« Seul dans sa chambre un gamin rit,
Pour faire rire les autres avec lui
Et ça tombe sur toi aujourd’hui,
[...] Parce qu’au milieu d’une cour d’école,
Il n’y a pas que des ballons qui volent,
Il n’y a pas que des jeux drôles. »
Maux d’enfants by Patrick Bruel et La Fouine
Le temps passa et Halloween arriva rapidement. Heureusement pour Dylan, il vivait en appartement. Il n’avait donc pas à mettre des décorations partout pour qu’il soit au goût de ce fameux jour qu’était le 31 octobre. Non pas qu’il n’aimât pas cette fête, il avait déjà conclu un pacte avec Zack à la fin de l’été pour avoir la moitié de sa récolte de bonbons en échange d’un jeu de Nintendo Switch, mais quand il voyait ce que certains faisaient à leur maison, il hallucinait.
Néanmoins, il avait bien rigolé lorsqu’un jour, en passant devant la librairie de Christian, il avait constaté que ce dernier avait réaménagé sa vitrine. Parmi les présentoirs des dernières éditions à la mode, on pouvait observer des toiles d’araignée et leur occupante envahir la fenêtre ou squatter les chevalets. Des citrouilles aux sourires machiavéliques vous regardaient et vous mettaient au défi d’entrer dans la librairie… ou alors était-ce peut-être l’inverse.
Il avait charrié Christian à ce sujet lorsqu’ils s’étaient croisés au gymnase.
Leur relation s’était améliorée même s’ils n’étaient pas devenus pour autant de grands amis. Cependant, ils se parlaient et plaisantaient ensemble comme de bons collègues. Enfin, les rares fois où ils se croisaient. Dylan avait réussi à obtenir l’autorisation d’amener les élèves à la piscine, il n’était donc plus au gymnase les soirs de semaine, sauf le vendredi, les classes Mineur ne faisant pas de natation.
Forcément, les plus jeunes avaient crié à l’injustice. Dylan avait perdu une bonne demi-heure avec les deux groupes pour leur expliquer que l’établissement où ils allaient nager n’avait pu leur donner que des créneaux en fin de journée et le mercredi matin.
Ainsi, sur les quatre heures de sport qu’avaient les Intermédiaires et les Majeurs, il y en aurait deux consacrées à la natation.
Il s’y était d’ailleurs remis lui aussi depuis l’accident de sa hanche. Il aimait bien Alexie. Vraiment. Mais il préférait de loin aller nager dans un bassin rempli de chlore et de bactéries, que se contorsionner dans tous les sens avec plein de femmes autour de lui.
Cette fois, c’est Christian qui l’avait charrié à ce sujet.
« Un homme viril et séducteur comme toi qui a peur de se retrouver entouré par la gent féminine. Comme c’est ironique. Ça devrait pourtant être un merveilleux terrain de chasse.
— Ça va pas la tête ! Elles me prendraient toutes pour un gay, s’était exclamé Dylan, s’attirant quelques regards curieux de la part de ses élèves et un plus noir chez Christian.
— Et pourquoi penses-tu au juste qu’elles imagineraient une chose pareille ? » avait susurré ce dernier en le regardant de la tête aux pieds, le mettant au défi de dévoiler le fond de sa pensée.
Un frisson avait parcouru son échine et le mot « danger » s’était mis à clignoter en grosses lettres rouges dans sa tête, le faisant bégayer.
« Pour rien.
— Donc si je te demandais de me suivre faire du yoga la prochaine fois que j’irais, tu le ferais ? »
Il y avait dans son ton une sorte de challenge qui avait l’obligé à répondre, fierté oblige : « Bien sûr que oui. »
Merde ! jura-t-il dans sa tête tandis qu’il regardait les élèves nager. Pourquoi fallait-il toujours qu’il réponde à la provocation ? Il n’était plus un gamin impulsif ! Enfin, apparemment si. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il se faisait avoir de la sorte. Zackary était devenu un adepte de ce genre de technique lorsqu’il voulait obtenir quelque chose de lui.
D’ailleurs, en parlant de ce vieux loup de mer ! Dylan se dirigea vers son sac et sortit son téléphone pour répondre au message que son ami lui avait envoyé la veille.
Il lui proposa de se retrouver le dimanche en fin de journée afin de fêter Halloween ensemble. Zackary lui répondit rapidement pour lui dire qu’il était partant et lui demandait si Zack serait là.
Le message le peina, car il ne savait pas quoi dire. Depuis quelque temps, il trouvait que son fils se refermait sur lui-même. Il était colérique, souriait moins. La moindre parole de travers sonnait le commencement d’une dispute sans queue ni tête.
Hier par exemple, Dylan avait eu le malheur de lui demander ce qu’il comptait mettre comme costume pour dimanche. Comme il ne répondait pas, il avait insisté, ce qui ne lui ressemblait pas d’ailleurs, en proposant divers déguisements. Puis soudain, Zack s’était levé avec violence de sa chaise.
« Je n’ai pas besoin de costume ! Je me moque de cette fête débile. Je ne veux pas y aller et de toute façon, je n’ai pas besoin de déguisement puisque je suis déjà un monstre ! » avait-il crié avant de se précipiter dans sa chambre pour s’y enfermer à clé.
Sur le coup, Dylan n’avait pas cherché à le suivre, bien trop choqué par l’éclat de voix. Ce n’était pourtant pas son genre de crier et de s’énerver de cette façon.
Reposant son téléphone sans avoir répondu à Zackary, il regarda sa classe, l’esprit toujours tourné vers son fils. Il se rappela son premier jour d’école et les propos qu’il lui avait tenus avant de rentrer dans le collège. Par la suite, il avait appelé Amélia pour savoir si Zack avait eu des soucis scolaires avec un professeur ou des camarades de classe, mais si tel était le cas, elle ne semblait pas être au courant.
Il avait donc laissé les choses comme elles étaient, se disant que c’était lui qui imaginait des trucs. D’ailleurs, peut-être était-ce encore le cas. Il se faisait sûrement des idées en ce moment même.
La sonnerie de son portable le tira de ses pensées. Il regarda l’heure et s’aperçut avec un certain soulagement que la journée touchait à sa fin. Il leur annonça qu’ils pouvaient aller se changer et qu’ils se retrouveraient dehors dans dix minutes.
Dylan devait raccompagner les jeunes au Centre après chaque séance de natation. C’était l’une des règles imposées par l’école pour qu’il puisse les faire sortir de l’établissement. Peu importait leur âge, chaque élève se devait de franchir les grilles du bâtiment scolaire avant de rentrer chez eux. Mais comme la piscine était à cinq minutes à pied, personne n’avait répliqué.
C’était peu cher payé pour pouvoir aller nager ou apprendre à nager pour certains.
Dylan n’avait pas ce problème avec le groupe du mercredi, mais il y avait deux-trois élèves qui nécessitaient un tour dans l’eau de sa part. Comme ils n’étaient pas nombreux, il pouvait aisément surveiller les deux groupes.
Il sortit rapidement du bâtiment et une fois dehors il prit son portable pour écouter le message vocal qu’on lui avait laissé. Le numéro n’étant pas enregistré dans son répertoire, il n’avait donc aucune information sur l’identité de son correspondant.
