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tome 1, Chapitre 12 tome 1, Chapitre 12

CHAPITRE 12

« L’important est de faire le premier pas.

Surmonter bravement une petite peur

te donnera le courage d’affronter la suivante. »

Daisaku Ikeda

Christian se trouvait sur la piste.

Devant lui, son pire cauchemar.

Il avait repoussé l’inévitable en prenant un bus pour venir jusqu’au circuit, bien que Dylan lui ait proposé à maintes reprises de l’emmener. Mais maintenant qu’il se tenait devant elle, il savait qu’il ne pouvait plus reculer. Christian n’était pas fou, pourtant il était persuadé qu’elle se moquait de lui.

Sale peste !

Il jeta un coup d’oeil à Dylan qui se trouvait quelques mètres plus loin en grande discussion avec son ancien collègue. Ce dernier était un homme d’une cinquantaine d’années qui avait perdu une jambe au combat. Il portait très bien sa prothèse, car si Dylan n’avait rien dit à Christian, il ne s’en serait jamais douté.

Il regarda ensuite les mécaniciens s’activer autour de la Dodge Charger, la préparant pour son rodéo. Il se demanda rapidement qui allait le préparer, lui, à vivre sa descente aux enfers. On disait que le chemin pour y aller était pavé de bonnes intentions et Christian était persuadé que celles de Dylan étaient justes, mais il ne comprenait pas pourquoi ça serait lui qui devrait en faire les frais !

Il aperçut justement ce dernier serrer la main de son ancien collègue et se diriger vers lui en trottinant, heureux comme un gamin devant le sapin, au matin de Noël.

« T’es prêt ? demanda-t-il une fois à ses côtés.

— Non.

— Allez, Chris…

— Honnêtement, Dylan, coupa-t-il, je ne me sens pas bien du tout à l’idée de monter dans cette voiture. Je pense qu’il…

— Tu n’as tout de même pas fait le chemin jusqu’ici pour rien, l’interrompit à son tour son ami. Maintenant que tu es là, autant en profiter avec moi. »

Puis il ajouta avec humour devant sa mine toujours soucieuse :

« Au pire, tu n’as qu’à te dire que ce n’est pas la Dodge Charger, mais le Faucon Millenium et que je suis Han Solo et toi Luke Skywalker. De la peur tu dois te délivrer, jeune padawan. »

Sa pitoyable imitation de Yoda eut le mérite d’arracher un petit rire à Christian, mais ce n’est pas pour autant qu’il se sentait mieux à l’idée de monter dans la voiture. Et même s’il était devenu amoureux de Star Wars, la métaphore amusante ne l’aida pas à oublier ses angoisses.

Son pouls s’accéléra lorsque Dylan se plaça derrière lui, une main sur chaque épaule, et le poussa vers la voiture. Après son dernier rendez-vous avec Anthony, il avait fini par admettre, à voix haute, qu’il avait bel et bien des sentiments pour son ami et depuis, Christian profitait de chaque moment où ce dernier se rapprochait de lui pour une raison ou pour une autre.

Lorsqu’il se penchait dans sa direction avec connivence, bien que souvent la situation ne le demandât pas, il pouvait sentir le parfum de son après-rasage. Parfois, il réussissait même à capter une odeur plus naturelle, qui n’appartenait qu’à Dylan. Quand ils marchaient dans la rue pour se rendre à tel ou tel endroit, il arrivait à ce dernier de lui attraper le poignet pour qu’ils s’arrêtent devant une vitrine de magasin ou un immeuble pour lequel son ami trouvait généralement une remarque fort sarcastique. Dans ces moments-là, ils se regardaient droit dans les yeux, tentant de ne pas craquer avant l’autre. Mais en fin de compte, ils éclataient de rire simultanément.

Cependant, les instants que Christian préférait, et qui demeuraient bien trop rares à son goût, c’était lorsque Dylan passait un bras autour de ses épaules, comme le soir d’Halloween, et qu’ils déambulaient dans les rues, bras dessus bras dessous.

Dans ces moments-là, il avait l’impression, euphorique et désagréable, à la manière d’un mirage qui donne de l’espoir à l’assoiffé perdu en plein désert en lui faisant miroiter une fontaine, qu’ils formaient un couple.

Mais malgré l’appréciation de ces instants, aujourd’hui les mains chaudes de Dylan pesaient bien trop lourd sur ses épaules. Et la plénitude avait laissé place à la panique à mesure qu’ils se rapprochaient de la voiture.

Le sang de Christian se figea dans ses veines et il commença à voir des étoiles danser devant ses yeux. Chaque pas devenant plus pénible que le précédent. Il avait ce sentiment atroce de se retrouver dans un cauchemar. Comme ceux où vous tentez désespérément de vous enfuir, mais où votre corps pèse une tonne alors que vos poursuivants semblent avoir des ailes.

Il avait beau essayer de s’éloigner de la Dodge Charger, elle se rapprochait plus vite qu’il s’en écartait.

