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tome 1, Chapitre 6 « Flatland » tome 1, Chapitre 6

Tout était noir, noir non, c’était autre chose, car le noir est seulement l’absence de couleur, non de tout. Avicennius aurait dû avoir peur, mais quelque chose le rassurait, bien qu’il ne sache pas où il s’était réveillé. Il rassembla du mieux qu’il put tous les événements de la veille : l’institut, sa disparition inexpliquée, Frontières, la colère d’Issam et enfin le malaise de ce dernier dans le fumoir. Après, il se souvenait être allé se coucher, pourtant il n’en avait aucun souvenir et il était là maintenant, dans ce qui ressemblait au néant. Ouvrant les yeux, attentifs aux moindres souffles, aux moindres bruits, mais rien, rien ne se passait, rien ne semblait bouger. Il ne savait même pas s’il flottait ou s’il reposait sur quelque chose. À cette pensée, il promena sa main tout autour de lui, mais l’angoisse le saisit quand sa main ne rencontra que le vide sous lui, sans qu’il n’eut l’impression de chuter. A ce moment tout explosa autour de lui, éparpillant les fragments du néant tout autour de lui. Il reconnut Frontières avec son si caractéristique torse de bronze. Mais cela n’était pas là le seul élément familier et il reconnût enfin le pavillon de recherche de l’institut de Psycho-physique, où il s’était rendu quelques heures auparavant avec Issam. Malgré tout il ressentait un certain trouble, la pièce et son contenu semblait avoir subi de subtiles modifications, dont il n’arrivait pas à déterminer la nature. Il entendait en sous-sol le ronronnement du réacteur, par les fenêtres il voyait la brise faire danser la cime des arbres en un ballet tourbillonnant. Mû par la curiosité, Avicennius s’approcha de la porte en bronze et l’ouvrit d’un seul coup, sans qu’elle n’oppose la moindre résistance.

Dehors, le parc s’étalait sous yeux identique à ce qu’il avait vu la veille, un léger parfum de sapin flottait dans l’atmosphère. Encore troublé, Avicennius se décida, malgré sa réticence, à explorer le parc à la recherche d’une présence humaine ou même animale. Il embrassa encore une fois la végétation du regard, les buis délicatement ciselés, les pins majestueux susceptibles d’offrir ombre et fraîcheur aux couples d’amoureux, le vieux chêne multi-centenaire, pendant du bâtiment universitaire, et toute la foule des parterres multicolores, qui s’étalaient en bordure des chemins et des allées. C’est alors qu’il remarqua le silence assourdissant du lieu, hormis le chant du vent dans les arbres, rien ne venait troubler par son chant ou par son cri l’harmonie du lieu. Un peu inquiet, il suivit néanmoins le chemin qui serpentait sous ses yeux en direction de l’entrée monumentale de la faculté. Arrivé devant il remarqua que toutes les fenêtres et portes étaient fermées et ne vit aucune forme déambulée dans les vastes couloirs. Nullement découragé, il escalada les marches en marbre et put tout à son loisir jeté un coup d’œil à l’intérieur. Mais rien, nul présence humaine, ni même animale ne se trahissait. Décidé, il ouvrit en grand la porte vitrée et franchit le palier pour se retrouver aussitôt dans le jardin dos à la façade sud du bâtiment, non loin du pavillon de recherche. Surpris et décontenancé, Avicennius se retourna, mais l’université était bel et bien là, massive et immobile, avec ses murs blancs cassés et ses hautes fenêtres. Impossible donc de sortir par là, à moins de sauter d’une hauteur d’au moins trois mètres, en risquant au passage de se briser les os. Il fit alors demi-tour et contourna le bâtiment, en examinant soigneusement les façades à la recherche du moindre indice. Mais non, le mur de pierre qu’il longeait était un honnête mur sans porte ni dissimulé, ou autre passage secret ou oublié. Ayant fait la tour, il se retrouva bientôt devant l’escalier monumental, qu’il escalada de nouveau pour s’arrêter devant les grandes baies vitrées. Il l’examina minutieusement et découvrit une discontinuité entre ce qu’il percevait à travers la vitre et ce qu’il observait par la porte entrebâillée. Franchissant de nouveau la porte, il se retrouva comme la première fois face au pavillon et dos à la façade sud de la faculté. Il avait traversé les murs sans se rendre compte de rien. Faisant une nouvelle fois le tour, il s’en alla examiner une seconde fois l’entrebâillement de la porte et fit volte-face pour se diriger vers la sortie est du parc, qu’il se savait n’avoir jamais franchit. Il suivit un sentier bordé d’iris en fleur aux parfums lourds et capiteux, et arriva devant une grille fermée. Se rapprochant, il constata que cette dernière n’était que simplement poussée et il la tira donc à lui. À peine, eut-il fait un pas dehors qu’il se retrouva comme il l’avait espéré à la grille nord, laquelle donnait sur le bâtiment principal.