« Bonjour, monsieur Johnson, je suis monsieur Bones, le professeur principal de votre fils. Ce dernier n’était pas présent en classe hier et aujourd’hui. Comme nous n’avons pas reçu de nouvelles de votre part pour nous prévenir d’une quelconque absence de Zack, j’ai jugé utile de vous appeler en personne pour avoir des nouvelles. Vous pouvez me recontacter au même numéro jusqu’à quinze heures. Je vous souhaite une bonne journée. »
Dylan coupa la communication, bien décidé à appeler tout de suite le professeur principal, mais ses propres élèves sortirent à ce moment-là de l’établissement. Il rangea donc son portable. Il le contacterait une fois qu’il aurait ramené tout le monde à bon port.
Lorsqu’il rentra chez lui, il trouva Zack assis devant la télé. Ce dernier le salua chaleureusement et si Dylan n’avait pas eu au préalable une conversation avec l’enseignant de son fils, alors il n’aurait rien remarqué.
« Zack est vraiment un garçon remarquable et très ouvert d’esprit pour son âge, lui avait dit monsieur Bones pendant leur conversation. Ses notes sont exemplaires et son comportement aussi. Mais depuis quelques semaines, il y a des bruits de couloirs qui se font entendre.
— Comment ça ?
— Eh bien, il semblerait que Zack se fasse quelque peu chahuter par certains de ses camarades.
— Et vous ne pouvez pas les rappeler à l’ordre ? » avait répliqué Dylan en se souvenant de la fois où Elliot s’était ouvertement moqué de Clémence parce qu’elle avait raté son panier.
Il s’était fait un malin plaisir de le recadrer par la suite.
« C’est très compliqué de se mêler de ce genre d’histoires, monsieur Johnson. D’autant que votre fils a déjà la réputation d’être le chouchou des professeurs parce qu’il participe activement en classe. Prendre son parti dans un problème avec certains de ses camarades ne ferait que renforcer cette impression de favoritisme. »
Il avait été choqué par les propos de son interlocuteur. En quoi prendre la défense d’une personne plus faible était mal ? Est-ce que ça signifiait qu’il avait causé plus de soucis à Clémence en remettant Elliot à sa place ? Non, songea-t-il, le problème devait être différent avec son fils, car il n’avait eu aucun retour négatif après son action et Elliot s’était très bien comporté par la suite.
Malgré tout, Dylan s’en voulait de ne pas avoir été plus attentif. Car maintenant qu’il était au courant, il voyait clairement les petits regards fuyants que Zack lui lançait alors qu’il accrochait son blouson au portemanteau devant la porte d’entrée. Il décida cependant de jouer la carte de l’ignorance.
« Ta journée s’est bien passée ? demanda-t-il.
— Ça va.
— Tu as des devoirs pour demain ?
— Non. C’est plutôt calme en ce moment. J’ai juste un exercice de maths à faire pour vendredi. »
Menteur, pensa Dylan, je sais par ton prof principal que tu as un devoir sur table en espagnol et un devoir maison d’anglais à rendre pour demain.
« Dans ce cas pourquoi tu n’es pas en train de le faire ? Comme ça tu seras tranquille pour la fin de la semaine. Et puis, si jamais tu as d’autres exercices par la suite, celui-là sera au moins traité. »
Zack ne répondit pas et Dylan laissa tomber pour le moment. Il finirait bien par se vendre tout seul.
« Tu veux manger quoi ce midi ? demanda-t-il alors pour changer de sujet.
— J’ai déjà mangé. »
Il regarda son fils en fronçant les sourcils d’incompréhension.
« Comment tu peux avoir déjà mangé ? Tu n’as pas cours jusqu’à midi le mercredi ? »
Il put voir son visage pâlir légèrement et un silence s’installa avant que la réponse n’arrive.
« J’ai fini plus tôt. Et j’avais faim. »
Il me prend pour un con ou quoi ?! La patience de Dylan commençait sérieusement à s’amenuiser.
« Et pourquoi le collège ne m’a pas mis au courant ? Ou même toi, pourquoi tu ne m’as pas prévenu ? »
Zack se mordilla la lèvre, tentant de trouver un mensonge potable à lui faire boire et, pour une raison qu’il ignorait, il le laissa faire, se demandant jusqu’où il irait pour camoufler son petit crime.
« Ils n’ont pas besoin de te prévenir de ce genre de choses puisque je ne prends pas de bus scolaire. Tu as signé une décharge avant la rentrée qui stipulait que je pouvais rentrer chez moi tout seul. »
Il marque un point, le sale gosse.
« Et je suis désolé de ne pas t’avoir prévenu, tu ne m’as pas dit que je devais le faire dans ce genre de cas. Promis, la prochaine fois je…
— Stop ! » coupa Dylan.
Il ne pouvait pas le laisser continuer. S’il ne disait rien aujourd’hui Zack recommencerait. Il était évident que pour l’instant son mensonge était bien ficelé et s’il devait attendre qu’il se trompe de lui-même, alors il serait peut-être trop tard. Donc tant pis, il allait mettre les pieds dans le plat.
« Ton prof principal m’a appelé. »
Il le vit aussitôt se tendre et rentrer la tête dans ses épaules, se préparant sûrement à être mangé tout cru.
« Pourquoi tu m’as menti ? » Puis il soupira fortement devant son mutisme.
Il quitta l’entrée de la cuisine pour venir s’asseoir sur la table basse, juste devant Zack. Ce dernier ne le regarda pas, gardant les yeux baissés.
« Zack? » appela-t-il pour que son fils relève la tête.
Il mit un long moment avant de le faire, mais une fois que leurs regards furent accrochés, Dylan sut qu’il avait toute son attention.
« Le jour de la rentrée des classes, tu m’as dit avoir peur que les autres élèves ne t’apprécient pas. Et hier, tu t’es traité de monstre. Tu es beaucoup plus colérique et morose qu’avant. Et contrairement à ce que tu sembles penser, je l’ai remarqué. Maintenant, si tu ne me parles pas… si tu ne me dis pas ce qui t’arrive, alors comment je pourrais t’aider et te soutenir ? »
Il avait pu voir ses yeux verts s’humidifier à mesure qu’il parlait et ce constat le chamboula fortement. Car il n’était pas un pleurnichard. Non pas qu’il imaginât que c’était mal de pleurer, mais il en fallait beaucoup à Zack pour qu’il verse des larmes.
Il avait toujours pensé que son fils tenait plus d’Amélia que de lui. Il était tout le temps souriant et à l’écoute des autres. Plus délicat dans ses paroles malgré son jeune âge. Pourtant, il remarqua pour la première fois en onze ans que Zack lui ressemblait également beaucoup. Car jamais Amélia n’avait montré une telle détermination pour ne pas pleurer.
Et c’était pourtant exactement ce qu’était en train de faire son fils à l’instant même.
Il mordait sa lèvre avec tellement de force que s’il ne s’arrêtait pas il allait finir par déchirer la peau. Ses épaules étaient secouées par des sanglots incontrôlables qui ne parvenaient à Dylan que de manière étouffée, puisque Zack retenait sa respiration pour ne pas les faire entendre. Paradoxalement, les larmes coulaient abondamment sur ses joues rendues rouges par l’effort et le manque d’oxygène.
