Le soleil se couchait, teintant de jaune, d’orange et de rouge la neige alentour. Roby aimait beaucoup cette vue, c’était le seul moment de la journée, avec l’aube, où le paysage affichait d’autres couleurs que le blanc.
Cela ne faisait pas longtemps qu’il existait, à peine quelques semaines, créer par un des lutins comme prototype pour un nouveau jouet. Roby pouvait bouger tout seul, porter des choses, suivre des ordres, et même voir grâce à la magie que son créateur avait placée dans ses yeux. Mais il ne pouvait pas parler, juste émettre un bruit de clochettes. Le Père Noël, bien que ravi par son existence, avait décidé que Roby ne pouvait pas devenir un vrai jouet pour les enfants, que la magie qui l’animait s’estomperait s’il allait au-delà des montagnes où se trouvait l’Atelier.
Son lutin, triste, avait abandonné sa finition, le faisant ainsi ressembler à un vieil automate de l’ère industrielle, fonctionnel, mais pas très esthétique. Roby n’avait pas été pour autant oublié par son créateur, non, il lui demandait de lui apporter des choses de temps en temps, ou de délivrer des messages aux autres lutins, qui l’aimaient bien. Mais petit à petit, à mesure que Noël approchait, les lutins n’avaient plus le temps de s’occuper de lui. Alors Roby s’était mis à se promener et avait découvert la beauté de la neige colorée.
Un sifflet reproduisant Vive le vent résonna dans l’Atelier et au-dehors.
— C’est l’heure de la pause diner, les amis ! s’exclama Santa Claus.
Roby courut en direction de la porte entrouverte, les lutins s’étant déjà arrêtés, le brouhaha de leurs paroles remplaçant celui des machines. Il allait les suivre et retrouver son créateur, quand il vit une lumière bouger du coin de l’œil.
Il s’arrêta juste à temps pour voir une étoile tomber d’une caisse ouverte et rouler pointe par pointe vers une autre porte, qui elle, était grande ouverte. Comprenant que l’étoile allait quitter l’Atelier et que le lutin qui s’en occupait serait embêté de ne pas la trouver plus tard, Roby se dirigea rapidement vers elle pour la récupérer.
« Attend ! »
Mais avant qu’il ne puisse l’attraper, l’étoile s’envola dans un courant d’air et s’éloigna à grande vitesse dans le paysage neigeux qui s’assombrissait. Sans réfléchir, Roby s’élança à sa poursuite. Le soleil n’était plus dans le ciel, la lune avait pris sa place pour ne donner qu’une très faible luminosité. Heureusement, l’étoile brillait d’une jolie lumière dorée, facilitant sa recherche.
La neige était épaisse pour ses petites jambes de métal, mais Roby persévéra. Il devait retrouver l’étoile et la ramener à l’Atelier où le lutin qui est en charge sera ravie de la retrouver. La petite lumière filait dans des bourrasques, l’emportant toujours plus loin dans la forêt. Il faisait vraiment très sombre désormais. Roby tinta plusieurs fois après l’étoile, espérant qu’elle l’entendrait et peut-être, qu’elle lui répondrait. Mais rien. Seuls ses bruits de clochettes résonnaient autour de lui, avec les branches balancées par le vent.
Roby continua d’avancer, la lumière de l’étoile comme guide, comme objectif. Il devenait fatigué et gelé, le métal n’étant pas friand du froid. Il commença à avoir peur de se casser. Si cela arrivait, Roby ne pourrait plus renter à l’Atelier, il resterait seul et perdu au milieu de la neige.
Paniqué, il tinta plus fort, plus rapidement envers l’étoile. Et celle-ci se mit doucement à tomber dans un arc de cercle. L’avait-elle entendu ?
Repris par un regain d’espoir, Roby se fraya un chemin dans la neige qui lui arrivait désormais au milieu du torse. L’étoile s’était arrêtée, un peu au-dessus de la poudreuse, sans bouger. Il lui fallut encore beaucoup de temps pour l’atteindre, et s’écroula par terre quand il le fit.
« Tu es là ! Merci de t’être arrêtée. »
Le son des clochettes remplaça ses mots, mais Roby ne s’en souciait pas. L’étoile était là, accrochée dans une branche d’arbre qui sortait verticalement de la neige au sol, comme si elle l’attendait.
« Je dois te ramener à l’Atelier. Les lutins vont s’inquiéter si tu n’es plus là quand ils reviendront. »
L’étoile brilla plus fort, comme si elle était contente que Roby soit là. Il la décrocha dans la branche et cala dans ses mains contre lui. Il ne faudrait pas qu’elle s’envole à nouveau !
Le chemin du retour fut beaucoup plus lent, mais Roby n’avait pas peur de se perdre, ses traces dans la neige lui indiquaient la voie à suivre. La lumière de l’étoile était bienvenue dans la noirceur de la nuit, lui donnant l’impression qu’il n’était pas tout seul.
Quand il atteignit enfin l’Atelier, le ciel était parsemé de points blanc lumineux, cousines de sa petite étoile dorée. Il passa la porte qui était toujours ouverte, la referma derrière lui, et replaça l’étole dans la caisse où Roby découvrit qu’il y avait des centaines de petites étoiles comme celle qu’il avait dans les mains. Celle-ci s’illumina encore plus fort, joyeuse de retrouver sa famille.
Roby la déposa avec les autres, heureux d’avoir fait une bonne action, d’avoir été utile.
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