« Non… non, non… paniqua-t-il en tentant de se défaire de la prise. Je ne veux pas. »

Il réussit à se libérer des mains de Dylan et recula de trois pas, voire même cinq. Ou dix. Pour mettre le plus de distance possible entre lui et la diablesse.

« Chris !

— Je n’ai pas envie » répliqua ce dernier avec force, en croisant les bras.

Il le vit se pincer l’arête du nez avec exaspération, ce qui l’énerva légèrement et le fit rétorquer :

« Je ne t’ai rien demandé ! C’est toi qui as insisté pour que je vienne malgré ta connaissance de mon aversion pour les voitures et en particulier la tienne. »

Il se rappela alors le message d’Alexandre et ajouta :

« Si tu me considérais vraiment comme ton ami, tu ne me forcerais pas à faire une telle chose.

— Tu peux parler ! s’énerva Dylan, puis il poursuivit en reprenant ses paroles : Si tu me considérais vraiment comme ton ami, tu aurais confiance en moi.

— Mais… je… quoi ? baragouina Christian, pris de court.

— Voyons les choses en face ! Tu ne veux pas monter dans ma voiture, mais prendre un bus ne te dérange pas.

— Je ne monte dans aucune voiture, Dylan. Ce n’est pas uniquement la Dodge Charger.

— Mais tu prends tout de même les transports en commun.

— Oui, mais…

— Le risque d’avoir un accident dans un bus ou dans une voiture est le même, Chris. En plus, tu ne risques pas d’être percuté par qui que ce soit ici, puisque nous sommes les seuls sur la piste. Donc si tu ne veux pas monter dans cette voiture, si tu as peur de ce qui t’attend, c’est que tu n’as pas confiance en moi. »

Il en tomba des nues. Dylan venait en un instant de tourner la situation à son avantage en lui donnant le rôle, non pas de la victime, mais du bourreau. Quel enfoiré ! Il allait lui dire sa façon de penser, lorsque Dylan lui coupa l’herbe sous le pied une fois de plus.

« Tu sais quoi, fais ce que tu veux. Je ne peux pas te forcer et j’ai déjà perdu trop de temps. Tu n’as qu’à rentrer. On se verra plus tard. »

Puis il se dirigea vers la Dodge et se glissa à l’intérieur sans un regard en arrière.

En réalité, il fulminait. Il n’était pas en colère contre son ami, mais envers lui-même, parce qu’il n’avait pas réussi à le faire monter dans cette voiture.

Il avait pourtant assuré à Craig qu’il en serait capable.

Il surveillait un match de basket quand il entendit la porte du gymnase claquer. Il jeta un rapide coup d’oeil, pensant qu’il s’agissait de Mike qui revenait après avoir accompagné Leo à l’infirmerie. Le pauvre gosse semblait s’être attrapé un rhume carabiné. Lorsqu’il s’était à moitié écroulé sur le terrain de basket à cause de la fièvre, Dylan avait demandé à son ami de l’aider à rejoindre l’infirmerie de l’école.

Alors, lorsqu’il vit que son élève n’était pas tout seul, mais accompagné de Craig, il s’inquiéta légèrement. Il fit signe à Mike de le rejoindre et lui confia l’arbitrage du match. Puis il se dirigea vers le psychiatre.

« Il s’est passé quelque chose entre Mike et Leo ? demanda-t-il.

— Non, pourquoi ? »

Dylan parut surpris. Si les gosses n’avaient rien fait d’extraordinaire, alors pourquoi venait-il le voir ? Craig dut comprendre son raisonnement, car il expliqua.

« Je suis ici pour Christian.

— Chris ? Qu’est-ce qu’il a ? »

Sa voix trembla sous l’inquiétude, ce qui interpella Anthony.

Il savait que les deux hommes s’étaient rapprochés. Depuis l’altercation entre Dylan et Bartholomé, leur relation ne faisait que grandir. Du moins, c’est ce qu’il avait ressenti en discutant avec Christian et, au vu de ce que ce dernier lui racontait, il avait plus ou moins pensé que les sentiments de son patient étaient à sens unique.

Or, en voyant la réaction de l'homme en face de lui, il comprit que c’était loin d’être le cas.

Mais finalement, était-ce si étrange que ça ?

Après tout, ce n’était pas la première fois que cela se produisait. Christian lui avait bien avoué qu’il pouvait apaiser Dylan et que ce dernier arrivait à voir d’un seul coup d’oeil quand il n’allait pas bien lorsqu’ils étaient adolescents.

Vingt ans plus tard, alors que les circonstances auraient dû s’interposer entre eux, voilà qu’ils s’étaient retrouvés et qu’ils étaient presque comme cul et chemise. S’inquiétant pour l’autre et passant la majorité de leur temps libre à discuter.

Anthony avait bien fait de venir le voir pour lui parler du gage de Christian. Il allait pouvoir lui demander de l’aide.

« Rien, rassurez-vous, répondit le psychiatre. Si je suis ici, c’est pour discuter d’un certain défi que vous lui avez lancé.

