Remis de leurs émotions, Avicennius et Ludylia étaient attablés à la terrasse d’un salon de thé, que celle-ci avait tenu à faire découvrir à ce dernier. Bien sûr, la joie et la bonne humeur n’étaient pas complètement revenues, mais au moins l’endroit leur réchauffait-il le cœur.
– Dites-moi Ludylia. Pourquoi avez-vous dit que Moshé Ebernezer, vous avait inspiré cette œuvre florale ?
– Avant de vous répondre, pourrais-je vous poser une question ?
– Bien entendu !
– Comment l’avez-vous connu ?
Cette simple question fit monter des larmes d’émotion, aux yeux de d’Avicennius, et malgré le chagrin qu’il sentait enserrer son cœur, il consentit à lui répondre.
– La première fois que je l’ai rencontré, je rentrais pour la première fois chez un traiteur. Je devais commander un banquet pour une réception qui devait avoir lieu en l’honneur des fiançailles du fils des époux Pierrier, mes employeurs de l’époque. Aujourd’hui, ils ont disparu et je suis resté au service de leur fils, mais, pardonnez-moi, je m’éloigne.
– Je vous en prie Avicennius.
– J’avais aperçu, alors qu’il m’aidait à charger les plats, des livres, dont les titres me semblaient pour le moins saugrenus chez un traiteur sémite. Je m’en étais ouvert à lui et c’est ainsi que j’ai découvert son secret. Mais vous-même, comment l’avez-vous connu ?
– Je participais à un concours d’architecture florale. J’avais une vingtaine d’années à l’époque et je voulais prouver à ce milieu éminemment masculin et machiste que les femmes étaient, elles aussi, capables de grands choses ; rendant par la justice à cette pauvre Camille. Bien sûr, je suis loin d’être son égal, mais l’œuvre que j’ai composée lui aura rendu hommage. Le concours avait pour vocation de célébrer et de mettre en valeur le parc de l’observatoire de Meudon, trop longtemps négligé. J’avais déjà mon idée quant à sa composition et à sa disposition, mais il lui manquait l’étincelle qui lui donnerait vie. Ce projet était en fait trop terre à terre, trop scientiste, trop rationnel, et se donnait à voir immédiatement. Moshé avait remarqué la jeune fille que j’étais, erré telle une âme en peine dans le parc, et il était venu me voir, me demandant ce qu’il pouvait faire pour moi. Paradoxalement alors que lui avait insufflé le rêve dans la composition finale, les jurés ne virent qu’une chimère, qui les a malgré tout séduits. Ainsi est né le parc floral quelques années avant son éviction de l’observatoire et de l’université.
Le mot rêve raisonna longuement dans l’esprit d’Avicennius, s’amplifiant et s’atténuant comme si une idée ou une pensée prisonnière tentait de se libérer.
– Ludylia ! Nous vivons une époque pleine de tristesse, où les rêves se meurent à petit feu.
– Je ne puis le croire, puisque vous avez su le voir ! De la même façon, c’est à cause de cela que Moshé a pu vous initier à ses rêves.… Je ne me trompe pas, répondit-elle d’un air malicieux, ses yeux mutins brillants de mille feux.
Avicennius rougit jusqu’aux oreilles, ou du moins sa peau parut-elle plus sombre l’espace d’un instant.
– Vous aurais-je embarrassé Avicennius ?
– Heu, hum… je… nullement, bafouilla-t-il. Euh… en fait oui.
– Allons Avicennius ! Ne soyez pas si prude et vivez vos rêves. La liberté est là. Moshé a vécu ses rêves et il a été chassé, mais il était heureux, vous savez. Et vous Avicennius, quels sont vos rêves ?
La mine d’Avicennius s’assombrit brusquement, car voilà une question à laquelle il était bien en peine de répondre. Et pourtant, au plus profond de lui-même, dans les tréfonds de son âme, il sentait que cette question était loin d’être innocente. Néanmoins, il se permit une réponse :
– Je crois, Ludylia, que ce serait comprendre le Monde. Non, comment fonctionne-il, je laisse cela volontiers aux scientistes. Plutôt pourquoi est-il ainsi ?
