Lorsque Lily pénétra dans l’habitation du jeune homme, elle le trouva allongé sur sa couchette, un bras sur les yeux. Elle s’installa sur le sol à ses côtés, posa le pot sur le bord du lit et le déboucha. Des fragrances de lavande des buissons et de camomille sauvage embaumèrent la pièce. Elle se mordit les lèvres, n’osant pas aller plus loin. Oliver la contempla.
— Cela ne te dérange pas de l’appliquer ? murmura-t-il
— Si tu veux…
Il riva son regard sur le plafond. L’alfrée trempa ses doigts dans l’onguent épais, puis l’étala sur la peau rougie, évitant de ternir le métal. Elle massa doucement, attentive aux réactions du jeune homme. Quelques grimaces brèves, ses lèvres pincées et des inspirations fugitives prouvaient qu’il souffrait, mais il ne se plaignit pas.
Lorsqu’elle eut terminé, elle rangea le pot sur une étagère proche.
— Merci, souffla Oliver. Ça va déjà mieux.
Lily suivit d’un doigt léger le pourtour du masque. Elle ne parvenait pas à l’appeler autrement.
— C’est un travail admirable. Je n’ai encore jamais vu ça. C’est commun dans la République de Kessim ?
Oliver se tourna vers elle.
— Assez oui. Cet alliage est à la base de toute la technologie. On en fait des automates, des trains, des machines… et, comme tu peux le constater, il est utilisé en médecine.
Son regard se perdit par la fenêtre ouverte, dans l’immense ciel pur.
— Votre royaume est très différent, continua-t-il. Depuis que je suis arrivé, j’ai découvert tellement de merveilles naturelles. Même dans la capitale, les arbres et les plantes grandissent partout. C’est magique.
— Si je voyais toutes ces machines et ces constructions, sans doute que je trouverais cela magique moi aussi.
Oliver riva son œil sur elle.
— Sans doute.
Lily aurait voulu que le contact dure plus longtemps, mais Oliver se rabattit sur le dos et plaça ses deux bras derrière sa nuque. Quelques secondes de silence flottèrent entre eux et s’envolèrent par la fenêtre.
— Je suis désolée pour ton accident et tes douleurs, murmura Lily.
— C’est ainsi.
— Je suis très heureuse que tu nous aies rejoints, chuchota-t-elle.
Oliver la contempla sans mot dire. Elle lut tant d’émotions et de promesses dans ce regard qu’elle en eut le souffle coupé.
— Je te présente mes excuses, pour tout à l’heure, reprit-il. Ma question a manqué de sensibilité…
— Tu ne pouvais pas savoir que c’était un sujet… délicat.
Elle soupira et se lissa distraitement la tresse qui pendait sur son épaule.
— La vérité, c’est que je me suis disputée avec Soréa hier et… cela a réveillé un petit démon au fond de moi.
— On en a tous un, commenta le jeune homme.
Lily haussa un sourcil et éclata d’un rire léger.
— Peut-être.
Oliver garda le silence, en la scrutant.
— Tu aimerais bien danser dans le spectacle, n’est-ce pas ? demanda-t-il avec prudence.
Elle eut un sourire songeur.
— C’est vrai. Mais cela restera un rêve et c’est très bien ainsi. J’aime ce que je fais.
— Et tu le fais très bien, cheffe, répondit-il, en clignant de son œil droit.
Elle éclata de rire. Le silence revint à petits pas et s’installa entre eux. Oliver contemplait le plafond, une expression détendue sur le visage. Il paraissait mieux se porter. Lily se sentait plus sereine. Elle avait la certitude qu’elle pouvait partager ses doutes, ses rancœurs, ses espoirs et ses rêves au jeune homme allongé près d’elle et qu’il la soutiendrait toujours. C’était un sentiment qui lui donnait l’impression d’être invincible.
À cet instant, elle eut une furieuse envie de l’embrasser. Son premier réflexe fut de se détourner, de repousser ce désir au fond d’elle, puis elle fut happée par l’éclat azur de l’œil d’Oliver.
— Tu n’as jamais parlé de ton rêve à ton père ou Soréa ? demanda-t-il.
Il la fixait avec un air sincèrement intéressé.
— Non, souffla-t-elle, pensive. J’avoue que je n’y ai même pas songé. Le ballet aérien est une tradition du cirque de la Lune.
— Les traditions peuvent évoluer, continua-t-il.
Son petit démon s’éveilla à nouveau face à l’insistance du jeune homme, mais Lily le retint. Oliver n’avait pas tort. Mais aurait-elle le courage de sortir de ce rôle qu’elle s’était attribué ? Elle l'observa, tandis qu’il ajustait son étoffe par-dessus son masque. Une idée lui vint.
— Un défi amical, Oliver. Qu’en dis-tu ?
En la fixant d’un air surpris, il hocha la tête.
— Quand tu te présenteras à la troupe sans ton foulard, je présenterai mon projet à Soréa.
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