Vu l’ampleur de la crise, le problème semblait être bien plus profond que de simples maux d’enfants.
Sauf que Dylan ne savait pas quoi faire pour endiguer la tristesse de son fils. Devait-il mettre une main sur son épaule en guise de réconfort ? Ou alors le prendre dans ses bras ? Devait-il lui laisser le temps de se ressaisir sans rien faire et attendre que les larmes se tarissent ?
Pourquoi tu n’agis pas avec lui comme tu agis avec moi ?
Cette question sortie tout droit du passé le fit soupirer d’exaspération. Il avait accepté de faire la paix avec ce moment de sa vie, mais ce n’était pas une raison pour que celui-ci vienne le visiter toutes les deux secondes ! Or, depuis qu’il avait discuté avec Christian à sa sortie de l’hôpital, ses souvenirs jaillissaient avec la clarté d’une vieille source qu’on aurait curée.
Cette phrase, c’est Christie qui la lui avait dite après une énième dispute avec Sacha. Ils avaient longuement parlé tous les deux. Et Dylan avait confié ne plus savoir comment s’y prendre avec son frère.
« Il a peut-être juste besoin que tu lui montres qu’il compte pour toi, proposa Christie.
— Mais il le sait que je l’aime ! C’est mon petit frère, c’est une évidence.
— Parfois ce sont les choses les plus évidentes qui sont les plus difficiles à discerner, murmura-t-elle. Je ne pense pas qu’il ait spécialement besoin que tu lui parles de ton amour fraternel pour lui, mais juste que tu le lui montres.
— Ok, mais comment ?
— Je ne sais pas. Pourquoi tu n’agirais pas avec lui comme tu le fais avec moi ? Quand je fais une crise, tu me prends dans tes bras et tu me chantes une chanson. Essaye de faire la même chose avec ton frère. Parfois le soir avant qu’il ne dorme. C’est un enfant, tu sais. Tout comme nous. »
Dylan reporta son attention sur Zack qui pleurait toujours. Il y avait vingt ans, il n’avait pas suivi le conseil de Christie, mais aujourd’hui, il pouvait tenter de le faire. Il s’installa sur le canapé et passa un bras autour des épaules de son fils, sa paume allant se poser sur la tempe de ce dernier. Il le força gentiment à venir coller sa tête contre son torse et il se mit à fredonner.
« When I find myself in times of trouble, Mother Mary comes to me speaking words of wisdom, let it be. And in my hour of darkness she is standing right in front of me speaking words of wisdom, let it be… »
Il chanta cette chanson qu’il connaissait sur le bout des doigts et qu’il y avait longtemps, bien longtemps, sa mère avait fredonnée pour lui le soir avant qu’il s’endorme. Elle la chantait également lorsqu’il avait fait un cauchemar ou encore quand il s’était fait mal après une mauvaise chute.
Il la fredonna en espérant mettre les mêmes sentiments que sa mère faisait passer à travers les paroles à l’époque. Et il chanta avec plus de facilité lorsqu’il sentit son fils se détendre dans ses bras et ses sanglots se faire moins fort.
Le mot père venait de prendre un sens nouveau pour lui.
On ne naît pas pour être papa, on le devient par la force des choses. En fait, comme pour tout, on évolue si on le souhaite et qu’on se donne le temps de savoir ce qu’il faut faire pour améliorer les choses.
Avec son enfance, Dylan ne se serait jamais cru capable d’être un bon père et lorsque Amélia lui avait annoncé qu’elle était enceinte, il avait clairement paniqué. Il était parti en mission pendant quelques semaines sans lui donner de nouvelles. Il avait cependant fini par en parler avec Patrick une fois rentré. Ce dernier lui avait encore passé une soufflante. À croire qu’il ne vivait que pour l’engueuler.
Mais comme il le lui avait fait remarquer, cet enfant qui allait arriver aurait besoin d’un père à ses côtés et il n’avait pas demandé à naître dans la relation compliquée qui existait entre Dylan et Amélia. Alors il avait pris son courage à deux mains et il était retourné voir la jeune femme. Elle en était à quatre mois de grossesse et son ventre s’était bien arrondi.
Il lui avait annoncé que, contrairement aux propos qu’il avait tenus avant de partir, il s’occuperait, avec elle, du bébé. Par contre, il avait mis fin à leur histoire, préférant rester en bons termes plutôt que de continuer à faire semblant.
Ça les avait soulagés tous les deux et ils avaient ensuite pu discuter de la façon dont ils s’organiseraient pour les bébés. Bizarrement, Dylan n’avait pas paniqué plus que ça en apprenant qu’Amélia attendait des jumeaux, mais il avait bien rigolé en voyant le visage de Patrick blanchir face à la nouvelle.
Par la suite, il n’avait pas toujours été un père très présent pour Zack et Mary et il regrettait beaucoup cet état de fait, mais il ne pouvait pas revenir en arrière. Par contre, il avait la possibilité de changer, là, maintenant, et de faire en sorte d’agir au mieux pour ses enfants.
Malheureusement, sa fille était désormais à l’autre bout du pays.
Ils s’appelaient régulièrement et Mary était revenue à Los Angeles pour les vacances d’octobre. Dylan prévoyait également de partir avec Zack à New York le temps d’un week-end. Ses finances ne lui donnaient pas le luxe de faire ce genre de voyage régulièrement. Tout seul ça pouvait être faisable, mais avec Zack, il serait dans le rouge.
« Papa ? » l’interpella la voix enrouée de son fils, le sortant de ses pensées.
Dylan avait fini de chanter depuis quelques minutes, mais il tenait toujours son garçon contre lui.
« Hmm?
— Tu peux chanter de nouveau ? »
Un tendre sourire étira ses lèvres. Il se racla un peu la gorge et entama une seconde fois la mélodie.
« When i find myself… »
Dylan se tenait sur le bord du terrain et regardait les élèves de sa classe du matin évoluer, plus ou moins bien, sur la surface qui leur était donnée. Les exercices étaient simples. Il y avait deux groupes et chacun avait un travail différent. Le premier se déroulait à côté du panier de basket. Un élève se tenait à l’angle de la ligne de fond, tandis que les quatre autres se trouvaient près du cercle central.
C’était un exercice de tir en deux-pas qui permettait d’apprendre à gérer son espace, sa force, sa rapidité, et également à se coordonner avec les autres. Mais il était loin d’être aisé. Certains élèves réussissaient rapidement, d’autres beaucoup moins. Certains faisaient des efforts et d’autres non. Mais le principal pour Dylan, c’était avant tout qu’ils s’amusent ensemble et qu’ils se dépensent au maximum.
À l’opposé du terrain, le deuxième groupe s’entraînait au lancer franc. Beaucoup moins technique, mais tout aussi indispensable lors d’un match.
Il entendit alors une petite voix s’élever derrière lui. Il se retourna pour regarder James lire à voix haute un bouquin posé sur ses genoux.
Il avait été dispensé de sport à cause d’une terrible crise d’asthme qu’il avait eue durant le week-end.
Dylan s’approcha pour mieux entendre ce qu’il marmonnait.
