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Une heure avant cet événement, Heather se réveille enfin après ce long sommeil, il est un peu perdu, il ne sait plus où il est, ses articulations le font encore souffrir, il regarde autour de lui, il voit Adixia et Cindy toujours endormies, il ne souhaite pas les réveiller, elles méritent ce repos qu’ils ont longtemps cherché. Il sort de la pièce, mais ne voit personne, il continue d’avancer dans ces étroits couloirs, jusqu’au moment où il arrive devant une porte qui donne sur un gigantesque hangar, dans lequel il y a quatre vaisseaux et cette vision lui permet de se rappeler qu’ils sont enfin arrivés au centre, mais il est étrangement vide. Il continue son chemin dans le hangar. Peter, qui est parti à la recherche de Johan l'a reconnu au milieu du hangar. Il s’en approche et l’interpelle :

 — Heather, mais que fais-tu ici ? C'est dangereux et tu n’es pas totalement rétabli.

— Qui êtes-vous au juste ? demande Heather.

— C’est moi, Peter Graysom, l’assistant de ton père. Tu devrais retourner te coucher, ce n’est pas le moment de se promener dans les environs.

— Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?

— Nous sommes à la poursuite d’un traître qui veut faire sauter toutes les navettes du hangar, donc va te recoucher maintenant.

— Je veux aider ! S’exclame Heather

— Tu es trop faible pour le moment, tu pourrais te blesser ou pire encore.

— J’en ai marre de me cacher, j’ai perdu trop de monde en voulant me cacher, je veux faire face aux problèmes désormais, alors laissez-moi vous aider.

— Si tu le souhaites, vraiment d’accord, mais fais attention à toi, nous cherchons un technicien avec le matricule 47 et une sorte de casque sur la tête, tu auras besoin de ça, c’est l’arme que tu avais sur toi en arrivant.

— Merci.

— Désolé que votre séjour ici se passe ainsi, j’y vais, je pars de ce côté. 

Les deux hommes se séparent. Après un long moment de recherche, Heather entend des bruits de coups, s’en rapproche et voit deux hommes, dont un avec un casque sur la tête. Il voit cet homme lever le bras et crier quelque chose ; dans sa main, il a reconnu le détonateur. Sans réfléchir, il lève son arme et tire, l’homme s’écroule, mais Heather commence à trembler, son corps a du mal à rester droit, et une seule phrase lui vient à l’esprit à ce moment : « Qu’est-ce que je viens de faire ? ». L’autre homme se retourne et s’approche de lui.

Après de longues secondes, Hinlow ajoute :

 — Tu viens de sauver d’innombrables vies aujourd’hui, je t’en suis reconnaissant. Grâce à toi, toutes ces personnes pourront refaire leur vie sur Gïon.

— Je viens de tuer un homme, je ne sais pas ce qui m’a pris, mon corps a agi tout seul.

— Ce n’était plus un homme, ce n’était plus qu’une marionnette.

— Pourquoi êtes-vous aussi conciliant avec moi, vous avez voulu réduire en cendres le travail de mon père ?

— Je ne voulais pas détruire ses travaux, je voulais les utiliser pour protéger ma famille et faire prospérer notre culture, notre technologie, notre peuple. Ton père ne pouvait plus atteindre cet objectif, après que le centre a décidé de rayer son nom. Mais je ne voulais pas que ses découvertes disparaissent.

— Elles ont déjà disparu, le laboratoire a été détruit après l’attaque des envahisseurs. Il ne reste plus qu’un rêve inachevé.

— Tu te trompes, on a récupéré les plans. Je me rends compte que mon envie de protéger tout le monde s’est transformée en une immense soif de pouvoir. J’étais prêt à vous éliminer, ta sœur et toi. Quel genre d’homme je devenais. Aujourd'hui, tous ces événements m’ont ouvert les yeux : notre vie ne tient qu’à un fil et il peut être sectionné à n’importe quel moment. Je vais te rendre les plans, je ne les mérite pas.

— Gardez-les, vous en ferez meilleur usage que moi. Peut-être que vous arriverez à achever ce que mon père a commencé, mais promettez-moi une seule chose : je veux que le nom de mon père reste lié à ce projet. Je veux que le monde garde l’image d’un homme qui a tout fait pour accomplir son rêve et rendre nos meilleures vies.

— Je te le promets, Heather, ton père aura la reconnaissance qu’il mérite. Je dois y aller pour préparer les futurs départs. Va rejoindre ta sœur, elle aura besoin de son frère. Nous partirons tous une fois que les trois derniers vaisseaux de rescapés auront décollé.

— D’accord, on sera prêt le moment venu. »

Hinlow part pour prévenir les survivants qu’ils vont enfin pouvoir embarquer, Heather rejoint Adixia et Cindy dans la salle de repos.

