Le dément tellement.
Je prends la rue à droite "Le broc…"
Être un broc, tout seul sur une table, et n’avoir pas un verre à servir…
Être vraiment si seul sur ce brillant de table, et ne pouvoir faire que de son bec regarder l’anse, son derrière… Ne pas pouvoir abreuver la moindre personne, et s’en trouver tout rempli d’eau mais tout à fait seul… Sonder le fond de soi, et espérer que son eau s’y croupisse, pour qu’émerge un autre endroit que celui là… Il deviendrait comme une petite marre, où des myriades de larves de moustiques, gesticulantes, s’enivreraient du frêle bonheur d’exister en volant en tous sens dans cette eau devenue ciel… Il s’y ferait là des miracles, et le broc serait comblé…
Puis la rue à gauche "De toute façon, brisée…"
De toute façon, l'acrobate a dit… Dis ta prière, nous allons voler…
Voler le sourire au soleil… Soleil à qui l'on reproche quelques fois les passions… Passions qui nous dévorent et nous anéantissent… Tissant tout autant les rêves éphémères des autres… Autre époque, autre lieu, leurs visages étaient les mêmes… Mémorisant les détails des délires grotesques… Que leurs yeux transpiraient dans des larmes rouges de sang… Sans qu'il puisse être possible de dire le pourquoi du comment… Mentir ou bien se taire… Terrifié, la tête dans les mains… Maintenant inutile et cassé en mille endroits… Droit des hommes d'être esclave… Lavés et purifiés soudain… D'un énorme secret ou d'une faute bien grave… Gravée là, dans la pierre et dans leur cœur meurtri… Triturant le passé, maudissant l'avenir… Nirvana pour y mourir… Rires amers des larmes d'un fou… Foutant tout pardessus tête… Têtu, perdu dans ses vagabondages ramollis… Lissant le poil de son esprit… Pris du fou rire de la panique… Nique à la vie, morte dans son âme brisée…
Je reprends la rue à gauche "Roulée dans le panier…"
C'est l'aube, il fait terne, tout se ferme sur son visage noyé de cendres de mots… Dans sa tête la source s’est tarie, plus rien ne vient le surprendre. Il écoute pourtant tout ce qui pourrait passer là, par hasard et de façon inattendue. Mais rien, seulement un silence, qui le dévisage de son air muet et l’enveloppe d’une brise muselante… Est-il déjà temps de disparaître, de s’éteindre, de se fondre, et d’oublier ce que tout voulait dire, avant que ce voile ne tombe.
Courbé, là sur le billot, il ne sent plus le bois qui l’embrasse, et dans un souffle irréparable, une lame lui tranche le cou, et lui fait rouler les yeux de la tête, qui se fige maquillée de frayeur…
Cette tête, là dans le panier, on dirait qu’elle voudrait encore lui dire quelque chose, et peut-être aussi lui gratter le mollet… Mais son corps est trop loin au-dessus d’elle, agenouillé encore, comme si pour lui rien ne s’était passé. Il semble simplement l’implorer de reprendre sa place pour au moins faire joli.
Elle, elle le plaint, d’être figé ainsi sans repère, alors qu’elle avait fait avec lui jusqu’à ce jour, tant de choses banales et étonnantes, mais c’est ainsi, à présent la voilà raccourcie sans prolongement ni extrémité, ronde à s’ennuyer sans pouvoir même s’habiller d’un col…
Et à nouveau la rue à gauche "Dis-moi..."
Dis, dis-moi comment tes yeux se ferment et pourquoi la pluie a mouillé ton visage…
Le monde crie, le vent sculpte, je l'entends là-haut dans les branches des arbres. Il y gémit un dernier songe pour me prouver qu'il ment, et s'arrache de là, me laissant seul et pantois, au milieu des fagots.
Le monde, il est un peu comme la ferraille, et, un jour de bonne chaleur, il cuira des humeurs d'un petit homme, à l'ardente conviction. Tant pis pour les arbres, les poissons des rivières, et mon chat. Dommage pour tous ceux qui aimaient voler, nager, grimper, cueillir, et les autres attachés à des valeurs qui leur semblaient premières.
Dommage pour le héron artistique et la grive musicienne. La renarde en manteau de faisan et aux yeux d'abyssin, se bourrera le ventre de paille et sautera sur la cheminée, pour "faire joli". Tout sera exquis… Sauf pour les oursins volant comme les sauterelles, les mulots aux nageoires d'hirondelles, et les fourmisabeilles... Tout sera carré, plus d'arrondi ni de décence, plus le moindre vallon, qu'une plaine immense, pour cet homme et sa petite idée du monde.
Cette pluie est un torrent de larmes, sur tes yeux définitivement grands-ouverts...
Et pour finir par la rue à gauche "Au fond…"
La pioche creuse, la pelle remonte la terre. Le sol se défend dans des étincelles de silex, puis s'effondre sous les coups des armes d'acier.
La taille est là, et la place au bout du chemin se dessine dans un halo d'existence, montant du "fond" au gré du vent, Il est là, le Trou… Le reposoir éternel, enfin ouvert au ciel qui l'éblouit. Vu de son fond il y a, entourés de feuilles frémissantes, quelques nuages moelleux qui passent, et sur le bord de son haut, tranquillement, un escargot qui passe, accompagné du gazouillis d'un oiseau qui passe, et puis il y a le temps qui ne fait que passer…
Et lui le Trou, il attend tranquille, le nez au ciel, tendant ses bras sur ses côtés en tas, la gueule béante exhalant son haleine de terreau de souche mêlé de glaise. Très bientôt il le sait, un passant maladroit de la vie, s’approchera trop près de lui, encadré de quatre pans de bois et de deux cordes coulissantes, et se laissera glisser en lui pour s’y abandonner. Pour lui le festin, bien qu’inattendu sera royal, il y mettra le temps, mais le dégustera jusqu’au miracle de la communion et la fusion de l’être et de la terre, où tout en lui redeviendra unique…
"Finalement"
Epuisé dans ma tête, et voyant bien que je tourne en rond, mes pas me dirigent sans tarder vers l'hôpital…
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