« Il ne peut exister à mon goût plus fin diseur de ces jolis riens qui sont tout. Parfois il est distrait, ses Muses sont absentes ; puis, tout à coup, il dit des choses ravissantes !
— Qu’est-ce que tu lis, bonhomme ? demanda Dylan en s’asseyant à côté de lui.
— Cyrano de Bergerac, répondit James avec emphase.
— Tu as l’air d’aimer, rigola-t-il devant la joie explosive du garçon.
— Oh, oui ! J’adore. L’histoire est belle et triste, mais elle me fait me sentir mieux.
— Ah bon ? De quelle manière ? »
Il mordilla sa lèvre un instant, cherchant sûrement les mots adéquates pour décrire ce qu’il ressentait.
« Cyrano aime Roxane. Il l’aime tellement qu’il aide Christian à la séduire, car c’est lui qu’elle a choisi. Mais, si Cyrano avait un peu plus confiance en lui et en Roxane, il pourrait la séduire aussi, car elle est amoureuse de l’esprit de Christian qui est en fait celui de Cyrano, déclara le garçon avant de poursuivre : À cause de mes problèmes de santé, je ne peux pas faire beaucoup de sport et je suis plus gros que les autres garçons. Je vois bien que je ne plais pas aux filles et je sais que ça ne s’améliorera pas en grandissant. Quand je lis cette histoire, je me dis qu’il ne faut pas que je perde espoir. Si l’intellect de Cyrano a pu séduire Roxane, alors j’arriverais bien à être aimé moi aussi… non ? » demanda-t-il en tournant la tête vers son professeur.
L’espace d’un court instant, il crut voir son fils. La conversation qu’ils avaient eue hier, une fois Zack calmé, avait complètement chamboulé Dylan. Il déglutit avec difficultés et tenta de trouver les mots justes pour rassurer son élève.
« Je pense que le principal, James, c’est de s’aimer soi-même avant tout. Comme tu l’as dit, le manque de confiance de Cyrano envers son physique l’a amené à se cacher derrière Christian. S’il n’avait pas eu peur que son corps repousse Roxane, alors il aurait pu la conquérir, n’est-ce pas ? Si tu pars du principe que tes rondeurs t’enlaidissent, comment veux-tu que les femmes les apprécient ? L’assurance, c’est le pilier du bien-être. Si tu as confiance en toi, tu seras capable de passer outre les critiques et de t’ouvrir aux autres sans crainte ou sans arrière-pensée.
— Comment on fait pour avoir confiance en soi ? demanda James au bout de quelques minutes de silence.
— Alors ça, mon grand, c’est la question que beaucoup de personnes se posent. Maintenant, si tu veux vraiment obtenir une réponse, ou tout du moins un semblant de réponse, il me semble que tu peux aller voir le docteur Craig pour en parler avec lui. »
Le garçon hocha lentement la tête sans rien dire.
Dylan décida de le laisser réfléchir et se focalisa sur les autres élèves. Ces derniers étaient toujours concentrés sur leurs exercices. Il siffla un coup pour attirer l’attention et demanda à chaque groupe d’inverser l’entraînement.
Tandis qu’il les regardait, les paroles de James lui revinrent en mémoire et firent dériver ses pensées vers la conversation qu’il avait eue hier avec Zack.
« Ça va mieux ? » interrogea Dylan après un certain temps.
Zack se contenta de hocher la tête. Il se sentait fatigué et être ainsi collé contre le torse de son père lui apportait un sentiment de sécurité et de plénitude qu’il n’avait pas ressenti depuis un moment. Et il avait peur qu’en parlant, il perde cette sensation. Malheureusement, il avait des comptes à rendre et son père le lui rappela rapidement.
« Tu sais que tôt ou tard tu devras m’expliquer tes absences, alors autant ne pas retarder l’inévitable et mettre fin maintenant à cette histoire. »
Zack ne répondit pas tout de suite. Il avait bien conscience que son père avait raison. Que désormais il n’avait pas d’autre choix que de parler s’il ne voulait pas que la relation entre eux se détériore. Mais il avait honte de lui et il avait surtout peur de la réaction de son père lorsqu’il apprendrait ce qu’il avait fait. Ce qu’il aimait.
Qui il était vraiment.
Il voulait donc profiter encore un peu des bras protecteurs avant que ceux-ci ne le repoussent.
« Zack? »
Il soupira.
« Pour notre dernier jour d’école, la maîtresse nous avait ramené des costumes. On devait en choisir un et inventer un personnage qui correspondait à notre déguisement. Il y avait beaucoup de choix, déclara-t-il avant d’avouer devant le silence de son père : J’ai choisi un costume pour femme. »
Dylan fronça les sourcils en entendant les propos de son fils. Il était légèrement perdu par l’histoire.
« Ok, mais quel rapport avec ton absence d’hier et d’aujourd’hui ?
— C’est tout ? demanda Zack en se reculant rapidement pour le regarder droit dans les yeux. C’est la seule chose qui t’intéresse ?!
— C’est surtout le sujet de départ de cette conversation. Je ne vois pas en quoi le fait que tu te sois déguisé avec un costume pour femme a quelque chose à voir là-dedans.
— C’était une robe, ok ! » s’emporta-t-il.
Le comportement de son père était en totale opposition avec ce qu’il s’était imaginé et cela le déstabilisait. Il sentait son coeur se gonfler d’espoir et il ne pouvait pas le laisser espérer trop fort quand il était évident que son père n’avait pas compris l’ampleur de la situation.
« J’ai porté une robe et j’ai aimé ça ! J’aime m’habiller comme une femme. »
Un silence pesant s’installa entre eux et Zack sentit les larmes revenir en force. Voilà, ça y est il l’avait dit. Il avait avoué son secret honteux à son père et il était sûr que maintenant il allait le détester. Il se demanda pourquoi il n’était pas parti avec sa mère à New York, au moins là-bas personne n’aurait été au courant et il ne serait pas le bouc émissaire de ses camarades de classe.
De son côté, Dylan était légèrement sous le choc de la nouvelle. Après tout, ce n’est pas comme si Zack avait un jour montré un penchant pour la féminité. Ou du moins, rien qui pourrait donner l’impression qu’il voulait être une femme. Il se demanda alors si son fils n’exagérait pas une situation qui n’avait rien de dramatique, car il avait peur de sa propre réaction.
« Zack? Zack, regarde-moi s’il te plaît. »
Ce dernier releva les yeux vers lui et il put voir toute la souffrance et le mal-être qui l’habitait. Bordel, pensa-t-il avec désolation, quel père indigne je fais. Même pas fichu de remarquer que mon gamin ne va pas bien. Il commença à se demander s’il n’aurait pas mieux fallu que Zack parte avec Amélia à New York. Il avait l’impression d’être un imposteur et il était persuadé que tous les autres parents auraient su trouver les mots justes pour rassurer leur enfant.
La panique s’empara de son coeur et le fit battre plus vite. Malgré tout, Zack vivait désormais avec lui. Son fils avait choisi de rester et rien que pour cette raison il se devait d’être fort et pragmatique. Il n’avait plus qu’à trouver les bons mots pour le réconforter.
« Je ne sais pas trop quoi te dire. »
Dylan décida de jouer la carte de l’honnêteté puisque Zack en avait fait de même.