Avicennius avisa alors un banc non loin des massifs de rosiers et s’y posa le temps de réfléchir calmement à ce qu’il avait découvert.

– Voyons, je ne peux explorer que des lieux qui me sont déjà connus, ou tout du moins familier. Me voici donc prisonnier d’un rêve ! Mais alors comment expliquer cette impression si prégnante de réalité et ces paradoxes géométriques, murmura-t-il pour lui-même.

Traçant au sol, une vue aérienne du parc, il indiqua la sortie nord, puis la sortie est et les relia ensemble par un chemin de terre. Bien sûr sa représentation géométrique était fausse, car le chemin ne pouvait contourner ainsi le cadre. Le plus juste aurait été de coller les deux sorties ensemble en pliant le plan sur lui-même, mais dans un espace à quatre dimensions. Il fit de même avec le bâtiment principal de la faculté, pour celui-ci, l’espace entre la baie vitrée de l’entrée et les fenêtres extérieures n’existaient pas ou alors était infime. Tout n’était que paradoxe !

Mais pourquoi alors se poser toutes ces questions, en apparence inutile, puisque dans un rêve tout était possible. Seulement Avicennius n’était pas convaincu de vivre en ce moment un rêve, trop de détails le faisaient douter de cette hypothèse. Effaçant d’un coup son dessin dans le sol, il se leva et s’en retourna vers le pavillon de recherche. Encore une fois, il remarqua l’absence de faune dans cette flore variée et abondante. Levant les yeux vers le ciel azuré, il s’aperçut stupéfait, que malgré la douce brise qui soufflait, aucun des nuages présents dans le ciel n’avaient bougé, comme si la scène était figée dans une flaque de temps. C’est alors qu’il entendit comme un gémissement ou un pleur en provenance du pavillon de recherche. Il se précipita vers le bâtiment et trouva la porte entrouverte, malgré la certitude de l’avoir refermé derrière lui en sortant. Les gémissements redoublèrent d’intensité, en provenance du sous-sol, mais se turent à peine eut-il franchi le seuil de la double porte.

– Oh là ! Y a-t-il âme qui vive ? Cria-t-il.

Mais seul le silence lui répondit, sinon des pleurs que l’on étoufferait. Pour n’effrayer personne, Avicennius marcha le plus discrètement possible vers la trappe, elle aussi, ouverte. Il s’accroupit alors au bord de l’ouverture béante et aperçu la lumière falote d’une lampe voltique posée à terre, projetant sur le mur blanc l’ombre d’une personne recroquevillée. Il descendit avec précaution les barreaux de l’échelle en bois mais faillit en rater un, lâchant un juron peu convenable. Dans l’ombre, la forme remua et se redressa, laissant apparaître une jeune femme à l’air échevelé, mais au regard vif. En la dévisageant, Avicennius ne put s’empêcher de la contempler et de se sentir attiré par son étrange beauté, malgré son air revêche et ses meurtrissures, qui apparaissaient, zébrant sa peau laissée à vif, à mesure qu’elle s’élevait dans la lumière.

– Qui êtes-vous ? cracha-t-elle

– Je… je suis Avi… Avicennius, bégaya ce dernier, comme si quelqu’un ou quelque chose retenait les mots au fond de sa gorge.

– Comment ! Tu ne devines pas siffla-t-elle, tu oses me demander qui je suis !

