Les éléments du défi de Folletto (tirage au sort):
Lieu - Le Souterrain des Échos Un tunnel sous le manoir où chaque pas semble résonner à l’infini.
Objet - Une Clé Incomprise Une clé ancienne qui ne semble correspondre à aucune serrure visible.
Larry s’éveilla difficilement, le visage en contact avec les pavés froids du sol. Il n’avait rien vu venir. Il avait pourtant semblé que l’échange avec Folletto s’était bien passé, mais le fantôme de Pierre-Ambroise avait toujours forcé le trait dans ses festivités.
Il n’était jamais totalement question de fête ou de célébration. Souvent, il s’agissait d’un prétexte pour attirer le chaland jusqu’à son manoir et lui promettre monts et merveilles tant que l’invité jouait le jeu pour le divertir.
Larry poussa sur ses bras pour se retourner et appuya son dos contre le mur froid et humide. Tout dans cet endroit lui déplaisait. L’odeur vague, mais ténue de moisissure encombrait ses narines. Il éprouvait la plus grande difficulté à saisir les limites de sa geôle. Se trouvait-il encore seulement dans le manoir ? Ses réflexions se perdaient dans la brume de son esprit quand il remarqua la présence d’un objet à portée de sa main.
La clé était étrangement tordue. Ou bien était-elle simplement ouvragée d’une manière peu commune ?
En la saisissant, il comprit qu’elle était aussi poisseuse que le reste de ce qui pouvait se trouver dans les couloirs lugubres. Le bruit du métal raclant la pierre résonna autour de lui avant de se disperser dans les boyaux rocheux.
Larry n’avait aucune prise sur sa situation ni aucun indice sur l’issue que pouvait lui réserver son destin. Folletto était un fieffé farceur et une étrange créature, même pour un revenant. D’aucuns disaient que le fantôme n’avait pas grand-chose à voir avec l’homme qu’il était jadis. Austère et aigri de son vivant, l’au-delà l’avait transformé en un esprit malicieux bien qu’il fut toujours très aigri.
Larson se releva sans perdre de temps, la clé dans la main et il commença à épousseter sa veste de costume dans la pénombre glaciale.
« Est-ce là un sort que l’on réserve à ses invités ? » cria-t-il comme si son hôte avait tendu l’oreille.
L’homme en costume sombre eut l’impression qu’on l’épiait depuis les ténèbres, un regard perçant et incisif, un regard plein de jugement et de ressentiment. L’écrivain ne pouvait en avoir la certitude, mais s’il avait un jour écrit une scène sur un personnage se réveillant dans cet endroit poisseux et inquiétant c’est ce qu’il aurait écrit, à n’en pas douter.
Après avoir chassé ces idées saugrenues de son esprit, il chercha avec une modeste application un indice sur la direction à prendre. Quel que puisse être cet endroit, il devait y avoir une sortie. À quoi bon jeter une souris dans un labyrinthe si la seule possibilité pour elle était de tourner en rond ?
Aucune utilité pour un esprit aussi simple et direct que celui de Larry. Il n’aurait cependant jamais mis à sa main à couper sur le fait que Folletto en soi purement incapable.
Tout était possible.
« Foutu fantôme, j’avais demandé à la mairie de faire quelque chose… Mais non, monsieur Larson, vous vous faites des idées qu’ils disaient… ces foutus membres du conseil municitruc ! »
Tout en vociférant et ergotant au sujet de la chaine de responsabilité, notre héros avait pris une décision pour le moins hasardeuse : aller dans une direction plutôt que dans l’autre. S’engager vers l’obscurité plutôt qu’en direction d’une odeur rance et nauséabonde.
Qui aurait bien pu le lui reprocher d’ailleurs ? Vous l’auriez fait, VOUS ?
Alors, comme Larry après quelques minutes de marche dans une eau stagnante du plus mauvais effet, vous auriez reconnus les figures sculptées sur les portes de bois devant lui. Trois portes pour trois maisons. Trois énigmes multipliées par autant de pièges que le fantôme avait osé en créer.