« J’ai l’impression que tu attends une certaine réaction de ma part et que cette dernière n’a rien de bonne. Sauf que mis à part te dire que je suis beaucoup surpris, je ne vois pas quoi ajouter de plus.
— Tu n’es pas fâché ou déçu ? demanda alors timidement Zack.
— Je devrais l’être ?
— À l’école ils n’arrêtent pas de dire que je suis une… une… que je suis une tafiolle. J’ai beau leur dire que ce n’est pas vrai, qu’aimer m’habiller comme une femme ne fait pas de moi une tapette, ils s’en moquent.
— Mais, pourquoi tu aimes ça ?
— Pourquoi pas, répondit-il simplement en haussant les épaules. Elles, elles portent bien des pantalons et des baskets, ce n’est pas pour autant qu’on les traite de lesbiennes refoulées ! »
Touché, pensa Dylan en se demandant également depuis quand l’humain était aussi compliqué.
Les femmes s’habillent comme les hommes et certains hommes s’habillent comme les femmes. Il y avait des hommes qui aimaient des hommes, des femmes qui aimaient des femmes, des hommes qui aimaient des femmes et des femmes qui aimaient des hommes. Et on entendait de plus en plus parler de ceux qui aimaient les deux.
« En fait, j’adore porter des vêtements féminins. Je me sens quelqu’un d’autre dans ces moments-là. Tous les problèmes qui m’habitent me quittent le temps d’un instant. C’est… rafraîchissant. »
Ces paroles rappelèrent quelqu’un à Dylan avec une telle force qu’il en frissonna sur l’instant.
« Mais, c’est plus pour jouer un rôle, qu’une façon de rejeter mon identité. J’aime également être un garçon » conclut Zack.
Après ces paroles, le silence revint entre eux, mais il était moins lourd de non-dit.
Ils avaient continué à parler pendant une bonne heure, Zack vidant son sac à l’oreille attentive de son père.
Dylan soupira avec force alors qu’il attendait que les élèves aient fini de se changer et viennent le rejoindre près du bassin. C’étaient ces deux dernières heures de la journée et il était partagé entre l’impatience de rentrer chez lui et l’envie que le temps ralentisse et s’étire pour qu’il n’ait pas à franchir la porte de son appartement.
Jamais.
Hier, il avait joué le papa cool et protecteur, mais maintenant, à la lumière d’un nouveau jour, ce dernier se sentait perdu et désemparé. Son fils lui assurait qu’il n’aimait pas les garçons, mais il n’avait que onze ans. Il n’avait que onze ans et pourtant ça lui plaisait de jouer des rôles féminins. Il aimait porter des robes et se maquiller.
Est-ce que c’était vraiment normal ?!
Et surtout, comment pouvait-il l’aider à aller mieux quand il était évident que son plaisir serait toujours pointé du doigt ?
Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, ses pensées dérivèrent vers Christian. Il se demanda un instant si ce dernier pourrait l’aider à comprendre son fils. Est-ce qu’il avait le droit d’aller le voir et de lui parler des problèmes qu’il rencontrait avec Zack ? Cela ne serait-il pas pris comme un manque de respect aussi bien pour son fils que pour Christian ?
Il pesa le pour et le contre tout le temps que durèrent les deux dernières heures de sport. Et lorsqu’il eut raccompagné les élèves au Centre, il décida de tenter le tout pour le tout et se dirigea vers le gymnase.
Comme à son habitude, le club de théâtre se trouvait dans le fond du bâtiment. Quelques chaises avaient été placées face au mur et ils semblaient tous être assis, sauf trois d’entre eux. En se rapprochant, Dylan remarqua immédiatement James. Ce dernier portait un chapeau à plume bien trop grand pour lui et un bout de plastique allongeait son nez de manière caricaturale.
Pourtant, il ne semblait pas gêné par son costume. Il s’exprimait d’une voix claire et forte en pointant un morceau de bois vers Gaël, un autre garçon de la classe Mineur, qui se trouvait en face de lui.
James ouvrit la bouche pour réciter sa tirade quand il aperçut le professeur de sport approcher.
« Dylan ! s’exclama-t-il surpris et ravi de le voir. Vous êtes venu nous voir jouer ? »
Lorsqu’il entendit le nom de Dylan, Christian se retourna sur sa chaise pour voir qu’effectivement, l’éducateur était là. Quelques pas derrière lui.
Et il remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas.
Depuis qu’ils avaient réussi à mettre les choses à plat tous les deux, quelques semaines plus tôt, Christian se sentait plus détendu en sa présence. Il pouvait également constater que ce sentiment était réciproque. Avec le relâchement de la tension qui existait entre eux, il observait plus facilement les similitudes entre le Dylan qu’il avait connu vingt ans plus tôt et l’homme qui se tenait en face de lui.
En ce moment, il avait les sourcils légèrement froncés, ce qui accentuait les petites rides qui se trouvaient au-dessus de l’arête de son nez. Quant aux muscles de sa mâchoire, ils se contractaient régulièrement, indiquant qu’il serrait les dents sous la concentration. Sa démarche était raide, ses épaules crispées.
Autant de signes qui laissèrent comprendre à Christian qu’il était soucieux de quelque chose.
Leurs regards se croisèrent. Il lui fit un léger mouvement du menton pour savoir ce qui le tracassait.
Ce dernier secoua la tête, il ne voulait pas en parler maintenant, pas devant autant de monde. Puis il se tourna vers James et dit d’une voix claire et joyeuse qui contrastait avec son comportement physique.
« T’entendre jouer à voix basse ce matin m’a donné envie de voir le véritable rendu.
— Venez prendre place, cher spectateur » clama alors Bartholomé, attirant le regard de Dylan sur lui.
Il était debout, non loin de leur petite scène improvisée. Un chapeau haut de forme coiffait sa tête et il portait une veste à queue-de-pie rouge ainsi qu’un noeud papillon.
« Je ne savais pas que monsieur Loyal animait aussi le théâtre, ricana Dylan en s’installant sur la chaise à côté de Christian.
— Techniquement, non. Mais Bartholomé aime bien sortir des sentiers battus, répondit celui-ci avec le sourire.
— Parfaitement, ajouta l’autre homme. Je suis le vent frais qui souffle sur un pays chaud. J’apporte avec moi la brise bienfaitrice lors d’une forte journée d’été. Je suis comme cet oiseau qui s’élance vers le soleil, vers la liberté, loin de la banalité des hommes.
— Ah oui ? Rien que ça. »
Christian lui donna un petit coup de coude dans les côtes pour le faire taire, mais Dylan constata avec joie que ce dernier se retenait tant bien que mal de rigoler à sa remarque. Bartholomé quant à lui fut imperturbable et Dylan dut reconnaître que ça le rendait plutôt classe. Il le regarda alors prendre un bout de bois assez épais et donner trois coups sur le sol.
« Il se prend pour Gandalf ou quoi ? » demanda-t-il à voix basse avec incrédulité alors que James reprenait son texte là où il l’avait laissé.
