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Lettres et paroles.

Monsieur,

Monsieur le divisionnaire, suite à notre conversation d'hier matin, où je me suis permis de vous signaler, qu'il n'entrait pas dans mes attributions, de devoir ramasser presque chaque jour, les bas égarés par votre femme, dans les endroits les plus incongrus de notre bureau. Je tiens à vous préciser que la corde est prête à rompre, et qu'à présent le vase déborde !

Imaginez-vous quelle fut ma stupeur, lorsque ce matin, cherchant ma gomme, ce fut une de ses abominables mules bleues, ébouriffées de poils jaunes, que je découvris dans mon tiroir de gauche. J'en suis encore malade. Alors, ne m'en veuillez pas trop si, excédé, je n'ai pu me retenir d'uriner dans votre si jolie sacoche en cuir, qui, et j'en suis désolé, contenait votre dossier de mutation pour la Capitale, dont l'acceptation vous a été précisée par notre bureau du haut, à l'ultime condition que votre dossier soit déposé avant quatorze heures, ce jour et par moi, chez le chef du personnel, l'infecte Mr Bireau..., qui l'attend toujours, mais n'en a plus besoin !

Eh oui ! Il s'est passé cela, pendant que vous achetiez un chapeau neuf, pour quitter votre bourgade et jouer les citadins… Eh bien ! Ce sera pour plus tard, cette tant espérée ballade "rue du "bas" de la mule" ! Et bien des choses à votre Dame…

Votre dévoué, confrère: Mr. Mulot.

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Chère Madame,

Je vous prie de bien vouloir me pardonner, pour notre rendez-vous raté de lundi, bien que ce soit une infidélité impardonnable à mon goût…

Je savais devoir vous rencontrer en février, mais tel "le bel au bois dormant" je ne m’étais pas rendu compte que février était déjà là… Heureusement que ce n’était pas pour une interruption de grossesse, car sinon j’aurais été mal…

Enfin comme tout vient à point à qui sait attendre, n’en soyons pas désespérés car nous nous verrons bientôt…

Je pense aller bien, à part cette léthargie hivernale qui me fait être un peu largué, et bien souvent à côté des mes chaussures…

Malgré votre demande (je sais c’est pas bien), je n’ai pas fait peser ni le gras ni le sucre de mon sang, mais je crois que toutes mes petites rivières intérieures s’écoulent tranquillement, et le blanc de mon œil n’est pas encore jaune…

Par contre j’ai rencontré Gepetto, mon cardiologue qui m’a dit que mon cœur battait, et c’est déjà une bonne chose, et que normalement, il devrait encore faire quelques kilomètres…

Par ailleurs je mange chaque jour tous les bonbons que vous m’avez donnés, bien que ma maman m’ait toujours dit qu’il ne fallait jamais le faire…

Sinon j’espère surtout que Vous vous allez bien, car comme pourrait le dire Molière, quel serait l’avenir, à priori très incertain, d’un malade dont le médecin, ne se sentirait pas le mieux du monde…

Je vous prie donc Chère Médecin(e), ou "Maman" comme je vous appelle parfois, en attendant notre prochaine rencontre, de bien vouloir agréer l’expression de mon profond respect, et d’embrasser pour moi Marie Laure votre assistante… Roland.

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Hymne à la lune.

Madame,

Je suis un diablotin qui se nomme Prospère, et qui a fait carrière en s’occupant de vos derrières.

Mieux que votre curé je connais tout de vous, du sacristain à la douairière, de vos notaires et vos catins…

Auprès de vous j’ai réalisé ma fortune à force de dévisager vos lunes…

Armé de mon clystère, je vous ai fait avouer vos honnêtetés et vos faiblesses, au travers du sourire de vos fesses.

Un abbé, qui au presbytère disait quelques prières, en regardant le ciel, les deux pieds en l’air, et qui entre deux pets se signait comme s’il accouchait de Lucifer…

Une comtesse le jupon renversé, pour fuir le ridicule, se repoudrait le nez à l’approche de ma canule, en clamant quelques vers pour étouffer les bruits émergeant de son arrière…

La lune se couchant, satisfait mais effaré, je m'enfuit rapidement les fesses à l'air, retrouver le paradis qu'est mon enfer, loin de tout ces pauvres calamiteux… Prospère.

