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Chapitre 7

— Sans transition, la suite des actualités !

Erkan était scotché à l’écran de télévision et suivait ce 20 heures avec le regard d’un rapace prêt à fondre sur sa proie. La présentatrice blonde décolorée souriait de toutes ses dents blanches de star hollywoodienne, comme à l’accoutumé. De toute façon, celle-là qu’elle annonce un mariage royal, l’augmentation du prix du carburant à la pompe ou l’intervention militaire de la France dans tel ou tel bourbier, elle avait cette même grimace exagérée plaquée sur les lèvres.

Un accident tragique survenu à Montreuil, deux piétons, une mère et son enfant âgé de 4 ans percutés par un alcoolique récidiviste au volant : sourire de la présentatrice. Peut-être fallait-il essayer d’y lire de la compassion ?

L’augmentation du coût de la vie et les grèves à répétition des petites gens se faisant exploiter par leurs gros employeurs bien gras qui s’en mettaient plein les poches : nouveau sourire et un trois-quarts presque artistique. Devait-on essayer d’y déchiffrer une expression complice et compréhensive ?

Bon, elle allait en venir aux faits oui ! Erkan avait failli avoir une crise cardiaque quand elle avait annoncé dans le sommaire de l’émission « un fait insolite et héroïque survenu en Seine-Saint-Denis. »

— Venons-en enfin à ce fait insolite, mais peut-être pas si isolé, survenu en Seine-Saint-Denis mercredi dernier.

La présentatrice montra à nouveau son meilleur profile, laissant peser le suspense avant de reprendre :

— Une femme de 82 ans a été violemment agressée à l’arme blanche à la sortie de la banque, et quel n’aurait pas été son triste sort si un jeune homme, encore non-identifié, n’était accouru à son secours ?

Un héros en Seine-Saint-Denis – sourire de requin de la présentatrice – reportage de « on n’avait sûrement rien de mieux à faire » et « on s’est perdus en chemin. »

Erkan serra fort les mâchoires et se rapprocha un peu plus de l’écran, espérant peut-être y découvrir quelque chose d’autre que ce qu’il craignait de voir.

Mais non, c’était bien sa chance ! La petite vieille presque dégarnie, aux rides profondément marquées et aux joues creusées, était bien celle qu’il avait redoutée de voir. Erkan se mit à jouer nerveusement avec ses doigts, faisant lentement craquer chaque phalange.

Elle racontait, dans un baragouinage presque intelligible, qu’elle avait été agressée par deux hommes, dont l’un armé d’un couteau, lui avait violemment arraché son sac avant de la pousser méchamment par terre. Elle avait cru mourir, et pire, perdre sa maigre retraite.

Il faut, peut-être, qu’elle revoie l’ordre de ses priorités, songea Erkan, ne quittant pas un seul instant des yeux l’écran télévisé où étaient diffusées les images des caméras de surveillance de la banque. On y voyait, en effet, la vieille dame se faire agresser, puis quelques instants plus tard, un jeune homme en capuche fendre la foule ameutée autour de celle-ci pour lui remettre son sac. Rien de plus qu’un profile mal éclairé sous une large capuche.

Erkan soupira de soulagement.

La vieille femme continuait son récit, mais Erkan était bien moins intéressé, il avait été aux premières loges, après tout.

— Je ne saurais le reconnaître, bredouilla-t-elle entre les quelques dents qu’il lui restait, il était habillé comme les deux voyous ! Mais eux, ce sont de vilains diables et lui un petit ange. Je prie tous les soirs pour lui parce qu’il fait le bien.

Erkan leva les yeux au ciel. Même quand il avait été sage comme une image et obéissant comme un militaire au garde-à-vous, sa mère ne lui avait jamais donné de l’ange. La vieille dame était bien gentille, elle l’avait largement remercié quand il l’avait raccompagnée, lui avait proposé de prendre un thé ou un petit billet, qu’il avait tous deux refusés, donc pas besoin de tout ce remue-ménage.

Il souffla de soulagement, rien de bien méchant ou de nuisible dans cette page d’actualités. Il restait un anonyme perdu dans la masse.

