Il existe une légende dans ces contrées enneigées, servant à éloigner les enfants des bois une fois la nuit tombée. À chaque début d’hiver, les anciens des villages alentours racontent cette légende, mettant en garde petits et grands.
Ne jamais suivre les bruits.
Ne jamais s’approcher des lumières au fond de la forêt.
Sinon… vous deviendrez l’une d’entre eux.
Tous n’ont pas écouté l’avertissement, prenant cette légende pour des racontars et des fadaises. Ils ont donc pénétré dans la forêt… pour ne plus jamais revenir.
Sophie regarda autour d’elle, tremblante et les yeux humides. Elle détestait son frère, il était toujours méchant avec elle. C’était de sa faute si elle était maintenant perdue dans la forêt, tout parce qu’il ne l’avait pas attendue pour rentrer à la maison. Le fagot de bois était lourd pour elle et lui cachait la vue, elle ne pouvait donc pas marcher aussi vite que lui.
« Crétin de Baptiste ! »
Après avoir compris qu’elle s’était perdue, Sophie avait laissé tomber sa charge près d’un arbre. C’était dommage, mais elle avait mal aux bras et était fatiguée. Et maintenant, elle avait peur.
La nuit était tombée, rendant l’endroit encore plus effrayant qu’il ne l’était de jour. Sophie n’aimait pas beaucoup la forêt, il y avait plein de bruits étrange, des ombres partout et les arbres masquaient l’horizon et tous les points de repères qu’elle connaissait.
Assise en boule contre les racines d’un gros arbre, Sophie pleurait doucement. Elle avait froid, et faim, et peur, mais refusait de bouger. Les anciens l’avaient dit : si on se trouvait dans la forêt à la nuit tombée, il fallait monter un cap et rester sur place. Elle ne savait pas monter de camp, alors elle s’était simplement installée contre un tronc, un peu à l’abri du vent.
Son frère se moquerait d’elle de croire cette vielle légende, mais il n’était pas là, et encore une fois, c’était de sa faute si Sophie était perdue. Elle espérait beaucoup que leurs parents l’ont sévèrement disputé. Ce serait bien fait pour lui.
Un rire léger retentit autour d’elle, la faisant sursauter.
— Il… Il y a quelqu’un ?
Sophie ne savait pas vraiment si elle le souhaitait ou non. Mais si c’était un adulte, peut-être pourrait-elle rester avec lui jusqu’à ce qu’il fasse. Sûrement qu’il pourrait même la ramener chez elle.
Le rire retentit à nouveau, plus proche. Ce n’était pas un rire d’adulte, non ça rassemblait à celui d’une enfant. Sophie se releva prudemment et avança de quelques pas pour mieux voir à travers les arbres. Ce qui était peine perdue, car les hautes branches empêchaient la lumière de la lune et étoiles de l’atteindre complétement.
Soudain, une silhouette apparue à côté d’un tronc, non loin d’elle. Sophie cria de surprise et de peur. La silhouette rit, amusée et joyeuse. Elle avança de trois pas et Sophie écarquilla les yeux en la reconnaissant.
— Émilie ? murmura-t-elle de choc.
Oui, c’était bien elle, la fille du laitier. Elle avait disparu depuis cinq ans maintenant. Plissant les yeux, elle observa son ancienne amie. Émilie n’avait pas changé, semblant faire le même que Sophie. Mais ce n’était pas possible, Émilie avait toujours été plus vielle qu’elle.
Émilie rigola une nouvelle fois, et lui tendit la main. Sophie recula et secoua la tête. Elle était soulagée de ne plus être seule, mais elle avait trop peur pour suivre Émilie. Cette dernière ne fit que rire face à sa crainte, avant de baisser sa main.
Puis, elle partit.
Sophie haleta, effrayée d’être de nouveau seule.
— Non, Émilie ! Me laisse pas seule ! S’il te plaît !
Elle courut jusqu’à l’arbre où s’était trouvé la fille, mais elle ne vit aucune trace dans la neige. Un rire retentit plus loin sur sa droite, et quand elle tourna la tête, Sophie vit Émilie à côté d’un nouvel arbre à une dizaine de mètres. Elle pencha la tête sur côté, comme si elle était curieuse.
— Attends-moi ! je ne veux pas être seule ! se plaignit Sophie, les larmes aux yeux.
Émilie s’enfuit à travers les bois, Sophie sur ses talons. La poursuite dura un temps infini pour la fillette, mais elle ne se découragea pas à suivre la fille. Elle ne voulait rester seule dans le froid. Si Émilie pouvait l’amener dans un endroit au chaud et en sureté, alors elle la suivrait aussi longtemps qu’il le faudrait.