– C’est une belle question. Petite, je cherchais, moi aussi, le sens du Monde, aujourd’hui je cherche le sens de la Vie en vivant librement. Bien sûr, le décès de mon mari m’y a aidé et je mentirai en ne l’avouant pas, mais je l’aimais profondément et sincèrement. Cependant, c’est cette même quête qui m’a empêché de tomber dans la langueur et la mélancolie, dont sont affligées de nombreuses veuves.
– Au fond, c’est une même question que nous nous posons. Vous vous cherchez le sens de la Vie, moi le sens du Monde. Mais en réalité ce ne sont que deux facettes d’un même diamant : Pourquoi sommes-nous nous ?
– Oui. C’est une façon élégante et presque poétique de poser les choses. J’aime à me dire que nous sommes comme des fleurs des champs. Nous naissons, nous vivons, nous nous fanons, puis nous nous fondons dans le Grand Tout. Pardonnez-moi cet accès de mélancolie Avicennius, mais il est rare de rencontrer une personne aussi…
– Ne dites rien Ludylia et gardez intact la poésie de votre cœur.
– Voyons ! Vous allez me faire rougir à mon tour Avicennius.
Ce dernier piqua un sablé dans l’assiette et l’offrit à Ludylia, puis lui demanda :
– Ludylia quelque chose m’intrigue dans votre composition ou devrais-je dire dans la qualification du jury. Pourquoi ont-ils parlé de chimère ?
Ludylia lui fut gré de l’emmener sur ce terrain plus familier.
– Oui. Le jury avait bien qualifié mon travail de chimère, car ma réalisation ne consistait pas en une simple composition florale. Ce devait être également un mariage de la Science et de l’Art. N’avez-vous point été surpris de constater que des essences de printemps sont encore en fleurs, alors que nous avons déjà en plein été.
– C’est vrai ! Je n’y avais pas réellement porté attention. Cependant, je m’étonnais tout de même de trouver des œillets ou des colchiques encore en fleurs à cette période de l’année.
Mais en son for intérieur Avicennius se remémorait les émotions et les sensations qui l’avaient habité pendant sa promenade, comme si quelque chose de familier l’avait effleuré là-bas.
– Je pense que vous aurez deviné que ces plantes sont des descendantes de végétaux transformés par le contact de l’éther fluctuant. En fait, lors de mon premier essai, je n’avais que les plantes primitives. C’est Moshé qui m’en fit la suggestion et qui m’aida à en faire la culture, cinq années durant. C’est ainsi que ce jardin a aujourd’hui atteint sa forme définitive. Moshé m’avait expliqué que ces plantes vivaient leur temps propre, l’éther fluctuant dilatant leur temporalité.
– Leur temps propre. Comme c’est étrange et poétique, murmura Avicennius, le regard vague.
– Un jour, il me dit petite Ludylia, il se peut que ces plantes rêvent ou soient rêvées. Ah ! Mais je ne sais plus exactement, ma mémoire me joue des tours. Pardon.
Alors que Ludylia prononçaient ces mots une ombre passa sur son visage, qui se fit plus doux et emprunt de sagesse. Et s’adressant dans un sourire radieux à Avicennius, elle souffla :
– N’oublie pas, rêvons-nous ou sommes-nous rêvés ?
Surpris celui-ci demeura figé et le temps qu’il reprenne ses esprits, les traits de Ludylia redevenaient calmes et malicieux. Il comprit alors qu’il lui serait alors inutile de l’interroger, celle-ci n’aurait aucun souvenir de son expérience. Dans le lointain une cloche sonna, ce qui les fit sursauter tous les deux. Avicennius plongea la main à la recherche de sa montre gousset, en consultant les aiguilles, il étouffa un juron peu élégant.
– Ludylia ! Je ne savais pas qu’il était aussi tard. Voudriez-vous bien me pardonner de vous avoir retenue aussi longtemps ?
– Oh non ! C’est à moi de m’excuser. Votre compagnie me fut fort agréable !
– Laissez-moi alors vous rendre la pareille en vous raccompagnant.
– Non, s’il vous plaît ! N’en faites rien. Mais retrouvons-nous plutôt ici, demain à dix heures, si vous le voulez bien.