Le reportage continua sur des commentaires d’habitants de la ville, sur leur vision de l’événement outrageant et de l’acte héroïque. Tous avaient leur opinion et surtout leur mot à dire. Comme les langues pouvaient se délier quand il était question d’avoir son petit moment de gloire ! À les écouter, tous voyaient en cet inconnu un équivalent du messie. Encore quelques âneries comme ça, et Erkan serait digne de sauver le monde de la famine, du terrorisme ou du fléau des pires guerres intestines !

Il eut un rire amer.

Son sourire se crispa un peu plus quand apparut à l’écran une femme d’une quarantaine d’années qui jurait ses grands dieux avoir déjà croisé ce garçon anonyme. Il avait sauvé son jeune fils lors d’une agression qui avait eu lieu sous ses propres yeux et avait ensuite pris la fuite sans un mot. Elle voulait simplement remercier le héros. Erkan était certain de ne l’avoir jamais vue celle-là. À ce rythme-là, dans un mois à peine, il aurait sauvé tous les chats et chiens perdus du quartier, tous les abrutis qui étaient toujours là où il ne fallait pas, l’économie de la France et son Triple AAA. Tout un plat pour rien du tout, voilà ce que c’était ! Ils se montaient tous le bourrichon et bientôt on parlerait de l’arrivée de Superman à Paris !

L’image d’un acteur gonflé aux hormones de croissance et aux stéroïdes, faisant le beau en collant moulant, une baguette sous le bras et un béret sur la tête, trônant fièrement sur la Tour Eiffel, fut toutefois une vision suffisamment divertissante pour le faire sourire.

Le 20 heures se termina sur l’intervention du préfet de police de Seine-Saint-Denis qui parlait de la difficulté des forces de l’ordre à agir dans certains quartiers malfamés, les blablas habituels en quelque sorte, avant d’ajouter qu’il ne fallait pas généraliser et qu’il y avait des citoyens honnêtes et généreux partout. Non, sans blague ?! Le 93 n’était donc pas le septième cercle de l’Enfer de Dante ? C’était bon à savoir.

Ce fut le moment que choisit sa mère pour rentrer. Erkan s’empressa de baisser le son et alla sortir les quiches décongelées du four à micro-ondes qui bipait depuis pas loin de cinq bonnes minutes. Les surgelés étaient la plus belle invention du siècle question alimentation. Sa mère n’en était pas une fervente admiratrice, elle avait toujours préféré les aliments frais que l’on faisait mijoter pendant des heures et avec amour, mais elle avait dû se rendre à l’évidence : son fils était moins dangereux dans sa cuisine quand il ne devait pas se servir de la gazinière ou d’un couteau. De toute façon, quelqu’un aurait-il pu expliquer à Erkan pourquoi au 21ème siècle on persistait à utiliser encore des gazinières récalcitrantes ? Ou pourquoi il fallait à toute ménagère qui se respecte un couteau de boucher de 30cm de long, aiguisé à outrance, qui aurait pu rendre vert de jalousie Jason en personne ? Une cuisine contenait une artillerie bien trop lourde dans l’opinion d’Erkan.

— Ça a été aujourd’hui ? lui demanda-t-il, alors qu’il sortait une salade en sachet du réfrigérateur.

— Comme toujours, lui répondit-elle d’un sourire fatigué alors qu’elle ôtait ses chaussures et qu’elle l’embrassait sur le front.

Heureusement, depuis quelques années, elle ne le faisait plus en public.

— Va t’installer, je m’occupe de tout, lui sourit-il.

Son téléphone portable sonna alors qu’il préparait la vinaigrette de la salade.

— Kiki ! lâcha Ève, enthousiaste.

Elle était d’excellente humeur, elle avait dû aller faire du shopping avec ses copines.

— Tu as vu les infos ? reprit-elle sans lui laisser le temps d’en placer une, pour changer.

— Oui, et ? répondit-il presque sur la défensive alors que sa mère passait devant la cuisine, en enlevant son manteau, pour lui faire les gros yeux : elle n’aimait pas qu’il soit au téléphone pendant le dîner.

C’était malpoli et il ne pouvait pas être malpoli, n’est-ce pas ?, car il avait été bien éduqué.