— Oh ! Vous parlez de monter dans la Dodge Charger ? Vous pensez que c’est une mauvaise idée ? » demanda Dylan légèrement mal à l’aise.

Il avait proposé ce gage dans l’unique but de montrer à Christian qu’il ne risquait rien à monter dans une voiture. Mais en réalité, il en faisait surtout une affaire personnelle, car il avait l’impression d’être responsable de sa phobie. Et ne disait-on pas qu’il fallait apprendre à réparer ses erreurs ?

Mais maintenant que le docteur Craig se tenait devant lui pour discuter de sa fameuse idée, il commençait sérieusement à douter de son choix.

« Absolument pas, bien au contraire ! s’exclama le psychiatre. J’aimerais que vous ne le laissiez pas se défiler. S’il le faut, jouez la carte de la culpabilité ou ligotez-le au siège. Bref, agissez comme bon vous semble, mais faites-le monter dans cette voiture et allez-y à fond.

— Vous voulez qu’il meure d’une crise cardiaque ou quoi ? interrogea Dylan, un rire choqué dans la voix.

— Non. Je veux qu’il se libère de son passé une bonne fois pour toutes. Et quel meilleur moyen d’y parvenir que d’affronter sa phobie au côté d’un ami ? Et puis, si vous ne vouliez pas lui faire un peu peur, vous ne lui auriez pas lancé un tel gage. »

Ce n’était pas totalement faux, mais ce n’était pas la stricte vérité non plus. Dylan n’avait pas vraiment l’intention de traumatiser Christian. Il voulait surtout lui montrer qu’il était un bon conducteur et qu’il contrôlait parfaitement sa voiture. Il voulait qu’il se sente assez en confiance avec lui pour monter sur le siège passager à n’importe quel moment.

Mais cela était bien trop gênant pour être dit à qui que ce soit, alors il le garda pour lui. Son comportement l’effrayait un peu trop également. Il n’agissait pas avec lui comme avec ses autres amis. Même Zackary n’avait pas autant d’importance et ce constat le chamboulait quelque peu et le faisait réfléchir.

Parfois, il se demandait s’il ne devrait pas mettre plus de distance entre eux. Par exemple, ne plus rester jusqu’à pas d’heure au téléphone avec lui au point de s’endormir sans avoir raccroché. Franchement ! songea-t-il, il n’y a que les ados amoureux qui font ça. Quel genre de mec digne de ce nom irait jusqu’à de telles extrémités ?

Néanmoins, il ne pouvait nier que parler avec Christian le soir lui changeait les esprits et qu’il dormait bien mieux par la suite. Depuis quelque temps il faisait moins de cauchemars. Il se sentait plus posé.

Une question le taraudait malgré tout.

« Qu’est-ce que vous savez exactement ? » demanda-t-il à Anthony.

Ce dernier le regarda sans rien dire et Dylan comprit qu’il était au courant de tout. Cette réalisation lui donna le sentiment d’être mis à nu. Une part de lui en voulut également à Christian pour avoir raconté ce qu’il s’était passé à une autre personne.

Après tout, ce n’était pas que son l’histoire. C’était aussi celle de Dylan. C’était la leur.

Il se flagella néanmoins pour avoir de telles pensées égoïstes. Il voulait aider son ami à aller mieux, mais il n’acceptait pas que pour ce faire il dévoile les causes de son mal-être…

C’était l’hôpital qui se moquait de la Charité !

« Je peux compter sur vous ? »

La voix de Craig le sortit de ses sombres pensées. Il ne répondit pas tout de suite, puis il finit par hocher lentement la tête.

Oui, il pouvait compter sur lui. D’une manière ou d’une autre Christian ferait ces cinq tours de piste avec lui.

Et voilà qu’il se trouvait au volant de sa voiture, prêt à démarrer. Et aucun Christian à côté de lui.

Dire qu’il n’était pas déçu serait mentir. Mais Dylan n’avait pu se résoudre à le balancer par-dessus son épaule pour l’installer de force sur le siège passager comme l’avait suggéré le psychiatre. Parce que malgré son envie d’aider son ami à aller mieux, il ne pouvait tout simplement pas le pousser à faire quelque chose qu’il n’aimait pas.

Lui-même n’aurait pas apprécié ce genre de comportement si les rôles avaient été inversés.

Malgré tout, il voulait que Christian aille de l’avant. Qu’il oublie les mauvais moments de leur relation pour ne garder que les bons, comme Dylan avait réussi à le faire.

Apprendre que la Dodge Charger était synonyme de souffrance, au point qu’il en fasse une crise d’angoisse, l’avait mis mal à l’aise. Car il adorait cette voiture et entendre son ami lui dire le contraire, ça lui avait donné l’impression que c’était lui qu’il rejetait.

Et ce sentiment désagréable venait de s’accentuer alors qu’il se rendait compte que, malgré le lien fort qui les unissait à nouveau, Christian n’avait pas totalement confiance en lui.

