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La première chose qu’elle vit fut une pièce d’une grandeur incommensurable, elle ne semblait n’avoir ni début ni fin. Dans n’importe quelle direction où ses yeux regardaient elle voyait des bibliothèques à perte de vue, d’une hauteur à fait trembler les petites jambes frêles de l’enfant âgé d’à peine sept ans. Des lumières suspendues au plafond éclairaient en cercle une faible portion du carrelage sombre et craquelé. La petite fille, terrifiée par cet endroit qu’elle ne connaissait pas, fit un premier pas avec une extrême prudence. Sa chaussure violette raisonna dans l’étendue de la pièce et la pétrifia. Elle sursauta même en entendant comme un murmure au loin.

- Il… commença-t-elle à chuchoter. Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.

Personne ne lui répondit et les larmes commencèrent à couler le long de ses joues encore potelées. Soudain, ce fut le bruit de l’aiguille d’une horloge qui résonna avec force dans ce silence pesant. La petite fille reprit sa marche avec la plus grande prudence en essayant de faire le moins de bruit possible. À mesure qu’elle avançait, une immense masse s’imposa manquant de la faire hurler de terreur. Ces yeux reconnurent la forme des livres alignés les uns à côté des autres par couleur. La grandeur de la bibliothèque rendait l’agencement fascinant, car même les nuances des couleurs étaient respectées tel un arc-en-ciel. L’enfant sourit devant ce spectacle et tendit sa petite main frêle pour caresser la tranche d’un livre couleur rose pastelle.

- Ma chérie, retentit la voix de sa maman dans le creux de son oreille.

Elle sursauta et regarda autour d’elle dans l’espoir de trouver sa maman qu’elle aimait tant et qui lui manquait atrocement. Mais il n’y avait personne, elle était seule dans cet endroit à la fois beau et terrifiant.

- Rose, mon bébé.

La voix n’était qu’un murmure sans origine, car Rose était la seule personne présente dans ce lieu. Puis le bruit de l’aiguille de l’horloge retentit de nouveau avec force, faisant encore sursauter l’enfant qui en fit tomber le livre sur lequel elle avait posé ses doigts.

- N’écoute pas l’horloge, ma chérie.

- Ma…man ? l’appela-t-elle en pleurant. Où es-tu ?

- Tu ne dois pas écouter l’horloge, elle est méchante, elle te veut du mal. Promets-moi de ne pas l’écouter.

- Maman, répéta Rose sans pouvoir arrêter ses sanglots.

- Tu ne dois pas écouter l’horloge, elle est méchante, elle te veut du mal. Promets-moi de ne pas l’écouter.

La voix de sa maman répétait encore et encore les mêmes phrases sans jamais s’arrêter. Rose tomba à genou et à ses larmes se mêlèrent des cris de détresse. Elle étendit ses petites jambes qui touchèrent le livre ouvert.

- Ma chérie, murmura encore sa maman.

L’enfant secoua la tête avec frénésie pour chasser la voix de la personne qu’elle aimait le plus au monde, car elle n’était pas là, sinon elle l’aurait prise dans les bras et l’aurait emmener loin de cette horrible pièce. Rose finit par calmer ses pleures, puis récupéra le livre et le referma pour admirer la couverture qui faisait briller ses yeux enchanteurs. En le reposant sur l’étagère, la voix de sa maman cessa de résonner à son oreille, et les pleures de la petite reprirent de plus belles.

- Les plus belles couvertures ne sont pas les plus gentilles, résonna une nouvelle voix qui lui semblait être celle de son professeur de théâtre.

La petite fille leva la tête et regarda autour d’elle au moment où l’aiguille de l’horloge reproduisit encore son bruit fort et terrifiant.

- L’horloge n’est pas ton ennemie, elle peut te guider vers la sortie, expliqua la voix dans un murmure.

- Je… je peux… partir d’ici ? balbutia Rose terrifiée, les bras autour de ses genoux repliés contre son petit corps.

