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La lumière finit par s’affaiblir puis se dissiper. La licorne fixa son ami d’un regard ahuri :

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? demanda-t-il.

En tremblant, elle lui montra le miroir du sabot. Arthur poussa un cri de surprise puis se retourna vers Lucy :

— Mais que m’as-tu fait, punaise ! hurla-t-il.

— Je…

— Redonne-moi mon apparence normale tout de suite ! s’énerva-t-il.

— Je peux pas, il faut attendre vingt-quatre heures, répondit la licorne paniquée.

Sa peau était devenue écailleuse et ses yeux qui étaient à l’origine bleus, vert avec un iris vertical ; sa crinière avait laissé place à une crête d’épines. Il était devenu un dragon.

— Vingt-quatre heures ! Mais quand mes parents vont rentrer, que vont-ils dire s'ils voient un jeune dragon chez eux et pas leur fils ? s’énerva le dragonnet.

— Tu as raison.

— J’ai une idée ! s’exclama la licorne. Et si on mettait sur la porte un mot qui dit que tu passes la nuit chez moi ?

— Ok, mais s'ils vont me chercher trop tôt, ? dit le dragonnet, peu rassuré.

— Tu dis que tu passes aussi le dîner.

— Oui, mais où je vais loger ?

— Heu... répondit la licorne incertaine.

— J’ai pas envie de dormir dans la neige une nuit d’hiver.

— J’ai une idée : et si tu logeais chez ma grand-mère ? Elle est myope comme une taupe.

— Sérieusement ?

— OK… C’est une mauvaise idée. J’en ai une autre : je connais une licorne, c’est dans sa bibliothèque que j’ai trouvé ce livre, je suis sure qu’elle va accepter de te prendre pendant la nuit, elle adore les créatures fantastiques et surtout les dragons.

— Quelle heure est-il ? demanda le dragonnet.

— Pourquoi tu me demandes ça ?

— Pour savoir quand je pourrai reprendre mon apparence normale.

— Je dirai onze heures et demie, répondit la licorne.

— Ok, tu peux me conduire là-bas, s'il te plaît ?

— Mais aurais-tu un grand blouson, une grosse écharpe et des bottes ?

— Oui, pourquoi ?

— Comme ça, on pourra aller là-bas sans attirer l’intention.

— Ok.

Les deux amis réussirent à aller à la bibliothèque sans personne ne se doute de ce qui s'était passé. Lucy tira la sonnette d’une maison juste à côté. Une licorne d’âge moyen, blanche à la crinière bleue, ouvrit la porte.

— Bonjour, Mme Kernade, dit Lucy.

— Bonjour, Lucy. Quel est le motif de ta visite ? répondit la licorne d’un ton affectueux.

— Mon ami à un problème peu courant. Pouvons-nous entrer ?

— Bien sûr. Voulez-vous un chocolat chaud ?

— Non merci, répondirent les deux enfants d’un ton poli.

— Quel est ton problème, petit ? dit-elle en se tournant vers Arthur.

Il retira ses vêtements, laissant la licorne découvrir son corps écarlate. Elle fut d’abord surprise puis une pointe d’amusement fleurit dans ses yeux.

— Je vois. Veux-tu que j’héberge ton ami ? demanda Mme Kernade à Lucy.

— Oui, pour une seule nuit, affirma Lucy.

— C’est d’accord.

— Merci, Mme Kernade.

— De rien.

— Attendez, j’aimerais vous donner quelque chose : une mèche de la crinière d’Arthur que j’ai récupérée sur son lit. Vous pourrez lui rendre son apparence normal à onze heures et demie.

— Arrêtez de parler de moi comme si j’étais un animal de compagnie, s’énerva Arthur.

— Désolée, Arthur.

— Excuse-moi, mon enfant.

— Non, madame, c’est moi qui dois être désolé de m’être laissé emporter, s’excusa Arthur.

Les trois compères passèrent le repas ensemble puis Lucy remercia Mme Kernade et rentra chez elle.

A treize heures et demie, la bibliothécaire reprit son travail, laissant le dragonnet tout seul chez elle. Arthur fini par s’endormir paisiblement sous l’effet de l’ennui, en se demandant si tout n’était pas qu’un étrange rêve. Il se réveilla un peu avant que Mme Kernade ne rentre chez elle. Il l’aida à préparer le repas puis ils discutèrent en mangeant :

— Quel est votre prénom, Mme Kernade ?

— Je m’appelle Tulipe. Comment ça s’est passé pour que tu te retrouves cet état ? questionna la bibliothécaire.

— Lucy avait ramené un crapaud enfermé dans une boite en carton, mais il a réussi à s’échapper…

— Donc, au lieu du crapaud, le sort t'a touché, déduisit Mme Kernade.

— Oui.

— Bon, il est temps de se coucher.

— Ok, bonne nuit, Madame.

— Bonne nuit, ma petite salamandre

— Hééééé !

— Je te taquine. Bonne nuit, Arthur !


Texte publié par Sillurgy, 15 janvier 2015 à 14h07
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