« Greta, Gaspard, mes respects, mais ma loyauté va à la maison Ondenymphe. »
L’homme s’inclina avec distinction malgré la situation qu’il trouvait bien évidemment ridicule. Il approcha doucement de la porte centrale, là où se trouvait le blason de Lavande. Non celui qu’elle aurait pu choisir de son vivant, mais bien celui qui lui avait été affublé (dit-on) après sa disparition, lorsque que quelques esprits bien intentionnés avaient décidé de capitaliser sur son héritage pour faire fructifier le marché immobilier de l’Allée des Conteurs.
Larson n’en avait pas grand-chose à faire s’il avait été totalement honnête. Il était là pour écrire, retrouver l’inspiration et le souffle nouveau auquel il aspirait tant depuis des années. La vie d’un écrivain n’était pas facile d’ordinaire, hormis si vous aviez bien sûr un alignement des planètes tout à fait bénéfique et opportun et deveniez un précurseur ou un héritier. D’autres encore parvenaient à inventer de nouvelles façons de concevoir la littérature, mais il devait bien avouer qu’il n’avait jamais appartenu à aucune de ces catégories. Non, lui ce qu’il aimait c’était écrire, mener ses histoires comme il l’entendait en maniant la plume du mieux qu’il le pouvait.
Larry tourna la poignée de la porte et, un instant plus tard, il entendit un mécanisme se mettre en branle derrière les épais murs de pierres taillées. Des roues tournaient, des poids se déplaçaient et des cordes étaient manipulées sans ménagement pour que la porte en face de lui s’ouvre sur une pièce circulaire au centre de laquelle se trouvait un piédestal.
Il fit quelques pas dans la pièce et la porte se referma derrière lui dans un bruit mécanique.
Un puits de lumière déversait une onde vivifiante sur le promontoire en pierre trônant au centre de la pièce, conférant un caractère sacré à ce qui s’y trouvait. En s'approchant, Larry mit quelques secondes à discerner un parchemin jauni, tissé de fibres végétales. Bien qu'aucune écriture n’y fût visible, un murmure se fit entendre, presque inaudible.
« Tu as retrouvé ma clé… Ma clé est un héritage. »
Le papier sembla s’embraser d'une lumière vive, mais Larry ne pouvait en détourner le regard. Une vision l’envahit, aussi vive qu’irrésistible : Lavande Ondenymphe, d'une élégance intemporelle, assise à son pupitre. À la lueur d’une bougie, elle tenait dans une main une plume grattant le parchemin et, dans l'autre, la clé que Larry avait découverte dans les couloirs du manoir.
« Prends soin de ma clé, elle te guidera vers ce que tu as perdu. Un jour, il t’appartiendra de la transmettre à quelqu’un qui en aura besoin. Et, sois indulgent envers Pierre-Ambroise… »
La vision disparut. Le piédestal s’enfonça lentement dans le sol, révélant un escalier en colimaçon menant à une sortie. Hébété, mais étrangement inspiré, Larry descendit les marches et ouvrit prudemment la porte qui l'attendait au bas des escaliers. Il se retrouva dans sa propre chambre au manoir de Folletto. Derrière lui, la porte s’était effacée, ne laissant qu'une armoire ordinaire.
Quelqu'un avait pris soin de disposer sa machine à écrire sur le bureau, une tasse de café fumante sur le coin, et un feu dansait déjà dans la cheminée. Larry s’assit, la clé toujours serrée dans sa main. Elle n’ouvrirait aucune porte du manoir, mais elle allait déverrouiller ce qui l’empêchait, depuis si longtemps, de retrouver sa flamme créatrice.
Il remercia Lavande sur la première page de son manuscrit et tapota les premières lettres du titre de son ouvrage : La Clé de l'Inspiration.
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