Il poussa un fort soupir de dépit et alluma le moteur. Ce dernier ronronna avec joie et cela l’apaisa quelque peu. Rien de mieux qu’un V8 en action pour requinquer un homme ! Il était prêt à passer la première quand la portière côté passager s’ouvrit pour laisser Christian se glisser dans l’habitacle.

« Chris ? s’exclama-t-il surpris.

— Dépêchez-vous de démarrer, capitaine Solo, avant que je ne change d’avis » se contenta de répondre celui-ci.

Il avait le visage plus pâle que d’habitude et quelques gouttes de sueur perlaient sur ses tempes.

« Tu es sûr ? » demanda Dylan, en prenant conscience que la phobie de son ami était bien plus puissante qu’une simple trouille des araignées ou des souris.

Il croisa alors le regard de Christian. Une lueur déterminée brillait dans le fond de ses yeux et indiquait clairement qu’il ne redescendrait pas de cette voiture avant qu’elle n’ait effectué les cinq tours.

Mais loin de le rassurer, cela poussa Dylan à se tourner complètement vers lui pour déclarer :

« Écoute, Chris. Tu as déjà fait un énorme pas en avant en montant dans la voiture. On peut y aller par étapes. Tu n’es pas obligé de faire les cinq tours avec moi. Tu n’es même pas obligé de les faire tout court. Si tu ne te sens pas prêt aujourd’hui, je peux attendre que tu le sois. »

Une certaine surprise se peignit sur le visage de Christian et un tendre sourire étira ses lèvres. Pourtant, cette lueur déterminée qui brillait dans ses pupilles ne s’adoucit pas. Bien au contraire.

« Merci, Dylan, dit-il avant d’ajouter devant l’incompréhension de son ami. Merci de prendre en considération ma phobie. Mais… je crois qu’il est temps pour moi de m’en défaire, tu ne penses pas ? »

Malgré son intention de se retenir, un sourire se dessina sur ses lèvres et les mots sortirent trop vite pour qu’il puisse les contenir.

« Si ! Et ne me remercie pas, Chris. De nous deux, c’est moi qui devrais le faire ! »

La surprise lissa les traits de ce dernier puis les coins de sa bouche s’étirèrent à leur tour.

« Attache ta ceinture ! s’exclama soudain Dylan en reportant son attention sur la piste. On va commencer en douceur pour le premier tour et après – il jeta un petit coup d’oeil à Christian, un sourire canaille étirant sa bouche — on va s’éclater. »

***

Et il s’était éclaté.

Dylan.

Pas Christian !

Le premier tour de piste lui avait donné des sueurs froides, mais il avait réussi à retrouver une respiration normale et à se détendre avant que celui-ci ne touche à sa fin. Et il avait naïvement cru que cela se passerait de la même manière pour les quatre autres.

C’est d’ailleurs pour cette unique raison qu’il avait refusé de descendre de la voiture lorsque Dylan le lui avait proposé à la fin du premier tour.

Pourtant, ce n’était pas faute de l’avoir prévenu. Durant le premier tour, il lui avait expliqué en détail comment il allait prendre tel ou tel virage et où il pourrait faire des accélérations. Mais, Christian avait tellement le coeur au bord des lèvres, que ces mots n’avaient été que des bourdonnements incohérents à ses oreilles. Seul son instinct de survie lui permit de s’accrocher à sa ceinture de sécurité comme on s’agrippe à une bouée de sauvetage en pleine tempête. Et une chose était sûre, Christian aurait largement préféré être perdu en plein milieu d’une mer déchaînée que dans cette maudite voiture. Pourquoi était-il monté dedans déjà ? Ah oui, parce qu’il était amoureux !

Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? Eh bien Christian avait été stupidement aveugle !

Lorsqu’il avait vu Dylan partir avec des yeux de chien battu, il s’était senti incroyablement mal. Ce qui était un comble, car au final, il n’avait aucune raison de l’être. Mais il n’avait pas cherché à analyser la situation. Il n’avait pas pris le temps de la réflexion. La seule chose qu’il avait vue, c’est que son ami était triste.

Il n’avait pas perdu que la vue, mais également toute sa lucidité !

Il serra avec plus de force sa ceinture et ses dents se joignirent à la partie, à la limite du grincement tellement il crispait la mâchoire. Il aurait bien voulu faire de même pour ses paupières, mais, pour une raison qui lui échappait, elles restaient grandes ouvertes, l’obligeant à voir chaque courbe de la route, chaque arrivée un peu trop rapide dans les virages.

Dylan ne ralentissait presque jamais.

Pourtant, malgré toute l’attention que lui demandait sa conduite, ce dernier ne pouvait s’empêcher de jeter de temps à autre un rapide coup d’oeil vers lui.

Il avait plus d’une fois eu envie de proposer à Christian de descendre, mais la dernière fois qu’il s’y était risqué, à la fin du premier tour, il s’était fait renvoyer bouler !

« Je suis assez grand pour savoir ce que je veux, Johnson ! Alors arrête de t’inquiéter et fonce ! »

Il avait donc obéi et son passager s’en mordait actuellement les doigts.

