L'agent immobilier ouvrit la porte sur une pièce minuscule. Ça me serra le cœur, mais je ne pouvais pas payer plus. C'était même incroyable d'avoir trouvé si peu cher.
Juste à droite en entrant, un lavabo s'encastrait dans le mur. Il devait aussi servir d'évier. À côté, la douche était suspendue pile au-dessus des WC. Les immenses carreaux à la mode 2020's étaient fendus en dizaines de morceaux que seule la magie tenait ensemble, assurément. Plus loin, contre un mur qui avait dû être « terracotta », l'agent me vanta le lit une place, surmonté d'une petite fenêtre ronde qui donnait son seul rayon de jour au studio. En face, une table et une chaise servaient autant de bureau que de coin repas.
— Et ce placard, est-il grand au moins ? demandai-je.
L'homme regarda les portes métalliques en accordéon et secoua la tête.
— Aucune idée, nous avons perdu la clé.
J'allais devoir me contenter de l'étagère branlante qui occupait le dernier espace disponible.
— Tant pis, je signe quand-même.
Quelle guigne de m'être fait plaquer en plein milieu de la crise ! Certes, la crise durait depuis avant ma naissance et on n'avait pas l'air près d'en voir le bout...
Il me remit la clé et s'en retourna à son agence, sa tablette sous le bras. J'ouvris ma valise et déposai mes maigres effets à leur nouvelle place. La nuit arriva vite. Je testai le lit et me roulai en boule en pleurant un peu sous la couverture. Morphée me rattrapa aussitôt.
Le lendemain, une étoile brillait au-dessus de la table. J'étais sûr de ne pas avoir décoré la pièce, et d'ailleurs, je ne possédais pas d'étoile. Pas le temps pour les énigmes, je filai au turbin.
Pendant plusieurs jours, je dormis d'un sommeil de plomb et chaque matin une étoile de plus ornait le mur.
Une nuit, enfin, un grincement me réveilla. Une lueur émanait du placard rouillé. Je vis les portes s'écarter et une forme basse s'en extraire. La silhouette avait des mains, et la lumière venait de ce qu'elle portait : une étoile, évidemment. J'allumais mon chevet : la créature se figea. Je me retrouvai nez à boulon avec un petit robot usé. Il émit un tintement de clochette. C'était enchanteur.
— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu es chez moi, tu sais ?
Il tintinabula qu'il était chez lui, et qu'il en avait assez de tous ces gens qui défilaient. Il ne pouvait plus faire son boulot proprement.
— Et c'est quoi, ton travail ?
— Je décore le magasin pour les fêtes.
Il projeta devant mes yeux des rayonnages immenses de produits emballés. Je n'avais jamais vu ça.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Le magasin, voyons !
Je compris alors que j'habitais dans l'ancien local technique d'un centre commercial du XXIe siècle. Tout le bâtiment avait été découpé en appartements après la Grande Cessation. Mon colocataire n'était pas au courant et continuait sa mission indéfiniment...
Malgré ma peur des intrusions, j'acceptai de laisser ma porte d'entrée déverrouillée la nuit et il ne m'arriva rien de fâcheux. Au contraire, chaque matin je découvrais les couloirs de l'édifice toujours plus constellés d'étoiles !
Mais ça ne lui suffit pas, et il m'incite à parler aux voisins pour qu'ils lui ouvrent à leur tour la porte. Je suis tétanisé à l'idée de m'adresser à des gens, hors contrat. Pourtant, je sens que quelque chose pourrait naître de cela...
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