– Ce sera avec un immense plaisir Ludylia la remercia Avicennius, qui lui dit au revoir d’un baisemain tout en élégance.
Ludylia lui adressa un sourire radieux et se leva de table, avant de s’éloigner doucement vers les petites ruelles de la ville. Avicennius la regarda disparaître et s’en fut à son tour, non sans avoir régler généreusement la note. Il récupéra la Démoniaque et repartit en direction de Sceau et du manoir Pierzi. Il sortit rapidement de Meudon sans même faire attention aux piétons et autres véhicules, qui encombraient la route. Plusieurs fois il faillit verser sur le côté, s’attirant les remarques fleuries de plusieurs usagers. Mais il n’en avait cure, trop préoccupé qu’il était, par les événements de la journée. Arrivé à Sceaux, il préféra faire un détour par la forêt, bien que cela rallongeât son parcours de plusieurs kilomètres. La température n’était pas trop élevée pour un jour de juillet et la brise associée à l’ombrage des arbres rendait celle-ci à peine supportable pour Avicennius qui n’était que légèrement vêtu. Mais une fois dans la forêt, il mit pied à terre et ôta ses chaussures. Il les prit et les attacha sur une grille en métal prévue à cet effet sur la Démoniaque, puis il se mit à marcher pieds nus sous les arbres. Ses pieds s’enfonçaient doucement dans l’humus tendre et humide, parfois il marchait sur des mousses, levant alors brusquement le pied pour ne pas les abîmer. Ce contact cru avec la terre l’apaisait en même temps qu’il lui donnait l’impression d’être l’une des divinités de ce monde. Mû par une impulsion soudaine, il s’enfonça avec la Démoniaque un peu plus profondément dans les bois. Et quand il fut hors de portée du chemin, il la reposa contre le tronc d’un arbre et commença à se déshabiller, exposant son corps brun de métis aux éléments. Il marcha quelques instants et s’allongea sur le dos afin de pouvoir fixer son regard sur les cimes lointaines des arbres. Étendu sur l’humus et la mousse, il étira ses membres aussi loin qu’il le put. Hypnotisé par le balancement des cimes, il ouvrait son esprit percevant ainsi les plus infimes odeurs de la forêt, recueillant le moindre son, goûtant l’air à la saveur de chêne. Soudain il aperçut une forme dansée au sommet des arbres, il la distinguait mal, car elle était dissimulée sous des milliers de voiles. Puis elle commença à prendre de la substance, à se densifier, acquérant plus de fermeté, des formes étaient sculptées tandis qu’un visage se dessinait. Mais elle était encore trop loin pour qu’il puisse deviner ses traits. Il voulut se rapprocher, s’élever près d’elle, mais il était paralysé. Au-dessus de lui, ce n’était plus une forme indistincte, mais une femme qui s’en allait à sa rencontre et bientôt elle fut au-dessus de lui, flottant dans la brise. Elle lui tendit la main et Avicennius la lui prit. Il était en confiance, il connaissait cette femme, mais d’où, il lui semblait la connaître d’avant même sa naissance. Lui ayant saisi la main, ils s’élevèrent tous deux vers le soleil, Avicennius vit alors son corps nu étendu sur le sol de la forêt, mais il ne s’en inquiéta pas. Il regarda alors la femme s’élever encore plus haut, majestueuse et gracieuse. Elle se pencha vers lui, basculant son corps vers le ciel, son visage touchait presque le sien. Il pouvait sentir son soufflé éthéré glissé sur ses joues et voyait ses lèvres se mouvoir, même si aucun son ne s’en échappait. Enfin, un son naquit. La femme semblait s’époumoner :
