Quand au coeur de la nuit mes yeux s'éveillent

Je pense à cette vie cette étincelle.

Je pense à tous ces gens, pauvres êtres éphémères

Entassés dans des camps, courant, fuyant la guerre.

Ballottés çà et là par les eaux et les vents

Réfugiés climatiques, oeuvres de notre temps

Prisonniers politiques, d'un roi ou d'un sultan.

Je pense aux prisonniers qui méritent leurs chaînes

Aux puissants intouchables qu'on n'effleure qu'à peine.

Aux innocents qu'on tue, dommages collatéraux

Et aux gens de pouvoir, assassins et bourreaux.

Je pense aux gens crédules qui boivent chaque discours

Des partis politiques et des hommes d'église

On dirait des pendules dont l'heure retarde ou court

Bienheureux alcooliques fiers de leur bêtise.

"Si la télé l'a dit c'est sûr que c'était vrai"

Dit d'un ton d'érudit le vaniteux benêt.

On croit ce que l'on veut

Et le silence est mort

On ment dès que l'on peut

La parole est d'antan.

Ces idées vagabondent

Chahutent dans ma tête

Et puis voilà qu'une bombe

Vient prendre part à la fête

Une thermonucléaire pour faire partir le monde

C'est tout ce qu'ils ont trouvé !

Effacer notre terre en deux ou trois secondes

Quelle merveilleuse idée !

Allez troupeaux, allez masses, marchez, allez voter.

Ne voyez-vous leurs masques, des loups sous un berger?

Détruisant la planète

Par la haine et la guerre

Ils mènent à la défaite

L'humanité entière.

Chaque humain est unique

Il n'y a pas de pays

Et aucun ne mérite

Qu'on tue ou meure pour lui.

Il n'y a qu'une seule terre

Comme on naît d'une seule mère

Même loin nous sommes frères

Et avons le même Père.

Je voudrais bien dormir

Effacer tout ce noir

Pour que vous puissiez lire

Une bien belle histoire.

Tout à l'heure en me levant

Je me demanderais si

C'était soit le bruit du vent

Ou le fracas de la vie.