir, en allant pour toujours dans son sens…
-- Ces vacances les avez-vous prises ? Sinon il serait vraiment temps !
-- Oui docteur, je vais y penser !
6-ème séance
Cela m'échappe.
Je me perds chaque fois un peu plus en moi-même. A me traquer, à me trouver, je me dis qu'il n'y aura pas un temps, où l'esprit allégé et reposé, j'irai guidé par d'autres buts... Le chagrin né d'une larme qui n'a pas encore coulé, me pousse dans les tranchées de mes "Impossibles". Je n'y retrouve que les membres cassés de la faïence qu'était ma vie.
-- Mais non, tout n'est pas perdu... Prenez-vous vraiment bien, les cachets que je vous ai prescrits ?
-- Oui je les prends, mais je perds depuis, tout le temps mes lacets ! A bientôt docteur !
7-ème séance
Çà roule.
Ça fait un moment que je n'ai pas fumé. Je me retrouve dans un état, où je redécouvre l'attrait des gestes mineurs et des pensées simples. Une logique un peu décalée, mais sensée, malgré les chemins qu'elle emprunte.
Là, je ne me cherche plus, je suis en face de moi, de mes faiblesses, et j'éprouve une certaine paresse à me juger...
D'ailleurs je me trouve assez sage, ça roule en gros ! Je m'aime bien, pas trop salaud avec les autres, ni avec moi-même. Bien-sûr, tout n'est pas que sirop sucré, ça coince un peu quelques fois, car si cela ne coinçait jamais, qui serais-je ? Un autre sûrement... Mais cela ne peut être, il y a trop de guerres dont je suis fabriqué, trop de sentiers amers que je voudrais empierrer.
Des sorts se sont jetés sur mes rêves, et beaucoup de causes perdues y ont laissé des traces qui souvent les sillonnent. Les hommes et leurs dégâts m'affligent et plus que les maux de santé, me laisse devant mon impuissance à les sauver d'eux-mêmes.
Je voudrais, un jour enfin, m'endormir rassuré...
-- Bon ! Eh bien je vous trouve en bien meilleure forme aujourd'hui ! On respire, on prend des bains de pieds, on se coiffe avec un peigne... Et on continue à bien prendre ses cachets !!!
-- Merci docteur, mais j'ai pas de peigne...
8-ème et dernière séance
Inopinéraremental.
Il n'opinait que rarement, sa tête l'ayant prévenu qu'un jour elle cesserait d'obéir et se casserait, le laissant à ses tristes songes. Alors, depuis, il vivait dans l'idée que peut-être sa tête était libre, et qu'elle l'avait déjà quitté parfois. Et, essayant de se souvenir, il sentait bien qu'elle aussi se demandait, où elle s'était donc égarée, le jour où elle et lui s'étaient perdus...
-- Bon... mon ami ! Je crois que c'est à moi de prendre des
vacances, vous m'épuisez ! Voici une liste de confrères qui pourront, peut-être, mieux vous aider que moi ! Au revoir.
-- Salut, Monsieur le docteur, prenez bien soin de vous !
Conclusion: Ptet que je suis contagieux ? Et tous ses pauvres docteurs, y vont ptet eux aussi prendre ces fameux pti cachets... Après leurs vacances ! Bien fait...
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