Petit à petit, dans la direction où Émilie la menait, Sophie vit de la lumière filtrée à travers les arbres. Elle était douce, chaleureuse et d’une jolie teinte rouge. Était-ce un feu ? Sophie l’espérait, elle avait froid malgré la course.
Sa guide avait disparu, mais Sophie était sûre qu’elle avait rejoint ce feu de camp non loin. Sauf que, ce n’était pas un feu qui illuminait l’endroit.
Quand elle atteignit la clairière, ses espoirs tombèrent et sa confusion augmenta. À la place du feu de joie qu’elle s’imaginait, se trouvait un arbre, une sorte de sapin tout noir, autour duquel plusieurs enfants étaient réunis. Ils étaient tous joyeux, certains dansaient en faisant la ronde, d’autres sautillait de joie en décorant les branches de l’arbre.
« Ils font un sapin de Noël ?... »
Sophie s’avança et repéra rapidement Émilie parmi ce groupe. Aucun des enfants ne s’arrêta quand elle arriva à leur hauteur, lui laissant le temps d’observer les décorations. Dans un halètement, elle vit des pommes de pins, des oiseaux morts, crânes de petits animaux en guise de boules, tandis que les guirlandes étaient toutes rouges et prenaient leurs sources dans les mains des enfants. Sophie ne savait pas quel genre de tissus cela pouvait être, mais était chatoyant.
Pourtant, ce sont vers les boules lumineuses rouge que son regard se fixa. Elles étaient si belles, si brillante, si chaleureuses. Et plus Sophie les regardait, plus elle sentait bien, joyeuse et heureuse. Cet endroit était tellement mieux que la forêt sombre et froide.
Traversant la forêt, une lanterne à la main, Baptiste grommelait. Quand il était rentré sans sa petite sœur de la forêt pour récupérer du bois, tous les adultes et ses parents en premier avaient paniqué. Certains étaient même paris à son secours, mais ils étaient revenus bredouilles au coucher du soleil, la mine défaite et sombre. Ses parents avaient pleuré, puis l’avait disputé d’avoir abandonné Sophie.
Ce n’était pas de sa faute à lui si elle était minuscule et incapable de le suivre ! Il ne marchait pas si vite que ça ! Baptiste n’avait jamais demandé à ce qu’elle le suive pour ramasser du bois, c'étaient leurs parents qui les avaient envoyés le faire. Et maintenant, il arpentait la forêt à la recherche de sa sœur.
« Stupide Sophie ! »
Il ne croyait pas à cette légende idiote, ce genre de chose n’existait pas. pourtant, tous les adultes avaient considéré Sophie comme morte une fois la nuit tombée. C’était n’importe quoi. Il allait la ramener à la maison, ils allaient tous voir !
Marchant avec obstination, Baptiste finit par apercevoir de la lumière au loin. Elle était rouge, ce qu’il trouva un peu étrange, mas bon, c’était le produit d’un vieil ermite. Il se dirigea malgré tout dans cette direction, avec de la chance, sa sœur était là-bas.
Une fois sur place, il découvrit qu’il avait raison, mais elle n’était pas seule. Tout un tas d’enfants se trouvaient là, dansant autour d’un sapin bizarre ou le décorant. Puis, il vit Émilie et son sang se glaça. Sans réfléchir, Baptiste s’élança vers sa petite sœur. Ils devaient absolument partir d’ci !
Attrapant Sophie par le bras, il la tira vers lui et en direction de la forêt, mais elle résista.
— Sophie, il faut partir ! Tout de suite !
Fronçant des sourcils, sa sœur le regarda comme s’il était une tache de crasse. Baptiste s’aperçut alors que tous les autres enfants s’étaient arrêtés et le fixait méchamment.
— On doit rentre à la maison, les parents sont inquiets, recommença-t-il d’une voix plus douce.
Peine perdue, Sophie ne bougea pas. Pire, les autres enfants se rapprochèrent d’eux. Il tenta une nouvelle de tirer Sophie avec lui loin du sapin, mais il eut à peine fait un geste qu’ils se jetèrent tous sur lui et le poussèrent vers l’arbre noir. Il essaya de résister, mais ces gosses étaient bien plus forts que lui, et il finit par heurter les branches épineuses.
Dans un cri d’effroi et de douleur, il comprit que les épines lui rentraient dans la peau, à travers ses vêtements, et qu’il allait finir empalé. Il gigota autant qu’il le put, mais plus il bougeait, plus il s'enfonçait dans les branches, et après de longues secondes de souffrance, il fut absorbé dans l’arbre.
Sophie regarda la scène, un sourire apaisé sur les lèvres et le regard vide et rougeoyant. Quand son frère disparut, remplacer par une nouvelle boule lumineuse accrochée sur l’une des branches du sapin, elle se remit à danser autour, comme si rien ne venait pas perturber sa joie.
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