Il y avait de cela plusieurs décennies, le peuple terrestre avait quitté leur planète mère en désolation. La pollution, le réchauffement climatique, la surpopulation, la famine et les guerres les avaient contraints à abandonner leur maison pour de nouveau horizon. Les humains, comme ils étaient appelés, étaient partis à bord d’un important et gigantesque vaisseau spatial capable d’accueillir toute la population encore en vie. Ils avaient quitté l’atmosphère terrestre pour stationner parmi le système solaire et exploiter les planètes qui le composaient. Ils revenaient parfois sur la Terre par groupe pour visiter ce qu’il restait de l’ancienne civilisation, mais Bimby n’en avait jamais croisé alors qu’il errait quotidiennement sur cette planète aride et glaciale.
Bimby était un petit robot de petite taille d’environ trente centimètres avec une silhouette humanoïde. Sa tête était cylindrique surmontée d’une petite antenne avec deux cavités pour ses yeux. Son corps métallique était usé et légèrement rouillé à cause du climat de la planète et du manque d’entretien. Des segments articulés y étaient attachés, dont des bras fins qui se terminaient par des mains à trois doigts. Avant la catastrophe, Bimby avait été annoncé comme le nouveau robot à la mode, il était en cours de production lorsque les humains avaient déserté la planète en laissant derrière eux qu’un seul de ses petits robots en état de fonctionnement et au design non abouti.
Bimby avait été conçu comme un compagnon émotionnel pour tenir compagnie, apporter du réconfort et veiller sur les humains. Il était le robot de l’espoir, mais les événements s’étaient enchaînés et avaient précipité le départ de la population lorsque des humains avaient tenté de contrer le réchauffement climatique. Cela avait eu pour effet une glaciation globale causée par un déséquilibre dans les courants atmosphériques. Toutes espèces encore en vie fut anéantie, ne laissant derrière elles que les vestiges d’une vie passée. Il arpentait depuis les rues désolées et grimpait des édifices en ruines pour tenter d’y trouver quelque chose de vivant. Il n’avait pas été conçu pour rester seul, il avait besoin de contact, mais le paysage autour de lui mourrait ses espoirs à chaque nouvelle session de marche. Il n’était guidé que par les lumières qui comblaient les deux cavités de ses yeux et lui permettait de se mouvoir dans cette neige épaisse et poudreuse.
Parfois, il apercevait des robots au loin, alors il courait aussi vite que ses petites jambes lui permettaient, mais à chaque fois il découvrait avec tristesse qu’ils avaient cessé de fonctionner depuis déjà un long moment. Au début, Bimby avait entrepris de réparer tous ceux qu’il trouverait sur son passage, mais rapidement il avait abandonné cette idée. Il n’avait pas les connaissances pour réaliser de telle réparation, puis il n’y avait plus aucun matériau utilisable pour redonner vie à ses congénères. Alors à présent, dès qu’il en croisait un, il gravait à l’aide d’une tige en métal une étoile en signe d’espoir.
Chaque jour qui passait dans cette pénombre quotidienne l’emmenait toujours plus loin, il traversait des villes, des étendues de neige à perte de vue, des lacs gelés. Il marchait sans jamais s’arrêter, car il était persuadé qu’il finirait par trouver quelque chose de vivant sur cette planète, quelque chose qui lui permettrait de ne plus être seul et triste.
Lorsqu’il marchait, Bimby s’imaginait la vie qu’il aurait pu avoir si les humains étaient restés et que la planète n’avait pas été plongée dans le froid et la nuit pour l’éternité. Il aurait vécu une vie remplie sans jamais ressentir la solitude. Il aurait fait ce pour quoi il avait été créé, il aurait apporté un soutien aux personnes dans le besoin, il serait devenu leur confident, leur espoir, leur compagnon dans les bons comme les mauvais jours. Il aurait été heureux et aurait rencontré des humains formidables, il en était certain. Il aurait tant aimé en voir un, car lorsque son programme avait commencé à se télécharger, la population avait déjà entrepris de quitter la planète et n’en avait donc jamais croisé un seul. Il savait seulement à quoi ils ressemblaient d’après les publicités qui avaient continué d’être diffusées sur des écrans géants dans la ville où il avait été confectionné. Mais rapidement, les lumières s’étaient éteintes et les bruits avec eux. Depuis, seul le souffle du vent et de ses pas dans la neige accompagnait ses longues heures de marche.