Christian étouffa un rire et lui répondit :
« Le bout de bois s’appelle un brigadier. On s’en sert pour frapper trois coups au sol et attirer ainsi l’attention du public sur le devant de la scène. »
Il ne trouva rien à dire à cela. Il reporta donc son attention sur les deux élèves et se prit rapidement à l’histoire, oubliant vite la raison de sa venue. Il s’amusa des répliques des comédiens et ricana encore plus lorsque l’un d’eux se trompait dans son texte ou que leur langue fourchait sur un mot.
Bien évidemment, il rigolait sous cape, mais Christian le rappelait régulièrement à l’ordre en lui enfonçant le coude dans les côtes. Bordel ! songea-t-il après un énième coup, il allait finir par lui laisser des bleus à force !
Il ne put cependant pas voir la fin de la pièce, car l’heure de partir arriva.
« Dommage, j’aurais bien voulu voir le baiser de fin, grogna-t-il.
— Quel baiser ? l’interrogea Christian.
— Celui entre Cyrano et Roxane.
— Il n’y en aura pas, répondit Bartholomé qui revenait du local où étaient stockées les chaises.
— Attendez deux minutes que je comprenne bien. Les gens vont voir une pièce qui dure presque une heure et demie et tout ça pour quoi ? Pour rien ? S’ils ne finissent pas ensemble alors comment ça se termine ?
— Roxane va passer quatorze ans dans un couvent et un jour Cyrano va venir la voir. Il a été attaqué et se meurt. Il dévoile alors la vérité à son sujet avant de s’éteindre.
— Sérieux ? Mais elle est pourrie cette histoire !
— Elle se déroule en 1640, tenta d’expliquer Christian.
— Peut-être, mais aujourd’hui vous êtes en 2021. Vous auriez pu la remasteriser un peu.
— Hé, Johnson ! Et si c’est ton histoire à toi que je remasterisais, répliqua Bartholomé en s’approchant de lui.
— Quoi ?
— Parfaitement. Ton histoire à toi et Christian. Le garçon qui aimait une fille et qui s’aperçoit que c’est un homme. Créons une pièce où ce dernier ne s’enfuit pas à la fin. À la place, il revient pour avouer une fois de plus son amour indéfectible et on conclura avec un baiser. Ou mieux, pourquoi pas un épilogue où on les voit vingt ans plus tard main dans la main et s’embrassant comme au premier jour. Hein, qu’est-ce que t’en dis ?!
— J’en dis que tu pourrais laisser cette histoire où elle est, c’est-à-dire dans le passé, grogna, non pas Dylan, mais Christian.
— Est-ce que c’est notre pièce de fin d’année ? » demanda alors une petite voix derrière eux.
Le jeune élève ne le vit pas, mais les trois adultes pâlirent quelque peu. Il n’avait entendu que la fin et l’idée d’une pièce qui montre l’amour entre deux hommes lui plaisait beaucoup.
Deux regards incendiaires se posèrent sur un autre légèrement fuyant. Pourtant, Bartholomé ne se démonta pas et c’est avec son plus beau sourire qu’il se tourna vers James.
« Je n’en sais trop rien pour le moment. Pourquoi ? Elle te plaît ?
— Oui. Surtout la fin, j’aime bien les histoires qui terminent bien.
— Et ça ne te dérange pas que ça parle d’une histoire entre deux hommes ? » demanda soudainement Dylan.
James le regarda avec étonnement avant de répondre.
« Ça devrait ? »
Il ouvrit la bouche prêt à parler, lorsque Christian le coupa dans son élan.
« Je suis sûr que peu importe la pièce que nous jouerons, tes papas seront ravis de venir te voir, n’est-ce pas ? »
La surprise qui se trouvait sur le visage de James disparut immédiatement et un immense sourire étira ses lèvres, illuminant ses traits juvéniles.
« Oui !
— Va, bonhomme. Ils sont sûrement en train de t’attendre. »
Le jeune garçon hocha vigoureusement la tête et se précipita vers la sortie.
Une fois hors de portée, Christian jeta un regard quelque peu énervé sur les deux autres hommes.
« Je suis en train de me demander qui des élèves ou de vous deux sont les plus immatures ! » siffla-t-il.
Bartholomé eut l’intelligence de paraître penaud, mais Dylan ne put s’empêcher de grogner.
« C’est de sa faute.
— Dylan ! s’exclama Christian avec tellement de force que les deux autres sursautèrent. T’as quel âge bordel ! Tu te rends compte que tu allais demander à un enfant s’il trouvait normal que deux hommes sortent ensemble alors qu’il a justement deux pères.
— Et comment tu voulais que je le sache ! s’emporta-t-il à son tour, pas spécialement ravi de se faire réprimander comme un enfant. En plus, j’y suis pour rien moi si c’est pas commun d’avoir deux hommes comme parents. D’ailleurs, ça devrait même pas exister ce genre de truc, les enfants c’est pour un homme et une femme, pas pour des pédés ! S’ils voulaient des gosses ils avaient qu’à pas passer du côté obscur de la force. »
Les paroles furent à peine sorties qu’il les regretta amèrement, mais il était trop tard et il pouvait voir le visage de Christian blêmir de fureur. Si ça avait été quelqu’un d’autre, il était sûr qu’il se serait pris un coup. Mais Christian était une personne pacifiste. Il tourna alors les talons et quitta à grandes enjambées le gymnase, laissant Dylan comme un con derrière lui.
Bartholomé siffla d’une admiration fort sarcastique.
« Bien joué, Johnson ! Je connais Christian depuis un sacré long moment et c’est bien la première fois que je le vois autant furax.
— La ferme ! » grogna-t-il.
Il se sentait terriblement mal et une part de lui voulut courir après l’autre homme pour lui demander pardon. Cependant, il avait bien trop de fierté pour le faire. Cela ne l’empêcha pas pour autant de sentir les griffes de la culpabilité lui lacérer la poitrine.
Merde, Dylan ! Quand apprendras-tu à tourner sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler ?!
Le pire, c’est qu’il ne pensait même pas ce qu’il avait dit. Si Alexie en avait vent, elle le massacrerait sur place avant d’aller jeter sa carcasse en plein désert pour qu’elle y pourrisse.
« Tu vas devoir trouver de très bonnes excuses si tu veux qu’il te pardonne.
— Pourquoi… »
Il s’arrêta avant de dire une autre connerie.
Bartholomé sembla ravi de son comportement, car il lui offrait un sourire sincère et Dylan se demanda depuis quand il était dans les petits papiers du meilleur ami de Christian.
« Si tu veux, je peux t’aider à arranger les choses, proposa-t-il avant de poursuivre quand l’autre homme demanda pourquoi il ferait ça pour lui : Parce que j’aime Christian comme un frère et que je sais qu’il tient à toi. Je constate également par ton attitude que la réciproque est vraie.
— Je ne…
— Pas la peine de mentir, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Tu aurais vu ta tête quand il est parti. On aurait dit un chiot abandonné par son maître, le coupa Bartholomé, ne cachant pas sa joie en voyant le visage de Dylan s’assombrir à sa comparaison avec un animal de compagnie : Donc plutôt que de vous laisser perdre un temps précieux qui pourrait rapidement se transformer une fois de plus en une vingtaine d’années, je vais me montrer charitable et vous venir en aide.
— Trop aimable » grogna Dylan.