— Et, tu ne veux toujours pas admettre qu’il y a des héros qui sauvent la veuve et l’orphelin tout autour de nous ? le taquina Ève.

— Non, et ce ne sera pas demain la veille ! De plus, je n’ai vu aucun orphelin sur les images, et la vieille ça doit faire plusieurs siècles au moins qu’elle est veuve, se moqua-t-il également.

— Je me demande bien pourquoi tu es aussi réfractaire à cette idée ? lui demanda-t-elle clairement intéressée.

— Et je me demande pourquoi tu crois encore au prince charmant ? la contra-t-il, non sans une touche d’affection dans la voix.

Ève voyait toujours le bien partout, le côté positif des choses, la beauté, et elle n’en démordait pas. Pour elle, en chaque individu existait quelque chose de bon, en chaque chose une part de lumière. En gros, une grenouille, toute visqueuse et crapoteuse, pouvait se transformer en prince si elle trouvait une âme suffisamment charitable qui sache lire en elle et prête à se souiller les lèvres. Parfois, il aurait aimé être aussi positif qu’elle, pas au point de ressentir l’envie pressante d’embrasser goulument un batracien, mais cela avait du bon de croire en ses rêves et en ses convictions. Erkan n’avait jamais été du genre à se morfondre sur lui-même toutefois il ne croyait ni aux contes de fées ni aux légendes urbaines. Dans la vie, rien n’arrivait par hasard, et il fallait se battre pour aller de l’avant et croire en soi-même plutôt qu’aux autres.

— Parce que je pense que les coïncidences n’existent pas, lui répondit-elle, mystérieuse.

— Que veux-tu dire par là ? s’étonna-t-il.

— Dimitri Rocroy a reconnu son sauveur sur la vidéo de l’agression de la vieille dame, continua Ève, et si ça ce n’est pas un chevalier des temps modernes, je ne vois pas ce que c’est !

Erkan crut qu’il allait s’étouffer avec la feuille de salade qu’il venait de croquer pour goûter l’assaisonnement.

— Oğlum! On mange ! l’interpella sa mère, impatiente, alors qu’elle pénétrait dans la cuisine pour s’emparer de sa boisson gazeuse préférée.

— On ne voit rien sur cette vidéo, et lui il est bigleux, répliqua Erkan en sifflant à voix basse, apportant salade et quiches dans le salon, alors qu’il sentait une sueur froide dégoûtante lui couler le long du dos.

Hors de question que sa mère n’entende la moindre bribe de cette discussion et qu’elle lui pose ensuite des questions !

— Pas sur celle qui est passée aux infos, mais celle qui tourne en boucle sur Internet. Elle a été prise par des amateurs, continua Ève de sa voix de conspiratrice, tu ne l’as pas encore vue ? Tu devrais. Il est super doué !

Erkan resta coi un moment. Ce n’était pas possible. On n’avait pas pu filmer son visage. Est-ce qu’Ève était en train de jouer avec ses nerfs ? Savait-elle tout ?

— Il faut que je te laisse, finit-il par répondre quelque peu perdu, maman vient de rentrer, et on dîne.

— Oh ! Tu lui passeras le bonsoir de ma part, répondit-elle, semblant avoir retrouvé sa bonne humeur habituelle.

— Bonne nuit, termina-t-il la conversation, raccrochant avant qu’elle n’ait pu ajouter un mot.

Sa mère le fixait toujours, les sourcils froncés, car elle s’était déjà installée sur le tapis pour dîner et l’attendait.

— C’était Ève, commenta-t-il quelque peu ailleurs, elle te passe le bonsoir.

Un sourire radieux apparut sur le visage de sa maman alors qu’il prenait place à côté d’elle.

— Elle est très gentille, Ève, affirma-t-elle en commençant à manger.

Erkan n’avait plus d’appétit. Qu’avait voulu dire Ève ? Savait-elle que c’était lui sur cette vidéo, l’avait-elle reconnu ? Tout le lycée était-il maintenant au courant à cause de Rocroy ? Il ne voulait pas ça ! Cette histoire prenait de trop grosses proportions. Il était contre tout ce tapage, il voulait juste qu’on le laisse tranquille. Il n’avait rien fait de mal, loin de là, et pourtant il avait l’impression qu’on le harcelait, qu’on le traquait ! Mais surtout qu’il usurpait une gloire qu’il ne méritait pas.