– Je…
Mais alors que ses paroles lui parvenaient enfin, Avicennius vit qu’un changement s’opérait. Cela commença dans les yeux, où de petites taches apparurent, taches qui surgirent peu à peu sur l’ensemble de son corps. Se souvenant de l’ombre d’Ernanie, il comprit ce qui était en train de se produire. Il voulut l’avertir, mais il était trop tard, presque tout son être était gagné par la gangrène noire. Aussi dans un ultime sursaut, elle hurla :
– … uis ! T… A… ma
Puis elle devint toute noire et se recroquevilla sur elle-même avant de se tordre de façon grotesque. Quand enfin tout cessa, elle se dressa face à Avicennius et le toisa d’un regard où couvait la haine. Mais avant qu’il eût pu esquisser le moindre geste, elle l’avait brutalement repoussé, rompant le lien qui les unissait. Avicennius se sentit tomber, sa chute lui sembla durer un temps infini, et quand enfin il put ouvrir les yeux, il vit la forêt couleur feu du soleil couchant. Il se redressa, s’appuyant sur son coude et essuya la sueur qui lui coulait dans les yeux. C’était la seconde fois qu’il était confronté à l’Ombre et cette fois elle lui était résolument hostile. Il se releva complètement et s’offrit au vent, qui s’était levé et soufflait maintenant avec force, pour chasser les souillures de sa rencontre. Heureusement, aucun promeneur ne passait dans ce coin reculé de la forêt, car alors il aurait surpris Avicennius se livrant à une étrange danse dans le plus simple appareil. Une fois qu’il eut complètement recouvré ses esprits, Avicennius retourna à l’endroit où il avait laissé ses habits et sa bicyclette, et se rhabilla rapidement. Il jeta un coup d’œil vers le ciel où le bleu flamboyait, tout en s’assombrissant. Il ne tarda pas à se remettre sur le chemin du retour et arriva au manoir, alors que la nuit commençait tout juste à tomber. Il entra par la porte de service et rangea la Démoniaque dans la remise derrière la cuisine. C’est alors qu’il remarqua un détail auquel il n’avait tout d’abord pas fait attention. Aucune pièce n’était éclairée. Inquiet, Avicennius rentra précipitamment dans la cuisine et monta le plus silencieusement possible jusqu’à la chambre d’Issam. En s’y rendant il vit la porte défoncée du fumoir et se promit de la réparer le lendemain matin avant son rendez-vous avec Ludylia. Puis arrivé devant la porte de la chambre d’Issam, il se déchaussa et enfila une paire de chaussons de feutre. Il tourna ensuite délicatement la poignée, la porte n’était pas fermée et s’ouvrit sans un bruit. Avicennius pénétra alors dans la pièce silencieuse et constata que le plateau qu’il avait déposé le matin même n’avait jamais bougé. Il s’approcha du lit pour s’assurer de la santé d’Issam. Son visage avait de bonnes couleurs et était toujours serein. Cependant, Avicennius crut y déceler une petite crispation. Mettant cela sur le compte de ses émotions, il ressortit de la chambre et s’en fut vers la cuisine. Au passage, il ramassa les deux morceaux du verrou et examina de plus près la porte. Heureusement, le verrou de métal avait sauté d’un seul coup n’entamant qu’à peine le bois.
De retour dans la cuisine, il déposa les deux pièces de métal et put les examiner à loisir. Le verrou extérieur avait pas mal souffert du coup de hache et lorsque Avicennius le reposa, celui-ci se fendit en deux.
– Bon, soupira-t-il, je n’aurai plus qu’à passer voir le serrurier pour qu’il puisse me mettre un nouveau jeu de verrous.