Ils venaient de finir le troisième tour, lorsque Christian l’entendit grogner qu’il n’avait pas été assez vite. Apparemment, il comptait battre chaque chronomètre. Son coeur joua une nouvelle fois au yo-yo dans sa poitrine et il se demanda pourquoi il n’avait pas vomi depuis le temps.

Alors que la courbe douce du début se terminait par un virage presque à angle droit, Christian sentit la Dodge Charger chasser de l’arrière et la voiture se mit à faire plusieurs tête-à-queue avant de s’arrêter brusquement à seulement quelques centimètres du remblai de protection.

Dylan ne se laissa pas abattre et repartit presque immédiatement, mais l’esprit de Christian, pris dans son angoisse, avait envoyé son propriétaire dans un souvenir lointain et traumatisant, le forçant à revivre le passage de sa vie qui pesait le plus sur ses épaules.

Une voiture noire arrive à sa hauteur et se gare rapidement avant que Dylan n’en sorte.

« Alors ? Comment tu la trouves ?

— Dylan… je dois te parler. »

Un visage figé qui souffle : « Je ne comprends pas. »

Une voix enrouée qui répond : « Je ne m’appelle pas Christie, mais Christian. Dylan… je ne suis… je ne suis pas… »

Un geste violent de rejet et un homme qui s’éloigne et monte précipitamment dans sa voiture pour partir en trombe. La Dodge Charger qui arrive à un croisement. Le feu passe au vert. Puis l’accident. Le camion la percute par l’arrière avec force, la faisant dévier de sa trajectoire. Une seconde collision au niveau du conducteur avec une voiture qui arrivait en contresens. Une voix qui hurle. Sa voix. Il se sent courir sur les lieux de l’accident. Son coeur bat à cent à l’heure, ses oreilles bourdonnent. Il voit sa tête, ensanglantée, reposer mollement contre la vitre fissurée.

Soudain, une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter et le ramenant brusquement dans l’instant présent. Loin de la ferraille froissée. Loin du sang.

Loin du drame.

Dylan était assis à côté de lui. Bien vivant. Et il le regardait avec inquiétude.

« Ça va, Chris ? »

Ce dernier ne chercha même pas à parler. Il s’en savait incapable. Alors à la place, il secoua lentement la tête. Cette dernière prit tout à coup conscience que la voiture n’était plus en mouvement et son coeur choisit ce moment précis pour protester une fois de plus.

Sentant la brûlure de la bile remonter avec force le long de son oesophage, Christian se détacha avec des gestes précipités et tremblants. Il ne put faire que quelques pas avant de vomir. La violence de la régurgitation l’empêchant de s’éloigner davantage sous peine de s’étouffer dans sa retenue.

Tandis que son estomac vidait son contenu sur le bitume de la piste, le pliant en deux dans l’effort, ses jambes tremblantes finirent par le lâcher et il tomba à genoux.

Il sentit une main venir se poser dans le creux de ses omoplates et le caresser doucement. Le geste était chaleureux, rassurant.

Peut-être que c’est pour cette raison que son esprit perfide s’amusa à le torturer un peu plus ? Peut-être qu’il considérait que le moment était propice pour faire remonter d’autres souvenirs, les superposant avec le présent ?

« Assois-toi, Christian.

— Chris, ça va, mon pote ?

J’ai eu des nouvelles de Dylan. »

Une larme roula sur sa joue, car il savait d’avance ce qu’on allait lui dire. Cette scène s’étant jouée un nombre incalculable de fois dans sa tête depuis l’instant où elle était née dans sa vie. Le rendant plus misérable encore.

« Pourquoi tu pleures, Chris ?

Tu vas devoir être fort, Christian.

— Dylan est mort.

— Je suis vivant. Tu es vivant. Ne pleure pas, s’il te plaît.

C’est ta faute. »

Il étouffait un sanglot lorsqu’il sentit deux bras le relever avec force et le tirer contre un torse ferme. Incapable de lutter, il enfouit son visage dans la chaleur protectrice, respirant à pleins poumons l’odeur de cette personne.

« C’était pas ta faute, Chris » entendit-il à son oreille.

Il ne put que secouer la tête pour indiquer son désaccord. Il fut alors brusquement repoussé et ses yeux plongèrent dans ceux de Dylan. Les traits de son visage étaient tirés dans une expression sévère, mais ce qui fascina le plus Christian, c’est la flamme déterminée qui faisait briller ses pupilles vertes.

« Non, Chris, ce n’était pas ta faute. Ce qui s’est passé ce jour-là s’appelle un accident. Tu entends, Christian ? Un accident. Ni plus ni moins.

— Si… si je… t’avais pas… tenta-t-il de dire entre deux sanglots déchirants.

— Bordel, Chris ! Avec des “si”, on pourrait refaire le monde. Si tu ne m’avais rien dit ce jour-là alors les choses auraient été différentes, ça, c’est incontestable. Mais est-ce que la fin de l’histoire aurait été meilleure, personne ne le saura jamais. Arrête de te flageller de la sorte. Ok ?