Alors qu’elle prononçait ces paroles, Avicennius sentit quelque chose le tirailler au fond de son esprit, comme ne toile de soie trop tendue sur le point de se déchirer. Il la regarda, ses contours devenaient floues comme effacés ou plutôt recourbés, à l’instar des bords de la toile qui trônait au-dessus d’eux. Dans sa tête la toile se déchirait, la douleur se déversait tel un flot furieux, mais il ne laissa échapper qu’un cri muet. Pendant ce temps les contours de la jeune femme, son corps même, semblait perdre de sa substance, en même temps qu’il remarquait l’étrange changement de l’ombre. À mesure que la jeune femme se transformait, se déployait, l’ombre gagnait en épaisseur, comme si la vie venait l’habiter. Puis, alors que la douleur explosait sous son crâne, Avicennius sentit quelqu’un l’étreindre, il ne sentait plus seul, mais il n’en avait pas pour autant conscience.

– Quelle étrange sensation songea-t-il, tandis que la présence accroissait son emprise.

Devant lui l’ombre s’animait, prenait vie, d’abord hésitante puis de plus en plus téméraire. Enfin elle s’éleva et se redressa complètement. Il avait devant lui le double ténébreux de la jeune femme. Il la vit s’approcher du réacteur et y plonger la main en son sein comme si de rien n’était. Elle ouvrit alors la bouche sur une muette supplique, car au même moment une fulgurante lumière, suivit d’une formidable explosion, elle aussi silencieuse, s’étirant à l’infini, comme si le temps se ralentissait, se figeait. Et tout redevint noir, tout avait disparu, l’ombre, la jeune femme, le réacteur.

Avicennius ouvrit les yeux, en sueur, les aiguilles phosphorescentes de son horloge indiquaient trois heures passés de dix minutes et dehors il faisait nuit noire.

– Qu’est ce ? Que s’est-il donc passé ? murmura-t-il en sortant de son lit.

Assis sur le rebord, il posa ses mains sur ses genoux, cherchant à reprendre un souffle qui lui manquait. Une fois passé son vertige, il se releva et partit en titubant vers sa salle d’eau. Un local exigu mais fonctionnel, Issam lui avait déjà proposé par le passé de la lui rendre un peu plus descente, mais il avait toujours décliné la proposition ; Avicennius n’aimait guère le superflu. Posant une main sur le lavabo, il ouvrit le robinet et laissa couler un mince filet d’eau froide. Il en prit un peu dans le creux de sa main et s’en aspergea le visage à plusieurs reprises. Il referma alors le robinet et regarda son reflet dans la glace. La faible lumière diffusée par l’applique à gaz ne lui rendait pas justice, il ressemblait presque à l’une de ces momies vivantes, dont raffolaient les foules dans les foires. Secouant la tête, il attrapa une serviette et s’essuya le visage dans l’espoir de retrouver un peu plus de contenance, mais ce fut peine perdue. Il la reposa alors et tourna la molette de l’applique, jusqu’à ne plus laisser qu’un faible lumignon. Il savoura pendant plusieurs minutes une obscurité bienfaitrice, puis sortit de la salle d’eau. Il s’en alla retrouver son lit dont les contours se découpaient dans l’obscurité et s’y recoucha avec délice. Le reste de la nuit fut heureusement paisible et ce sont les oiseaux qui le réveillèrent dans la matinée par leurs chants joyeux.

Compte-tenu des événements de la veille et après une toilette sommaire, il partit très vite en cuisine préparer le petit-déjeuner d’Issam, se promettant de surveiller sa conduite. Il lui prépara son habituel petit-déjeuner anglais et porta le tout dans la salle à manger, sachant qu’avec un temps aussi radieux Issam s’installerait très certainement sur la terrasse pour savourer son thé. Puis il prit le journal déposé sur le seuil de l’entrée à côté du lait, prenant garde de passer par les passages réservés à la domesticité. Il ne voulait surtout pas croiser Issam ce matin-là. Une fois le lait mis au frais dans la salle de froid située dans la cuisine, il retourna dans le salon déposé le journal, sans avoir pris garde à la Une. C’est alors qu’il entendit des bruits de pas dans les couloirs, à l’étage, et il s’éclipsa rapidement dans l’une des nombreuses ailes du manoir où il se savait au calme pour la matinée. Il se souvint alors qu’il devait ranger la bibliothèque réservée aux ouvrages mathématiques et physiques, où de nombreuses caisses attendaient d’être ouvertes, chose qui avait été reporté à de trop nombreuses reprises et qui l’occuperait toute la matinée.