Malgré tout, il devait admettre que la perspective de ne plus parler à Christian lui était très douloureuse. Ils n’avaient pas spécialement été plus proches que cela ces derniers temps, mais il y avait une différence entre se parler peu et ne plus avoir de contact du tout. Car, si Christian était quelqu’un de pacifique et pas rancunier, il n’en restait pas moins vrai qu’une fois qu’on se le mettait à dos, c’était définitif. Il suffisait de voir sa relation avec son père.
« Je sais ! Quel parfait petit ange je fais.
— Un ange de l’enfer, oui !
— N’insulte pas ton sauveur, veux-tu ? Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Si tu étais rentré chez toi après les cours au lieu de venir ici ou mieux encore, si tu avais réfléchi avant de parler, toute cette situation n’aurait jamais eu lieu. Ce qui m’amène d’ailleurs à ma prochaine question. Pourquoi es-tu venu exactement ? »
Dylan se figea sur place et se mit à blêmir lorsqu’il se rappela qu’à la base, il était ici pour voir Christian et lui parler de Zack. Putain ! Non seulement il avait oublié son fils, mais en plus il venait de mettre en colère la seule personne qui pourrait l’aider à y voir plus clair.
Quoique…
Il reporta son regard sur Bartholomé et demanda après un instant de réflexion :
« Qu’est-ce que tu dirais, toi, à un garçon de onze ans qui se fait chambrer par ses camarades de classe parce qu’il aime se déguiser en fille ? »
Si ce dernier sembla surpris par la question il n’en laissa rien paraître et il répondit rapidement à Dylan.
« Le monde ne vous estime jamais plus que vous ne le faites.1 On passe notre temps à chercher à plaire aux autres et l’on oublie souvent que la principale personne qui doit nous aimer, c’est avant tout nous-même. Alors je dirais à ce garçon qu’il doit s’apprécier tel qu’il est. Une fois que ça sera fait, il se moquera du regard des autres. Qui est l’heureux élu ? » demanda Bartholomé.
Dylan hésita à lui répondre, puis il finit par dire :
« Mon fils, Zack.
— Et depuis quand il aime se travestir ? »
C’est exactement la question qu’il lui avait posée.
« Ça n’est tout de même pas venu du jour au lendemain, Zack. Tu t’es pas réveillé un matin en te disant que tu aimais bien imiter les femmes. »
Il ne parla pas tout de suite. Dylan crut au départ qu’il refusait de lui répondre, mais il remarqua la façon dont son front se plissait sous la concentration. Il était en train de réfléchir à la question.
« Je ne sais pas trop quoi te répondre, commença Zack. J’aime bien les parfums féminins, je trouve qu’ils sentent bon. J’aime également les ongles bien manucurés et joliment vernis. J’adorais regarder maman se maquiller. Et il m’arrivait parfois de vouloir faire pareil. Au départ, elle me laissait jouer avec, mais un jour elle m’a dit que je ne pouvais plus le faire, car les petits garçons ne se maquillaient pas. Quand j’ai vu cette robe en classe, je me suis dit que si les garçons ne pouvaient pas, alors le temps d’un instant je serais une fille et qu’à ce moment-là, je pourrais jouer avec tous ces accessoires qui m’attiraient tant. »
« Tu crois qu’il… tu crois que… »
Dylan n’arriva pas à finir sa phrase et même s’il ne le dirait jamais, il fut infiniment reconnaissant envers Bartholomé de ne pas se moquer de lui.
« Vous faites quoi dimanche pour Halloween ? lui demanda subitement ce dernier.
— Pas grand-chose, j’ai un ami qui va passer nous voir.
— Alors, venez tous les trois au bar.
— Lequel ?
— Le mien, idiot.
— T’as un bar ? » s’exclama Dylan surpris.
Bartholomé l’observa comme s’il était le dernier des crétins, mais son regard s’adoucit quand il se rendit compte qu’il ne lui avait jamais parlé du Heaven’s in Hell.
« Oui, je suis le propriétaire du bar où toi et Christian vous vous êtes retrouvés pour discuter. Mais là n’est pas la question. Viens avec ton ami et ton fils, je ferai d’une pierre deux coups. Je t’aiderai à te réconcilier avec Christian et je parlerai par la même occasion à Zack.
— Pourquoi tu fais tout ça ? demanda Dylan avec une curiosité sincère.
— Pas pour toi spécialement. Rassure-toi. Je le fais pour Christian, car je le connais suffisamment pour savoir que tu comptes à ses yeux. Quant à ton fils, je le fais pour lui avant tout. J’ai moi aussi traversé ce genre d’épreuves et je sais que ce n’est pas toujours facile d’être seul contre tous. »
Dylan resta un moment sans rien dire, avant de déclarer : « Merci. »
La sonnette avait tout juste retenti que Dylan ouvrait déjà la porte. Il patientait derrière celle-ci, ou tout du moins pas trop loin, depuis presque trente minutes. Ça faisait deux ans qu’il n’avait pas revu Zackary. Ce dernier avait eu pas mal de missions à droite à gauche et Dylan était même étonné qu’il ait le temps de venir le voir.
« Hey, mon frère » s’exclama chaleureusement son ami quand Dylan lui eut ouvert la porte.
Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre pour une franche et robuste accolade. Rigolant comme deux idiots.
« Ça me fait tellement plaisir de te voir, Zackary, déclara Dylan en s’écartant.
— Moi aussi, mon ami. Moi aussi. »
Il s’écarta pour le laisser entrer.
« Je te sers quelque chose à boire avant qu’on y aille ?
— Comme d’habitude. »
Dylan lui lança un sourire en coin avant de partir dans la cuisine pour chercher le scotch préféré de son ami. Ils prirent place dans le salon et discutèrent quelques minutes avant que Zack entre dans la pièce à son tour.
« Salut, Zackary ! s’exclama le garçon en venant tendre sa main au meilleur ami de son père.
— Quoi ? J’ai juste le droit à une poignée de main désormais. Tu crois que parce que tu as plus de dix ans je n’ai plus le droit à un bisou ? » dit Zackary en serrant toutefois la petite main. Cependant, au lieu de la relâcher, il tira dessus et entraîna le garçon dans un énorme câlin.
Ce dernier rigola dans l’étreinte, mais il y répondit tout de même favorablement. Lorsqu’ils se séparèrent, Zack s’installa à ses côtés sur le canapé et Zackary se tourna vers Dylan en demandant :
« Alors, qu’est-ce que tu as prévu pour ce soir exactement ?
— Un collègue du Centre tient également un bar à quelques rues d’ici et il m’a invité. Enfin, reprit Dylan, il nous a invités. J’ai également proposé à Alexie, Carmen, Sacha et Rebecca de nous y retrouver.
— Cool, ça fait un bail que je ne les ai pas vu ! Par contre, j’espère que ce n’est pas une soirée costumée ? »
Il avait en horreur ce genre d’événements. Il n’aimait déjà pas se déguiser de base, car il n’y avait que dans ses propres vêtements qu’il se sentait le plus à l’aise. Même les tenues de l’armée lui faisaient grincer des dents.
« Non, ne t’inquiète pas, personne ne te forcera à mettre un déguisement.