— Oğlum, mange ! lui dit sa mère de sa voix autoritaire, et il le fit plus par réflexe que par envie.

Ces épinards avaient vraiment un goût de poireaux, qu’il détestait par ailleurs. Il avait encore dû se tromper en faisant les courses. Était-ce de sa faute si dans un rayon de surgelés tous les légumes étaient verts ?

Il mâchouilla distraitement son dîner. Il lui fallait éclaircir ce qu’Ève avait sous-entendu et au plus vite !

Le repas à peine fini, il s’empressa de ramasser les couverts et de faire la vaisselle. Il fallait qu’il aille sur Internet pour en avoir le cœur net.

— Je vais faire mes devoirs, déclara-t-il, pour avoir le loisir de s’enfermer tout seul dans sa chambre et se jeter sur son ordinateur.

Alors qu’il recherchait sur Youtube la vidéo dont Ève lui avait parlé, et qu’il ne la trouvait forcément pas, ses narines se mirent à frémir. L’informatique le haïssait depuis toujours, c’était sa malédiction personnelle ! Les serveurs de recherche avaient toujours eu tendance à l’agacer ; certaines personnes pouvaient taper un mot clé et trouver ce qu’elles cherchaient dans les cinq premières réponses apportées. Pour lui, la lumière n’était qu’au bout d’un interminable couloir et d’une dizaine de pages, et encore, il était un bienheureux sanctifié quand la lumière s’allumait !

Il soupira, ses doigts jouant bruyamment sur le bois de son bureau.

Que faire ? Il ne pouvait rappeler sa camarade pour lui demander où elle avait vu la vidéo… Erkan réfléchit quelques instants. Il allait vraiment faire la peau à ce Rocroy, tout était de sa faute ! Rocroy ? Euréka ! Il l’avait son idée !

Il s’empressa de se rendre sur le site du journal quotidien de Neuilly. Si Rocroy avait fait un commentaire, son cher papa journaliste n’avait pas dû tenir sa longue langue dans sa poche. Et, en effet, en date de la veille figurait un nouvel article titré « Le héros de Saint-Denis, le Retour. » Erkan crut que sa mâchoire aller se décrocher. Qu’est-ce que c’était que ce titre à deux balles qui valait les pires affiches de blockbusters ? Il s’en serait presque senti insulté.

Erkan revient, et il est pas content !

Il se refusa à lire l’article du journaliste de pacotille, le premier lui ayant largement suffit. Il ne put toutefois éviter quelques phrases phares en balayant la page des yeux pour y trouver un lien quelconque, la plus belle restant : "Malgré les mauvaises herbes nocives, les meilleures des graines parviennent à pousser et à s’épanouir. Tel le courageux perce-neige qui à l’aube du printemps parvient à percer la neige, le courage de notre héros ne se démonte pas face à la dureté et à la cruauté du bitume froid de la banlieue. Rendons hommage à ce courage car il nous fait honneur !"

Erkan trouva enfin le lien qu’il cherchait sur la page personnelle de M. Rocroy et cliqua sans même s’intéresser une seule seconde, ses yeux allaient finir par pourrir, aux récits et commentaires.

La vidéo qui chargeait, trop lentement comme toujours quand on avait un débit d’escargot asthmatique, affichait déjà plus de 150000 visiteurs. 150000 ? Comment cela était-il seulement possible en à peine deux jours ?! Les gens n’avaient-ils donc rien de mieux à faire ? Erkan sentit ses mains devenir moites. Vite !

Quand la vidéo daigna enfin se lancer, non sans se couper toutes les dix secondes, ses yeux étaient collés à son écran et il n’en rata pas une seule miette. En effet, on voyait bien ce qu’il s’était passé, comment il était parvenu à se saisir du sac en retournant le bras de l’agresseur, ce dernier n’ayant pas insisté, préférant prendre la fuite. Pourtant, après avoir regardé pas loin de dix fois la vidéo, faisant ainsi augmenter rapidement le nombre de visionnage, il était certain à cent pour cent d’être méconnaissable. Il était même presque convaincu que sa propre mère ne le reconnaîtrait pas sur cette vidéo, mais il n’allait pas tenter le diable et le lui demander.

