Derrière une grille.
Le petit chien est roux, son petit maître aussi…Ils marchent tous les deux à petits pas mal assurés, longeant les murs de briques rouges de la cité, dans cette cour clôturée d’une grille.
L’homme, dans son manteau gris, le cheveu ébouriffé, tend bien la laisse de son caniche, pour le maintenir entre lui et le mur. Ils marchent ainsi tous deux, et je les regarde faire le tour de la cour, de l’autre côté des barreaux.
Ils semblent tout les deux ne faire plus qu’un, dans ce décor où ils se fondent, comme s’ils étaient compteurs de pas du tour de la cour, et que sans arrêt, ils devaient en vérifier le nombre. Le caniche a le poil marron clair légèrement orangé, comme celui qui le mène, dont le manteau a la couleur grise du trottoir, sur lequel ils vont sans venir…
Je trouve qu’ils se ressemblent, comme s’ils étaient parents. Difficile de dire qui des deux surveille l’autre ? Ils ont l’air de s’épauler mutuellement, dans cette marche au bout de la terre, du tour de cette cour.
Le regard gris du petit homme, furtivement croise le mien… Les yeux anxieux de son visage inquiet se détournent, pendant qu’à son tour le caniche lève les yeux vers moi, comme pour me demander de l’excuser de promener son maître ainsi, au risque de lui faire prendre froid…
Ils ont l’air d’être aussi vieux l’un que l’autre, ils sont à la fois cocasses et attachants, dans leur union de couleur et leur démarche commune. Comme si c’était leur dernière ballade, le chien me lance à nouveau un regard mélancolique, puis ils disparaissent au coin d’un mur, derrière les barreaux de la grille de cette cour, d’où je les apercevais, et comme dans un songe évanoui, je ne les revois plus…
Rancune.
Le buisson m'a parlé, il m'a dit que le vent lui a confié de ne pas se taire, et de prévenir qu'auprès de ces roses dorment des épines. Elles sont quatre, et vous crèvent le cœur, les yeux, et la mémoire. Ces dernières vous piquent les doigts pour que vous ayez mal, si elles ne vous endorment pas pour longtemps, car vous les sortez du sommeil. Tout ça pour l'attrait de celle qui réside en bout de tige, et se pavane aux yeux de tous. Alors elles se vengent, et lui font mauvaise presse, chacun ses armes se disent-elles...
-Là haut, la "fortiche", elle se fout de nous, et ne nous laisse que des doigts à piquer.
-C'est faux ! Rétorque au buisson, la rose dans tant de rouge épanouie. Elles sont ce que je ne peux être, et je n'y suis pour rien ! Elles me protègent parfois, et je les en remercie. Cependant malgré elles, bientôt je m'étiolerai, me flétrirai. Puis, de mes pétales éparpillés, émergera ce que cachait ma robe, et qui dans quelques temps fera envie aux oiseaux, auxquels elles serviront de marches pour qu'ils me piquent à leur place.
Vous voyez la jalousie les rend sottes! Peut importe, l'automne venu, nos branches seront coupées! Alors… Quant à vous Monsieur l'Arbuste, cela vous fera du bien!
Plainte à Jupiter.
Voila le Vent et la Pluie qui frappent encore à ma porte ! Qu'y a-t-il donc cette fois, et de si bonne heure ?
Votre Altesse ! je suis le Vent…
Votre Altesse ! Dame Pluie je suis…
Il suffit ! Que me vaut, d'un temps si tôt, l'impertinence de vous voir ? D'ordinaire tous deux, vous vous passez bien de mon conseil…
C'est que… moi Le Vent, je ne supporte plus les querelles mesquines que Dame Pluie me fait chaque jour !
Pardon, pardon ! Que toute mon eau devienne du sable… Il s'agit bien que ce soit moi qui le querelle, sa tête est aussi vide que le vent qu'il souffle, il ne faut pas le croire !
Du calme mes Amis ! Finissez donc de vous expliquer, mais sans hausser le ton, en ce lieu où seul le mien prédomine !
Je suis Moi Le Vent Aérien, et voyez comme elle me parle
Hé oui ! que je parle… Faudrait-il que je siffle comme toi pour qu'on m'entende ?