— Comment tu peux ne pas m’en vouloir ? » réussit-il à demander en reposant sa tête contre son torse.

À son plus grand étonnement, Dylan ne le repoussa pas. Au contraire, il enroula une fois de plus ses bras autour de ses épaules et le serra contre lui, ses mains caressant ses omoplates dans un geste réconfortant.

« Premièrement, parce que comme je viens de te le dire, tu n’y es pour rien. Ensuite, tout simplement parce que j’ai décidé de tirer un trait sur le passé. Et j’aimerais que tu en fasses de même. Chris, t’es mon meilleur ami, mec. Alors, s’il te plaît cesse de ressasser cette histoire. Je n’aime pas te voir aussi mal. »

Christian profita du sentiment de sécurité et de bien-être qu’il ressentait en étant collé contre lui. À défaut de pouvoir lui avouer ce qu’il éprouvait, il avait au moins le droit de puiser dans sa détermination et sa force brute pour se recomposer. Après quelques minutes de silence où il réussit à retrouver un certain calme, aussi bien mentalement que physiquement, il s’écarta et lui demanda :

« Ton meilleur ami ? »

Dylan l’observa en clignant des yeux.

« C’est la seule chose que tu as retenue ?

— N’est-ce pas la meilleure à garder ? » rétorqua-t-il avec un léger sourire.

Il se sentait vidé de toute énergie et, paradoxalement, plus vivant que jamais. Mais lorsqu’il fit un pas en arrière pour s’éloigner un peu de Dylan, ses jambes se mirent à trembler et il dut s’accrocher à son bras pour ne pas tomber. Bras qui s’enroula de lui-même autour de sa taille pour le soutenir.

« Il faut que tu t’assoies.

— J’aimerais surtout rentrer chez moi » murmura-t-il.

Dylan s’arrêta de marcher et Christian tourna la tête vers lui, surpris. Il l’observa attentivement et constata qu’il semblait gêné.

« Tu veux que… tu veux que je te ramène ? » proposa-t-il, ses yeux fixés dans la direction opposée à Christian.

Et ce dernier comprit l’origine de son trouble. Il ne voulait pas le laisser rentrer seul chez lui, mais le raccompagner signifiait qu’il devrait monter dans sa voiture. Celle-là même qui l’avait rendu malade et qui l’angoissait.

Il regarda la Dodge Charger un long moment. Elle était belle, c’était indéniable. Avec sa carrosserie à la peinture noire métallisée et sa calandre légèrement renfoncée en aluminium qui prenait tout le devant de la voiture, on pouvait dire qu’elle avait de la gueule.

Il comprenait d’autant plus l’amour de Dylan pour cette voiture, car il l’avait regardé pendant des heures la remettre sur pieds.

Dylan passait tout son temps à s’affairer dessus ou travailler tout court pour pouvoir payer les réparations. Christian ne se rappelait plus le nombre de fois où il l’avait vu arrivé en cours avec des cernes sous les yeux. À cette époque, la Dodge Charger faisait vraiment peine à voir. Sa carrosserie était toute rouillée et l’arrière avait été tellement cabossé qu’on ne pouvait plus fermer le coffre. En plus, toute la mécanique était à refaire et l’intérieur également.

Il passait plus de temps sur sa voiture que sur ses devoirs, mais Christian ne lui en avait jamais fait le reproche, se contentant de le soutenir et de l’aider comme il pouvait. Lorsque Dylan l’avait remercié à ce sujet, il n’avait pas vraiment compris.

« Tu sais, même si ça fait plaisir à Paty que je retape cette voiture, il aimerait me voir un peu plus plongé dans mes cours comme Pikachu, lui avait-il avoué. Même lui il me fait la morale. Honnêtement, ces derniers jours j’attendais presque que tu fasses pareil. Alors, t’entendre me dire que tu es prête à m’aider avec la Dodge Charger afin que j’aie du temps pour réviser ou te voir me donner ton argent pour que je puisse acheter de nouvelles pièces et travailler moins, ça me fait vraiment plaisir. »

Maintenant qu’il était plus âgé, Christian se rendait compte que Dylan était déjà bien lucide pour son âge. Les épreuves qu’il avait vécues lui avaient peut-être volé son insouciance de jeunesse, mais il avait gagné en maturité et en logique. Il avait eu le courage de regarder son passé et d’aller de l’avant en tentant de prendre le meilleur même dans le pire.

À l’inverse de lui qui s’était caché derrière un rôle qui ne pourrait jamais totalement lui appartenir, fuyant une réalité qui le terrifiait. Il avait eu la force d’affronter ce qui lui était arrivé quand rencontrant Bartholomé et Anthony.

Son meilleur ami avait été un pilier pour lui et une vraie joie de vivre. L’exubérance de Bartholomé l’avait souvent mis mal à l’aise et continuait de le faire aujourd’hui, mais cela lui faisait également beaucoup de bien, car il savait toujours trouver les mots adéquats au bon moment.

Ils ne s’étaient disputés que deux fois, uniquement.