Il portait, le jour de cette agression, comme toujours, un large sweat dont il avait même rabattu la capuche sur sa casquette. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais il s’était fait couper les cheveux quelques instants auparavant. En fait, il aurait été plus correct de dire que son pote Amitié l’avait tondu à nu comme un mouton. Et comme lui disait toujours sa mère, la chaleur corporelle s’échappait par la tête, c’est pourquoi il s’était bien couvert le chef. Bref, il était donc impossible de le reconnaître : il en était certain !

Il se demandait encore comment il avait pu avoir peur en entendant les commentaires d’Ève. Rocroy, l’avoir reconnu ! Aucune chance ! Il n’était déjà pas certain que le garçon soit capable de voir ses propres pieds avec les hublots qu’il avait vissés sur le nez.

Son téléphone sonna de nouveau, et il regarda le nom affiché avec suspicion avant de répondre.

— Ça va, mecton ? sourit-il, pas mécontent de revenir sur terre et de parler à quelqu’un de sensé, son meilleur pote, un allié.

— C’est plutôt moi qui devrais te poser la question… Héros ! le taquina gentiment son ami.

Erkan sentit son pouls s’accélérer et il soupira bruyamment telle une bête blessée. Amitié avait été avec lui le jour de cette agression. Après lui avoir fait une coupe, qui ne méritait ce nom que par le fait qu’il ne lui restait quasiment plus un cheveu sur le caillou, Amitié l’avait accompagné faire quelques courses et ils rentraient ensemble quand les faits s’étaient produits.

Alors qu’Erkan s’était lancé à la poursuite des agresseurs pour récupérer le sac, Amitié lui s’était occupée de la veille dame vérifiant qu’elle n’avait rien, chose dont personne n’avait parlé aux infos car apparemment aider une personne âgée à se relever n’était pas aussi héroïque que de prendre en chasse des voleurs. Le monde avait des priorités qu’Erkan ne comprenait toujours pas.

— Ne me parle pas de ça, grogna Erkan entre ses dents, ils sont tous devenus fous !

— Allez, le prends pas comme ça, lui répondit son interlocuteur toujours aussi jovial, faut voir le côté positif des choses, on va pouvoir vendre tes autographes comme des petits pains sur eBay !

— Je me gausse, répondit Erkan toujours un peu grincheux, non, mais sans déconner, je compte sur toi, personne ne doit savoir.

— Tu sais que tu peux compter sur moi, répondit son ami le plus sérieusement du monde, le silence est d’or et je suis tout disposé à me faire acheter pour me taire et ne pas vendre cette information aux journalistes contre un gros chèque.

— Ah, ah, ah ! le railla Erkan. Je crois que nous avons un marché, soit tu te tais, soit je te fais taire. Muet comme une tombe ne dit-on pas ?

— C’est moche pour un héros de parler comme ça, tes fans seraient déçus, lui répondit Amitié, faisant mine d’être dépité.

— Faut savoir faire taire les témoins gênants.

— Non, mais ça c’est la réplique ultime des méchants, pas des gentils.

— Ah, je n’avais pas compris le script au casting !

Malgré les taquineries, Erkan savait qu’il pouvait avoir toute confiance en Amitié et cela le rassurait. Il n’avait vraiment pas envie qu’on le retrouve. Il ne voulait même pas s’imaginer être face aux caméras et à ces requins de journalistes.

Il ne rappellerait pas Ève ce soir, ce n’était pas par manque de courage, mais il n’y avait rien à dire. Rocroy avait reconnu son sauveur, grand bien lui fasse, mais Erkan savait que personne ne le reconnaîtrait jamais, lui, et cela lui suffisait.

Il se coucha, paisible, rassuré, mais une idée saugrenue lui traversa l’esprit à l’orée du sommeil ; les gens étaient bel et bien perdus s’ils attendaient qu’un héros vienne à leur secours car aucun homme, aussi héroïque soit-il, ne pourrait aider tout le monde, personne n’était prêt à faire ce sacrifice .


Texte publié par Xenja, 28 janvier 2015 à 15h16
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