Bimby se trouvait au milieu d’une plaine lorsqu’il entendit un son doux comme un rêve. Il s’arrêta et éclaira autour de lui à l’aide de ses yeux, mais il n’y avait que de la neige à perte de vue. Il reprit alors sa marche pensant qu’il l’avait imaginé, mais celui-ci retentit à nouveau à mesure qu’il avançait en direction d’une butte. Il fit une analyse de ce son et continua de marcher dans la neige qui lui arrivait presque à la hauteur de ses épaules rendant difficile son ascension. Quelques secondes plus tard, un message lui indiqua que l’analyse était terminée et que le son provenait d’une clochette. Si Bimby avait pu écarquiller les yeux, il l’aurait fait, car ce son était l’espoir d’une vie se trouvant près de lui. Il avança avec hâte dans la direction que lui indiquait cette clochette, mais rapidement ses espoirs commencèrent à mourir, car plus il marchait et plus il avait l’impression de s’éloigner de cette clochette.
Le vent se mit soudain à souffler très fort empêchant Bimby d’avancer avec aisance. Il ne s’arrêta pourtant pas, il voulait trouver l’origine de ce son, trouver ce qui produisait cette clochette, car peut-être était-ce un autre robot et alors Bimby ne serait plus seul.
Il gravit la butte avec difficulté, ses petites jambes s’enfonçaient dans la neige et n’arrivaient plus à trouver appuie. Par chance, le vent tourna et l’aida à avancer en le poussant. Le son de la clochette l’accompagnait dans son ascension et lui donnait la force de ne pas abandonner. Il refusait de se laisser rouiller jusqu’à disparaître totalement, comme s’il n’avait jamais existé. Il était petit, il était un robot, mais il vivait, il pouvait penser, et même ressentir. S’il avait une chance de trouver quelque chose pour lui tenir compagnie, il marcherait jusqu’à la trouver.
Il arriva finalement au sommet de la butte, mais ce fut avec tristesse qu’il découvrit que de la neige. Il n’y avait aucune trace d’une quelconque clochette ou de robot, il était seul. Il baissa la tête ce qui fit bouger son antenne, soudain la petite boule à son extrémité clignota en rouge. Bimby se redressa et regarda autour de lui, mais son antenne s’était éteinte. Il baissa de nouveau sa tête et la lumière se raviva, il comprit que quelque chose se trouvait sous ses pieds. Il s’agenouilla dans un bruit d’articulations rouillées et trop sollicitées, puis commença a dégager la neige devant lui. Ella s’accumula autour de lui à mesure que le trou s'agrandissait et que la lumière de son antenne se faisait plus vive. Il y avait quelque chose, il en était persuadé.
Il creusa durant de longues minutes jusqu’à finalement apercevoir une lueur jaunâtre sous la neige. Il se dépêcha de la dégager pour découvrir une étoile accrochée à une racine qui luisait d’une lumière chaleureuse et réconfortante. Bimby l’observa avec émerveillement, puis délicatement il approcha ses mains métalliques pour toucher cette fleur étrange. Sa surface brillante le réchauffa, l’étoile se mouva et le léger bruit d’une clochette retentit.
Bimby avait trouvé la source de ce son, il avait trouvé une étoile en fleur, une source d’espoir, une source de vie. À présent il n’était plus seul et cela fit battre son coeur métallisé. Malgré ce qu’il avait traversé, il n’avait jamais perdu espoir. Qu’importait les difficultés, croire était l’unique moyen d’avancer.
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