Il passerait également chez le maître de forges pour lui remettre ce qui restait du verrou. Il pourrait toujours le fondre pour en faire toute autre chose. Pendant ce temps le carillon de l’horloge sonnait dix coups et le ventre d’Avicennius se mit à gargouiller en cœur, lui rappelant ce dicton : les émotions creusent l’appétit. Passant dans la chambre froide, il en ressortit avec un plat de carottes coupées en fines lamelles et un morceau de poulet. Il avait, certes, faim, mais il préférait toujours le soir un repas assez frugal. Il prit une casserole en fonte qu’il remplit d’eau et la posa sur l’un des feux de la cuisinière à gaz, qu’il mit en route. Puis saisissant l’une des poêles pendues au mur, la déposa sur un second foyer. Il versa dedans une petite rasade d’huile d’olive et attendit patiemment que chacune chauffe. Quand ce fut prêt, il jeta les carottes dans l’eau bouillante et le poulet dans l’huile chaude avec divers aromates. Dès qu’elles furent ramollies, il les jeta dans la poêle et les couvrit, avant d’abaisser le feu pour les laisser confire. Il regarda l’heure sur l’horloge, baissa encore un peu plus le feu et compta vingt minutes. S’asseyant sur une chaise, il sortit de sa poche Flatland et se mit à lire la courte dédicace de l’auteur à ses futurs lecteurs :
Cette œuvre est dédiée Par un Humble carré Originaire du Pays des Deux Dimensions Dans l’Espoir que Tout comme lui a été Initié aux Mystères des TROIS Dimensions Alors qu’il en connaissait SEULEMENT DEUX Ainsi les Citoyens de cette Céleste Région Élèveront de plus en plus leurs aspirations Vers les Secrets de la QUATRIEME, de la CINQUIEME, ou même de la SIXIEME Dimension Contribuant ainsi Au Développement de l’IMAGINATION Et peut-être au progrès de cette Qualité excellente et rare qu’est la MODESTIE Au sein des Races Supérieures de l’HUMANITE SOLIDE(*) »
Il commença alors à saisir le sens de l’allégorie de Platon et ce qu’entendait Moshé en lui disant de remplacer les idées par des objets. Dans un premier temps, Avicennius avait cru que Moshé parlait d’objets en trois dimensions, comme ceux de notre quotidien. Cependant, il n’avait jamais précisé si ces mêmes objets pouvaient posséder ou non des dimensions supplémentaires. Les possibilités offertes étaient alors vertigineuses, mais pour en saisir toute la portée, il lui faudrait tout d’abord retrouver les travaux de Moshé. Bien sûr, sa maison n’était, hélas, plus qu’une ruine, mais des copies de ses études existaient très certainement. Il était difficilement concevable que quelqu’un comme Frédéric Joliot-Curie, physicien pétri de scientisme, ait pu développer seul des idées si révolutionnaires. En même temps, il se souvint de la remarque de Ludylia, à propos du parc floral de l’observatoire.
– Les plantes rêvent-elles ou sont-elles rêvées ? songea-t-il.
Il était aussi possible de se poser la question de cette manière : et si les plantes étaient des projections, les ombres oniriques de rêveurs de dimensions supérieures, que nous ne pourrions percevoir, car inaccessibles à nos sens. En retour, les plantes vivant, et rêvant peut-être, ne pourraient-elles pas alors influencer ces rêveurs. Avicennius fut pris de vertiges à cette idée et faillit en oublier son repas qui commençait tout juste à caraméliser. Il reposa Flatland et ôta la poêle de la cuisinière, empêchant ainsi son repas de finir à l’état de charbon, peu savoureux. Il prit une assiette et des couverts et allait passer à table, quand il se dit qu’il serait préférable qu’il prenne note de ses réflexions. Il sortit alors de la cuisine et alla dans l’entrée, où se trouvait un bonheur-du-jour. Encore une fois il remarqua le silence de mort qui régnait dans le manoir. Il n’avait pas particulièrement peur, mais l’atmosphère lui était particulièrement désagréable. Il marchait lentement dans les couloirs sombres, n’osant allumer les lampes, car il n’avait pas envie d’affronter à nouveau les ombres. Arrivé devant le meuble, il fouilla quelques instants et trouva enfin ce qu’il était venu chercher, des feuilles de papier vierges et un crayon mine de plomb. Il fit demi-tour et retourna tranquillement dans son antre. Il s’assit ensuite sur une chaise et se mit immédiatement à griffonner sur les feuilles. Quand il eut fini, il avait rempli trois feuillets recto verso, au moins ces idées ne s’envoleraient pas comme ça. Il prit alors son assiette et versa le contenu de la poêle dedans. Le poulet et les carottes étaient encore chauds, diffusant un délicieux fumet. Il entreprit de déguster son plat lentement, griffonnant une ou deux idées entre deux bouchées.
– Décidément, rien ne peut retenir le démon l’écriture quand il nous tient, se dit-il intérieurement.
Ayant fini de manger, il fit rapidement sa vaisselle, ramassa ses écrits et partit se coucher. Alors qu’il se glissait dans son lit, il coucha une dernière chose sur sa feuille, où l’on devinait : Ombre, mythologie ? Puis il rangea soigneusement ses notes dans un tiroir et s’endormit.
(*) : Edwin Abbott Abbott
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