Sur ce, il se rendit dans une pièce qui n’avait pas vu la lumière du jour depuis plusieurs semaines, si ce n’est plusieurs mois, au vu de l’épaisse couche de poussières, qui maculait les étagères, et de l’odeur de renfermé qui se dégageait de la pièce. Avant même de s’occuper des trois grandes caisses pleines de livres, il se procura tout ce dont un ménager aurait besoin en pareilles circonstances. Il revint très vite, ayant aperçu Issam, dans la salle à manger, visiblement très agité, et entreprit d’ouvrir en grand fenêtres et volets, afin d’y faire entrer un soleil purificateur. Ayant pris soin de fermer à clé derrière lui, il passa une heure à dépoussiérer meubles et bibliothèques dans la pièce, soulevant d’immenses nuages de poussières. Si quelqu’un l’avait surpris à ce moment, il n’aurait pu retenir un rire en voyant un grand métis, un tissu sur le visage pour s’en prémunir et un tablier de ménage rose, heureusement personne ne devait rendre visite à Issam, du moins la matinée. Lorsque enfin il n’y eut plus le moindre grain sur les boiseries, Avicennius put s’attaquer aux caisses en bois. Il disposa tout autour des caisses des couvertures, qu’il était entre temps aller chercher, pour ne pas salir de nouveau la pièce. Soulevant le couvercle de la première, de la paille s’envola aussitôt dans la pièce pour se déposer sur les étagères propres. Avicennius poussa un long soupir il n’avait pas pensé que ces livres seraient ainsi protégés. Il remit alors le couvercle pour éviter de nouvelles évasions. Sortant de la bibliothèque, il surprit quelques échanges téléphoniques entre Issam et une autre personne, dont il n’avait pu saisir le nom, puis se dirigea vers la cuisine où il fouilla quelques instants un sombre placard en contrebas. Il en ressortit tenant dans sa main l’objet ou plutôt les objets de son désir : d’immenses sacs en papier épais. S’en saisissant de trois, il retourna prestement dans la bibliothèque, mais n’aperçut pas Issam dans le salon. Sans doute était-il allé se délasser dans le jardin. Une fois à l’intérieur, il s’y enferma de nouveau à double tour et commença à ramasser les brins de paille fugueurs. Puis il ferma les fenêtres avant d’ouvrir de nouveau la caisse, d’où il en ôta encore une quantité impressionnante, qu’il enfournait aussitôt dans la gueule béante de son sac. Il sortit ensuite les livres, une centaine environ, et les posa avec précaution sur les couvertures qu’il avait disposées.

Cette première caisse ne contenait que des ouvrages mathématiques depuis les éléments d’Euclide, jusqu’aux problèmes de Hilbert, soumis à la communauté mathématicienne en 1900. Avicennius se souvenait en avoir entendu parler comme étant l’aboutissement des sciences mathématiques. Il rangea ensuite soigneusement les livres, pour lesquels il avait toujours un respect particulier, les classant par auteur et non par thème ou domaine, car plusieurs traitaient de plusieurs disciplines mathématiques dans le même volume. Une fois fait, il ouvrit la seconde qui ne contenait que des ouvrages de physique et la dernière des romans où ces deux disciplines constituaient la toile de fond, ou leurs auteurs appartenaient à l’une ou l’autre discipline. C’est en rangeant ces derniers qu’un titre attira son attention : Flatland de Edwin Abbott Abbott. Il mit l’ouvrage de côté pour le lire une fois son ménage et son rangement terminé, ce qui fut fait une trentaine de minutes plus tard. Il prit alors les sacs de paille, les ferma soigneusement puis les traîna hors de la pièce pour les stocker dans la cuisine. Il ramassa une petite masse et s’en retourna dans la bibliothèque évacuer les caisses en bois de la bibliothèque. Il ne remarqua pas l’absence d’Issam, pressé qu’il était de terminer son ménage pour étudier ce livre : Flatland, histoire d’un pays où ses habitants sont des figures géométriques planes et où l’apparition d’une sphère va bouleverser cette société si hiérarchisée.