- Écoute l’horloge, répondit une nouvelle voix rappelant celle de sa maîtresse de l’école.

Les larmes se formèrent dans les yeux de la petite et en silence elles roulèrent sur ses joues.

- Où suis-je ? réussit-elle à dire.

- Dans la Bibliothèque des Murmures, jeune enfant, murmura la voix cassée de sa grand-mère.

- Ma…mie ?

- Écoute l’horloge, elle mettra fin à tout ceci.

- Va à sa rencontre et tu trouveras une porte, affirma la voix de son professeur de théâtre.

La petite acquiesça et se remit sur ses pieds. Elle contourna l’imposante bibliothèque, puis marcha tout droit dans l’espoir d’entendre de nouveau raisonner l’aiguille de l’horloge.

Le temps passa et la fatigue se faisait ressentir dans chacun de ses pas, ses pieds traînaient sur le sol, abîmant les chaussures que sa maman venait de lui acheter. Son corps était courbé et ses yeux se fermaient tout seuls jusqu’à ce qu’elle ne soit plus capable de marcher et s'effondra sur le sol aussi froid qu’un glaçon. Soudain, le bruit de l’aiguille de l’horloge résonna tout près de son oreille. Rose ouvrit difficilement les yeux et découvrit un petit objet posé à même le sol sous la lumière jaunâtre. Elle se redressa et rampa jusqu’à objet. Elle le prit entre ses petites mains glacées et l’observa avec surprise. Elle s’était imaginé une imposante horloge avec une très grande aiguille, mais l’horloge qu’elle observait était si petite qu’elle tenait uniquement dans le creux d’une seule de ses main et l’aiguille était presque impossible à voir. Soudain, le bruit retentit de nouveau alors que l’aiguille effectua une légère rotation dans le cadran en verre. Le son se répercuta tellement fort que Rose laissa échapper l’objet qui se brisa tel un miroir.

Les pleures de l’enfant résonnèrent dans l’immensité de la pièce, réveillant les murmures.

- L’horloge est détruite, dit simplement une voix inconnue.

- Je veux rentrer à la maison, cria la petite en pleurant à chaudes larmes.

- L’horloge est détruite, la porte est scellée.

- Le temps des derniers Murmures est venu, déclara une autre voix en chuchotant comme si c’était un secret.

- Je…veux rentrer, répéta l’enfant en pleurant encore et encore sans jamais pouvoir s’arrêter.

La peur, cette terrifiante peur faisait trembler son petit corps frigorifié, alors que son visage rond était mouillé par les larmes, son pantalon beige fut mouillé par son urine. Elle pleura encore et cria sa terreur aux murmures de la salle.

- Pleurer ne te sauvera pas, déclara une voix avec force et autorité.

L’enfant fut instantanément tétanisé en voyant un homme s’avancer jusqu’à elle en la regardant avec dégoût. Il était là, bien réel. Il se pencha devant son visage et soudain l’immense pièce disparut au même titre que l’horloge brisée et tout les murmures. Une pièce tout aussi glaciale l’accueillit, elle ressemblait à une cave, Rose en avait une dans sa maison, elle n’aimait pas y aller, car elle faisait peur.

- Continue d’avoir peur, ça rend tout ça tellement plus amusant, rit l’homme en prenant Rose par le bras pour la soulever et la projeter sur un vieux matelas. J’espère que tu as aimé ma bibliothèque des Murmures, ça fait plusieurs années que je travaille mon pouvoir pour la rendre majestueuse. Merci d’en avoir fait l’expérience, à présent finissons-en, déclara-t-il.

Rose le regarda s’approcher avec un couteau. Ses larmes redoublèrent, la peur l’envahissait et la seule chose à laquelle elle pensait c’était sa maman qu’elle aimait plus que tout au monde.


Texte publié par Aihle S. Baye, 26 octobre 2024 à 15h38
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