— De toute façon, vu la taille de ta barbe, il n’y a plus grand-chose à cacher » répliqua Zack avec un sourire taquin.
La remarque fit rire son père tandis que son ami caressait doucement sa barbe bien fournie.
« C’est certain que j’ai plus de poils que les deux puceaux imberbes qui se trouvent dans cette pièce. »
Aussitôt, les exclamations fusèrent. L’un protestant qu’il n’avait que onze ans et l’autre… En fait, l’autre lui dit carrément d’aller se faire voir !
« Moi au moins je ne risque pas la surdité à trop me branler ! »
Zackary éclata de rire à la réplique de Dylan.
« Fais gaffe, il paraît que la fellation ce n’est pas mieux non plus. »
Ils éclatèrent de rire et Zack se joignit à eux, même s’il ne comprenait pas encore tout à fait de quoi ils parlaient.
Ils partirent finalement de l’appartement quelques dizaines de minutes plus tard et se dirigèrent vers le bar de Bartholomé dans une joyeuse cacophonie. Lorsqu’ils arrivèrent sur place, Dylan fut surpris du monde qu’il y avait. Il passait parfois devant et il n’avait jamais vu autant de personnes à cette heure-ci.
« Dylan ! » s’exclama une voix au loin.
Il tourna la tête et fronça les sourcils en voyant une femme se diriger vers lui. Ses yeux s’écarquillèrent et sa bouche tomba quand il reconnut Bartholomé.
Ce dernier avait revêtu une magnifique robe noire qui moulait son corps, mais sa tenue ne s’arrêtait pas là. Le propriétaire du bar avait poussé le jeu jusqu’au bout du bout. Il était coiffé d’une perruque de cheveux blonds et bouclés qui lui tombaient gracieusement sur la nuque et son visage était élégamment maquillé. Une fine chaîne d’argent pendait autour de son cou et il portait également des boucles d’oreilles en forme de larme dont la pierre était de la même couleur que celle qui reposait sur sa poitrine. Rouge.
Il avait d’ailleurs un léger châle transparent et dans des tons assortis à ses bijoux autour de ses épaules. Sur le bout de ses doigts, on pouvait voir des faux, et pourtant très réalistes, ongles. Rouges également. Et pour finir, le clou du spectacle, il avait enfilé des escarpins aux talons vertigineux. Lui qui était légèrement plus petit que Dylan en temps normal, dépassait désormais ce dernier de quelques centimètres.
« Quel plaisir de te voir, mon ami » chantonna l’homme en plaquant ses lèvres sur chacune des joues de Dylan.
Ce dernier, toujours sous le choc, ne râla même pas pour le geste, mais son teint verdit quelque peu. Il pouvait entendre d’un côté Zackary se fendre la poire à son insu et de l’autre, Bartholomé demander à son fils ce qu’il pensait de son costume.
« J’adore ! Vous êtes trop belle ! s’écria Zack en regardant le travesti avec émerveillement.
— Merci mon chou, mais attends de voir mes amies qui sont à l’intérieur. Je suis sûr que tu ne me trouveras plus si jolie après.
— Je peux, papa ? demanda le garçon avec emphase.
— Oui, oui, va. Et éloigne cet homme loin de ton père, rajouta-t-il mentalement.
— Plutôt jolie pour un homme, déclara Zackary toujours présent à ses côtés, tandis que Zack suivait Bartholomé.
— M’en parle pas. »
En effet, il avait presque cru qu’il s’agissait d’une femme au premier abord. L’ami de Christian venait de lui offrir une belle leçon aujourd’hui, car jamais avant cette soirée Dylan n’aurait pu penser qu’un homme puisse être aussi beau dans la peau du sexe opposé.
Surtout quand ce dernier était horrible à regarder en tant qu’homme.
Christian ne pouvait pas entrer dans cette catégorie, car il ne s’était jamais habillé d’une robe ou d’une jupe, ni aucun vêtement du même genre. En fait, il n’avait jamais rien porté de trop féminin. Pas de parfum, ni de bijoux ou de talons. Et Dylan se demanda si à l’époque, une partie de lui ne se rebellait pas contre l’idée d’être Christie et non Christian.
« Et si l'on allait se boire un coup, hein ? proposa Zackary, puis il ajouta en remarquant que Dylan semblait chercher quelqu’un : Tu as un rendez-vous galant qui t’attend, mon frère ? »
Pris sur le fait, il ne tenta pas de mentir.
« Non, je cherche un a… une connaissance. »
Il se retint à la dernière minute en se rendant compte qu’il allait présenter Christian comme son ami. Pouvait-il vraiment le qualifier ainsi ?
« Je ne t’en ai jamais parlé, mais j’aimerais beaucoup te le présenter.
— Oh, tu me rends curieux. »
Tout en s’approchant du comptoir, qui était plus ou moins submergé de monde, Dylan essaya toujours d’apercevoir Christian. Il ne savait pas pourquoi, mais il serait vraiment déçu s’il ne le voyait pas ce soir.
« Qu’est-ce que je vous sers ? » demanda le barman quand il put s’occuper d’eux.
Dylan réalisa alors qu’il ne s’agissait pas d’Ulrik. Il avait tellement été absorbé par sa tâche qu’il n’avait même pas fait attention à ce détail. Pourtant, avec son physique carré et sa haute taille, il ne passait pas inaperçu. Aussi bien par sa présence que par son absence.
« On va vous prendre deux pressions » déclara soudain Zackary à sa droite avant de choisir la bière qu’ils voulaient.
Il ne fut pas surpris que son ami connaisse ses goûts. Ils avaient rapidement tissé des liens entre eux quand ils étaient à l’armée. Si l’un se faisait engueuler, l’autre prenait sa défense. Si l’autre avait des corvées en retard, l’un venait lui filer un coup de main. Ils avaient plus d’une fois terminé au trou ensemble jusqu’à ce que leurs supérieurs se rendent compte qu’ils prenaient plus ces moments comme des vacances que comme une punition et finissent par les séparer.
Bizarrement, le nombre de passages dans la prison improvisée avait grandement diminué par la suite.
Oui, Zackary était plus qu’un ami pour Dylan et la réciproque était vraie. Ce n’est pas pour rien que l’autre homme l’appelait « mon frère ». Le fait qu’il soit fils unique jouait sûrement en la faveur de Dylan. Quant à ce dernier, même s’il n’avait pas de surnom affectueux à offrir, il avait cependant donné une partie de son prénom à son fils. Car Zack était le diminutif de Zackary. En tout cas, ça l’était aux yeux des deux hommes et c’est tout ce qui importait.
« Dylan ? » appela une voix dans son dos.
Il se retourna avec une telle rapidité que la bière dans son verre tangua et passa quelque peu par-dessus les bords.
« Chris! C’est cool que tu sois là, je voulais justement te présenter quelqu’un, déclara joyeusement Dylan, oubliant qu’il avait des excuses à présenter. Zackary, je te présente Christian. Christian, je te présente Zackary. »
Christian tendit la main et l’autre homme la prit dans une franche poignée alors qu’un sourire élargissait de plus en plus ses lèvres. Puis Zackary dit soudainement :
« Alors c’est toi le fameux Christian ? »
1 – Sonja Henie.
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