Armé de sa masse, Avicennius eut tôt fait de réduire les caisses à l’état de planches facilement transportables. Il avait pris également soin d’en ôter tous les clous afin de ne pas se blesser, quand il les passerait par la fenêtre. Une fois celles-ci dehors, il ramassa les couvertures, les secoua dans le jardin et les plia soigneusement avant d’en faire un tas, qu’il emporta dans sa chambre. Puis il retourna dans la cuisine et ouvrit la porte donnant sur le dehors. Il prit alors ses sacs et les emporta dans une remise située dans le fond du jardin, où il les entreposa en attendant de pouvoir pailler de futures plantations. Une fois débarrassé de ses corvées, il s’en retourna vers la bibliothèque, il remarqua alors le miroir brisé dans le salon et la soudaine agitation d’Issam le matin lui revint en mémoire.

– Dong, Dong, la cloche de l’église égrenait les douze coups de midi.

Avicennius n’avait pas vu le temps filé et il se rendit compte qu’Issam ne l’avait pas sonné pour le déjeuner. Et tandis qu’il mettait dans le plateau les morceaux du miroir brisé et les débris de la tasse, ses yeux tombèrent sur l’enveloppe qui lui était adressé et sur le journal, la photographie du pavillon éventré en pleine page. Lisant tout d’abord la lettre, il fut soulagé et en même temps inquiet de le voir lui annoncer son absence. Heureusement la suite le rassura, puisque Joliot-Curie et Delanne devait venir prendre le thé cet après-midi au manoir. Cependant compte-tenu des circonstances, il ferait une entorse à son éthique personnelle en allant acheter un gâteau et de petits fours, qu’il aurait en temps normal pris un grand plaisir à confectionner. Il ramena le plateau dans la cuisine et revint avec un balai et sa pelle pour nettoyer les conséquences de l’emportement matinal d’Issam. Dans le salon, il décrocha avec précaution le miroir brisé, il l’emmènerait chez le verrier en allant chez le pâtissier. Lorsqu’il eut fini, l’église sonnait la demi-heure d’une heure, il lui restait juste le temps de s’occuper du miroir et des amuses-bouches pour ses invités. Il sortit bientôt du manoir, le miroir brisé sous le bras et s’en revint porteur de trois boîtes en cartons, qu’il mit aussitôt dans la cuisine. Il prépara assiettes et couverts, mettant les petits plats dans les grands et mit l’eau à chauffer pour le thé. Tandis que celle-ci s’échauffait doucement, il retourna dans la bibliothèque et prit Flatland, après quoi il partira pour la Sorbonne. Il consulta l’horloge murale, elle indiquait trois heures moins un quart d’heure, il était dans les temps, Issam et ses invités n’allaient plus tarder et il serait alors temps pour lui de s’éclipser. Il prit un énorme plateau dans la cuisine, dans le salon il disposa assiettes et couverts autour de la table, puis un Saint-Honoré et ses petits fours, accompagnés d’un thé du Tibet extrêmement parfumé, conservé au chaud dans une couverture. Puis il s’en retourna le plateau sous le bras et sortit de la maison par l’office de la cuisine.

Une fois dehors, il prit le chemin de la remise et en sortit un vélocipède à moteur, qu’il avait lui-même bricolé : le Trou normand. Son moteur à alcool appréciait tout particulièrement ce nectar de pommes, surtout celui de quelques bouilleurs de cru de sa connaissance. Avicennius sortit alors rapidement de la propriété, prenant bien garde de refermer la grille derrière lui, et enfourcha son engin du diable, en route pour la Sorbonne.


Texte publié par Diogene, 16 janvier 2015 à 21h36
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