La première, ce fut quand Bartholomé lui avait fait des avances un peu trop forcées. La peur de le perdre à cause d’une coucherie d’un soir avait donné le courage à Christian de lui dire non. À plusieurs reprises. Et devant son insistance, il avait fini par partir et ne lui avait plus adressé la parole pendant deux semaines. Une sorte de guerre froide pour qu’il comprenne qu’il avait poussé le bouchon un peu trop loin.

Pour se faire pardonner, Bartholomé lui avait raconté sa vie et les problèmes qu’il rencontrait. Il était désolé d’avoir autant insisté. Il avait juste désespérément pensé que Christian pourrait peut-être être la bonne personne. Celle qui l’accepterait tel qu’il était.

L’entendre parler de ses problèmes lui avait fait prendre conscience qu’il n’était pas le seul à souffrir et il s’était également aperçu que son ami n’était pas aussi solide qu’il avait voulu le croire. Apprendre qu’il pouvait être un soutien pour ce dernier avait également donné l’envie à Christian d’aller mieux et de devenir un homme sur qui Bartholomé pourrait toujours compter.

Mais à la suite de ses confidences, son ami s’était comporté comme un imbécile, allant jusqu’à l’inviter chez lui pour qu’il participe à l’une de ses coucheries.

Après ce jour-là, Christian avait vraiment cru qu’il ne lui adresserait plus jamais la parole. Il avait cependant fini par en parler avec le docteur Craig et ce dernier avait réussi à atténuer suffisamment sa colère pour qu’il revienne sur sa décision.

Il ne comptait plus le nombre de fois où Anthony l’avait aidé à y voir plus clair.

Lors de sa première séance avec le psychiatre, Christian était déterminé à ne pas revenir. Quand, à la fin de leur entrevue, il avait fait part de sa décision, Anthony lui avait ordonné de s’asseoir. L’injonction l’avait pris de court et il s’était exécuté sans réfléchir. Il ne lui avait pourtant pas hurlé dessus, mais quelque chose dans le ton de sa voix avait indiqué qu’il n’admettrait aucun refus.

Par respect, Christian n’avait jamais dit à Anthony à quel point avait plus été un père pour lui que son propre géniteur. Il avait toujours été à l’écoute, l’avait poussé dans ses derniers retranchements en haussant le ton ou manifestant de la compassion lorsqu’il le fallait.

Un jour, Christian s’était sévèrement disputé avec Gaël. Leurs parents avaient appelé. À la mort du frère de leur père, ils avaient découvert que ce dernier était bien plus riche qu’il ne le prétendait. L’argent n’avait jamais été utilisé et ils voulaient qu’il revînt à Christian.

Pour Gaël, c’était une façon de faire amende honorable. Pour le cadet, c’était surtout un moyen de se débarrasser de cet argent sale. Une tactique pour s’en laver les mains et l’acheter lui, par la même occasion.

Le ton était rapidement monté entre eux jusqu’à ce que Christian craque et quitte la maison. Il avait alors marché sans but dans les rues.

Dans un premier temps, il avait essayé de contacter Bartholomé, mais ce dernier ne répondant pas, il avait continué à avancer, laissant ses pas le guider où bon leur semblait. Ses pensées s’étaient faites de plus en plus sombres, de plus en plus dangereuses. Jusqu’à ce qu’il se retrouve sur un pont à regarder les voitures circuler plus bas, se demandant si tout ne serait pas plus simple de sauter tout simplement.

Dans un dernier espoir de vouloir se raccrocher à la vie, Christian avait appelé Anthony. Il était une heure du matin et il ne s’attendait absolument pas à ce qu’il décroche. Alors quand il avait entendu sa voix à l’autre bout de la ligne, il s’était mis à pleurer.

Le reste, il ne s’en souvenait plus trop, sa mémoire ne redémarrant qu’à son réveil le matin dans une chambre qui n’était pas la sienne.

À partir de ce moment-là, ses dernières réticences contre le psychiatre disparurent totalement et le travail qui s’ensuivit l’amena à être l’homme qu’il était aujourd’hui.

Et même s’il avait encore du chemin à parcourir, Christian était plutôt fier de ce qu’il était devenu.

« Chris ? »

En entendant Dylan l’appeler doucement, il tourna la tête dans sa direction et le regarda avec interrogation.

« Tu semblais ailleurs… ça va ?

— Oui. Je crois… répondit-il.

— Tu veux que je te ramène ? proposa une nouvelle fois son ami.

— Et le cinquième tour ? Tu l’as fait ? demanda Christian, conscient que dans sa crise il avait certainement perdu la notion du temps.

— Non, mais ce n’est pas grave, répliqua Dylan. Tu es plus important qu’un tour de piste, Chris. »

Cette révélation réchauffa l’autre homme et lui fit légèrement redresser la tête.