Adixia se lève juste avant qu’Heather arrive dans la salle, elle regarde autour d’elle, elle aussi semble perdue et ne se souvient pas d’où elle est. Elle marche un peu et regarde Cindy toujours endormie. Quand elle sort de la salle, elle voit Heather arriver au loin. Il arrive à sa hauteur et lui demande :

 — Tu te sens bien ?

— J’ai encore la tête qui tourne, sinon ça va. Où on est ?

— Nous sommes arrivés au centre, tu te souviens. Hinlow prépare les dernières navettes au départ, nous pourrons bientôt partir.

— Hinlow ? Je ne rêve pas, c’est bien réel tout ça ?

— C’est une longue histoire, mais oui, on va pouvoir enfin s’échapper de cet enfer. 

Un grand sourire apparaît sur le visage d’Adixia, elle prend Heather dans ses bras et commence à pleurer. Elle ne s’en rend pas encore compte, leur calvaire est sur le point de s’arrêter.

Cindy se réveille peu de temps après, Heather lui explique tout et elle aussi reprend espoir. Le groupe se dirige vers le hangar avec lequel le dernier vaisseau de survivants part. Il reste encore beaucoup de monde près du vaisseau des employés, tous commencent à rentrer, sous les directives d’Hinlow. Comme il y a plus de monde que prévu, le vaisseau commence à être en surcapacité, ils réussissent tout de même à faire monter les derniers employés, suivis de près par Hinlow et Graysom. Les places commencent à se faire rares dans le vaisseau. Le technicien en chef juge qu’on peut encore faire rentrer deux personnes. Heather, Adixia et Cindy se regardent, Heather prend la parole en premier :

 — Allez-y, toutes les deux, je vais rester là. Ils auront plus besoin d’une doctoresse et d’une infirmière que d’un mécanicien.

— Tu m’avais promis qu’on resterait ensemble durant nos voyages. Je ne veux pas te laisser là, tu ne pourras pas t’en sortir tout seul ici. Laissez-moi et allez-y tous les deux ! crie en pleurant Adixia.

— Adixia, tu mérites de vivre heureuse, là-bas tu pourras accomplir ton rêve. Tu deviendras un médecin reconnu et tu sauveras d’innombrables vies.

— Je ne peux pas te laisser ici avec tous ces monstres.

— Les enfants, s’il y a une personne qui doit rester, c’est moi, les interrompt Cindy. Vous avez tant fait pour moi, vous méritez cette chance, vous avez encore toute votre vie devant vous, alors laissez-moi ici.

Heather et Adixia prennent Cindy dans leurs bras, Heather profite de ce moment pour pousser Cindy et Adixia dans le vaisseau, il demande aux personnes présentes de les attraper et de ne pas les lâcher, pendant que la soute se ferme, les filles se débattent, malheureusement, les hommes sont trop forts, elles n’arrivent pas à les faire lâcher prise, Cindy s’évanouit, elle ne s’est toujours pas remise de sa blessure à l’épaule. Adixia a beau crier et pleurer, personne ne lâche prise, la porte de la soute est bientôt fermée, les moteurs se lancent, Adixia n’abandonne pas, elle mord de toutes ses forces la personne qui la tient et, juste avant que la porte se referme, elle se jette à l’extérieur. Heather voit sa sœur sauter de la navette qui est en plein décollage, court pour la récupérer avant qu’elle ne touche le sol. Le vaisseau s’éloigne petit à petit de la planète au milieu des faisceaux rouges qui se font de plus en plus rares dans le ciel.

Heather regarde sa sœur dans les yeux et lui dit :

 — Pourquoi tu as fait ça ?

— Je ne pouvais te laisser seul ici, tu n’aurais pas tenu deux jours, se moque-t-elle.

— Il n’y a rien de marrant, tu viens de te condamner en restant ici.

— Et alors ? Il n’y avait rien pour moi là-bas, toute ma famille est sur cette planète, je ne pouvais pas vivre en sachant que j’ai laissé tous ceux que j’aime ici.

— Tu es une idiote, dit-il avec soulagement.

— Je suis ta sœur et la fille des deux plus grands cerveaux de cette planète. Je ne pense pas qu’idiote soit le terme qui convienne, rit-elle. Et maintenant, on fait quoi ?

— Nous allons survivre, pour montrer à l’univers qu’il en faut plus pour faire disparaître la famille Roswilds.

— Il nous faut un lieu pour vivre et trouver une solution pour quitter cet enfer.

— Nous allons devoir aller au laboratoire de papa, mais avant tout, il doit sûrement rester ici des choses pour faire des armes et peut-être même un moyen de quitter Caleïde. »