Cessez vous deux ou je fais appel à la Foudre pour trancher en la matière ! Je n'entends rien à cette affaire et vous gâtez mon humeur. Vous risquez tous deux d'y perdre volume et quantité des pouvoirs et privilèges que je vous octroie… Je vous ferais facilement redevenir pet de haricot et larmes de tristesse, et ça… c'est Moi Jupiter qui le dis !
Lourdeur.
Un jour, une tête a tellement pensé, qu’elle est devenue lourde, si lourde que son cou affaissé, a commencé à lui ôter les idées, et le sentiment de confiance qu’elle espérait.
Mais comment s‘alléger, se disait-t-elle ?
Mon esprit effrité pèse moins par ses trous, et mon regard ne se fatigue plus à voir si loin ! Un trop-plein de souvenirs et d’espérances s’y bousculent …
S’il suffisait au corps, d’ordonner à ce cou de s’élever un peu, pour libérer les membres liés par lui à cette tête… Il n’en a pas la force, il est tant soumis aux vertiges de celle-ci, qu’il ne la croît plus, lorsqu’elle lui parle de légèreté. Cette tête écrasante, même au repos, le tire, le coince, le craque, il n’en peut plus de l’avoir ainsi collée à lui sans cesse… Il voudrait qu’elle se mette en vacance et qu’elle lui donne son congé !
Enfin, Le Cou ! Que veux tu que je fasse, lui dit la tête ?
Tu as été bien orgueilleux de prétendre me porter tout le long des jours, et de t’allonger sous moi lors de mes nuits ! A présent tu menaces de te rompre ou de me couper les vivres ? C’est ce que j’appelle de l’audace, et à ce jeu tu pourrais toi aussi y perdre le sens et ressembler bientôt à de la pierre !
Toi, La Tête ! Tu as déjà trop ordonné, par moi, aux membres qui me suivent. Ils semblent se rallier à présent à ma cause et ne plus vouloir t’écouter ! Alors, à présent, portes-toi donc toute seule !
Du bocal à l’océan.
De bon matin, la nageoire à peine dépliée, le "maquereau" propose à sa voisine d’en haut, la pieuvre "Antarctiqua", de prendre ensemble une collation, histoire de discourir un peu sur le temps qu’il fait… Celle-ci, refuse sa proposition, prétextant le besoin impétueux d’aller piquer une tête à la piscine de son quartier, histoire de consolider une de ses vertèbres, dévissée légèrement lors d’une tentative, d’un pas de deux, et d’une gaillarde à huit tentacules, qui l’avait malencontreusement propulsée, le bec et l’œil, sur le tapis de son bocal… Sur ce, la pieuvre d’à côté, le sonne pour lui demander de venir apprendre à régler le thermostat de son aquarium… Il accepte volontiers, mais précise qu’il nage pour l’instant dans son évier au milieu de sa vaisselle, mais que si elle lui octroie une petite heure, cela sera tout à fait possible. A ce moment, la pieuvre d’en haut, s’étant ravisée… pourquoi pas un "maquereau" pour un café, c’est mieux que de se regarder dans le miroir… elle le sonne et prétend, qu’elle préfère sa douce présence, à l’eau même pas salée de sa piscine… Le "maquereau" ennuyé, lui avoue sa trahison, en lui laissant entendre que quand c’est trop tard, c’est trop tard… et donc l’abandonne à sa solitude, et ses tentacules ébouriffées… Il retourne donc à la mousse de sa vaisselle, et croisant la "sardine", sa servante nettoyeuse, lui fait remarquer que, la poussière sur son piano, il serait temps de la faire !
La "sardine" rebelle, trouve cela incongru et lui demande alors, où est-ce qu’il voit la moindre trace sur le dit piano ? Lui, caressant d’une nageoire sa surface boisée, reconnaît n’y trouver à redire, et convient qu’entre autre, à part le fait d’être infidèle à une de ses pieuvres, il devenait myope, en plus d’être sourd… Moi, la "sardine" je dirais plutôt, avant de retourner me coucher, qu’il est surtout un peu nigaud, car me semble-t-il, la pieuvre d’à côté lui avait octroyé une heure si je ne me trompe, et donc il avait largement le temps de contenter ces deux céphalopodes, avides de sa précieuse présence, au risque un de ses quatre, de se retrouver étranglé, par les ventouses très irritées de l’une d’entre-elles. Et là, moi je serais vengé de l’affront ménagé que l’on me fit ce jour… Sur ce, dodo, en route moi aussi pour le grand bleu …
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