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Christine,

J`espère que tout va bien pour toi dans ces contrées lointaines, peuplées de Zébus bleus, d'escargots rotuliens, d'araignées monstrueuses à deux pattes (une devant, une derrière), et de grenouilles à cidre…

As-tu des nouvelles de l'éléphant, à qui je t'ai recommandée, qui était en quête d'une barrette en os de baleine ? C'est quelqu'un de très sérieux et qui t'en donnerait un bon prix. Cependant je te préviens que, malgré son aspect débonnaire, il est rugueux en affaire et qu'il est capable de colères à faire trembler la terre…

Surtout, s'il veut te coller une de ses fabuleuses montres, qu'il te soldera sûrement, refuses ! Elles font toutes un bruit d'enfer, et leur tac-tic,tac-tic déprimé, ne te donne que l'heure des autres et jamais la tienne.

C'est agaçant ! Enfin, fais comme bon te semble !

Après tout, si tu as vraiment besoin d'une montre…

Si je retrouvais la photo que j'ai prise l'autre jour, du clou que je me suis planté dans le majeur de ma main gauche, je te l'enverrais bien, pour une de tes expos. Le vrai problème fut d'essayer de clouer l'autre main… J'ai dû renoncer ! D'ailleurs si je te tape ce petit mot, c'est grâce à la dextérité de mon majeur droit encore libre d'agir, alors que ma main gauche à présent semble plus appartenir au bois de la table qu'au reste de mon corps. Rassures-toi, j'ai bu la fiole de vaccin antitétanique dont je m'étais muni avant ce geste, et comme aujourd'hui il fait relativement beau, en gros tout va bien… Je t’embrasse. Roland.

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Souvenir de plage.

Maman,

La mer me tient, la mer me lâche. Son écume éblouissante m'enlace, mêlée au vent et ses bourrasques.

Sous mes pas le sable, en grande dalle blanche, de ses couteaux d'argent entrelace l'espace, où se noient, ébranlant les barrières du temps, le "probable" et "l'évidence" de mes traces.

Pour un instant je me sens être un point minuscule, qui se tient au ciel et qui marche sur l'eau, ne servant à rien d'autre qu'établir le courant, entre deux extrémités qui elles ont des choses à se dire, et pour qui je ne suis rien.

Il me reste le sentiment que "cela" sera bientôt, et que "cela" n'aura pas été. C'est comme un grand trou plat, dans lequel on ne peut tomber, puisqu'on en est le fond…

Ton fils qui t'aime. Roland.

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Alphabet.

Des sons, des mots, pour oublier les images. Des rivières de mots pour dire tout ce que l’on ne peut pas voir… J’ai honte de devoir avancer quand même, alors je me remplis du vide et je glisse sur une dune incohérente…

Le A demande à B : du bonheur, la bonté,

Le B demande à C : la candeur, le choix,

Le C demande à D : un destin, le désir,

Le D demande à E : l’éternité, l'espérance,

Le E demande à F : les fortunes, le fabuleux,

Le F demande à G : la générosité, la gaité,

Le G demande à H : les horizons, l'honneur,

Le H demande à I : l’ivresse, l'indulgence,

Le I demande à J : la joie, la jeunesse,

Le J demande à K : une "kasquette"… ? Bof, si tu y tiens…

Le K demande à L : la liberté,

Le L demande à M : le merveilleux,

Le M demande à N : la noblesse véritable,

Le N demande à O : l’oubli, l'obligeance,

Le O demande à P : la paix, la prospérité,

Le P demande à Q : une "quasquette"… ?? Toi aussi…

Le Q demande à R : la raison, le romantisme,

Le R demande à S : la sérénité, la sagesse,

Le S demande à T : la tempérance, la tendresse,

Le T demande à U : l’universalité,

Le U demande à V : la vérité, la volonté,

Le V demande à W : la double vue,

Le W demande à X : une croix,

Le X demande à A : l‘amour…

Le "Dico", fatigué, retourne se reposer, sur son étagère préférée, avant de décider qui a droit à quoi…


Texte publié par Ecirtap Namdot, 15 décembre 2024 à 01h43
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