Oui, il était fier de ce qu’il avait accompli jusqu’ici et, même si ses combats n’avaient pas toujours été faciles à surmonter, il y était pourtant très bien arrivé. Alors à ce moment-là, tandis que ses yeux se posaient sur la Dodge Charger, Christian décida qu’il avait un nouveau challenge à relever. Celui de s’habituer à être dans une voiture.

« Tu veux bien me ramener chez moi, s’il te plaît ? »

Dylan acquiesça et un tendre sourire étira ses lèvres. Il soutint Christian jusqu’à ce que ce dernier soit assis dans la Dodge. Il lui demanda quelques instants, le temps qu’il remercie son ami et lui dise au revoir correctement.

Moins de dix minutes plus tard, ils quittaient l’Auto Club Speedway.

***

« Honnêtement, Dylan, tu ne trouves pas ça étrange toi ? Ils ont des vaisseaux spatiaux, ils peuvent voyager de système solaire en système solaire. Ils ont des technologies mille fois supérieures à la nôtre et pourtant, ils ont pas été capables de lui créer de nouveaux poumons ou de nouvelles jambes ? C’est du n’importe quoi ! »

Dylan, qui cherchait désespérément une place pour garer sa voiture, se retenait de ne pas rire.

Lorsqu’ils avaient quitté le circuit, les mains de Christian étaient serrées à s’en faire pâlir les phalanges autour de la ceinture de sécurité et il pouvait entendre sa respiration laborieuse. Il avait donc cherché un sujet de conversation qui pourrait détourner son attention de la route.

C’est de cette façon qu’il avait fini par lui demander ce qu’il pensait des deux premiers Star Wars. Comme il s’était endormi le jeudi soir, ils n’avaient pas vraiment pu en discuter et, ensuite, cette conversation était passée à la trappe. Le vendredi, Dylan était parti voir Sacha et Rebecca qui avaient fêté Thanksgiving chez les parents de cette dernière.

C’est à travers un message reçu sur son portable qu’il avait appris que Christian avait regardé L’empire contre-attaque.

Et au vu du débit de paroles qui s’échappait de la bouche de son ami, c’était un sujet qui semblait le passionner. Ils avaient donc passé le trajet à parlementer de certains aspects du film, Christian ne démordant pas que Dark Vador ne pouvait pas être le père de Luke, car c’était une machine.

Dylan lui avait alors quelque peu spoilé le troisième volet pour lui expliquer comment Anakin Skywalker était devenu Dark Vador. Loin de le calmer, ça n’avait fait que relancer le scepticisme de Christian.

« Dylan ? Pourquoi tu tournes en rond depuis dix minutes ? Ça fait trois fois qu’on passe devant chez moi » demanda-t-il soudainement.

Il grogna de désarroi et s’expliqua :

« Je ne trouve aucune place pour ma beauté.

— Oh ! Il fallait me le dire, j’ai un garage.

— QUOI ? T’as un garage alors que t’as même pas de voiture ? s’exclama Dylan, partagé entre l’étonnement et l’injustice de la situation.

— C’était compris dans le rachat de l’immeuble, se justifia Christian même s’il n’aurait même pas dû avoir à le faire, puis il ajouta : Si tu veux, tu peux y garer ta voiture.

— C’est vrai ?

— Oui. Comme tu l’as dit, je ne m’en sers pas. Alors autant qu’il te soit utile.

— Merci, déclara Dylan avant de marmonner pour lui-même : T’as dû faire un sacré crédit pour pouvoir te payer ça. »

Un long silence accueillit ses propos et alors qu’il réalisait son indélicatesse, Christian lui répondit doucement « J’ai payé cash. » Avant de rajouter comme s’il venait d’annoncer qu’il faisait beau : « Tu vois l’allée à côté de la librairie, tu t’y engages et le garage est au bout. »

Dylan suivit les instructions. Le passage était étroit, mais il connaissait les dimensions de sa voiture et réussit à s’y faufiler en marche arrière sans trop de soucis. L’allée n’était pas bien longue, environ quatre mètres avant d’atteindre le portail coulissant.

Christian dut se contorsionner quelque peu pour pouvoir sortir et aller ouvrir le garage. Il ne s’en servait jamais, mais la clé se trouvait tout de même sur son trousseau. Une fois la voiture garée, il proposa à Dylan de manger avec lui.

« Je ne voudrais pas te déranger. La matinée t’a pas mal épuisé, tu dois sûrement vouloir te reposer.

— Je ne t’invite pas par politesse, Dylan. Si je le fais, c’est que j’en ai envie. »

Il n’en fallut pas plus pour qu’il accepte. En réalité, il n’avait pas vraiment envie de rentrer chez lui.

Ils montèrent les marches tout en continuant à discuter de l’univers de George Lucas. Christian ouvrit sa porte et s’écarta pour le laisser passer. Il venait tout juste de refermer lorsqu’une voix s’éleva dans la pièce.

« Ah ! Mais qui voilà ! Mes deux comédiens préférés, s’exclama Bartholomé en les saluant avec un verre de vin rouge. Alors, prêts pour le baiser du siècle ? »


Texte publié par Sandro599, 4 janvier 2025 à 19h03
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